C’est épuisés par notre trek à Hsipaw et notre nuit de bus que nous arrivons à Nyaungshwe aux petites heures du jour. Nous refusons poliment les propositions des taximen qui nous emmèneraient au bout du monde si nous y mettions le prix, et filons rapidement à pied à la recherche d’une guesthouse (renseignée par Brice et Marion). Nous arrivons à destination avant que le premier taxi ne se présente à la réception. Pari gagné: nous obtenons la dernière chambre de la guesthouse, et les amateurs de tuk-tuk doivent se rediriger vers un autre établissement!
Notre première journée à Nyaungshwe se déroule sans que nous ne voyions le lac. Nous visitons le centre de la ville, faisons la rencontre d’un curieux éléphant dansant pour une improbable fête birmane, mais surtout… nous nous reposons. Le lendemain s’annonce en effet corsé.
Nous avons rendez-vous avec Lisa, Clemens et Toeris (notre boat driver) à 6h, pour une journée de bateau sur le lac Inle. D’emblée, nous sommes subjugués par le spectacle des oiseaux qui prennent leur envol dans la brume matinale. Les premiers rayons du soleil couvrent le lac d’une lumière couleur pastelle, et nous distinguons les premiers bateaux de pêcheurs (de poissons ou de touristes). Toeris arrête régulièrement le moteur de l’embarcation pour que nous puissions profiter pleinement du spectacle qui s’offre à nous: les maisons sur pilotis, les pylônes électriques plantés au beau milieu de l’eau, les enfants qui se pressent sur les pirogues en direction de l’école, les jardins flottants (réellement flottants: les genoux de Clemens s’enfoncent dans l’eau alors qu’il souhaite vérifier l’authenticité des marchés). Ce n’est que deux heures plus tard que nous atteignons notre première destination: un marché, de l’autre côté du lac. Les marchandises y sont acheminées par pirogues ou par chars à bœufs, le tout formant un bal original.
Nous sommes rapidement invités à tester nos qualités de potiers qui s’avèrent désastreuses: nos réalisations ressemblent toutes les 4 à des cendriers malades.
Nous comprenons bien vite que l’art fait vivre le lac. Les touristes se pressent près des (prétendus) ateliers de couture, de cigares, de bateaux, de bijoux en argent… Nous assistons au spectacle, d’abord avec amusement, et puis très vite avec désintérêt.
Sur le chemin du retour, nous sommes confrontés à une autre dérive touristique: de faux pêcheurs font les clowns sur leur pirogue pour être photographiés, contre rétribution.
Toeris nous déniche dans cette foire un vrai pécheur, que nous admirons travailler à la lumière changeante du coucher du soleil.
Nous terminons cette magnifique journée autour d’une bière Myanmar, d’abord avec Toeris, ensuite à quatre. Au menu du souper: un poisson du lac cuit au barbecue.
Le lendemain, c’est la fête. Nous sommes le 29, et ça fait un mois que nous voyageons à vue de pieds en Asie!
La journée est prometteuse: grâce à la rando et au stop (notre moyen de transport favori depuis cet été), nous nous éloignons de la ville et visitons les villages environnants. Ils sont réputés pour leurs sources d’eau chaude (qui sortent en réalité de ce que nous appellerions communément des égouts, chez nous), et pour leur production de sucre de canne.
Nous pousserons le luxe jusqu’à assister au coucher du soleil depuis les hauteurs d’un vignoble, en sirotant un verre de vin, avant de se faire masser de manière traditionnelle par un couple de Birmans, à la lueur de bougies (une coupure de courant nous privant de tout autre source de lumière).
Au total, sur la journée, nous serons montés à bord d’un tracteur, d’un tuk-tuk d’autres touristes, de deux camions, et d’une voiture dont le conducteur était vraisemblablement sous licence. L’auto-stop, à la mode birmane, fonctionne parfaitement!
Le quatrième et dernier jour, nous partons à l’aventure dans les montagnes, seuls avec la technologie (un programme de géo-localisation installé sur la tablette).
Après plusieurs heures d’ascension, nous sommes récompensés par une magnifique vue sur le lac, depuis une cabane abandonnée.
Les birmans que nous croisons parlent très peu anglais. Vers l’heure de midi, nous nous dirigeons vers le seul magasin du village que nous traversons. Nous tentons d’expliquer que nous souhaitons manger quelque chose de consistant (autre que des cacahouètes, des chips et des boissons fraiches). Après quelques secondes d’hésitation, la vendeuse nous fait signe de passer dans l’arrière-boutique. Nous rejoignons trois femmes birmanes passionnées par un feuilleton birman visiblement romantique. Dix minutes plus tard, la table qui nous fait face est pleine de petits plats. La vendeuse sort alors un vieux manuel d’anglais, et nous pointe certaines phrases, pour que nous puissions communiquer. Ces extraits, visiblement sortis de leur contexte, provoquent l’hilarité générale.
Le retour à la guesthouse se fait en stop (de camion). Nous y sommes désormais abonnés!