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Kolkata – Porte d’entrée du pays de la joie

Fraîchement débarqués d’Asie du Sud-Est, nous avons fait nos premiers pas en Inde à l’aéroport de Kolkata (anciennement Calcutta), enthousiastes à l’idée de changer d’environnement.

L’Inde promet d’être complètement différente de ce que nous avons vu jusqu’à présent. Les voyageurs que nous avons rencontrés nous décrivent cet immense pays souvent avec passion, parfois avec dégoût. Le qualificatif qui revient le plus souvent est « extrême »… dans quoi nous lançons-nous?

C’est avec cette question ouverte que nous avons abordé le comptoir de taxis prépayés à l’aéroport. Notre avion a atterri à 23h59 et il nous a été déconseillé d’embarquer à l’aveugle dans n’importe quel taxi à cette heure.
Grâce au réseau social Couchsurfing, nous avions un point de chute à Kolkata: Vicky avait accepté de nous loger durant notre séjour en ville. Nous avons donc présenté son adresse et avons été pris en charge par un taxi (prépayé) de l’ère coloniale.
Il pleuvait des cordes, et notre taxi, fatigué par tant d’années de bons et loyaux services, était dépourvu de phares et d’essuie-glace. La technique du chauffeur, pour parer à ces lacunes, était bien rodée : il faisait dépasser sa tête par la fenêtre entrouverte pour apercevoir la route et éviter les nids de poule. Quand il en avait le courage, il empoignait un essuie-glace « volant » (prenant habituellement la poussière sur le siège passager) et s’attelait à enlever l’eau du pare-brise, toujours via la fenêtre.
Au bout de 30 minutes, le taxi s’est engagé sur des routes obscures. Son conducteur, visiblement perdu, a appelé Vicky à deux reprises avant de nous annoncer que nous devrons lui payer un supplément (ruinant ainsi le concept de « taxi prépayé »). Sans trop y croire, nous sommes finalement arrivés à destination: un bloc d’une quinzaine d’immeubles, chacun d’environ 15 étages, à l’extérieur de Kolkata.

Vicky, la trentaine, est ingénieur en mécanique. En tant qu’adepte de Couchsurfing, il a de nombreux amis de par le monde. Son accueil à 1h30 du mat’ était particulièrement chaleureux (bien qu’humide: il nous attendait sous la pluie à l’entrée du complexe immobilier qu’il occupe). Un souper « indien » (curry d’œufs) et un souper « belge » (tentative de carbonnades avec les ingrédients d’ici: viande de chèvre, bière blanche et épices indiennes) ont fini de souder les liens tissés la nuit de notre rencontre.

Notre curiosité mutuelle nous a permis d’apprendre bien des choses, et d’éclaircir quelques mystères. A titre d’exemple, les Indiens penchent la tête du coté gauche pour indiquer leur accord (ce qui, pour nous Européens, signifie la moitié d’un « non », voire la manifestation d’un agacement). Nous voilà prêts à décoder la vie indienne!

Depuis le trois pièces de Vicky, au huitième étage d’un immeuble, notre première vision de Kolkata au réveil était loin de ce que nous avions imaginé: un match de cricket se disputait dans le champ voisin, au milieu de vaches que les balles perdues ne semblaient pas perturber. Il faut dire que les bovidés sont sacrés, et ne sont dérangés pour rien au monde (même si ils sont au milieu de la route, comme nous le découvrirons plus tard: les véhicules font simplement un détour pour les éviter).

Après ce long préambule, nous nous sommes enfin lancés à l’assaut de Kolkata. Au bout d’une bonne heure de bus, la vie est devenue de plus en plus dense, les coups de klaxons presque incessants et les regards curieux à notre égard de plus en plus nombreux.
Curieux, mais loin d’être hostiles. Nous avons été agréablement surpris par la sympathie spontanée des Indiens que nous avons croisés sur notre passage. Et, lentement, nous avons balayé nos a priori, suite à plusieurs rencontres.

Il y a eu d’abord ce jeune étudiant qui nous a abordé sur les rives du Gange, à coté du quartier des sculpteurs.

Répondant sans détour à nos questions, il nous a expliqué en quoi consistaient les rituels hindous qui se déroulaient sous nos yeux.

Il y a eu aussi ce jeune travailleur, qui venait de louper un entretien d’embauche, et qui a décidé que nous serions le soleil de sa journée. Il nous a accompagné une heure durant dans le temple Dakshineswar.

Nous ne comptions plus les boissons et mets que nous avons reçu de la part de parfait inconnus: une grenade au marché des grossistes (ou la vente à l’unité est interdite), des thés au lait dans une gargote le long de la route, des lassis à la sortie d’un temple… Nos sacs débordent de cartes de visite de personnes que nous devons appeler « si nous avons un problème quelconque à Kolkata », et nous avons écrit nos adresses e-mail près d’une dizaine de fois sur des bouts de papier.

Bien que inlassablement attirés par ces moments d’échange, nous avons également joué aux parfaits touristes, et avons visité le Marble palace, le pont Howrah, le marché aux fleurs, le Victoria Monument, l’église Saint-Paul, le temple Kalighat (qui ressemblait à l’idée que nous avions de l’Inde: bondé, bruyant, et pauvre), l’Esplanade, le palais de Justice et le Town Hall.

Au delà de ces attractions touristiques, ce qui nous a avant tout marqué, c’est l’activité bouillonnante qui règne en permanence a Kolkata.

Petit extrait de nos péripéties pour prendre le bus…


Au total, nous avons passé quatre jours à Kolkata, envoutés par l’atmosphère que la ville dégage et par la gentillesse de ses habitants.
Notre première expérience en Inde a été extrême… dans tout ce que cet adjectif peut contenir de positif.

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