Notre premier trajet en bus de nuit n’a pas été de tout repos. Nous qui pensions pouvoir engranger quelques heures de sommeil, nous avons été bien déçus ! Nous parlions comme en plein jour à 4h du mat’, secoués tant par la route que par les amortisseurs défectueux du bus, qui répétaient les secousses comme un écho.
A 7h, nous sommes finalement arrivés à Sucre et avons pris une étrange décision : nous avons décidé d’enchaîner les bus de nuit (quitte à être cassés et fatigués, autant avancer vers le sud et vers LA visite tant attendue par Camille : le « salar de Uyuni »).
En attendant notre prochain transport, nous avons visité Sucre, la ville où Julien et moi séjournerons plus longuement dans quelques jours afin d’y approfondir nos connaissances d’espagnol. Sucre est une sympathique ville étudiante qui bouge. Le marché est à l’image de la ville : plein d’animation. Nous y avons testé plusieurs fruits locaux avant de dîner sur la mezzanine qui surplombe les échoppes.
Afin d’avoir une vue globale de Sucre, nous avons arpenté les ruelles jusqu’au mirador du couvent de la Recoleta. Nous y avons assisté au coucher du soleil avant de rejoindre la station de bus.
Camille nous a déniché in extremis un petit « restaurant », en réalité un magasin avec une salle contenant quelques tables et chaises, trois cabines téléphoniques et une télévision retransmettant le dernier match de la coupe de football d’Amérique du Sud. Ambiance bolivienne assurée !
Notre bus de nuit vers Tupiza est incroyablement confortable : nous avons les trois sièges avant, à l’étage. Nous avons une vue imprenable sur la route (moins sinueuse que celle de Samaipata à Sucre) et pouvons incliner nos sièges. Le résultat ne se fait pas attendre : nous tombons tous les trois dans un sommeil profond.
Le réveil est assez violent. Lâchés à 4h du matin dans la gare des bus de Tupiza, nous ajoutons tous les pulls que contiennent nos sacs-à-dos. Il fait froid. Super froid ! C’est en mode « bonhomme Michelin » que nous partons à la recherche d’une auberge. Vers 6h du matin, nous avons enfin trouvé notre bonheur. Nous avons poursuivi notre nuit dans un lit, pour la première fois depuis 48h.
Quelques heures plus tard, notre estomac nous a réveillés. Direction le marché, et puis la foire du dimanche. Les multiples étals laissent peu de place aux piétons.
A quelques pas de là, nous avons dégusté deux spécialités locales (qui ne contiennent pas d’abats, ni d’autre aliment étrange) : « picante de pollo » et « sopa de mani ».
A nous lire, vous imaginez sans doute que nous faisons un tour gastronomique de la Bolivie. La nourriture occupe effectivement une grande partie de nos récits. Nos visites ne se limitent pas aux spécialités à base de « pollo » (prononcez « poyo », c’est-à-dire « poulet »). A la tombée du jour, nous avons escaladé « la Cruz », une colline dominée par une immense croix blanche. Les montagnes environnantes viraient au rouge sous les derniers rayons du soleil.
Le lendemain, nous nous sommes enfoncés parmi ces montagnes rouges. En moins d’une demi-heure de marche, nous étions au milieu de ce que nous avons baptisé notre désert western. Nous n’étions pas surpris de croiser des cavaliers, chapeau de cow-boy vissé sur la tête (lorsque ce n’était pas une cavalière coiffée d’un chapeau… melon – typiquement bolivien). Durant une journée entière, nous avons admiré les formations rocheuses (telles que la « Puerta del Diablo »), et avons esquissé quelques pas d’escalade dans le « Canyon del Inca ».
Nos pas étaient ponctués de « waow », de « c’est magique », et de… « j’ai soif » (dans notre empressement, nous étions partis avec moins d’1,5 litre d’eau pour la journée, pour 3, sous un soleil de plomb).
Did we enjoy it ?
Cette balade dans notre désert est un superbe prélude à la visite du Sud Lipez que nous entamons demain. Camille ne tient plus en place et prévoit ses vêtements les plus chauds. La version « bonhomme Michelin » à notre arrivée à Tupiza n’est rien à côté de notre accoutrement des prochains jours. Il va geler !