Est-ce possible de faire du stop au Cambodge ? Certains vous répondront que personne ne s’arrête, d’autres vous diront que, quand les conducteurs s’arrêtent, ils vous demandent de l’argent. Nous sommes résolument plus optimistes : cela fonctionne, à force de persévérance !
Voici notre retour d’expérience d’un mois au Cambodge, que nous avons parcouru presque exclusivement en auto-stop.
0. Reconnaitre les véhicules
Tout d’abord, avant de commencer à faire du stop, il est utile de connaitre les différents véhicules que vous rencontrerez sur les routes, et qui pourraient vous embarquer à leur bord.
- Cars longues distances : ne s’arrêtent à priori pas
- Bus « locaux » : ils s’arrêtent souvent pour vous proposer un trajet contre rémunération. Il est intéressant de connaitre au préalable les prix pratiqués afin d’avoir une idée de ce que vous devriez payer dans le cas où vous vous retrouveriez bloqués dans la cambrousse
- Taxis de ville : ils sont faciles à repérer ; il y a un sigle taxi sur leur toit
- Taxis « longue distance » : alors, là, il faut s’accrocher. Comment distinguer une voiture classique d’un taxi de ce type ? Votre flair vous permettra de les détecter, mais il y a quelques trucs qui ne trompent pas. On les reconnaît souvent par le type de voiture : dans les 90 pc des cas, il s’agit de Toyota Camry. Ils n’hésitent pas à embarquer 5 personnes sur la banquette arrière et 4 personnes à l’avant dont deux sur le siège du conducteur… Ceux qui sont « en règle » disposent d’une pancarte sur le pare-brise qui leur donne le droit d’exercer le métier. D’autres n’en ont pas. Bref, ce n’est pas tout à fait limpide ! Une chose est certaine: demandez la confirmation de votre analyse (taxi, ou pas), avant d’embarquer.
- Les camions et voitures privées : c’est ceux-là qui nous intéressent. Les premiers sont lents, mais se sont régulièrement arrêtés à notre hauteur pour nous prendre en charge. Les secondes ne s’arrêtent que très exceptionnellement. Enfin, les voitures ayant le signe ‘ONG’ apposé sur la plaque d’immatriculation tracent tranquillement leur chemin sans un regard pour les auto-stoppeurs.
- Divers : il y a bien d’autres choses sur les routes… De nombreux tracteurs artisanaux, tuk-tuk de toutes sortes… On ne détaille pas tout et on vous laisse quelques surprises 🙂
1. Quel signe utiliser ?
Nous l’avions déjà expérimenté au Myanmar, en Thaïlande et au Laos : le signe pour faire du stop n’est pas universel. Le concept même de « stop » ne semble pas très connu au Cambodge. Ce qui peut mener à quelques situations assez désespérantes !
Ainsi, il faut adapter sa technique. La nôtre a été la suivante :
- Sarah est devant moi à environ 10 mètres et lève son index vers le haut. Il s’agit du signe pour demander à un taxi ou à un bus de s’arrêter. Elle ne fait pas le signe quand ces transports passent.
- Moi, derrière, je fais le signe traditionnel du stop (le pouce vers l’extérieur)
- Parfois, quand il s’agit de pick-up, nous leur faisons un signe particulier, en montrant l’arrière de leur voiture et en effectuant une espèce de U inversé avec l’index pour leur signifier que l’on souhaite embarquer à l’arrière. Aussi étrange que cela puisse paraitre, nous avons remarqué que nous rencontrions plus de succès lorsque l’on effectuait ce signe. Peut-être ne voulaient-ils pas que l’on embarque dans leur habitacle mais ne voyaient pas d’objection à ce que l’on monte à l’arrière…
- Quand on était vraiment désespérés, on faisait bonjour de la main (toujours accompagné d’un grand sourire) en indiquant la direction de la route… Parfois le conducteur nous faisait « non » de la tête, ce qui signifie qu’il avait au moins compris ce qu’on lui demandait.
- Nous avons testé les panneaux sur lesquels nous écrivions notre prochaine destination: à proscrire ! L’alternative: toujours se placer sur la route principale, unidirectionnelle, pour qu’il n’y ait pas d’incompréhension… Quand on utilise un panneau, il semble que le conducteur ne s’arrête que si il se rend effectivement à votre point d’arrivée. L’idée de vouloir faire 10 fois 10 km, plutôt que 100 km en une traite, est très étrange pour la plupart des Cambodgiens.
2. Où faire du stop ?
Nous avons suivi ces tronçons :
- Frontière laotienne jusque Strung Streng : Il n’y a presque aucun véhicule après le passage de la frontière et la route est dans un état épouvantable. Nous avons eu de la chance mais nous ne conseillons pas de réitérer l’expérience. Le mieux est peut-être d’arriver en stop jusque la frontière, la passer, et négocier avec un des nombreux bus qui fait la liaison Laos-Cambodge pour les touristes.
- Ban Lun à Strung Streng : très difficile mais nous y sommes arrivés. Route OK mais c’est la campagne.
- Strung Streng à Kratie : route épouvantable mais circulation suffisante.
- Kratie à Phnom Penh : la route s’améliore enfin et la circulation est suffisante. Après Kratie, ne pas suivre l’autoroute, pour prendre le ‘raccourci’ qui fonctionne.
- Phnom Penh à Kampot : OK une fois sortis de la capitale
- Kampot à Takeo : OK
- Takeo à Phnom Chisor : route en reconstruction, stop difficile, il n’y a presque que des taxis. De l’autoroute jusque Phnom Chisor, difficile de faire autrement que de monter sur un des moto-taxi… Ce n’est pas très cher ! Le chemin retour du temple jusque l’autoroute est faisable en stop.
- Phnom Chisor à Phnom Penh (en passant par les killing fields) : faisable mais, à partir des killing fields, ne comptez pas trop sur le stop, c’est le domaine des tuk-tuk. En outre, il est difficile de faire du stop à proximité de la capitale
- Phnom Penh à Battambang : incroyablement difficile ! Il y a pourtant du trafic mais personne ne s’arrête. Nous avons mis 7 heures pour faire la moitié du parcours. Nous avons capitulé pour la deuxième moitié en acceptant l’offre d’un bus.
- Battambang – Siem Reap : idem, on a capitulé… Les bus peuvent se négocier à 4 dollars !
- Siem Reap jusque la frontière Thaïlandaise : on l’a fait, mais même souci que les deux tronçons précédents.
Vous l’aurez compris, le stop dans la partie Ouest du pays n’est vraiment pas évident, mais le reste du territoire semble plutôt propice !
3. Contre rémunération ?
Le principe même du stop est censé proscrire complètement une rémunération pour le lift. Certains penseront également que donner de l’argent incitera les cambodgiens à exiger de l’argent des prochains auto-stoppeurs. D’autres, à l’opposé, pourront se dire que donner un peu d’argent dans un pays si pauvre ne ruinera pas votre budget et est une question de bon sens…
Nous n’avons pas la réponse universelle mais voici ce que nous avons suivi comme principe :
- S’il n’est pas clair que le chauffeur considère cela comme un service : toujours demander le prix / refuser si vous ne souhaitez rien payer
- La plupart des locaux vous considèreront comme leurs ‘invités’ dans leur pays. Ainsi, ils ne se contenteront pas de vous permettre de faire un bout de chemin avec eux : ils vous achèteront probablement des boissons ou de la nourriture en refusant catégoriquement que vous ne payez. Dans ce cas, l’échange est merveilleux mais tenons à l’esprit que certains de ces gens ne disposent que de peu de moyens. Leur donner un ‘pourboire’ à la fin qui inclus au minimum le coût de ce qu’ils vous auront offert nous parait être du bon sens ! En cas de refus, proposez de leur offrir un verre, un café… Insistez !
- Si à la fin du trajet, les conducteurs nous demandaient une rémunération, nous leur expliquions que nous ne leur avons pas fait faire de détour et que nous n’avons pas engendré de surcoût. Une fois, une personne nous a demandé de l’argent pour manger. Nous avons donné l’équivalent d’un repas, ce qui n’a pas semblé le contenter. Comme partout, le touriste blanc est vu par certains comme un gros sac rempli de dollars.
- Si vous embarquez sur une moto ou un quelconque engin léger, cela parait évident que vous engendrez une surconsommation d’essence. Mettez vous bien d’accord sur les intentions et attentes des uns et des autres avant toute chose !
4. Conclusion
Comme vous avez pu le lire, il nous semble bien faisable de faire du stop au Cambodge. Il faut parfois s’armer de patience et affuter ses réflexes et connaissances du milieu. Dans tous les cas, ce sera une expérience inoubliable et nous le conseillons à tout un chacun.
Concernant la question de faire de l’auto-stop seul en tant que fille, nous sommes par contre un peu plus dubitatif. Respectez les règles élémentaires de sécurité. Du stop à deux dont au moins un mec, ça parait plus safe !
La communication, que la langue soit un problème ou non, est le facteur essentiel à la réussite. Soyez optimistes, ça se voit et cela augmentera vos chances de succès. Rayonnez ! Si vous êtes de mauvais poil, prenez le bus.
Dernier petit conseil : n’attendez pas à un endroit précis. Au Cambodge, tout endroit est bon pour qu’une voiture s’arrête. En marchant, vous augmentez vos chances de succès car vous croiserez de nouveaux embranchements et ferez plus de rencontres.
BONNE ROUTE !!!