A peine passé la frontière, nous voilà confrontés au premier problème : il pleut et il ne semble pas y avoir de bus immédiatement. La bonne nouvelle c’est qu’il ne semble pas y avoir non plus de menaces d’attentats comme c’était le cas de l’autre coté de la frontière !
Je commence à lever le pouce plutôt que d’attendre passivement le bus. Autant savoir tout de suite si le stop fonctionne en Malaisie. Par expérience, je sais que le pays est au moins aussi développé que la Thaïlande et que beaucoup de gens possèdent une voiture. Il n’en reste pas moins que nous avons drastiquement changé de décor : la majorité des malaisiens sont musulmans contrairement à la Thaïlande. Différence de religion, de culture, de moeurs… Rien ne pouvait nous assurer que la tentative de stop fonctionnerait.
Et pourtant… Entre deux « welcome » lancés par de jeunes malaisiens qui semble comprendre que nous sommes fraîchement débarqués, une voiture s’arrête peu de temps après avoir commencé notre numéro habituel. A l’intérieur, un homme et une femme de la cinquantaine. David, un malaisien bouddhiste, 3 fois papa, 5 fois grand-père, ancien instit’ et colombophile à ses heures perdues nous explique son dernier achat : des poules et des faisans belges achetés à un anversois. Il paraît que notre plat pays est renommé pour ses plumes… Mais, ça, vous le saviez déjà certainement !
Nous voilà donc embarqués pour Kota Bharu, petite bourgade sur la côte est Malaisienne et qui ne manque pas de nous charmer, notamment par son marché couvert, coloré et très animé.
Nous raterons malheureusement son attraction du vendredi matin qui consiste en un concours de chant d’oiseaux… Activité prise très au sérieux ici.
David et sa femme nous ont finalement proposé le gîte et le couvert !
Nous avons donc l’occasion de tester directement plusieurs mets locaux, et notamment : roti kaya (pain recouvert de sucre perdu au lait de coco), bulup (sticky rice sucré avec de la noix de coco), bakar (sticky rice cuit dans une feuille de bananier), une boisson ‘ABC’ très sucrée en accompagnement d’un poulet satay… Mélange original !
Une bonne partie de ces mets fut testée lors du petit déjeûner dans un resto local fort connu. Nous en sortirons plus que repus et passerons par la case « photo avec le patron des lieux et une des serveuses ».
Cette rencontre fort sympathique fut bien plus qu’une occasion de titiller nos papilles. Nous parlons aussi des sujets d’actualité et obtenons un regard local fort intéressant. La loi malaisienne fait explicitement la distinction entre un musulman et un non musulman. Les premiers ont des droits différents : légalité de la polygamie, accès à certaines propriétés réservées, obligation de cotiser à une sorte de fond commun musulman alors que la taxation générale est adaptée, loi familiale très spécifique (et très désavantageuse pour les femmes non musulmanes)… la liste est longue, et la voix de nos hôtes semble trahir une certaine rancœur.
Avant de prendre la route, nous aidons nos hôtes à aller faire leurs courses. En effet, dès le 1er avril 2015, le gouvernement met en place une mesure qui vise à combler la dette nationale en instaurant une taxe de 6 pc sur l’ensemble des biens (à l’exception de ceux de première nécessité tel que le riz). Apparemment, tout le monde s’est donné le mot : le supermarché est bondé et chacun tente de remplir au mieux son caddie afin de profiter une dernière fois des prix « normaux ». Le tout offre un spectacle apocalyptique amusant pour les « moldus » que nous sommes.