Macas? Mais c’est où, Macas? Embarqués à l’arrière du pick-up de Miguel, nous ne cessions de nous demander où se situait notre destination du jour. Dépourvus de livre de voyage, nous ne pouvions pas placer la ville sur la carte de l’Équateur. Nous nous sommes rendu compte plus tard qu’elle était à la limite de la forêt amazonienne, à l’est du pays, bien loin de notre itinéraire originel. La fameuse boussole des rencontres nous faisait découvrir une partie méconnue de l’Équateur.
Installés à l’arrière du pick-up, nous avons profité d’une vue superbe pendant une dizaine de kilomètres. Alicia et Jacquelina nous y avaient aménagé un petit nid douillet, à grand renfort de matelas, cousins et couvertures. Et puis, la pluie s’est invitée à la fête. Miguel, embêté, nous a présenté une grande bâche noire, que nous avons déployée sur nos têtes. C’en était fini du joli paysage. C’était le début de longues heures dans le noir complet, ponctuées d’arrêts de notre chauffeur, inquiet de notre condition.
De notre côté, nous nous amusions de la situation, jusqu’à en pleurer de rire.
Nous avions en outre un nouveau compagnon : un petit chat adopté par Alicia, qui faisait route avec nous dans la benne, enfermé dans un sac en plastique. Nous l’avons baptisé Dexter.
Au fur et à mesure des heures, Dexter se montrait de moins en moins patient. Il a transformé son sac, que nous avions gentillement ouvert, en véritable passoire, et seules nos mains retenaient sa fuite. Vers 21h, il a découvert, avec nous, sa nouvelle maison. Fatigués par la route, nous sommes tous partis faire un somme.
Objectivement, il n’y a pas grand-chose à faire à Macas. Nous avons interrompu la personne en charge de l’office du tourisme en plein film. A contre cœur, elle a appuyé sur le bouton pause, nous a soufflé qu’il y avait une église, un mirador, un centre d’interprétation interculturel et un parc zoologique à visiter dans les environs. Après nous avoir remis un plan de la ville, elle a attrapé ses écouteurs et est retournée, soulagée, à ses vidéos en ligne.
En une demi-journée, nous avions fait le tour des trois premiers sites renseignés.
Après avoir partagé le dîner avec Alicia et Miguel, nous sommes partis à la découverte du parc zoologique, peuplé de singes surexcités, d’oiseaux plutôt timides, et de quelques créatures dont nous ignorions le nom.
Tout comme à Cuenca, les cages nous mettaient mal à l’aise, même si officiellement ces animaux sont hébergés dans le parc de manière temporaire, parce qu’ils sont blessés ou qu’ils ont échappé à la contrebande, en attendant leur réinsertion dans leur milieu naturel.
Certains d’entre eux étaient déjà libres, et avaient appris beaucoup aux côtés des hommes. Un singe plutôt malin nous a fait les poches, glissant sa main dans les fentes, et défaisant les tirettes.
A notre retour à la maison, Miguel avait décidé de nous faire visiter les environs plus éloignés de Macas. A l’aide de son fidèle pick-up, nous avons découvert une statue de la Sainte Vierge sur les hauteurs, les places des villages voisins, un pont surplombant un rio (ruisseau), un autre rio, encore un autre rio…
Tout devenait une attraction incontournable aux yeux de nos hôtes.
Le clou du séjour, ça a été notre dernier souper, chez Jacquelina, la sœur de Miguel. Ensemble, nous avons cuisiné pendant des heures, pour préparer la spécialité locale, l’ayampaco.
Alexis, le fils de Jacquelina que nous avions rencontré à Puela, nous a rejoint avec sa femme et sa fille. D’autres membres de la famille se sont joints au festin, et la table est bientôt devenue trop petite.
Tous tentaient de nous faire découvrir quelque chose : les fèves de cacao fraîches, les limes au sel, la canne à sucre à mastiquer…
Ayant très peu voyagé, il leur était difficile d’appréhender notre réalité européenne. Un autre continent, un autre climat, une autre culture… mais une même curiosité, réciproque. Les au-revoirs ont été difficiles, et nous nous sommes promis, un peu naïvement, que nous nous reverrons, en Amérique du Sud ou en Europe. En attendant, le miracle nommé internet nous permettra de rester en contact.