Nous sommes un peu émus en ce samedi matin : nous venons de passer une nuit dans un bus et ce sera probablement la dernière fois de notre voyage !
Nos yeux s’éveillent doucement dans la ville de Turbo. Drôle de nom pour cette étape où nous devons nous débrouiller pour prendre un bateau jusqu’à notre destination du jour. Les gens, pour la plupart afro-colombiens, ne semblent pas très stressés et l’on se demande plus d’une fois comment l’organisation du port fonctionne…
Pourtant, on est finalement appelés et on monte dans une embarcation dont les moteurs me semblent bien surdimensionnés. Les guides de voyage conseillaient de prendre l’avion, le trajet en bateau étant « tape-cul » et « casse-dents ». On a donc passé 2h30 sur une banquette en serrant les fesses et en mordant dans une peau de banane.
Autre cocasserie: nous avons du emballer nos sacs-à-dos dans d’immense sacs poubelle « au cas où ils tombent à la mer ». Nous restons sceptiques quant à la solution proposée (un sac qui tombe dans l’eau coule, point), mais nous nous exécutons.
« Terre, terre ! », crie la vigie. (NDLR: en fait non, on entend rien sous le vacarme des moteurs mais romancer un peu ne fait pas de mal).
Nous voilà à Capurgana. Nous avons choisi cette destination car nous avions envie depuis un petit temps de faire une pause « plage », mais sans trop de plage. Bref, Capurgana semble être un lieu parfait puisqu’il est complètement entouré d’une jungle qui ne demande qu’à être explorée. Très peu de touristes y viennent et il n’existe aucune route pour y accéder. Bref, Welcome To Paradise 🙂
Nous posons nos pieds sur ce lopin de terre qui, nous l’ignorons encore, sera notre foyer pendant les 6 prochains jours. Nous établissons nos quartiers dans un petit hôtel où nous pouvons camper en bord de plage pour une bouchée de pain. La vie est dure….
On décide tout de suite d’aller à la rencontre des profondeurs… Cela fait maintenant deux mois que nous n’avons pas plongé et, selon quelques rumeurs, il s’agirait du meilleur sport sur la côte Nord colombienne. Nous signons avec une compagnie locale dans des conditions un peu chaotiques mais, une fois dans l’eau, tout est oublié et, cerise sur le gâteau, le moniteur est également photographe.
Les coraux sont superbes et la visibilité est plus que parfaite. Il n’y a rien de gros à voir mais les tapis de couleurs qui se déroulent sous nos yeux donnent une saveur bien particulière à la plongée. Les homards font ici deux fois la taille des homards de Zélande ! Au retour, nous demandons à être déposés dans le petit port de Sapzurro, bourgade encore plus coupée de la « civilisation » que Capurgana.
Une des caractéristiques du lieu est qu’il est possible en une heure de marche de traverser de manière officieuse la frontière pour se retrouver pour quelques heures au Panama. Le reste du Panama n’est pas accessible depuis ce bout de territoire isolé, mais le détour vaut le coup: nous pouvons nous baigner à la « Playa Blanca » de « La Miel » et acheter de l’alcool dans un « duty-free » bien implanté.
Sapzurro ne se limite pas à cela. La jungle est là aussi présente et nous nous enfoncerons dans son antre pour y observer des aras en plein vol, différents reptiles, une grenouille noire et verte (dendrobate auratus) les plus gros bernard-l’hermites que nous n’ayons jamais vu, des oiseaux en (pas-)pagaille, …
Il y a aussi des palmiers remplis de noix de coco… Je me suis mis en tête d’en ouvrir une avec les moyens du bord: une pierre. Au bout de 30 minutes, j’arrive enfin à atteindre mon but… mais la noix de coco est vide de jus et de chair. Bref, un coup dans l’eau !
Nous passerons les jours suivants entre terre et mer : lecture, incursion dans la jungle, snorkeling, repos, échange avec les locaux…
Et, au bout de cinq nuits, nous ferons nos adieux à Nelly, notre hôtesse pendant notre passage dans cet endroit merveilleux.
Juste pour le plaisir, pour clôturer cette brève en beauté, on vous partage les reflets de la pleine lune devant notre camping.