Une histoire Sikri-ste qu’Agra

La ville d’Agra n’évoque sans doute rien pour vous. Pourtant, vous la connaissez plutôt bien, ou, du moins, vous connaissez le monument mystique qu’elle abrite: le Taj Mahal!

Pour éviter le flot de touristes, nous nous sommes levés aux aurores et avons passé le portique de sécurité dès son ouverture (à deux reprises: nous avons été recalés la première fois parce que nous transportions un clavier d’ordinateur, un pied d’appareil photo et… un paquet de biscuit). Après un détour par la consigne et un « à-fond biscuits », nous avons enfin pris le chemin de la porte centrale, qui, de par ses proportions hors normes, cache le joyaux du Taj Mahal jusqu’à ce qu’il s’impose à nous, éblouissant, majestueux, et envoûtant.


L’audio-guide nous conte l’histoire de l’empereur Shah Jahan et de son épouse, Mumtaz Mahal. Le décès de cette dernière, alors enceinte du quatorzième enfant du couple (on ne chômait pas au début du 17ème siècle!), a fortement affecté l’empereur qui a fait édifier le Taj Mahal en son honneur. 20.000 ouvriers se sont relayés sur le chantier durant 22 ans, pour un résultat à la hauteur de la réputation internationale du monument. Nous avons passé près de 4h dans le complexe, composé du Taj Mahal mais aussi de divers autres bâtiments et d’un immense parc entretenu par une armée de jardiniers indiens, armés de leurs ciseaux.

Nous avons enchainé dans la matinée avec la visite du fort rouge d’Agra, le palais des empereurs moghols, bâti au 16ème siècle. Moins romantique, mais tout aussi tragique: on raconte que l’empereur Shah Jahan y a été maintenu prisonnier par son fils, Aurangzeb, après le décès de la belle Mumtaz Mahal. L’empereur déchu occupait une chambre dont les uniques fenêtres avaient vue sur le Taj Mahal, où reposait son épouse. De quoi raviver quotidiennement la douleur causée par sa perte. Merci les audio-guides pour ces détails croustillants!


Nous avons fait une halte hors des guides, hors du temps, au café Sheroes. Cet établissement, à deux pas du Taj Mahal, est tenu par des femmes qui ont été victimes d’attaques à l’acide. Derrière le comptoir, on peut lire « I am stronger than my coffee ». Elles ont la force d’ignorer que leur visage est mutilé, et réclament des photos, des selfies… si je ne devais pas sourire devant l’objectif, je pense que j’en aurais pleuré. De respect. D’admiration. Leur courage nous en bouche un coin. Chapeau bas, les filles.


Aux portes du Rajasthan, nous avons entamé une longue tournée de visite de forteresses. La suivante sur la liste: celle de Fatehpur Sikri. Elle est particulière en ce que son style architectural conjugue les influences hindoue, musulmane et chrétienne. Construite en 1572 par l’empereur Akbar pour y installer sa capitale, la cité a ensuite été abandonnée en raison de la pénurie d’eau qui sévissait dans cette région aride. Vu l’immensité des palais, des jardins et des piscines protégés par la forteresse, on comprend aisément que l’or bleu n’y a pas été utilisé de manière économe!


A deux pas du fort, une immense mosquée accueille pèlerins, touristes et… marchands ambulants très collants! Le village de Fatehpur Sikri, par ailleurs très charmant, est malheureusement affecté par une vision sombre du tourisme: les étrangers sont vus comme des dollars articulés. Du coup, nous ne pouvons pas faire trois pas sans que notre portefeuille ne soit sollicité. Bienvenue dans la zone la plus touristique de l’Inde!

Demain, nous fuyons vers Udaipur, avec notre dernier train de nuit de cet épisode indien. N’ayant pas réservé notre ticket à temps, nous avons testé la « waiting list » (acheter une place sur une liste d’attente, et vérifier le jour-même si d’autres voyageurs se sont décommandés, et ont libéré des sièges). Nous étions 41 et 42ème sur la liste d’attente, et n’y croyions pas vraiment. A tort! Trois heures avant le départ, nous avons la confirmation que nos tickets ont été validés. Notre aventure se poursuit vers le nord-ouest!

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