Archives de catégorie : Amérique du Sud

L’Equateur en quelques mots

Vous ne savez pas quel itinéraire choisir en Equateur? Quel est le coût de la vie dans ce pays ? Quel budget prévoir ? Quels sont les musts ? Nous avons tenté de résumer ici de façon concise notre expérience au pays des volcans.

Ce que nous avons adoré

  • la sympathie et l’hospitalité des Equatoriens, qui nous ont accueillis à de nombreuses reprises dans leur humble demeure
  • les randonnées autour et dans les cratères des volcans (El Altar, Quilotoa, Tungurahua, …)
  • l’échelle de l’Equateur : c’est un tout petit pays, facile à parcourir, avec des bus fréquents et abordables
  • la diversité culturelle qui règne encore aujourd’hui en Equateur
  • le musée de la banque nationale à Cuenca, gratuit et très instructif
  • le marché aux bestiaux d’Otavalo
  • la côte, avec un détour à l’île par l’isla de la Plata, et par Agua Blanca

Ce qui nous a moins plu

  • le coût de la vie, extrêmement prohibitif (pour nous, comme pour les Equatoriens). Le fait d’utiliser une monnaie étrangère (USD) comme monnaie nationale rend le pays très dépendant des conditions du marché
  • le nombre de gringos qui se sont installés en Equateur, ce qui dénature certaines villes (Vilcabamba). Les Equatoriens assimilent toute personne blanche à un américain ne parlant qu’anglais, très peu intéressé par la culture locale – un stéréotype à combattre au quotidien.

Budget

Notre budget quotidien en Equateur a été de 10 € par personne, hors logement (soit nous campions, soit nous étions hébergés). Le logement constitue cependant un des postes de dépenses les plus importants pour les touristes : une nuit en dortoir coute entre 7 et 9 USD, alors que le minimum pour une chambre double est de 15 USD.

Le coût de la nourriture et des boissons se décline comme suit:

– grande bouteille d’eau: 0,60 USD pour 1,5l (mais seulement 1,25 USD pour 6l, si vous êtes prêts à balader un bidon)
-soda (33cl): 0,80 USD
– bière (bouteille de 60cl): 1 USD (hors consigne)
– almuerzo completo : 2,50 USD
– fruits pour 1 USD : 3 pommes, ou 2 papayes, ou 10 bananes, ou 1 livre de fraises

Il faut savoir que tous les produits importés sont fortement taxés en Equateur. Vous pouvez donc dire adieu à vos marques préférées si vous voulez faire attention à votre budget !

Trajets en bus: environ 1USD l’heure. En ville, chaque trajet, indépendamment de la distance, coûte 0,25 USD.

Equateur – le changement est en marche

Nous avons passé deux mois en Equateur, un pays à peine quatre fois plus grand que la Belgique, et vous avez été nombreux à nous demander « toujours à Quito ? », « pourquoi prenez-vous autant de temps pour parcourir ce pays ? », « quand reprenez-vous la route du nord ? ».

Pour comprendre la raison pour laquelle nous avons prolongé notre séjour en Equateur, il faut remonter le temps. Le 2 aout 2015, des centaines d’indigènes ont entamé une marche de protestation qui les mènera jusque Quito, la capitale. En chemin, ils ont rallié à leur cause les mouvements ouvriers, ainsi que de nombreux citoyens, inquiets du projet du président Correa de modifier la constitution en vue de multiplier le nombre de mandats présidentiels cumulables. Les manifestants réclamaient aussi la modification de la loi de l’eau et de la terre, favorisant l’exploitation de celles-ci au détriment des communautés locales. Le 13 aout, alors que les manifestants arrivaient à Quito, des violences ont éclaté entre la foule et les forces de l’ordre.


Nous sommes arrivés en Équateur début septembre, à un moment clé pour le pays.

Après 8 ans ans de présidence, Raphael Correa est en disgrâce. Le modèle socialiste progressiste qu’il promouvait est en faillite : adieu les promesses de protection des ressources naturelles (et bonjour les entreprises pétrolières et minières), adieu le respect de l’autonomie des communautés indigènes, et adieu la liberté d’expression. La constitution de 2008, saluée au niveau international pour sa modernité, a rapidement déçu, car elle n’a jamais vraiment été mise en œuvre.

Ce qui a par contre été mis en place, et de manière très efficace, c’est la répression. Face à l’opposition, Correa fait usage de l’attirail du parfait dictateur : corruption, copinage, manipulation, et pressions directes ou indirectes sur les opposants.

Nous avons nous même expérimenté ces mesures d’intimidation. A peine arrivés à la manifestation du mois d’octobre, une demi-douzaine de policiers nous ont encerclés et ont exigé que nous présentions nos passeports. Notre présence sur les lieux a été enregistrée. A nos questions pressantes, un agent a finalement répondu que nous étions des « éléments potentiellement subversifs ». Nous n’avons récupéré nos documents d’identité qu’avec l’aide d’Équatoriens, venus s’enquérir de notre sort. Nous avons ensuite été, comme tout manifestant, filmés par des drones et photographiés par des militaires postés en haut des buildings avec des téléobjectifs. Nous étions fichés, simplement parce que nous avions marché quelques kilomètres avec les indignés.



Correa a su s’entourer d’hommes de confiance. Il a ainsi réformé l’armée (le chef des armées qui prendra ses fonctions en mars prochain est un supporter indéfectible du Président), le pouvoir judiciaire (la Cour constitutionnelle est maintenant entièrement à sa solde), les syndicats (créant des syndicats parallèles aux syndicats originels, avec comme objectif de diviser le mouvement), et le monde des médias (les grands journaux appartiennent à présent à des proches du pouvoir, à l’exception de « La Hora »).

Parallèlement à ce régime de force, les dépenses dans le domaine social ont été drastiquement réduites : les interventions « soins de santé » diminuent tout comme le montant des pensions de retraite, et les subsides pour le gaz et l’électricité.

Plusieurs associations tentent, malgré la répression, de fédérer les opposants, d’assister les victimes et de penser à l’Équateur de demain. L’Observatoire de Justice et des droits des peuples indigènes fait partie de ces acteurs. Son objectif est double : dénoncer la criminalisation des mouvements sociaux (lire : les arrestations arbitraires et autres intimidations lors de manifestations ou réunions) et penser à un système permettant la cohabitation de la justice indigène et de la justice traditionnelle.

Dans le cadre des travaux de l’Observatoire, nous avons eu la chance de nous entretenir avec des avocats équatoriens, des leaders indigènes, des profs d’unif, des délégués syndicaux, des défenseurs des Droits de l’Homme et d’autres militants. Ces rencontres nous ont permis d’appréhender les cultures locales, et de cerner les enjeux des mouvements sociaux actuels.


En bons Européens qui devaient « produire » quelque chose, nous nous sommes mis au travail. Julien a créé une maquette du site internet de l’Observatoire, a donné des cours d’informatique aux syndicats de l’opposition et a mis en place une base de données permettant de reporter les cas de criminalisation du mouvement social. Sur le plus long terme, nous comptons sur une coopération à distance, afin de médiatiser les problèmes équatoriens trop absents de nos médias.

Si nous devions résumer notre expérience équatorienne, et vous faire passer un unique message, ce serait celui-ci : informez-vous. Informez-vous sur la situation politico-sociale en Équateur, sur les événements du monde ; consultez des blogs et des médias alternatifs afin de vous forger votre propre opinion, et puis répandez l’information par vos propres moyens. La démocratie, c’est bien plus qu’un concept, ça devrait être le quotidien de chaque Homme.

Images liées:

Comment boucler l’Ausangate en autonomie

Alors comme ça, vous vous êtes rendu compte lors de votre visite à Cuzco que le trek de l’Ausangate est un des plus beaux au monde ? Vous souhaitez vous lancer en autonomie sur ses chemins ? Nous l’avons fait et tentons de vous donner quelques conseils pour un parcours réussi. Niveau budget, on s’en est sorti à environ 75 soles par personne tout compris ! Continuer la lecture de Comment boucler l’Ausangate en autonomie

Visiter le Sud-Lipez et le Salar au départ de Tupiza

Il y a plusieurs points de départ pour explorer le Sud-Lipez et le Salar d’Uyuni: Uyuni (loin d’être incontournable), mais aussi San Pedro de Atacama (au Chili) ou Tupiza (au Sud d’Uyuni, à deux pas de la frontière argentine).

L’avantage de cette dernière ville est de pouvoir combiner les circuits traditionnels vers le Sud-Lipez et le Salar avec une visite des environs de Tupiza, qui sont tout simplement magnifiques. La puerta de Diablo, la Valle de los Machos et le canyon des Incas sont accessibles à pied (randonnée de 8km), en jeep, à vélo ou à cheval. Diverses agences en ville proposent des tours organisés, qu’il est cependant très facile de mettre en place soi-même si vous êtes équipés d’un GPS, d’un smartphone avec l’application Maps.Me ou que vous suivez les chemins tracés par les 4×4.

Ceux qui choisiront Uyuni comme point de départ le feront avant tout pour des raisons budgétaires: la concurrence y est rude, et les prix des tours sont environ 30% moins chers qu’à partir de Tupiza. Continuer la lecture de Visiter le Sud-Lipez et le Salar au départ de Tupiza

Circuit dans les missions jésuites

Inscrites depuis 1990 au patrimoine mondial de l’UNESCO, les missions jésuites à l’est de Santa Cruz méritent qu’on s’y arrête quatre à six jours. Nous avons adoré l’atmosphère qui y régnait, bien différente de l’ambiance générale à laquelle nous nous sommes accoutumés en Bolivie.

Quel itinéraire?

Le circuit des missions forme, à peu de choses près, un cercle continu qu’il est possible de boucler dans deux directions: en commençant par Santa Cruz et San José, ou en rejoignant Santa Cruz et San Xavier.
Commencer le circuit par San Xavier a un avantage certain : les transports en commun assurant les liaisons dans cette direction sont plus nombreux et plus fréquents.
Nous avons toutefois décidé de prendre la boucle par son autre extrémité : San José. Ceci permet de visiter les missions les plus authentiques dès le départ, et revenir peu à peu à la civilisation vers la fin du circuit.

Quels transports ?

Comme annoncé à demi-mots dans le point précédent, les transports ont été notre bête noire durant notre séjour dans cette région. Quatre types de véhicules assurent les liaisons entre les missions : les trains (uniquement entre Santa Cruz et San José), les bus, les mini-vans et les taxis.
Les taxis (ou moto-taxis) vous emmèneront où vous voudrez, à n’importe quelle heure, pour le prix fort (vous faisant parfois supporter le prix d’un aller-retour pour un aller simple, de peur de faire un trajet à vide).
Les mini-vans sont la solution alternative aux taxis : les départs sont plus fréquents que les bus, et le prix s’en fait légèrement ressentir (à la hausse!).
Les bus sont assez rares entre San José et San Ignacio (un bus par jour, démarrant en général tôt le matin). Ils sont plus fréquents entre San Ignacio et Santa Cruz (deux ou trois bus par jour), et présentent incontestablement le meilleur rapport qualité/prix (en choisissant les compagnies locales, telles que Linea 102). A titre indicatif, voici un récapitulatif du temps de trajet et du prix des bus empruntés en juin 2015 :
– De Santa Cruz à San José : 4h pour 40 Bs (à négocier vu le nombre important de compagnies assurant cette liaison ; le plus simple étant d’attendre à l’entrée du terminal qu’un rabatteur vous annonce un prix). Mini-van : 60 Bs.
– De San José à San Rafael : 4h, pour 35 Bs (à négocier).
– De Santa Ana à San Rafael : 40 minutes, pour 10 Bs.
– De San Rafael à San Miguel : 45 minutes
– De Miguel à San Ignacio (mini-van) : 1h, pour 12 Bs.
– De San Ignacio à Concepcion : 4h30, pour 50 Bs.
– De Concepcion à San Xavier : 1h30, pour 12 Bs.
– De San Xavier à Santa Cruz : 4h, pour 30 Bs.
Entre les missions les plus perdues, nous avons testé le stop, qui fonctionne plutôt bien. Soyez toutefois vigilants, nous sommes en Bolivie, pas en Europe ! Certain chauffeurs de camion n’hésitent pas à user de substances diverses pour se maintenir éveillés.

Où dormir ?

Il y a des hôtels ou Alojamiento dans chaque mission (parfois un seul établissement dans les zones les plus reculées, mais il y a toujours une solution de logement).
Si vous êtes équipés pour camper, adressez-vous au Padre de la mission. Nous avons campé dans les jardins de la mission à San José, Santa Ana et San Miguel. Certaines missions vous ouvriront même les portes de leurs infrastructures, si vous avez un matelas et un sac de couchage.

Que visiter ?

Les missions sont toutes organisées de manière similaire, autour de la place principale où se trouve l’église. Rêvasser dans les ruelles aux alentours est très plaisant. Visiter l’église et la mission est un must. Assister à une messe un dimanche matin est à la fois intéressant et envoûtant. Si vous vous arrêtez à Santa Ana, demandez à être présenté à Luis Rocha Peña, le gardien de l’église. Il vous montrera avec fierté son orgue et vous jouera peut-être, qui sait, un petit air en fredonnant. Une belle façon de défendre son patrimoine chiquitan.
Plusieurs villes ont d’autres attractions touristiques (musées, ateliers d’artisanat, lacs où il est possible de se baigner…). A Conception et à San Xavier, les musées proposent un ticket « combi » visite d’un (ou plusieurs) musée(s) et visite de l’intérieur de l’Église (25 Bs pour les étrangers, 10 Bs pour les étudiants). Pour info, les légendes dans les musées sont uniquement référencées en espagnol.

N’hésitez pas à lire notre récit de voyage relatif à notre visite dans les missions, et à nous faire part de vos propres expériences!

Images liées: