Impossible de prendre un bouquin sur le Myanmar en main sans tomber sur une photo du mystérieux rocher d’or. Ce lieu mythique attire de nombreux pèlerins bouddhistes. Ils sont tellement nombreux que les touristes se perdent dans cette marée humaine locale.
Difficile donc de passer à coté de cette attraction (bien que nous y ayons sérieusement pensé). Nous voilà donc embarqués dans un train local reliant Mawlayine au lieu-dit. Prendre le train était en soi une expérience: le chef de gare ne nous a pas permis d’acheter des billets « lower class » sans avoir vu nos passeports et sans en avoir reporté les mentions sur un immense registre dont les birmans ont le secret (à quoi servent tous ces registres complétés par les sociétés de bus, de train, d’hôtellerie… nous devons encore creuser la question).
Le train que nous prenons arrive à destination avec plus d’une heure de retard, avec à son bord des passagers, un peu secoués (le train n’a pas d’amortisseur, et fait de véritables bonds à chaque jonction de rails) mais rassasiés (grâce au ballet incessant des birmans qui vendent nourriture et boissons dans les wagons).
Vu l’heure, nous renonçons à entreprendre l’ascension du rocher le jour de notre arrivée. Nous nous attelons plutôt à trouver une guesthouse dans notre budget. Nous trouvons une chambre minable, pour 12 dollars la nuit, petit déjeuner inclus. Petite contrainte: nous cohabitons avec quantité de bestioles, et osons à peine mettre les pieds dans la salle de bain qui ne dispose d’aucun éclairage (les coupures de courant régulières dans la ville ne nous auraient de toute façon pas laissé entrevoir grand chose…). Une belle occasion pour tester notre moustiquaire… et le test est concluant! Pas de piqûres supplémentaires pendant la nuit.
Le lendemain, nous nous réveillons aux aurores pour voir le rocher sous ses meilleures couleurs. Et l’aventure commence: nous sommes chargés dans des pick-up, ou de sommaires lattes de bois servent de bancs. Près de 7 personnes sont assises côte-à-côte (autant dire qu’on n’y pose pas nos deux fesses), pour un chargement d’environ 50 personnes (touristes mais surtout pèlerins locaux). C’est un spectacle en soi pour… 2,5 dollars par personne (pour donner un ordre d’idée: pour ce prix là, nous avions voyagé à deux en train pendant 5h).
L’ascension, de 45 minutes, est ponctuée d’arrêts où des paniers nous sont systématiquement tendus pour faire des dons. En général, un homme escalade le pick-up, donne un mot d’explication en birman (devrais-je dire « crie » un mot d’explication), et puis tend son panier. C’est presque un cirque, qui se répète près de 6 fois avant notre arrivée au sommet.
Une fois arrivée, la cargaison humaine est déchargée. Sans échelle. Sans équipement. Débrouille-toi pour descendre du pick-up, et vite, pour que le conducteur puisse le remplir à nouveau afin de préparer la descente.
Le lieu en soi n’est pas exceptionnel. Mais l’ambiance est incroyable: des pèlerins ont dormi sur place et se réveillent, groggys, au son de nos pas. Nombreux sont ceux qui sont déjà en train de prier, alors que le personnel sur place termine son nettoyage quotidien (jeter les offrandes de la veille à la poubelle, alors que d’autres pèlerins en ajoutent le matin même… un curieux parallèle).
Après avoir été imprégnés de l’ambiance, nous entreprenons la descente de la montage, toujours ponctuée d' »arrêts-dons », serrés comme des sardines à l’arrière de notre pick-up. Un sourire aux lèvres…