Nos esprits élevés à un stade supérieur et nos portefeuilles allégés par notre visite au Golden Rock, nous nous mîmes en route pour Yangon dans un bus local. Ne vous y perdez pas : Yangon n’est plus la capitale du Myanmar depuis 2005 et ne s’appelle plus Rangoon depuis 1989. Ces changements font suite à des décisions politiques (et donc militaires), notamment celle de créer une nouvelle ville centrale et d’en faire la capitale du pays : Naypyidaw.
Au bout d’environ quatre heures, nous nous retrouvons en périphérie de la ville sans moyen de rejoindre le centre. Fort heureusement, une birmane nous prend sous son aile et embarque dans un bus avec nous. Les numéros des bus sont tous indiqués en chiffres birmans, ce qui rend les choses encore plus confuses que ce qu’elles ne sont ! L’amabilité des locaux se confirme une fois de plus ; la dame en question nous paye nos tickets de bus. C’est en insistant fortement que je réussis tout de même à les lui rembourser.
Enfin arrivés à notre Guest-House, nous nous dirigeons assez rapidement vers l’attraction phare de la ville : la fameuse Paya Shwedagon. Une atmosphère vivante nous y attend : des familles locales s’y pressent, les enfants courent ça et là, un moine se servant d’un parapluie pour marcher se voit offrir une canne en offrande par une dame en chaise roulante, chacun cherche la partie du temple dédiée à son jour de naissance afin de couvrir d’eau l’idole à honorer, … Tout cela contraste complètement avec l’inertie que nous constatons assez rapidement à Yangon ; à partir de 21h environ, plus rien ne bouge !
Le lendemain, nous partons à l’assaut du centre-ville en faisant un premier arrêt au MTT (Myanmar Travel Tours). Cet organisme, maintenu par le gouvernement, a été mis en place pour « gérer » le tourisme dans le pays. Comme nous le disions dans une précédente brève, certaines zones à conflits ne sont pas ouvertes aux touristes et nous souhaitons tout de même prendre le bus pour transiter dans une de ces zones. La réponse du MTT est claire : c’est non. Déçus, nous n’abandonnons pas encore mais reprenons là où nous avions laissé notre visite de Yangon. Un passage par le quartier des bouquinistes nous apprendra qu’il est possible d’acheter un Lonely Planet en français pour environ 5 € et à peu près n’importe quel bouquin pour environ 2,5 €. La technique est simple : tous ces livres sont des photocopies. Nous trouvons même un Simenon au milieu d’un étal de bouquins birmans !
Nous passons également devant de petits stands de dégustation de tripes et boyaux divers que nous n’avons malheureusement pas eu le temps de tester. L’ambiance a pourtant l’air très chaleureuse et bon-enfant…
Pour notre dernière journée à Yangon, nous finissons à l’hôpital. Sarah développe une allergie alimentaire que j’ai aussi eu quelques jours plus tôt. Rien de bien grave mais il nous fallait un vrai diagnostic et les éventuels médicaments nécessaires. L’expérience fut assez incroyable : on nous fait passer de manière tout à fait scandaleuse devant tout le monde dans la salle d’attente et Sarah finira par se faire examiner sur une espèce de commode en bois. Tout fut pourtant très bien suivi et nous n’aurons rien à redire sur la compétence du personnel !
Afin de nous remettre de ses évènements, nous passons devant la demeure d’Aung San Suu Kyi et nous baladons tranquillement le long d’un lac. Nous mangeons également dans un petit « resto » le long de la route où, à la manière birmane, nous sommes assis sur des chaises en plastique que nous utilisons dans les classes maternelles. Le cadre n’est pas idyllique, c’est le moins que l’on puisse dire, nous sommes en bordure de route, à deux pas d’un gros carrefour et dans un fossé jonché de déchets. Cela nous vaut toutefois de bons plats locaux à moins de 0,5 € et l’amusement des locaux qui prennent des photos d’étrangers mangeant dans un endroit où on ne les attends pas.
Nous rejoignons finalement la gare des bus où nous attend un transport de nuit qui va nous mener à l’un des sites les plus mythiques du Myanmar : Bagan et ses mille temples. Nous partons vers 18h00 et sommes censés arriver vers 05h00 du matin.
Très heureuse de vous relire et toujours avec le même plaisir…
Brigitte