Au fil du Mékong

A peine de retour de notre petite virée à moto, il nous faut avancer. Effectivement, notre visa expire bientôt et nous avons décidé de revendre notre moto. Nous avions pensé passer la frontière vers le Cambodge avec elle mais, à la lecture de différents blogs, il semble que cette frontière soit la plus corrompue du pays et qu’un backchich de 100 dollars soit demandé par moto dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas, on vous laisse sortir du Laos mais on ne vous laisse pas rentrer au Cambodge et il vous faut revendre la moto aux douaniers à un prix dérisoire. Bref, on va tenter de la revendre avant de passer la frontière. Nous avons, pour ce faire, mis en ligne une annonce sur le net.

Thakhek est une assez grosse ville mais nous n’avons rien trouvé d’extraordinaire à faire à part manger au bord du Mékong, et s’offrir quelques pâtisseries (ce qui est quand même exceptionnel après des semaines de soupes de nouilles).

Nous prenons donc la route le jour suivant vers Savanakhet. Au programme, 130 km dont une bonne partie à faire en longeant le Mékong.

En chemin, nous nous arrêtons pour visiter quelques temples. L’un d’eux nous attire particulièrement puisqu’on y trouve une espèce de bouddha chinois incorporé dans un arbre, ce qui nous rappelle vaguement la tête de bouddha de Ayyutayah en Thailande.

Quelques kilomètres plus loin, second « arrêt temple »: nous faisons la connaissance d’un moine très sympathique qui nous propose de passer quelques jours avec lui pour apprendre le Laotien, la méditation et le bouddhisme. Nous sommes à deux doigts d’accepter mais, pour une fois, nous sommes pressés par le temps. Nous espérons avoir à nouveau ce type d’invitation au Cambodge…

Nous roulons une bonne partie de la journée (presque) sans encombre.

Les paysages changent et la chaleur devient de plus en plus étouffante. Un orage éclate d’ailleurs en chemin. Nous décidons de ne plus prendre de risque et de ne pas rouler par temps humide, quitte à rester coincés. Nous nous arrêtons donc dans un petit magasin familial de campagne ou je demande un café. A la laotienne, le monsieur me fait « non » de la tête et souhaite que l’on parte. Au moment ou je m’apprête à rétorquer, mes yeux glissent sur la table qui est à mes pieds : il y a un grand panier avec une centaine de sachets de café. Je commence à rire et indique le panier au brave homme qui continue, de manière moins appuyée, à dodeliner de la tête. Je lui fais « oui », de la tête, prends un des sachets et mime une tasse, l’eau chaude que j’y verse et ma délectation à boire le précieux breuvage. Il finit par abandonner et nous propose de nous asseoir. Ouf ! Il faut vraiment les travailler aux corps, ces laotiens!

Finalement, l’orage durera environ 1h30. Sur ce temps, toute la famille nous a rejoints autour de la table, nous échangeons des photos, des sourires, des rires, quelques mots de laotiens contre des mots de français, des questions plus ou moins correctement comprises, etc. Nous passons un moment extraordinaire le long de cette simple route. Qui aurait pu prévoir qu’un orage menaçant sera finalement salvateur et confirmera notre réconciliation avec le peuple laotien ?

Nous nous rendons finalement compte que nous sommes des idiots d’Européens. Être dans l’expectative d’une réaction que nous considérons adéquate est très subjectif. A une question qu’ils ne comprennent pas, nous voulions bien avoir le « oui » thaïlandais qui signifie souvent « je ne sais pas mais je ne veux pas dire non », nous voulions également bien entendre « je ne sais pas » mais surtout pas « non » avec un léger sous-entendu de « partez maintenant ». Ce scénario s’est répété à de nombreuses reprises lorsque nous avions besoin d’acheter différentes choses. Pointer l’objet du doigt dans un magasin en disant « kip ? » (la monnaie locale) et en montrant un billet, nous valait une fois sur deux un « non » alors que nous voulions clairement acheter.
En ce jour, nous avons finalement compris que les laotiens ne veulent pas d’affront et préfèrent l’éviter que de se retrouver dans une situation où ils ne sont pas capables de nous répondre. Facile à dire et à écrire mais on peut vous assurer que plus d’un d’entre nous perdrait son sang-froid dans bien des situations.

Nous reprenons la route une fois l’orage calmé, un sourire aux lèvres avec l’impression que quelque chose a définitivement changé en nous.
Savanakhet nous voilà !

Après une bonne nuit, nous passons la matinée à mettre notre blog à jour avec l’unique connexion internet correcte que nous croisons depuis un certain temps. Le reste de la journée sera, route, route et route. 350 kilomètres réalisés en cet après-midi, une petite nuit au milieu de la campagne et, finalement, les faubourgs de Pakse qui nous accueillent.

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