Phnom Penh, ce n’est pas seulement les poules et les dîners huppés. Phnom Penh ça a été avant tout l’immersion dans l’horreur de l’histoire contemporaine du pays. La brève d’aujourd’hui n’égaiera probablement pas votre journée… Vous voilà prévenus !
Absent dans bien des cours d’histoires de nos écoles européennes, le Cambodge, après avoir été pilonné par les bombes américaines durant la guerre du Vietnam, a été dirigé par les Khmers rouges pendant une période de 4 ans. Phnom Penh sera, dès le premier jour de la prise de pouvoir, entièrement vidée de ses habitants comme toutes les grandes villes du pays. Les hôpitaux, les écoles, les monastères seront fermés. Le peuple sera envoyé dans des camps de travail géants faisant partie du projet de fondation d’une nouvelle ère communiste au Cambodge. Les intellectuels et les religieux seront considérés tout de suite comme des entraves à ce projet et seront exterminés sans pitié. Ce ne seront que les premiers visés… La famine s’installera, des méthodes de tortures horribles seront employées, de fausses dénonciations interviendront… Bref, tout homme, femme ou enfant pouvait devenir très rapidement suspect. Résultat au bout de quatre années au pouvoir : une personne sur 4 dans le pays trouvera la mort (environ 2 millions de morts). Les survivants se souviennent encore des feux follets quotidiens qui éclairaient les campagnes telles des lueurs apaisantes de la cruauté humaine quotidienne…
Nous nous sommes approchés des vestiges de cette histoire à travers la prison S21, une ancienne école qui aura été le lieu de détention et de torture d’environ 14.000 innocents.
La potence à laquelle on suspendait les détenus par les pieds pour interrogatoire est toujours en place. Les jarres imbibées de liquides nauséabonds étaient destinées à leur faire reprendre connaissance afin que le calvaire puisse continuer.
Nous avons suivi le chemin de nombreux malheureux qui ont été transportés jusqu’à un endroit connu aujourd’hui sous le nom des « killing fields ». Les Khmers rouges y emmenaient leurs victimes pour les exécuter sommairement avant de les jeter dans d’immenses fosses communes qui recrachent encore aujourd’hui os et vêtements.
Un arbre particulier nous donne des frissons d’horreur. Les khmers rouges croyaient fermement qu’il n’était pas bon d’épargner les enfants des condamnés. Ceux-ci seraient probablement de futurs ennemis. Ainsi, de nombreux nourrissons et enfants en bas âges ont été attrapés par les pieds afin de pouvoir tournoyer autour de leur bourreau jusqu’à ce que leur tête finisse leur course contre l’arbre dont il est question. Leur corps était ensuite jeté dans la fosse commune. Nul besoin d’ajouter d’autres éléments macabres… Le silence et le recueillement s’imposent.
La visite est émouvante. L’air devient oppressant. Nous quittons les lieux sur la pointe des pieds, par respect pour les dizaines de milliers d’innocents qui reposent sous terre.
Histoire de changer d’atmosphère, on convient avec Axelle et Aurélien d’assister à une de leurs projections de courts métrages dans un orphelinat de la périphérie de la ville.
Ce fut l’occasion de rencontrer une des volontaires, Noémi, avec qui nous passerons une journée à Kampot, 150 kilomètres plus au Sud. Noémi nous accueillera également dans sa chambre de Phnom Penh nous donnant l’occasion de nous plonger dans l’atmosphère d’une colocation d’expatriés bien sympathiques. Elle nous fera partager sa connaissance de la ville à travers une belle balade le long de la rivière jusqu’aux illuminations du palais royal.
Phnom Penh c’est également un endroit de rencontres. Après Aurélien, Axelle et Noémi, nous finissons notre visite avec Régis que nous avons rencontré au Myanmar. Nous passerons le début de soirée avec lui et sa sœur à admirer les locaux prendre leur cours d’aérobic dans un stade en construction. Un spectacle assez ahurissant !
Le lendemain matin, nous voici à nouveau sur la route… Cette fois, direction Battambang ainsi que le lac Tonlé et ses villages flottants. La sortie d’une capitale en stop est toujours aussi longue et complexe… De nombreux tuk-tuk s’arrêtent et nous tentons désespérément de leur expliquer la notion de ‘stop’… peine perdue !