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Un morceau de Sucre

Les 60 dernières heures de Camille en Bolivie sont passées à une vitesse folle, à l’exception peut-être de la dizaine d’heures de bus pour rejoindre Santa Cruz. Arrivées à 4h du matin dans cette ville que nous connaissions bien, nous avons fait un crochet par le marché afin de dire au revoir à l’Amérique du Sud comme il se doit: en dégustant une papaye, assises sur un trottoir, au milieu des vendeurs ambulants. Je vous passe la scène de l’au-revoir dans l’aéroport, qui clôt notre belle aventure à trois. Camille est repartie avec, dans ses bagages, une carte SD remplie de centaines de photos et, dans sa tête, des milliers de clichés supplémentaires.

Pendant ce temps, Julien, qui m’attendait à Sucre, a fait une étude du marché des logements. Il nous a déniché un petit nid douillet avec douche chaude et cuisine. Le grand luxe! Nous en avons profité durant un peu moins de deux semaines. Au menu : gratin de quinoa, crumble de légumes, crêpes et pop-corns au caramel (avec plus ou moins de réussite).

Hablan espanol? Notre séjour prolongé à Sucre était avant tout motivé par notre envie (devrais-je dire notre besoin) d’approfondir nos connaissances en espagnol. Omar, notre prof particulier, nous a donné 20h de cours. Un joli condensé de grammaire et de vocabulaire qu’il n’y a plus qu’à étudier!

Notre étude a pris un peu de retard à cause d’une attaque imprévue de bactéries. Julien a reçu une batterie de médicaments à absorber durant une semaine. Le lendemain, il se sentait déjà mieux, et deux jours plus tard, nous écoutions de nouveau Omar avec attention.

Une fois sur pieds, nous sommes partis à la découverte des sites touristiques de Sucre. Nous nous sommes baladés sur la place Pedro Anzurez de Campo au soleil couchant pour profiter d’une vue imprenable sur Sucre., comme nous l’avions fait avec Camille.


Et parce que nous n’en avons pas eu assez, nous sommes grimpé au sommet d’une église pour épier la vie quotidienne des habitants de notre ville d’adoption.


Avec Nathalie et Geordan, nous nous sommes plongés dans l’histoire bolivienne en visitant la casa de la libertad. L’indépendance du pays y a été proclamée en 1825, et la casa, reconvertie en musée, retrace les moments forts des révolutions qui ont mené à l’élection, en 2006, du premier président bolivien d’origine amérindienne, Evo Morales.

Un musée en appelle un autre. Intrigués par la culture bolivienne, nous avons poussé les portes du musée de l’art indigène. Notre curiosité a été plus que satisfaite : nous avons été noyés dans les informations sur la musique et l’art de tisser (un feuillet explicatif de pas moins de 55 pages nous a été remis à l’entrée). En daarmee trek je plan !

Jamais deux sans trois : c’est le tour du musée du masque. Les masques, exposés dans l’obscurité à peine troublée par quelques spots lumineux, étaient terrifiants.

Beaucoup moins terrifiants, des zèbres s’agitent aux abords des feux rouges à tous les carrefours. Il ne s’agit pas de supporters du sporting de Charleroi qui se seraient égarés, mais bien d’agents qui attirent l’attention des piétons et des automobilistes sur l’importance d’utiliser les passages cloutés. Et ça marche !

En Bolivie, nous ne quittons jamais les déguisements pour longtemps. Le cortège de clôture de l’année universitaire, l’ « entrada universitaria », en est l’exemple parfait. Nous avions l’impression d’être transportés en plein carnaval, avec la musique, les costumes, les pétards et les feux d’artifices. Il fait bon d’être étudiant en Bolivie !


Après une dizaine de jours à Sucre, nous avons pris la grande décision de quitter notre nid douillet et reprendre la route. Arrivés au terminal de bus, nous avons été impressionnés par le calme qui y régnait : pas un marchand ne criait le nom des destinations qu’il proposait. Personne n’a tenté, à notre grande surprise, de nous vendre des tickets. Ce silence général nous a été expliqué moins de 5 minutes plus tard : l’aéroport de Sucre était exceptionnellement fermé et les passagers s’étaient tournés vers les bus, qui du coup étaient pleins. Faux départ ! Nous retenterons notre chance le lendemain.

Julien s’est rappelé que Rémy, un français que nous avions rencontré à l’aéroport lors de notre arrivée en Bolivie il y a tout juste un mois, avait expliqué qu’il travaillerait pour une auberge de jeunesse à deux pas du terminal de bus. Ni une ni deux, nous avons changé nos plans et avons prolongé notre séjour à Sucre d’une nuit. Les retrouvailles avec Rémy ont été chaleureuses, et festives ! Après quelques canettes de bière à l’auberge, nous avons mis le cap vers le Bilbiocafé, qui organise des concerts tous les jours, à 22h. 22h, heure bolivienne ! Nous avons franchi les portes du bar vers 22h30, lorsque la sono crachait des tubes boliviens. Le groupe s’est présenté vers 23h, pour faire les tests son. Il est ensuite revenu à… 0h15 pour entamer son répertoire. Heureusement, l’ambiance générale, et la musique reggae du groupe en particulier, nous a plongés dans une ambiance relaxe. Notre table, animée par des conversations en anglais/français/espagnol, avait perdu la notion du temps.

Notre nouveau « chez nous » était situé dans un quartier que nous ne connaissions pas. Nous l’avons parcouru comme des enfants qui découvriraient un nouveau terrain de jeu.

Au détour d’une place, nous sommes tombés nez-à-nez avec de jeunes acrobates en herbe. Leur matériel d’entraînement : deux matelas défoncés et un trampoline bricolé à l’aide de chambres à air.

Ce soir, c’est la bonne. Nous avons nos tickets en poche et quitterons bel et bien Sucre. Direction : Cochabamba.

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En route vers le désert

Notre premier trajet en bus de nuit n’a pas été de tout repos. Nous qui pensions pouvoir engranger quelques heures de sommeil, nous avons été bien déçus ! Nous parlions comme en plein jour à 4h du mat’, secoués tant par la route que par les amortisseurs défectueux du bus, qui répétaient les secousses comme un écho.

A 7h, nous sommes finalement arrivés à Sucre et avons pris une étrange décision : nous avons décidé d’enchaîner les bus de nuit (quitte à être cassés et fatigués, autant avancer vers le sud et vers LA visite tant attendue par Camille : le « salar de Uyuni »).

En attendant notre prochain transport, nous avons visité Sucre, la ville où Julien et moi séjournerons plus longuement dans quelques jours afin d’y approfondir nos connaissances d’espagnol. Sucre est une sympathique ville étudiante qui bouge. Le marché est à l’image de la ville : plein d’animation. Nous y avons testé plusieurs fruits locaux avant de dîner sur la mezzanine qui surplombe les échoppes.


Afin d’avoir une vue globale de Sucre, nous avons arpenté les ruelles jusqu’au mirador du couvent de la Recoleta. Nous y avons assisté au coucher du soleil avant de rejoindre la station de bus.


Camille nous a déniché in extremis un petit « restaurant », en réalité un magasin avec une salle contenant quelques tables et chaises, trois cabines téléphoniques et une télévision retransmettant le dernier match de la coupe de football d’Amérique du Sud. Ambiance bolivienne assurée !

Notre bus de nuit vers Tupiza est incroyablement confortable : nous avons les trois sièges avant, à l’étage. Nous avons une vue imprenable sur la route (moins sinueuse que celle de Samaipata à Sucre) et pouvons incliner nos sièges. Le résultat ne se fait pas attendre : nous tombons tous les trois dans un sommeil profond.

Le réveil est assez violent. Lâchés à 4h du matin dans la gare des bus de Tupiza, nous ajoutons tous les pulls que contiennent nos sacs-à-dos. Il fait froid. Super froid ! C’est en mode « bonhomme Michelin » que nous partons à la recherche d’une auberge. Vers 6h du matin, nous avons enfin trouvé notre bonheur. Nous avons poursuivi notre nuit dans un lit, pour la première fois depuis 48h.

Quelques heures plus tard, notre estomac nous a réveillés. Direction le marché, et puis la foire du dimanche. Les multiples étals laissent peu de place aux piétons.

A quelques pas de là, nous avons dégusté deux spécialités locales (qui ne contiennent pas d’abats, ni d’autre aliment étrange) : « picante de pollo » et « sopa de mani ».

A nous lire, vous imaginez sans doute que nous faisons un tour gastronomique de la Bolivie. La nourriture occupe effectivement une grande partie de nos récits. Nos visites ne se limitent pas aux spécialités à base de « pollo » (prononcez « poyo », c’est-à-dire « poulet »). A la tombée du jour, nous avons escaladé « la Cruz », une colline dominée par une immense croix blanche. Les montagnes environnantes viraient au rouge sous les derniers rayons du soleil.


Le lendemain, nous nous sommes enfoncés parmi ces montagnes rouges. En moins d’une demi-heure de marche, nous étions au milieu de ce que nous avons baptisé notre désert western. Nous n’étions pas surpris de croiser des cavaliers, chapeau de cow-boy vissé sur la tête (lorsque ce n’était pas une cavalière coiffée d’un chapeau… melon – typiquement bolivien). Durant une journée entière, nous avons admiré les formations rocheuses (telles que la « Puerta del Diablo »), et avons esquissé quelques pas d’escalade dans le « Canyon del Inca ».


Nos pas étaient ponctués de « waow », de « c’est magique », et de… « j’ai soif » (dans notre empressement, nous étions partis avec moins d’1,5 litre d’eau pour la journée, pour 3, sous un soleil de plomb).

Did we enjoy it ?

Cette balade dans notre désert est un superbe prélude à la visite du Sud Lipez que nous entamons demain. Camille ne tient plus en place et prévoit ses vêtements les plus chauds. La version « bonhomme Michelin » à notre arrivée à Tupiza n’est rien à côté de notre accoutrement des prochains jours. Il va geler !

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