En attendant notre visa, nous avons décidé de faire une petite excursion à la mer, au sud de Phnom Penh.
Quitter une capitale en stop n’est pas évident. Faire du stop en courant de toilette en toilette, le tout ponctué par des chutes de tension en raison de la chaleur, complique d’autant plus les choses. Et pourtant… nous l’avons fait! Sur la route, des anges cambodgiens sortant de nulle part, sentant notre détresse, nous ont offert des bouteilles d’eau et du jus de cannes à sucre frais. Ne sachant comment réagir, nous restions hébétés, ce qui a sans doute renforcé la conviction de nos bienfaiteurs que nous avions effectivement besoin de leur aide providentielle. Après un échange de sourires, nous revoilà en route, gonflés à bloc .
La nuit est tombée à quelques kilomètres de Kampot, notre destination du jour. C’est à ce moment précis que le camion qui nous véhiculait s’est montré capricieux: bruits étranges et commandes qui ne répondaient plus. Alors que le conducteur s’arrêtait régulièrement pour bidouiller une réparation quelconque, le copilote s’est installé hors du camion, sur la cabine, pour reporter le moindre craquement étrange. Notre tâche était beaucoup plus simple: nous nous chargions de l’éclairage, équipés de notre lampe-torche. Avec cette nouvelle répartition des rôles, nous sommes arrivés sains et saufs, bien qu’un peu stressés, à Kampot.
Kampot est, selon les guides, « une bonne base pour explorer les environs ». Nous regrettons un temps d’avoir vendu Titine, et optons pour un scooter de location. Au programme: visite du lac secret (qui n’a de secret que le nom – les boutiques ont envahi ses abords depuis longtemps), de la grotte Phnom Chhngauk et de la campagne environnante.
Au détour d’un chemin, nous faisons un arrêt sur image: nous nous sommes presque habitués à la beauté de ces paysages campagnards, mais nous n’avons toujours pas trouvé les mots pour les décrire à leur juste valeur. Les photos prennent le relais quand nous sommes aphones…
Au menu ce soir: des tagliatelles maison, dans un boui-boui très original, tenu par… un italien! Son pesto et sa sauce au (fromage!! un mot interdit entre voyageurs ici, pour ne pas nous faire saliver) bleu sont à tomber par terre, ce qui est confirmé par la foule qui se presse autour de sa boutique. Nous avons soupé avec Noémi, que nous avions rencontrée à Phnom Penh lors de la projection d’Axelle et Aurélien dans l’orphelinat dans lequel elle est volontaire.
Le lendemain, c’est à 3 sur notre scooter de location que nous partons à la découverte de Kep, la ville voisine.
Les visites de marais salants et de cultures de poivre sont un excellent préambule au plat de résistance: le crabe, spécialité de la ville (pêché sur place et conservé dans des paniers immergés dans l’eau de mer). Un délice! Nous ne quittons pas la ville sans s’être baignés dans le golfe de Thaïlande, une première pour les petits belges que nous sommes.
Avant de reprendre la route du nord, nous faisons un curieux arrêt à la réserve naturelle du Bokor. Nous ignorons ce qui est encore « naturel » dans cette réserve, caractérisée par les ruines (les maisons françaises et le casino ont été incendiés par les Khmers début 80), et le chantier d’un projet immobilier gigantesque. La vue sur Kompot justifie heureusement à elle seule le détour par le Bokor.
Notre excursion touche à sa fin et nous remontons vers Phnom Penh en stop. Le premier camion qui nous embarque est occupé par deux cambodgiens qui ne parlent pas un mot d’anglais. S’en est suivi un amusant jeu de téléphone sans fil: ils ont appelés deux amis parlant vaguement anglais, qui jouaient les interprètes à distance. La première question que ces interprètes nous ont posé était: « do you need to go to the hospital? ». Nous hôtes nous avaient-ils embarqués pensant que nos gestes le long de la route (le pouce levé) signifiaient que nous étions blessés (au pouce?!) ?
Un peu plus loin, nous avons été pris en charge par une cambodgienne travaillant pour une ONG dont l’objet social est centré sur la maternité et la contraception. Un beau débat de près d’une heure a animé le trajet, notamment lorsqu’elle a identifié, le long de la route, des prostituées cambodgiennes à la sortie des usines de textile.
Sur le chemin, nous ne résistons pas à faire une halte supplémentaire à Phnom Chisor, décrit comme l’un de plus beau temples pré-angkorien de la région. Situé en haut d’une colline, il offre une vue panoramique sur la campagne environnante.
Phnom Penh nous voilà !