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Circuit dans les missions jésuites

Inscrites depuis 1990 au patrimoine mondial de l’UNESCO, les missions jésuites à l’est de Santa Cruz méritent qu’on s’y arrête quatre à six jours. Nous avons adoré l’atmosphère qui y régnait, bien différente de l’ambiance générale à laquelle nous nous sommes accoutumés en Bolivie.

Quel itinéraire?

Le circuit des missions forme, à peu de choses près, un cercle continu qu’il est possible de boucler dans deux directions: en commençant par Santa Cruz et San José, ou en rejoignant Santa Cruz et San Xavier.
Commencer le circuit par San Xavier a un avantage certain : les transports en commun assurant les liaisons dans cette direction sont plus nombreux et plus fréquents.
Nous avons toutefois décidé de prendre la boucle par son autre extrémité : San José. Ceci permet de visiter les missions les plus authentiques dès le départ, et revenir peu à peu à la civilisation vers la fin du circuit.

Quels transports ?

Comme annoncé à demi-mots dans le point précédent, les transports ont été notre bête noire durant notre séjour dans cette région. Quatre types de véhicules assurent les liaisons entre les missions : les trains (uniquement entre Santa Cruz et San José), les bus, les mini-vans et les taxis.
Les taxis (ou moto-taxis) vous emmèneront où vous voudrez, à n’importe quelle heure, pour le prix fort (vous faisant parfois supporter le prix d’un aller-retour pour un aller simple, de peur de faire un trajet à vide).
Les mini-vans sont la solution alternative aux taxis : les départs sont plus fréquents que les bus, et le prix s’en fait légèrement ressentir (à la hausse!).
Les bus sont assez rares entre San José et San Ignacio (un bus par jour, démarrant en général tôt le matin). Ils sont plus fréquents entre San Ignacio et Santa Cruz (deux ou trois bus par jour), et présentent incontestablement le meilleur rapport qualité/prix (en choisissant les compagnies locales, telles que Linea 102). A titre indicatif, voici un récapitulatif du temps de trajet et du prix des bus empruntés en juin 2015 :
– De Santa Cruz à San José : 4h pour 40 Bs (à négocier vu le nombre important de compagnies assurant cette liaison ; le plus simple étant d’attendre à l’entrée du terminal qu’un rabatteur vous annonce un prix). Mini-van : 60 Bs.
– De San José à San Rafael : 4h, pour 35 Bs (à négocier).
– De Santa Ana à San Rafael : 40 minutes, pour 10 Bs.
– De San Rafael à San Miguel : 45 minutes
– De Miguel à San Ignacio (mini-van) : 1h, pour 12 Bs.
– De San Ignacio à Concepcion : 4h30, pour 50 Bs.
– De Concepcion à San Xavier : 1h30, pour 12 Bs.
– De San Xavier à Santa Cruz : 4h, pour 30 Bs.
Entre les missions les plus perdues, nous avons testé le stop, qui fonctionne plutôt bien. Soyez toutefois vigilants, nous sommes en Bolivie, pas en Europe ! Certain chauffeurs de camion n’hésitent pas à user de substances diverses pour se maintenir éveillés.

Où dormir ?

Il y a des hôtels ou Alojamiento dans chaque mission (parfois un seul établissement dans les zones les plus reculées, mais il y a toujours une solution de logement).
Si vous êtes équipés pour camper, adressez-vous au Padre de la mission. Nous avons campé dans les jardins de la mission à San José, Santa Ana et San Miguel. Certaines missions vous ouvriront même les portes de leurs infrastructures, si vous avez un matelas et un sac de couchage.

Que visiter ?

Les missions sont toutes organisées de manière similaire, autour de la place principale où se trouve l’église. Rêvasser dans les ruelles aux alentours est très plaisant. Visiter l’église et la mission est un must. Assister à une messe un dimanche matin est à la fois intéressant et envoûtant. Si vous vous arrêtez à Santa Ana, demandez à être présenté à Luis Rocha Peña, le gardien de l’église. Il vous montrera avec fierté son orgue et vous jouera peut-être, qui sait, un petit air en fredonnant. Une belle façon de défendre son patrimoine chiquitan.
Plusieurs villes ont d’autres attractions touristiques (musées, ateliers d’artisanat, lacs où il est possible de se baigner…). A Conception et à San Xavier, les musées proposent un ticket « combi » visite d’un (ou plusieurs) musée(s) et visite de l’intérieur de l’Église (25 Bs pour les étrangers, 10 Bs pour les étudiants). Pour info, les légendes dans les musées sont uniquement référencées en espagnol.

N’hésitez pas à lire notre récit de voyage relatif à notre visite dans les missions, et à nous faire part de vos propres expériences!

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Escale à Madrid !

Les tickets d’avion que nous avons réservés il y a une semaine à peine prévoient d’atteindre la Bolivie en faisant une escale à Madrid. L’escale est longue, très longue : plus d’une demi-journée ! Jouissant de notre liberté de circulation européenne (nous avions presque oublié qu’il était possible de pénétrer sur un territoire sans visa), nous avons décidé de quitter l’aéroport pour nous aventurer dans le centre ville de Madrid. Objectif : manger une paella arrosée de sangria (nous faisons dans les clichés).

Nous avons un peu galéré avant de trouver notre bonheur. Les Espagnols ne parlent pas anglais du tout, et, pour la première fois du voyage, nous sommes de véritables handicapés de la communication. Nous avons finalement déniché une terrasse ombragée, où déguster le riz du jour et la boisson nationale. Pari réussi !

Pour digérer (ou pas), nous avons enchaîné avec une visite expresse du centre ville : la plaza Mayor, la Catedral Nuestra Sra De La Almunden, le Palacio Real, le Templo de Debod, la Plaza de Espana, et le Parque Del Retiro. Conclusion : « Ça a l’air cool, la vie en Espagne » !


Malgré cette apparence de « il fait bon vivre, ici », nous avons retrouvé à Madrid les mêmes questions fondamentales que celles qui nous animent à Bruxelles. Au détour d’une ruelle, nous avons découvert le bâtiment d’une association militant pour l’accès à la justice pour tous. Les avocats, incapables de défendre décemment et efficacement leurs clients, ont raccroché leur toge, sur la façade. La preuve que le combat à mener pour le respect des droits fondamentaux est transnational. La preuve aussi qu’il y a encore du boulot dans ce domaine et que nous aurons du pain sur la planche à notre retour !

A 22h, nous étions de retour, épuisés, dans le terminal international de l’aéroport de Madrid. Demain, nous nous réveillerons sur un autre continent. Pour la première fois, nous mettrons les pieds en Amérique du Sud !

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Home is where your heart is

Le 20 mai, à 7h00 du mat’, nous avons reposé les pieds sur le sol européen, à Frankfurt. A nos compagnons de vol qui nous interrogeaient sur notre moyen de transport vers la Belgique, nous répondions, un sourire au lèvre… en stop ! Nous ne voulions pas de correspondance à l’aéroport, pas de train ni de bus, mais des voitures privées et des échanges, pour le dernier tronçon de la première partie de notre voyage.

Le hic avec le stop, c’est que vos chauffeurs ne vous mènent pas toujours où vous l’espériez. Pour relier Frankfurt à Charleroi, nous sommes passés par Metz et le Luxembourg. Un sacré détour qui nous a permis de croiser la route d’un réfugié syrien, de deux artistes de la cinquantaine, de plusieurs voyageurs ayant eux-mêmes parcouru le monde, et d’une retraitée dont le fils avait quitté son boulot pour partir à la conquête de l’Amérique du Sud. Elle se remémorait, avec émotion, sa soirée de départ, alors que notre soirée de retrouvailles approchait.

Je ne saurais décrire notre excitation lors des derniers kilomètres, parcourus à pied dans ma ville natale. Arrivés devant la maison, nous avons réalisé que notre excitation était largement partagée. Ils étaient cachés derrière à la porte, et ont immortalisé nos sourires à l’arrivée.

Notre passage éclair en Belgique a permis à Julien de récupérer quelques photos du Sikkim (attaquées par un virus), en sacrifiant de nombreuses heures de sommeil. Nous ne sommes pas peu fiers de les partager avec vous sur notre page « Photos » !

Après 2 semaines à un rythme belge effréné, nous reprenons des vacances. Cette fois, nous partons vers l’ouest. Avec une surprise : nous emmenons Camille dans nos bagages !

Nous lui faisons une parfaite démonstration de notre « organisation désorganisée » dès le premier jour en manquant de louper notre avion. Nous rejoindrons finalement l’aéroport de Zaventem en… stop, les bus nous ayant lâchés en route. A l’heure d’enregistrer nos sacs à dos, nous réalisons que notre pause belge est déjà derrière nous. C’est reparti pour de nouvelles aventures !

L’Inde du nord en quelques mots

Vous ne savez pas comment choisir votre itinéraire en Inde? Combien coûte la vie dans le pays ? Quel budget prévoir ? Quels sont les musts ? Nous avons tenté de résumer ici de façon concise notre expérience d’un mois dans ce pays .

Ce que nous avons adoré:

  • la diversité des paysages du nord de l’Inde (montagnes, régions arides, villes et villages construits au bord du Gange…)
  • la ferveur qui anime Varanasi, mais aussi Bodhgaya
  • la richesse du patrimoine du Rajasthan, particulièrement Udaipur et Jodhpur
  • les couleurs et l’agitation en général, qui donnent à chaque ville un charme particulier
  • la nourriture exceptionnellement variée, les lassis (ne pas rater celui au safran sur la place de Jodhpur, véritable institution) et le goût du chai qui nous manque déjà !

Ce qui nous a moins plu

  • la proximité constante entre les indiens et nous, due à une densité de population importante
  • le bruit et la saleté auxquels seuls les étrangers ne sont pas habitués
  • les attrapes touristes, particulièrement dans les grandes villes (Agra, New Delhi, …).

Budget

Notre budget mensuel en Inde était de 400 euros par personne. En avril 2015, 1 euro valait environ 75 roupies.
Le coût de la vie se décline comme suit:

Logement: 300 à 500 roupies pour une chambre double, avec ventilateur et salle-de-bain

Nourriture et boissons:

  • grande bouteille d’eau: 20 roupies (1l) ou 30 roupies (2l)
  • soda (33cl): 20 roupies
  • chapati: 5 à 10 roupies
  • samosa : 10 roupies
  • repas complet : 100 roupies

Transports: le train est la meilleure option pour se déplacer en Inde. La « sleeper class » est un bon compromis entre économie et confort, tant en journée que de nuit.

New Delhi – new depart

La réputation de New Delhi ne fait pas rêver les routards. De grands panneaux mettent les touristes en garde contre les arnaques en tout genre, à commencer par les nombreux « offices du tourisme » bidons, qui ne sont que des agences de voyage déguisées.

Nous étions un peu dépités par les informations que nous avons reçues dans l’une d’elles : toutes les attractions touristiques sont fermées le lundi (seul jour entier dont nous disposions à Delhi). L’agent de l’«office du tourisme» nous conseillait par conséquent de réserver une visite en bus de Delhi le mardi, en mode marathon, pour un prix exorbitant. Nous nous sommes enfuis du bureau, non sans emporter un plan de la ville. Pas question d’embarquer à bord d’un de ces cars de touristes. Nous nous débrouillerons seuls !

Au milieu de l’attrape-touristes, il y avait une information véritable : les principaux monuments de la ville ne peuvent pas être visités le lundi. Après avoir erré dans la cohue durant une demi-journée, nous avons atterri dans un temple sikh.

L’accueil que nous a réservé la communauté nous a réconciliés avec la capitale indienne. Badji, un homme d’une cinquantaine d’années, nous a pris sous son aile et s’est improvisé guide. Il était particulièrement fier de nous montrer la cantine du temple, qui sert des milliers de repas quotidiens, de manière tout à fait gratuite, à quiconque s’assied sur les immenses tapis de la salle à manger.

Une fois rassasiés (nous avons englouti par politesse un deuxième lunch, à 15h), Badji nous a emmenés dans le musée attenant au temple. La collection de ce musée est plutôt basique : des dizaines de peintures relatent l’histoire des gurus sikhs. Badji y était cependant fortement attaché, et tenait à nous fournir un mot d’explication pour chaque œuvre exposée. Résultat : nous avons passé près de 2h dans un musée qui n’aurait, en temps normal, pas retenu notre attention plus de 15 minutes. Nous sommes maintenant incollables sur les exploits des gurus, qui rappellent curieusement certains miracles d’un Jésus de Nazareth.

Afin de rentabiliser notre dernière soirée à Delhi, nous avons sauté dans le métro (en réalité : nous avons fait la file plusieurs minutes avant d’obtenir un jeton – ticket -, puis nous nous sommes dirigés vers le contrôle de sécurité, avant de franchir les portes de la station de métro et de – finalement, près de 15 minutes plus tard – sauter à bord d’un métro). Direction : le pendant du Taj Mahal, au masculin: la « Humayun’s Tomb », érigée en 1565 par la veuve de l’empereur moghol Humayun.

Nous avons passé notre dernière soirée indienne perchés sur un toit, pour admirer l’animation des ruelles avoisinantes. Les vaches, reines de la nuit, assuraient le spectacle : elles se déplaçaient d’échoppe en échoppe pour faire leur marché, en chapardant une laitue par-ci, une pomme par-là.

Le lendemain, nous avions exactement 8h pour boucler la visite de New Delhi, avant de rejoindre l’aéroport. Nous sommes repassés par les détecteurs à métaux des stations de métro, pour rejoindre Qutb Minar, une tour de la victoire construite en 1199. Arrivés sur place, nous nous sommes volontairement perdus dans le parc voisin, parsemé de monuments funéraires abandonnés. Nous ne sommes jamais arrivés sur le site de la Qutb Minar en tant que tel; nous avons flâné dans le parc, nous déplaçant de banc en banc sous une chaleur torride, en dégustant nos derniers « fruits patates ».

Nous avons fait un dernier arrêt au « lotus temple », le temple des Baha’is. Il s’agit d’une religion monothéiste fondée à la moitié du 19ème siècle, qui vise à unifier les autres grandes religions (hindoue, musulmane, bouddhiste et chrétienne). Nous avons assisté, par hasard, à une célébration Baha’is, alliant extraits de la Bible et du Coran. L’idée de combiner les sources sacrées est plutôt séduisante, mais nous ne pouvions nous empêcher de nous interroger sur la naissance tardive de ces religions, en réaction aux religions traditionnelles jugées dépassées. Est-ce là la solution de notre monde en perte de repères ?

Ce qui reste universel, au fil des années, ce sont des valeurs telles que la non-violence. Un arrêt éclair au 5, Tees January Road nous a permis de rendre hommage à Gandhi. Il a été assassiné dans cette maison en 1948, moins d’un an après la proclamation de l’indépendance de l’Inde qu’il chérissait tant.

Nous aussi, nous avons accroché avec ce pays bouillant d’activité. L’aéroport nous parait bien vide, bien calme, bien trop « international ». Nous pique-niquons une dernière fois sur le territoire indien, devant les portes d’embarquement, avant de répondre à l’appel de notre vol. Plus qu’une fois dodo (dans l’avion), et nous serons de retour (de passage éclair) en Europe !

Jaipur – la vie en rose

Le Rajasthan, c’est la région des Maharajas, des forts et… des villes colorées. Après le bleu de Jodhpur, nous voici plongés dans le rose de Jaipur.

Nous n’y avons pas immédiatement vu la vie en rose. Débarqués du train à 5h du matin (après moins de 4h de repos), nous avons eu quelques difficultés à trouver une guesthouse dont les grilles n’étaient pas hermétiquement fermées à une heure si matinale. Au bout de près de deux heures, notre recherche a payé: nous avons découvert un petit nid, avec petit déj’ « européen » (omelette, toast et eau pour le thé), agrémenté de mangues locales. Nous avons adopté la formule, pour les deux jours suivants.

Une fois reposés et rassasiés, nous avons pris la route du Jantar Mantar, un observatoire astronomique construit au 17ème siècle. Nous avons passé près de 2h sur le site, en nous concentrant sur notre audio-guide et les commentaires fournis sous la forme d’un dialogue entre une petite-fille et son grand-père. Les explications de l’aïeul paraissaient particulièrement limpides … à la gamine… mais pas à nous, malgré le mode « stop, replay, re-stop, re-replay ».

Un peu frustrés, nous avons enchainé cette visite bien compliquée avec deux visites plus basiques: le palais des vents (Hawa Mahal), et l’Albert Hall Museum. Du plaisir pour les yeux, rien pour le cerveau!

En restant dans notre mode « repos », nous nous sommes offert deux places au cinéma Raj Mandir. L’immeuble, construit par les fils d’un bijoutier, est magnifiquement décoré.

Au programme, un film indien, « Bombay Velvet », en… Hindi. A peine le rideau levé, nous avons compris ce qu’était « aller au cinéma en Inde ». Nos voisins, assez bruyants en règle générale, n’hésitaient pas à siffler une actrice sexy, ou à encourager l’acteur principal en pleine bagarre. Le spectacle était tant à l’écran que dans la salle. Seul souci: nous n’avons rien compris à l’intrigue, ne maitrisant pas l’Hindi. Nous nous sommes éclipsés, honteux, à l’entracte.

Nous avions une bonne excuse: nous devions être en pleine forme le lendemain pour partir à la conquête de l’Amber Palace, à 10 km de Jaipur. Amber était l’ancienne capitale du Rajasthan, avant que celle-ci ne soit déplacée à Jaipur. La visite était plaisante ; l’office du tourisme local est imaginatif pour mettre le palace en valeur. Après « l’audio-guide grand-père/petite-fille », nous avons eu « l’audio-guide des monuments qui parlent ». Les portes, salle d’audience, chambres et autres nous décrivaient, au détour des couloirs, la vie des Maharajas du 16ème siècle. Plutôt fun, si nous n’étions pas interrompus dans notre écoute attentive par de nombreux Indiens, à coup de «  a picture, plz ? ».

Nous l’avions annoncé, et nous l’avons fait : nous avons testé le nectar du plus ancien producteur de lassi de Jaipur. Tous les jours, l’échoppe est victime de son succès et le stock est vide avant midi. Nous avons été chanceux, et avons pu arracher 4 gobelets en terre cuite remplis du précieux liquide, pour célébrer notre départ qui approche.

Pour rejoindre notre dernière étape indienne, nous sommes retournés à nos premiers amours: les trains. Après un bref passage en classe sleeper et en 2ème classe, (soyons clairs : nous nous sommes fait jeter) nous avons été contraints de rejoindre les wagons bondés des 3ème classes. De quoi graver dans nos mémoires un condensé de l’Inde : odeurs, bruits, et proximité physique.

Objectif: New Delhi!

 

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Jodhpur – la ville bleue

Pour quitter Ranakpur, nous n’avions d’autre possibilité que de (re)monter à bord d’un bus du gouvernement. Jodhpur, notre prochaine destination, se trouve à cinq heures de route.
Pour s’occuper jusque là, une devinette: comment reconnaitre un bus gouvernemental, outre le fait qu’il est bondé? Premièrement, le prix du ticket est différent selon que le passager est une femme ou un homme (moins cher pour les ladies – serait-ce un moyen d’inciter ces dames à s’aventurer dans les bus?). Deuxièmement, le bus est également utilisé comme moyen de transport pour « les affaires d’Etat ». De quel type, me direz-vous? Le transfert de détenus, par exemple! A notre grande surprise, un homme, menottes aux poings, encadré par six agents de police, est monté à bord de notre bus pour quelques dizaines de kilomètres. Le temps pour Julien d’échafauder des scénarios qu’Hollywood lui envierait: complices du prisonnier prenant d’assaut le bus, prise d’otage des passagers, et j’en passe…

Arrivés à Jodhpur, sains et saufs, le rythme s’accélère. Nous avons appris que la visite du fort de la ville était gratuite en raison d’un événement exceptionnel (ce qui représente une économie substantielle de plus de 15 euros!). Seul hic: les dernières entrées de la journée doivent avoir lieu avant 17h, et nous avons posé notre premier orteil à Jodhpur à 16h30. Un contre-la-montre s’est enclenché pour rejoindre le centre ville, déposer nos sacs à dos dans une guesthouse quelconque et escalader les remparts du fort.

C’est tout en sueur que nous redescendons la colline, une heure plus tard, avec un immense sentiment de satisfaction. We did it! Les aigles qui tournoient autour du fort ont salué notre exploit (c’est comme ça que nous avons interprété leur vol prolongé au dessus de nos têtes).
Comble du bonheur, nous avons trouvé un petit coin de paradis pour reposer nos gambettes: une chambre sur les hauteurs, avec vue sur la vieille ville. A peine fatigué par notre exploit touristique, Julien s’est essayé au cricket avec les gamins du coin.

De là-haut, nous avons rapidement compris pourquoi Jodhpur est surnommée la « ville bleue ». De nombreuses façades sont peintes en bleu lavande, au milieu d’autres devantures plus criardes. Nous avons adoré nous perdre dans ces ruelles colorées.

Nous avions souvent l’impression de voler quelques moments d’intimité, lorsque nous apercevions, par une porte ou une fenêtre ouverte, une femme en train de cuisiner, des artisans affutant leurs outils, ou des enfants jouant avec trois fois rien. Le charme de l’Inde, à l’état pur…

Autre surnom de Jodhpur: « suncity ». il ne pleuverait ici qu’une dizaine de jours par an, tout au plus. Et devinez quoi? La pluie nous a fait l’honneur de se déplacer jusqu’à Jodhpur, juste pour nous, le temps d’une tempête assez effrayante. Décidément, les éléments se déchainent sur notre passage!

Nous nous sommes consolé avec une merveille locale: le lassi parfumé au safran (Makkania Lassi), que nous avons dégusté dans une enseigne populaire à deux pas de la clock tower.

Nombre total de lassis consommés par vos petits belges à cet endroit… cinq! Record à battre à Jaipur, où il parait qu’il y a une des plus ancienne échoppe de lassi de la région.

Pour rejoindre Jaipur, la capitale du Rajasthan, nous avons pris notre dernier train de nuit (5h30 de trajet, la nuit sera courte!), et avons observé, une dernière fois, les indiens qui envahissent les gares de nuit, en attendant patiemment leur train. Notre train ayant du retard, nous nous sommes joints temporairement à eux, avant de retrouver nos couchettes de fortune.

Demain, nous nous réveillerons dans la ville… rose!

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Ranakpur – Les cinq étoiles

Après avoir avalé un thali dans un boui-boui local, nous avons littéralement sauté dans un bus gouvernemental en direction de Ranakpur. Il faisait déjà nuit lorsque nous avons été déposés sur le bord de la route. « Are you sure this is Ranakpur? » Nous étions arrivés, au milieu de nul part.
Ranakpur n’est pas un village, c’est une route, au creux d’une vallée aride, avec des hôtels parsemés ci et là. A 3km de notre point de chute se trouve la raison de notre halte: le temple jaïn d’Adinath, décrit comme un « vrai bijou ». De quoi attiser notre curiosité…

Le « bijou » est à la hauteur de nos attentes, ce qui n’est pas peu dire vu l’énergie mise à rejoindre Ranakpur. Le temple, de taille modeste, est particulièrement bien décoré.

Certaines sculptures ressemblent à de la dentelle, tandis que de nombreuses autres nous enseignent les rudiments de la religion jaïn.

Nous avons d’ailleurs expérimenté le vœux de la « non violence » avec les gardes du temple (pas de short ni de longhi pour Julien, pas de bouteille d’eau dans le sac – par 45° à l’ombre -, audio-guide à remettre une heure après leur réception – soit impossible d’écouter les enregistrements dans leur entièreté, accès à certaines parties du temples impossibles pour les visiteurs étrangers – mais bien pour les touristes indiens…). Bref, nous avions matière à exercices!

A la sortie du temple, nous avons timidement levé le pouce pour rejoindre notre hôtel à Ranakpur. Lorsque nous avons précisé son adresse exacte, le conducteur a cru qu’il y avait erreur. Vu notre accoutrement résolument « backpackers », difficile de croire que nous logions dans un hôtel 5 étoiles. Et Julien de nous justifier immédiatement « ce n’est pas du tout notre type d’hôtel, mais c’est le cadeau d’anniversaire de Sarah. Je lui avais promis de lui offrir une nuit dans un hôtel chic avec piscine et jacuzzi ». Le jacuzzi, sur notre terrasse privative, s’il-vous-plait!

Nous nous sommes sentis comme des enfants dans ce complexe où tout nous amusait: les papillons à sauver de la noyade dans la piscine, les échantillons de savon au jasmin qui mousse tout plein (nous utilisons un simple bloc de savon inodore depuis 5 mois), et les lotions aux propriétés aussi variées qu’intrigantes. C’est donc ça, le luxe!

L’envers du décor, c’est que les rares clients de l’hôtel ne s’adressent pas la parole. Cela nous change des ambiances backpackers décontractées avec lesquelles nous sommes plus familiers…

Pour le dîner, nous nous sommes offert un repas 5 étoiles… dans un boui-boui. On ne se refait pas! Nous avions croisé ce septuagénaire et son épouse plus tôt dans la journée. Lorsque nous lui avions demandé où nous pouvions manger dans la vallée, ils nous avaient souris et avaient déclaré que nous pouvions nous inviter dans leur arrière-boutique pour partager un thali. Nous nous sommes donc présentés à l’heure du lunch (pour nous – de la sieste pour eux). Après avoir réveillé, bien malgré nous, la maisonnée, nous nous sommes mis ensemble aux fourneaux.

La leçon du jour: le concept de « 5 étoiles » est relatif. Il couvre à la fois la beauté d’un temple, le luxe d’un palace et le partage d’un repas dans une arrière-boutique. Et tant d’autres choses, depuis le 28 décembre 2014!

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Une histoire Sikri-ste qu’Agra

La ville d’Agra n’évoque sans doute rien pour vous. Pourtant, vous la connaissez plutôt bien, ou, du moins, vous connaissez le monument mystique qu’elle abrite: le Taj Mahal!

Pour éviter le flot de touristes, nous nous sommes levés aux aurores et avons passé le portique de sécurité dès son ouverture (à deux reprises: nous avons été recalés la première fois parce que nous transportions un clavier d’ordinateur, un pied d’appareil photo et… un paquet de biscuit). Après un détour par la consigne et un « à-fond biscuits », nous avons enfin pris le chemin de la porte centrale, qui, de par ses proportions hors normes, cache le joyaux du Taj Mahal jusqu’à ce qu’il s’impose à nous, éblouissant, majestueux, et envoûtant.


L’audio-guide nous conte l’histoire de l’empereur Shah Jahan et de son épouse, Mumtaz Mahal. Le décès de cette dernière, alors enceinte du quatorzième enfant du couple (on ne chômait pas au début du 17ème siècle!), a fortement affecté l’empereur qui a fait édifier le Taj Mahal en son honneur. 20.000 ouvriers se sont relayés sur le chantier durant 22 ans, pour un résultat à la hauteur de la réputation internationale du monument. Nous avons passé près de 4h dans le complexe, composé du Taj Mahal mais aussi de divers autres bâtiments et d’un immense parc entretenu par une armée de jardiniers indiens, armés de leurs ciseaux.

Nous avons enchainé dans la matinée avec la visite du fort rouge d’Agra, le palais des empereurs moghols, bâti au 16ème siècle. Moins romantique, mais tout aussi tragique: on raconte que l’empereur Shah Jahan y a été maintenu prisonnier par son fils, Aurangzeb, après le décès de la belle Mumtaz Mahal. L’empereur déchu occupait une chambre dont les uniques fenêtres avaient vue sur le Taj Mahal, où reposait son épouse. De quoi raviver quotidiennement la douleur causée par sa perte. Merci les audio-guides pour ces détails croustillants!


Nous avons fait une halte hors des guides, hors du temps, au café Sheroes. Cet établissement, à deux pas du Taj Mahal, est tenu par des femmes qui ont été victimes d’attaques à l’acide. Derrière le comptoir, on peut lire « I am stronger than my coffee ». Elles ont la force d’ignorer que leur visage est mutilé, et réclament des photos, des selfies… si je ne devais pas sourire devant l’objectif, je pense que j’en aurais pleuré. De respect. D’admiration. Leur courage nous en bouche un coin. Chapeau bas, les filles.


Aux portes du Rajasthan, nous avons entamé une longue tournée de visite de forteresses. La suivante sur la liste: celle de Fatehpur Sikri. Elle est particulière en ce que son style architectural conjugue les influences hindoue, musulmane et chrétienne. Construite en 1572 par l’empereur Akbar pour y installer sa capitale, la cité a ensuite été abandonnée en raison de la pénurie d’eau qui sévissait dans cette région aride. Vu l’immensité des palais, des jardins et des piscines protégés par la forteresse, on comprend aisément que l’or bleu n’y a pas été utilisé de manière économe!


A deux pas du fort, une immense mosquée accueille pèlerins, touristes et… marchands ambulants très collants! Le village de Fatehpur Sikri, par ailleurs très charmant, est malheureusement affecté par une vision sombre du tourisme: les étrangers sont vus comme des dollars articulés. Du coup, nous ne pouvons pas faire trois pas sans que notre portefeuille ne soit sollicité. Bienvenue dans la zone la plus touristique de l’Inde!

Demain, nous fuyons vers Udaipur, avec notre dernier train de nuit de cet épisode indien. N’ayant pas réservé notre ticket à temps, nous avons testé la « waiting list » (acheter une place sur une liste d’attente, et vérifier le jour-même si d’autres voyageurs se sont décommandés, et ont libéré des sièges). Nous étions 41 et 42ème sur la liste d’attente, et n’y croyions pas vraiment. A tort! Trois heures avant le départ, nous avons la confirmation que nos tickets ont été validés. Notre aventure se poursuit vers le nord-ouest!

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Khajuraho – sans dessus ni dessous

Lorsqu’on vous parle d’un ensemble de temples du dixième siècle, particulièrement bien conservés, et réputés dans l’Inde entière pour ses sculptures érotiques, avouez que ça vous intrigue. Lorsque vous apprenez que ces temples ont été classés au patrimoine mondial de l’Unesco, votre curiosité est définitivement ferrée. Reste à ramener la ligne, doucement, vers la berge de Khajuraho.

Khajuraho est un village. Ou devrait-on dire, deux villages? Le vieux village, typique, avec ses ruelles étroites, maisons basses et ses couleurs pastelles, se situe à quelques kilomètres des temples qui attirent les foules. Un véritable petit havre de paix où nous nous sommes perdu à l’heure de midi, lorsque seuls les touristes s’aventurent dehors (par 45 degrés à l’ombre). Nous avons vite compris pourquoi nous étions les seuls à braver le soleil: chutes de tension et shot de coca au programme!

Le nouveau village, composé presque exclusivement de restaurants, d’hôtels et de boutiques de souvenirs, se trouve lui à la sortie des temples principaux. Au risque de vous décevoir, nous n’avons pas fréquenté ce nouveau village, et ne vous ramènerons donc pas d’exemplaire du Kamasutra, ni de porte-clé articulé illustrant quelque position compromettante.

Les positions compromettantes, nous avons eu tout le loisir de les observer sur les bas-reliefs qui ornent les temples de Khajuraho.

Mais si certes ces sculptures sont remarquables par leur finesse, ce sont les temples dans leur ensemble qui nous ont subjugués. Ils sont remarquablement bien conservés, et mis en valeur dans un écrin de verdure parfaitement entretenu. Les subsides internationaux sont, sans le moindre doute possible, arrivés jusqu’ici.


Les investissements ont d’ailleurs dépassé l’enceinte des temples: une nouvelle gare et un aéroport ont été construits à Khajuraho. Tout ça pour admirer des paires de fesses vieilles de plus d’un millénaire. Avouez que ça fait sourire!

Nous nous sommes rendu a la nouvelle gare, pour une nouvelle expérience typiquement indienne: acheter des tickets pour la classe générale (classe la plus basse – la seule pour laquelle on puisse acheter des tickets le jour-même du voyage), et embarquer à bord d’un de ces wagons surpeuplés. Le bruit et la saleté dominent l’ensemble du trajet (le wagon est une poubelle ambulante – chacun jette ses papiers par terre, et crache sans ménagement). Les Indiens sont en outre très peu concernés par le sort de leurs voisins (vas-y que je pousse, que je m’assieds en partie sur toi, ou carrément à ta place, si tu oses te lever une demi-seconde pour prendre quelque chose dans ton sac). Les sacs, d’ailleurs, sont stockés au dessus des banquettes défoncées, sous d’autres indiens, qui n’hésitent pas à escalader la structure de bois et de métal que constitue le porte bagage pour s’installer confortablement à 3 mètres de hauteur. Il faut presque le voir pour le croire. Pour prendre tout ça avec le sourire, Julien me dit qu’un voyage en classe générale pendant 10h en Inde fait sûrement partie des « must ». N’empêche, vivement notre arrivée à Agra!