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Un « bo-gota » de voyage

Nous sommes arrivés dans la capitale colombienne avec le ticket du grand départ vers l’Europe en poche, prévu le 13 décembre.

Une autre belge avait un ticket d’avion tout frais en poche ; un ticket « découverte de l’Amérique latine ». Auriane, une amie de toujours, venait de débarquer à Bogota, avec la ferme intention de rentabiliser ses trois semaines de vacances en explorant les quatre coins du pays.

Notre programme, pour nos derniers jours, et ses premiers, coïncidait parfaitement : nous devions visiter Bogota au pas de course, en quatre jours.

Jour 1 : Julien n’a pas résisté à l’envie de faire un dernier tour par un jardin botanique. Il est accro aux jardins, et peut passer des heures à photographier des feuilles, des fleurs, des bois tordus… La preuve en image.


Nous avons ensuite retrouvé Auriane et Luis, son ancien coloc colombien, dans l’appartement de ce dernier – notre repère pour les prochaines nuits. Luis nous a gentillement permis de squatter son living, que nous avons rapidement investi avec nos matelas, nos sacs, et tout ce que nous baladons avec nous depuis des semaines.

Jour 2 : les trois petits Belges se sont mis en route pour le centre historique de Bogota. En chemin, nous avons été rejoints par Maria Paula, la copine de Luis. Tous deux craignaient de nous envoyer seuls en ville, et Maria Paula avait pour mission de nous aiguiller dans la capitale. L’attention était adorable, mais pour Ju et moi qui bourlinguons depuis onze mois sur les routes du monde, il était assez curieux d’être escortés. Après une petite heure, Maria Paula a d’ailleurs conclu que nous nous en sortions très bien, et a pris congé de nous.

C’est aussi qu’elle n’avait sans doute pas envie de nous suivre dans notre journée marathon des musées : le musée del Oro, le musée Botero et le couvent Santa Clara. Les deux premiers auraient mérité à eux seuls une journée de visite, ce qui peut en décourager plus d’un. Grâce à des visites guidées bien programmées, nous les avons survolés de manière passionnante.


En soirée, nous avons rejoint Luis et sa bande d’amis pour un karaoké improvisé dans « notre chambre » (lire : le living). Au programme : la meilleure musique colombienne, mais aussi « colonel Reyel », la seule musique française connue de nos hôtes. Heureusement pour nos oreilles, la soirée s’est vite transformée en cours de danse latino, type « collé-serré ». Les photos sont classées secret défense.

Jour 3 : réveil difficile. L’agua ardiente à l’anis et les « club colombia » ont eu raison de nos têtes. Alors qu’Auriane et Luis sont partis au grand air pour la journée, nous nous sommes relancés dans la course au musée, sans grand succès. Le musée national est tellement désorganisé que nos neurones endoloris n’ont pas accroché avec la succession de tableaux, d’objets d’art colonial et religieux, et de poteries pré-colombiennes.

Nous avons largement préféré nous perdre dans les rues de Bogota, parmi les artistes qui s’y produisent: statues vivantes, chanteurs et danseurs, artisans, dessinateurs…

Notre attraction préférée : le « lotto-cochon d’Inde ». Une série de niches numérotées sont positionnées à l’extrémité d’un terrain. De l’autre coté, des cochons-d’inde attendent dans les starting blocs. Les spectateurs parient alors sur la niche qui accueillera l’animal sprinter à la fin de sa course.

Jour 4 : La sortie du dimanche à Bogota, c’est le Monserate – une colline dominant la ville. Les plus courageux l’escaladent à pied, certains sur les genoux pour se faire pénitence. Nous avons opté plus sagement pour la télécabine. Un festival du kitsh nous attendait au sommet.


Nous avons poursuivi la journée dans les couleurs, en prenant part à une visite guidée des graffitis qui embellissent la ville.


Le Jour 4, c’était aussi le Jour J. Le fameux 13 décembre dont nous avons parlé, rêvé, cauchemardé… le jour où nous devions rentrer sur le vieux continent ; la semaine où nous nous allions retrouver la famille ; le mois et l’année durant laquelle nous allons tous vous revoir.

C’est pour tout tout tout bientôt !

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Villa de Leyva – brillante sous ses artifices

Il y a déjà plusieurs semaines, nous avons croisé la route de deux habitants de Bogota qui nous avaient fait promettre de ne pas passer à côté du festival des lumières de Villa de Leyva, le 7 décembre.

Le 7 décembre, c’est aujourd’hui ! Nous nous serrons à l’arrière d’un van en direction du festival, avec d’autres touristes qui recherchent en vain une chambre libre. Nous ne devons heureusement pas nous préoccuper de ces questions pratiques : notre fidèle tente nous hébergera pour deux nuits supplémentaires.

A peine monté, nous abandonnons notre tipi vert pour rejoindre la Plaza major déjà noire de monde. Le spectacle s’annonce grandiose : les rues parées de leurs plus belles décorations de Noël sont illuminées par les flashs d’un feu artifice que nous peinons à décrire.

Nous nous pinçons plusieurs fois pour être certains de ne pas rêver. Pendant près de 2h (montre en main) des feux d’artifices fendent le ciel ou propulsent des moulins à l’horizontale, le tout sur un fond de musique live plus ou moins harmonieux.


Le charme de ce festival des lumières réside également dans les multitudes de bougies que les habitants de Villa de Leyva allument au milieu des petits cercles humains qu’ils forment. Les pavés de la place s’en souviennent au lever du soleil.


Le lendemain, nous décidons d’aller découvrir les environs de Villa de Leyva, autrefois immergés sous une mer intérieure. De nombreux fossiles ont été découverts dans les campagnes, et pas moins de trois musées sont consacrés à cette thématique.


Pour rejoindre ces musées, éloignés du centre de Villa de Leyva, nous avons levé le pouce, avec une incroyable efficacité. En une après-midi, nous avons visité par moins de deux musées, un couvent et… un champ où se dressent fièrement des hommages à la fertilité masculine. Nous vous laissons admirer la vue!

De retour au village, un dernier spectacle, beaucoup plus décalé, nous attend : une démonstration des talents des chiens de la police nationale. Bien loin du mythique « Rex, chien flic », nous nous croyons plutôt au cirque.

Dans 5 jours nous prenons l’avion pour Barcelone. Les heures défilent. Nous nous accordons une dernière halte avant d’atteindre Bogota, à la Cathedrale de sel de Zipaquira. La cathédrale a été construite au début des années cinquante dans une mine de sel par les mineurs eux-mêmes pour les protéger dans leur travail quotidien. Quarante ans plus tard, une seconde cathédrale, qui seule est accessible à la visite, est érigée. L’exploitation de la mine a également connu un sacré lifting: les mineurs ne sont plus qu’une poignée, et manœuvrent uniquement d’énormes pompes d’extraction.


Sur ce, nous quittons définitivement les faubourgs de Bogota pour plonger en plein dans la ville. Quatre jours colombiens avant l’Europe! On l’avait dit, ça file…

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San Gil – on s’envoie en l’air!

San Gil est réputée pour être le centre névralgique des sports extrêmes en Colombie. Les possibilités sont variées: de l’escalade au rafting, en passant par le canopy et le saut à l’élastique. Dans ce cadre, nous avons décidé de nous accorder une bonne dose d’adrénaline pour nos anniversaires respectifs de ce mois de décembre.

Quitte à se lancer dans le vide, nous avons opté pour les câbles… et la voile. Ce sera notre baptême en parapente!
Les agences proposaient deux types d’activités en parapente: une sortie de quinze minutes, toute en descente, survolant les champs de tabac (faciiiiile), ou une sortie d’une demi-heure, jouant avec les vents ascendants, survolant un des plus grands canyons du monde (challenge = pour nous).

Sans regret ! La vue était superbe ; l’impression de voler enivrante.



Seul bémol : nos estomacs se remettaient difficilement des ascensions en spirales dans les courants d’air chauds. Mais ce n’était que pour étendre notre champ de vision au-delà des falaises délimitant le canyon.


Ces collines, nous les avons parcourues le lendemain, sur la route pour Barichara, un petit village dont les ruelles sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.



Très joli, mais très couru des touristes. Nous avons préféré marcher jusqu’à Guane, le village voisin, où nous avons demandé où nous pouvions planter notre tente. La réponse, confirmée par plusieurs habitants, démontre à quel point nous avions quitté le flot de visiteurs : ici, pas de camping; les tentes peuvent être montées sur la place principale, au milieu des enfants qui ont assuré l’animation jusque tard le soir. Durant la journée, Guane retrouve son calme.



De l’animation, nous en avons aussi eue à Pescaderito, l’après-midi suivante. Cette rivière qui a creusé des piscines naturelles est l’attraction des locaux. Heureusement, le site est étendu et nous y avons déniché une cascade oubliée. Un vrai bonheur.


Nous avons profité de notre petit paradis perdu avant de prendre la route de Villa de Leyva, où nous avons rendez-vous avec la foule, pour le festival des lumières.

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Pas devant Mompox de télévision

Mompox. Tout le monde en a entendu parler, mais peu de personnes ont pris la peine de fouler les pavés de ses ruelles. Il s’agit de notre dernière halte « hors des sentiers battus », qui est quasiment « hors des sentiers » tout court. En effet, aucune route bitumée ne permet de relier Mompox aux grosses villes environnantes. Il nous faut d’ailleurs pas moins de 7 heures de route pour parcourir les 250 km qui la séparent de Carthagène.

Pourtant, Mompox était la troisième ville la plus importante du pays, du temps où le trafic était… fluvial. Le cours d’eau qui s’étend le long de la bourgade n’est aujourd’hui plus pratiqué que par de frêles embarcations, et Mompox s’est endormie.

L’ambiance qui y règne est mystique. Les locaux que nous croisons dans les jolies rues coloniales nous saluent tous, sans exception. La vie s’écoule ici paisiblement, au rythme de cette eau désormais bien calme.



Le cordonnier et sa compagne, muets, s’installent tous les jours sur le même bout de trottoir. Ils réparent patiemment les chaussures usées qu’on leur apporte, pour trois fois rien. Julien a testé, et approuvé. Le tarif? 0,25 euro pour 10 minutes de travail. Nous avons offert le double, ce qui n’est toujours pas grand chose…

Cette après-midi là, nous avons interrompu la partie de cartes du gardien du jardin botanique. Passionné, il nous a expliqué les propriétés des plantes qui entourent sa cabane, tout en répétant, inlassablement, que « les gens » ne s’intéressent plus guère à la botanique. En réalité, les habitants de Mompox semblent bien connaitre ce jardin. A deux reprises durant notre visite, notre guide a été sollicité par des voisins qui désiraient quelques feuilles de telle ou telle plante miraculeuse. A commencer par la marijuana!



Afin de nous réveiller, nous avons loué deux vélos. Direction: l’autre rive, cet endroit « très dangereux » (selon les habitants de Mompox) qui relève d’un autre département. Nous étions au « far-west » de Mompox: marécages, petits villages, et routes ensablées. Dans les faits, nous n’avions qu’un seul ennemi: le soleil, brûlant.


Entouré d’eau, Julien a rapidement saisi l’occasion de se rafraichir !


De retour au pays des « gens pas dangereux parce qu’ils sont du même département », nous avons déniché au fond de la casa de la cultura une bijouterie artisanale. La technique de la filigrane, parfaitement maîtrisée, fait la renommée de l’établissement, et de la ville. Partout en Colombie, il est possible d’acheter des bijoux de Mompox.



C’est de l’or plein les yeux que nous reprenons la route. Au bout de 9h d’un mélange de terre battue et de bitume, nous arriverons a San Gil.

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Bref, nous sommes en retard

Nous pourrions dire que nous avons adopté le rythme colombien, selon lequel les horaires sont flexibles. L’essentiel est, qu’au bout du compte, nous y arrivions.

La vérité est moins romantique: après 6 moins de loyaux services, notre ordinateur nous a définitivement lâchés. Du coup, pour bricoler sur le blog, nous devons courir dans un cybercafé, ou emprunter le pc d’un voyageur bien malheureux de croiser notre route à ce moment précis.

Vu ces contraintes techniques, nous avons un sacré retard dans les publications du site. Pour combler le vide IMMENSE créé par l’absence de « brèves » fraîches à lire (on rêve un peu – mais ça ne fait pas de mal), nous vous proposons un petit jeu: A votre avis, que signifie ce panneau de circulation colombien?

Pour éviter les fausses pistes, voici un indice: le cliché ne contient aucun indice…

Carthagène – Divers-cité

Nous l’avouons : la mer des Caraibes nous a envoûtés ; pas suffisamment pour que nous ouvrions un commerce de gaufres de Bruxelles sur une de ses plages, mais assez cependant pour que nous prolongions notre séjour sur la côte. Et pas n’importe où : à Carthagène des Indes (à ne pas conforme avec la ville homonyme, située en Espagne).

Nous apportons un net changement à notre tour des Caraibes (voir notre article sur Capurgana), en y ajoutant une pincée de « vieille ville », d’ « animation culturelle » et de « buildings à faire pâlir l’Amérique du nord ». Carthagène, c’est tout cela à la fois.

D’abord la vieille ville, dont les façades colorées, les balcons fleuris et les vendeurs de fruits font la renommée.



Le Fort San Felipe de Barajas nous a retenus toute une après-midi. Équipés d’un audio-guide, nous avons parcouru ses remparts de long en large, ce qui a permis à Julien de prendre de nombreux clichés.



Ensuite l’animation culturelle, qui a fait vibrer les murs d’enceinte de Carthagène à plusieurs reprises lors de notre séjour. Au menu : théâtre, danses (plus ou moins traditionnelles), orchestre, chants…


L’identité ethnique des différents peuples habitant dans la région est très forte. Les descendants des esclaves africains et les indigènes défendent chacun leur style musical ; ce qui nous a permis de varier nos sorties. Tout le monde s’y met, même un petit bout de 3 ou 4 ans qui tambourine, sur son djembe, en rythme s’il vous plait !



Enfin, le quartier de Bocagrande nous donne l’impression d’atterrir sur la planète du capitalisme. Chaque centimètre de plage est rentabilisé par un touriste, un vendeur de boissons fraîches/lunettes de soleil/en-cas, ou une dame proposant des massages. Les immeubles assistent, impassibles, à ce spectacle ; trop occupés qu’ils sont à rivaliser en taille avec le voisin.


Dans leur course à la construction, les entrepreneurs ont oublié un détail : la mer, qui n’est contenue par aucune digue. Le résultat est sans appel. Les rues sont inondées, et nous imaginons sans peine l’état des caves et des soubassements.

Depuis le toit de notre hôtel, auquel nous accédons grâce à un escalier en bois précaire qui aboutit directement dans notre chambre, nous pouvions admirer toutes ces facettes de Carthagène, de jour (au petit-déjeuner), comme de nuit.


Pour répondre à l’invitation des lumières de Noël, nous sommes descendus de notre mirador et avons rejoint la vieille ville, de nuit. Julien a multiplié les photos du point le plus au nord de notre escapade en Amérique du Sud. Bientôt, ce sera la descente infernale, jusqu’à Bogota.


Bientôt. Mais pas en ligne droite. Nous ferons d’abord escale à Mompox.

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Medellin… et des points!

Medellin… cette ville est loin d’être inconnue; que ce soit parce qu’elle était le fief de Pablo Escobar, parce qu’elle était une zone de non droit dans les années 80 et 90, ou parce qu’elle n’a pas su accueillir et protéger plusieurs Colombiens que nous avons rencontrés à Bruxelles, et qui nous ont dressé un bien triste tableau de la deuxième ville industrielle de Colombie.

Aujourd’hui, la ville panse ses plaies. Et se reconstruit. Pour prendre la mesure de l’ampleur du lifting, nous avons pris part à un « free walking tour », fièrement appelé « REAL city tour » parce que notre guide voulait nous montrer la vraie ville de Medellin, et pas uniquement les attractions touristiques.

Durant près de 4h, nous nous sommes promenés en sa compagnie dans la vielle ville, dans la cité administrative flambant neuve aux pieds des statues disproportionnées de Botero, l’artiste local devenu une fierté nationale.


Ce que nous appelons l’urbanisation sociale a permis de transformer les lieux de rendez-vous de junkies en jolie places et les bâtiments squattés en secrétariat de l’éducation et autres ministères. Des centres culturels ont en outre été implantés dans les quartiers défavorisés, et le réseau de transport à été agrandi pour relier les extrémités de la ville.

La question de Julien a fusé: « et ils sont où, du coup, les sans-abris, les junkies et les squatteurs ? ». Un peu embêté, notre guide a bien été obligé de reconnaître que les programmes de réinsertion n’ont pas été couronnés de succès; ce que nous confirme le personnel de l’Office du tourisme qui nous déconseille fortement de parcourir certains quartiers à pied, même en plein jour.

Le changement est en marche. Beaucoup a déjà été accompli, ce qui permet d’attirer quelques touristes dans une ville qui mise visiblement aussi sur le facteur « étrangers » pour redorer son blason. Cette brève est une petite contribution à ce travail de longue haleine. La pluie qui ne nous a que rarement quittés ne nous a cependant pas permis de prendre des photos exceptionnelles.


Nous avons été chercher le soleil à Guatapé, situé à deux heures de bus de Medellin. Le petit village lui, est plutôt photogénique. Ses maisons sont peintes en couleur vive et décorées de bas-reliefs illustrant la vie quotidienne des villageois.



Cette vie quotidienne, nous en avons eu un aperçu, lorsque nous sommes partis à la recherche d’un endroit pour planter notre tente. Éloignés du centre, nous avons déniché un coin d’herbe à l’écart de toute animation. Premier réflexe : interroger les voisins pour savoir si nous pouvons effectivement y camper. Joli guet-à-pinte ! Nous nous retrouvons, assis à la terrasse d’une tienda, avec un Colombien endormi sur une chaise, un autre nous faisant écouter sur son téléphone portable toutes les chansons paillardes des environs, et un troisième, accompagné de sa fille de 12 ans, qui vidait verre de rhum sur verre de rhum. Au bout d’une petite heure, la décision est prise : nous camperons sur l’aire de jeux des enfants, face à la tienda. Nous faisions ainsi partie du voisinage.

Le lendemain, l’un de nos « voisins » nous a invités dans son atelier. Il est artiste peintre de… chivas, ces « camions-bus » typiques. Nous sommes restés bouche-bée face à la précision de son pinceau, la régularité de ses traits, et la cohérence de l’ensemble, sorti tout droit de sa tête, « en live ».



Au-delà de ses couleurs vives, Guatapé est aussi connu pour sa production d’électricité. Un projet fou, dans les années 70, a mené à la construction d’un barrage. Les plaines ont été inondées, et les collines sont devenues des îlots. Le tout est plutôt joli, si l’on oublie une minute que tout cela n’a rien de naturel.

Le point de vue privilégié sur cet immense lac artificiel est la Piedra del Penol, une pierre de 200 m de haut, naturelle celle-là, que l’on escalade via pas moins de 630 marches.


Cette escapade a suffi à nous donner le goût de l’eau. Ce soir, nous partons pour les mythiques Caraïbes, qui sont subitement toutes proches !

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Tatacoa – du sable et des étoiles

Après avoir visité trois parcs archéologiques, nous méritions une petite pause non culturelle, faite de sable, de grandes étendues vides, et d’étoiles. Retour à la nature, mais pas n’importe quelle nature : un inédit dans notre voyage. Nous avons passé deux nuits dans le désert, ou, devrais-je écrire, dans les déserts.

Le désert de Tatacoa regroupe en réalité trois types d’étendues : un désert rouge, un désert blanc, et un désert gris. Autrefois, l’ensemble était immergé et prenait la forme d’un immense lac. Les rives se sont ensuite peu à peu asséchées. Le désert rouge est le dernier à avoir été libéré des eaux. Il est celui qui a conservé le plus de minéraux rougeâtres, et le plus de fossiles. Ses formes, suggérant des vagues, rappellent cette lointaine histoire.


Les déserts blancs et gris sont beaucoup plus difficiles à distinguer l’un de l’autre. Jugez plutôt :

Le blanc:

Le gris:

Leurs formes n’ont par contre rien à envier au désert rouge. Fantômes, tables basses, tours… il y en a pour tous les goûts (et tous les imaginaires).


Cela ne transparaît pas sur les photos, mais nous avons visité ces lieux sous un soleil de plomb. 45 degrés à l’ombre ! Un petit détour par la piscine, alimentée par une source d’eau minérale surgissant comme un miracle en plein désert, a été salvateur. D’autant que le paysage, tout en contraste, était saisissant.

Après une journée la tête à l’horizontale pour admirer le sable à perte de vue, nous avons levé les yeux vers ce qui constitue la seconde attraction du désert : le ciel. Purgé de toute pollution lumineuse (la première ville est à plus d’une demi-heure de jeep), celui-ci dévoile des millions d’étoiles une fois la nuit tombée. Un astronome assure une permanence tous les soirs à l’observatoire implanté dans ce lieu stratégique : proche de l’équateur, il est possible d’observer les hémisphères nord et sud. Durant plus d’une heure, j’ai écouté les explications de ce passionné, les yeux rivés sur les constellations, les galaxies et les nébuleuses. Nous avons même eu la chance d’apercevoir des météorites.

Notre photographe était malheureusement mal en point ce soir-là. Nous n’avons par conséquent pas d’illustration de la visite de l’observatoire. Les étoiles resteront dans nos yeux! Levez les vôtres ce soir vers le ciel pour faire à votre tour le plein d’éclats lumineux :°

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Tierradentro – il pleut des tombes

Visiter des tombes. A priori, le programme ne fait pas rêver !
Sauf si… les tombes (hypogées) sont finement décorées.
Sauf si… elles sont vieilles d’un peu moins de 1500 ans.
Sauf si… le site est inscrit au patrimoine de l’Unesco, et constitue le troisième parc archéologique de Colombie. Etant donné que nous nous sommes donné pour mission de tous les visiter, nous avons fait l’immense détour par Tierradentro pour découvrir ces merveilles.

Comme si les kilomètres et le nombre d’heures de trajet n’étaient pas une épreuve en soi, Julien a opté pour un mode de transport pour le moins original : lui sur le toit d’une jeep, moi debout à l’arrière, le corps au vent, les mains fermement attachée aux barres du toit.

Contre toute attente, nous sommes arrivés entiers dans le village de Saint Andres, voisin du parc archéologique. Une gamine nous a conduits jusqu’au jardin de son grand-père, où nous avons posé la tente pour deux jours. Le vieux, aux petits soins, nous a préparé un feu d’une main, pendant que l’autre, tremblante, serrait fermement sa canne. Un accueil plus que chaleureux (c’est le cas de le dire).

Le lendemain nous sommes partis à la découverte de ces fameuses hypogées avec Olga et Taya, deux américo-russes, mère et fille, qui parcourent l’Amérique du Sud.

Nous avons atteint les premières tombes avant même que le garde n’arrive sur les lieux, avec les clés. L’heure colombienne… piano piano.

Nos premières tombes étaient l’occasion de premiers essais photographiques : dans le noir, à la lumière de la lampe de poche, sans flash.


La journée promettait d’être chargée : le site est ouvert de 8h (lisez 8h30 du coup) à 16h (lisez 15h30, comme nous le découvrirons plus tard). La balade visitant les hypogées principales nécessite 7h de marche, dont 2h rien que pour rejoindre El Aguacate, un ensemble d’une quarantaine de tombes sur la crête d’une colline voisine. Là-haut, le site n’était pas surveillé, et nous pouvions entrer librement dans les hypogées, ce que nous n’avons pas manqué de faire tous les quatre.


Ensuite, les choses se sont compliquées : une pluie drue (désormais traditionnelle) nous a fait perdre le chemin. Plutôt que de revenir vers le parc, nous avons pris la direction du village voisin, via un sentier minuscule et boueux, qui s’est vite transformé en patinoire sous l’effet des trombes d’eau. Nous n’avons pas compté nos chutes mais une chose est certaine : nous avons tous été baptisés par la boue.

A cause de ce contre-temps, nous avons du mettre les bouchées doubles pour la suite. Après une visite éclair au musée, nous avons rejoint le site le plus important de Tierradentro : Alto de Segovia.


Ces tombes étaient éclairées, ce qui a considérablement facilité la tâche de Julien pour les immortaliser sur papier glacé.

Fidèles à nos principes, nous avons boycotté les structures touristiques de San Andres, et nous sommes tournés vers une mini tienda (épicerie) pour le souper. La tenancière nous a préparé un souper et un petit-déjeuner de rois, dans son salon.

Pour le retour, Julien nous a déniché un autre mode de transport original : un chiva, ces camions vaguement aménagés en bus.

Le camion était plein de jeunes, ayant pris le premier transport depuis la ville voisine pour rentrer de guindaille. Toujours joyeux, ils partageaient volontiers leur agua ardiente à l’anis. A 7h30 du mat. Julien a testé. Je n’en ai pas eu le courage. Pourtant, nous prenons la route du désert, où nous risquons la déshydratation, par 45° à l’ombre.

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