Journée salée

Si, au détour d’un zapping de fin de soirée, votre attention s’est un jour portée sur un documentaire présentant la Bolivie, vous n’ignorez pas ce qu’est le Salar d’Uyuni.
Ce désert de sel situé à plus de 3650 mètres d’altitude et s’étendant sur une surface de plus de 12.500 km carrés, est l’une des attractions touristiques les plus populaires du pays. Il résulte de l’assèchement d’un lac préhistorique. Restent aujourd’hui des tonnes de sel, à perte de vue, sur une profondeur pouvant atteindre 15 mètres.
Camille a sans doute joué avec la télécommande un de ces soirs où il n’y avait rien d’intéressant à la télévision, jusqu’à ce qu’elle s’arrête net devant des images du Salar.  A moins que ce ne soit en introduisant le terme «Bolivie» dans son moteur de recherche, qu’elle a été redirigée vers les mêmes images? Elle l’avait décidé, bien avant que nous quittions le sol belge : elle visiterait ces étendues blanches lors de notre passage en Bolivie.

Aux alentours du Salar d’Uyuni, tout est en sel, y compris l’hôtel dans lequel nous nous sommes réveillés. La nuit nous a laissé un goût de « trop peu », et ça tombe bien ! Nous avons prévu de passer près de sept heures dans le Salar.

Le programme de la demi-journée est assez chargé. Nous nous sommes réveillés à 5h pour remballer nos sacs de couchage, charger la jeep dans le noir complet et mettre le cap sur l’île aux cactus (Isla Incahuasi) afin d’y admirer le lever du soleil.

Wilfredo, notre chauffeur, nous a déposés au pied de l’Isla lorsqu’il faisait déjà clair. De peur de manquer le spectacle pour lequel nous nous étions levés si tôt, nous avons escaladé l’île aussi vite que nous le permettait l’altitude. Nous n’avons repris notre souffle qu’une fois arrivés au sommet. De là haut, nous avons réalisé que le soleil était loin de pointer le bout de son nez! La luminosité ambiante s’expliquait par les premières lueurs du jour, réfléchies sur le Salar que nous découvrions dans son immensité.

Si le soleil se faisait attendre, le vent, par contre, était déjà au rendez-vous. Bien qu’ayant enfilé tous nos pulls, nous sommes contraints de sauter sur place afin de résister au froid qui nous agresse. Julien a péniblement sorti les mains de ses poches pour faire quelques clichés de ce moment magique où le soleil prend tout à coup possession du désert.


Le spectacle était aveuglant. Impossible d’y faire face sans lunettes de soleil. Nous voici donc en bonshommes Michelin, affligés de lunettes de soleil, la bouche à moitié enfouie dans les cols mais fendue d’un sourire perceptible.

L’« île » sur laquelle nous nous trouvons est en réalité une formation de coraux située au milieu du désert de sel. Les plongeurs que nous sommes n’ont eu aucun mal à imaginer la splendeur de la faune et de la flore du temps où ces coraux étaient immergés dans le lac à présent asséché. A l’heure actuelle, la roche sert de refuge à des milliers de cactus échappés du désert.

Au pied de l’île, notre cuisinière nous avait concocté un dernier petit-déjeuner. Manger des corn-flakes au yoghourt rose chimique, emmitouflés dans nos doudounes, au milieu du désert, était tout simplement mémorable. Notre drôle de manège a d’ailleurs attisé la curiosité d’invités à plumes qui ont partagé nos miettes.

Notre fidèle chauffeur sait comment charmer ses passagers. Une fois rassasiés, il nous a emmenés au milieu du Salar pour la fameuse séance photos de touristes. Équipés d’une tasse, d’une orange, d’une bouteille de vin et d’autres ustensiles, nous avons fait nos premiers pas dans l’art de la photo de perspective. A vous de juger le résultat!



Nous n’avons pas quitté le désert sans un clin d’œil au monument du Dakar qui, comme son nom ne l’indique pas, passe désormais par le Salar d’Uyuni.

Le retour à la civilisation, après 4 jours formidables dans le Sud Lipez et dans le Salar, s’est tout doucement fait sentir. Les étendues blanches ont viré au gris, et nous avons commencé à apercevoir les traces de l’exploitation du sel: un ballet de camions était savamment organisé entre de mini-montagnes grisâtres.

La transition finale vers la ville s’est opérée une vingtaine de kilomètres plus loin lorsqu’Uyuni nous a ouvert ses portes. Au milieu d’un champ de déchets, les premiers trains à vapeur qui assuraient les liaisons commerciales avec le Chili et l’Argentine ont trouvé un repos éternel, à peine troublé par les meutes de touristes qui clôturent ici, comme nous, leur visite du Salar.


Moins d’une heure plus tard, nous avons trouvé un bus pour quitter la bien triste ville d’Uyuni. En chemin, nous avons fait la connaissance des occupants de la banquette voisine: Nathalie et Geordan, tous deux Français. Ils seront nos compagnons de voyage pour les prochains jours. Notre prochaine destination commune: Potosi!

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2 réflexions sur « Journée salée »

  1. Les photos « à touristes » sont géniales!!! Hi hi nous on est en « alerte orange canicule » et vous en doudounes!!! :p Bisous les loulous

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