Pour quitter Ranakpur, nous n’avions d’autre possibilité que de (re)monter à bord d’un bus du gouvernement. Jodhpur, notre prochaine destination, se trouve à cinq heures de route.
Pour s’occuper jusque là, une devinette: comment reconnaitre un bus gouvernemental, outre le fait qu’il est bondé? Premièrement, le prix du ticket est différent selon que le passager est une femme ou un homme (moins cher pour les ladies – serait-ce un moyen d’inciter ces dames à s’aventurer dans les bus?). Deuxièmement, le bus est également utilisé comme moyen de transport pour « les affaires d’Etat ». De quel type, me direz-vous? Le transfert de détenus, par exemple! A notre grande surprise, un homme, menottes aux poings, encadré par six agents de police, est monté à bord de notre bus pour quelques dizaines de kilomètres. Le temps pour Julien d’échafauder des scénarios qu’Hollywood lui envierait: complices du prisonnier prenant d’assaut le bus, prise d’otage des passagers, et j’en passe…
Arrivés à Jodhpur, sains et saufs, le rythme s’accélère. Nous avons appris que la visite du fort de la ville était gratuite en raison d’un événement exceptionnel (ce qui représente une économie substantielle de plus de 15 euros!). Seul hic: les dernières entrées de la journée doivent avoir lieu avant 17h, et nous avons posé notre premier orteil à Jodhpur à 16h30. Un contre-la-montre s’est enclenché pour rejoindre le centre ville, déposer nos sacs à dos dans une guesthouse quelconque et escalader les remparts du fort.
C’est tout en sueur que nous redescendons la colline, une heure plus tard, avec un immense sentiment de satisfaction. We did it! Les aigles qui tournoient autour du fort ont salué notre exploit (c’est comme ça que nous avons interprété leur vol prolongé au dessus de nos têtes).
Comble du bonheur, nous avons trouvé un petit coin de paradis pour reposer nos gambettes: une chambre sur les hauteurs, avec vue sur la vieille ville. A peine fatigué par notre exploit touristique, Julien s’est essayé au cricket avec les gamins du coin.
De là-haut, nous avons rapidement compris pourquoi Jodhpur est surnommée la « ville bleue ». De nombreuses façades sont peintes en bleu lavande, au milieu d’autres devantures plus criardes. Nous avons adoré nous perdre dans ces ruelles colorées.
Nous avions souvent l’impression de voler quelques moments d’intimité, lorsque nous apercevions, par une porte ou une fenêtre ouverte, une femme en train de cuisiner, des artisans affutant leurs outils, ou des enfants jouant avec trois fois rien. Le charme de l’Inde, à l’état pur…
Autre surnom de Jodhpur: « suncity ». il ne pleuverait ici qu’une dizaine de jours par an, tout au plus. Et devinez quoi? La pluie nous a fait l’honneur de se déplacer jusqu’à Jodhpur, juste pour nous, le temps d’une tempête assez effrayante. Décidément, les éléments se déchainent sur notre passage!
Nous nous sommes consolé avec une merveille locale: le lassi parfumé au safran (Makkania Lassi), que nous avons dégusté dans une enseigne populaire à deux pas de la clock tower.
Nombre total de lassis consommés par vos petits belges à cet endroit… cinq! Record à battre à Jaipur, où il parait qu’il y a une des plus ancienne échoppe de lassi de la région.
Pour rejoindre Jaipur, la capitale du Rajasthan, nous avons pris notre dernier train de nuit (5h30 de trajet, la nuit sera courte!), et avons observé, une dernière fois, les indiens qui envahissent les gares de nuit, en attendant patiemment leur train. Notre train ayant du retard, nous nous sommes joints temporairement à eux, avant de retrouver nos couchettes de fortune.
Demain, nous nous réveillerons dans la ville… rose!