Mandalay – retour à la ville pour mieux s’en éloigner

Après Bagan, nous décidons de continuer notre route vers le Nord, et rejoindre la seconde ville la plus importante de Birmanie: Mandalay.

Nous arrivons sur place en début d’après-midi, et déposons nos sacs dans l’hôtel le plus cher de notre parcours (jusqu’à présent): 20 dollars la nuit. Pour ce prix là, vous imaginez un palace… Et bien pas du tout. C’est le prix de la ville, pour une chambre au quatrième étage (sans ascenseur) d’une maison sans charme, composée d’un lit dont le sommier est une simple planche de bois sur laquelle repose une matelas de 5 cm d’épaisseur, d’une table minuscule et d’une chaise en plastique de jardin. Bienvenue à Mandalay!

Nous partons immédiatement à la découverte de la ville à pied, et visitons les ateliers des fabricants de feuilles d’or (dont sont ornés les représentation de Bouddha dans les temples). Nous avons l’impression d’avoir remonté les couloirs du temps en découvrant ces hommes, torse nu, battant l’or durant près de 6h, à l’aide d’un maillet.

Dans cet atelier, nous rencontrons un couple de français (comme il y en a beaucoup en Birmanie, qui est apparemment devenue une destination « à la mode »). L’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, plaisante, en nous indiquant que le prix de leur voyage pour 10 jours équivaut à notre budget pour 1 an. Nous réalisons, une fois de plus, que nous voyageons vraiment très légers, et que nous ne sommes pas de « bons » touristes (nous n’achèterons pas de feuilles d’or en souvenir, ni aucune autre babiole qui nous est proposée).

Pour rester dans le thème des feuilles d’or, nous nous mettons en route pour la Paya Mahamuni. La statue de Bouddha, pièce maîtresse de la pagode, a une allure boursoufflée en raison du nombre considérable de feuilles d’or qui ont été appliquées sur l’œuvre originelle. Julien a pu l’admirer pleinement, alors que je devais rester en retrait: la présence des femmes n’était pas tolérée dans la zone avoisinant le Bouddha.

En chemin, nous sommes interpelés par un homme qui nous propose de se joindre à leur fête religieuse, en partageant leur repas. Mon estomac luttant encore pour digérer le dîner, nous déclinons poliment l’invitation. Il est cependant amusant d’assister à de telles démonstrations de générosité, de la part de personnes qui ont nécessairement moins de moyens que nous, « cheap tourists ».

Nous faisons également une halte chez les frères « Moustache » (qui n’a rien à voir avec le dancing club de la place Sainte Catherine, pour les amateurs de rock). Opposants politiques, ils sont les acteurs d’une pièce de théâtre destinée uniquement aux touristes. Le prix du billet nous freine cependant, tandis que les échos négatifs que nous avons du spectacle confirment notre décision de passer notre chemin. Ils surferaient sur la vague de l’opposition, tout en étant parfaitement rentrés dans le (et en profitant même du) système et du régime en place. Leur spectacle n’aurait plus rien de revendicateur.

C’est alors que Julien a une idée de génie: alors que nous marchons depuis près de 4h, il souhaite aller visiter un dernier monument. Dans le noir total, mais armés de notre lampe frontale, nous nous mettons en route pour Kyaung Shwe In Bin, un monastère en teck. Bien entendu, vu l’heure, nous trouvons portes closes. Un voisin birman nous propose gentiment de monter sur le toit de sa maison dont il a, parait-il, une vue imprenable sur le monastère. C’est sans doute vrai… de jour. Une fois sur le toit, nous constatons en effet que le monastère n’est pas éclairé, et que devant nous s’étend une zone noire dans laquelle nous ne distinguons rien.

Les efforts de la journée ne seront pas récompensés par un souper exceptionnel: nous n’avons plus que 1,5 dollars en poche. Julien se contente de nouilles sautées, alors que je m’attaque à mon assiette de riz blanc, agrémentée de quelques bouts de melon.

Le lendemain, le réveil sonne à 4h30. Nous enfourchons nos vélos direction le plus grand pont en teck du monde. La lumière du lever du jour le présente sous son meilleur profil. Julien canarde les passants avec son appareil photo… et le résultat est à la hauteur du travail fourni !



Avant de prendre la route, nous faisons un dernier tour dans Mandalay.

La ville est bouillonante, bruyante, et plutôt hostile. Rien que sur une heure de temps, nous assistons à un accident entre deux scooters : un homme se retrouve à terre et l’autre poursuit sa route sans se retourner. Rassurez-vous, l’homme s’est relevé un peu penaud et a repris son chemin avec un rétroviseur de moins.
Nous sommes heureux de monter à bord du pick-up qui nous emmène vers Pyin Oo Lwin. Le trajet s’annonce folklorique: nous sommes une quinzaine à nous imbriquer comme un puzzle à l’arrière du pick-up, chargé en partie de marchandises diverses. En route pour l’est!

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