Le lever du jour ne se fait jamais autant attendre qu’en arrivant dans un terminal de bus aux petites heures. Nous devons en effet patiemment attendre que la ville se réveille, que les rues s’éclairent et s’animent, afin de s’aventurer à l’extérieur.
Heureusement pour nous, Trujillo s’est réveillée avec les premiers rayons du soleil. A 6h du matin, nous avions l’impression qu’une bonne partie de la ville s’était donné rendez-vous sur le rond-point voisin au terminal pour y prendre son petit-dejeuner. Pris dans la mouvance, nous nous sommes assis devant une des gargotes pour avaler un jus de quinoa chaud, et quelques sandwichs à la tortilla.
Notre arrivée sur la Plaza de Armas a été saluée en musique, par un orchestre espagnol qui se produisait à l’air libre.
Le directeur du musée archéologique de Trujillo se cachait parmi les spectateurs. Amoureux de la Belgique, où il a voyagé, il tenait absolument à nous faire une faveur. Sortant un bout de papier de sa poche, il a rédigé un petit mot à l’attention de la secrétaire du musée: « Patricia, ces deux personnes sont mes amis. Ne leur fait pas payer de droit d’entrée ». Incrédules, nous avons emporté le papier et l’avons présenté, deux heures plus tard, à la jolie brune qui se tenait à l’entrée du musée. Bingo: Patricia nous a fait un grand sourire entendu en nous indiquant la première salle.
Julien a craqué pour le premier crâne « dreadeux » de l’histoire. Retournera-t-il à ses tendances capillaires d’adolescent?
Après avoir parcouru la théorie dans le musée, nous sommes passés à la pratique: la visite de Huaca del sol (de loin) et Huaca de la luna (de l’intérieur). Ces deux sites appartiennent à la civilisation Moche, qui peuplait la région du IIème au VIIIème siècle. Si la civilisation n’a pas eu beaucoup de goût pour choisir sa dénomination (en français du moins), elle s’est rattrapée sur la qualité de ses bas-reliefs polychromes.
Tous les 100 ans, les Moches rehaussaient leur centre de culte (le Huaca de la Luna), en remblayant les cavités du palais précédent pour construire la nouvelle battisse par-dessus. Durant leurs fouilles, les archéologues ont ainsi mis à jour pas moins de cinq niveaux de construction, décorés de manière identique, de siècle en siècle, par des représentations de la divinité de la montagne.
Le contenu de plusieurs tombes découvertes dans les environs enrichit par ailleurs un musée au pied des Huacas. Les photos y étaient cependant interdites, ce qui vous épargne de plus longs développements (ouf!). Notre photographe s’est par contre attardé sur les chiens sans poil qui peuplent le site. Ils auraient été utilisés comme bouillotte durant les froides nuits d’hiver (info ou intox? Impossible à vérifier…).
A quelques dizaines de kilomètres de là, un autre musée nous a introduit à la culture Chimu, qui succéda à la civilisation des Moches. Chan Chan, située dans les faubourgs de Trujillo, était la capitale des Chimus, et la plus grande ville précolombienne des Amériques construite en adobe (sorte de briques de sable).
On en retient surtout le palais Tschudi, le seul à avoir été restauré (parfois à l’excès… les archéologues voulant faire mieux que l’original).
D’autres sites mineurs sont perdus dans les campagnes environnantes. En jouant à Pekin Express avec pas moins de 4 mini-vans, nous avons exploré l’ensemble des ruines Chimus de la région.
De retour à Trujillo, nous avons retrouvé la place d’armes. Les rues du centre sont bordées de maisons coloniales qui rivalisent de beauté. Et pour renforcer la compétition, certaines d’entre elles ont été acquises par des banques et transformées en musée. Une belle façade pour ces institutions financières!
Le temps d’en faire le tour, la nuit était tombée.
Il était l’heure de retrouver notre cuisinière… derrière son échoppe de hamburgers. Elle a su fidéliser sa clientèle, puisqu’en deux jours à Trujillo, nous avons soupé à deux reprises sur son bout de trottoir. De quoi nous remplir l’estomac, et les méninges, avant de prendre la route pour Chiclayo.
Notre halte à Chiclayo était en effet assez intellectuelle: à peine arrivés dans la ville, nous avons pris un taxi partagé pour le musée Tumbas Reales de Sipan. Il contient les richesses découvertes dans les tombes de la Huaca Rajada en 1987 (cette fois, c’est mon heure -année- de gloire). Elles sont exposées sur par moins de trois étages, dans leur ordre de découverte. La particularité du musée, outre les objets qu’il présente, est de fournir de nombreuses explications sur le travail des archéologues, qui est d’ailleurs toujours en cours: d’autres tombes du complexe attendent d’être fouillées.
Après avoir avalé tant d’informations, nous avons sérieusement besoin de nous aérer l’esprit. Lagunas, notre prochaine destination, est idéale: située à l’entrée d’une réserve naturelle, elle constitue une excellente base pour explorer la jungle environnante.