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Les souffles de Kratie

La raison principale pour laquelle les touristes s’arrêtent à Kratie est bleu-gris et vit dans le Mekong. Elle se montre de temps en temps, mais il faut être patient et surtout… il faut s’éloigner du centre-ville.

Nous enfourchons donc nos vélos pour 15 kilomètres de balade vers le nord. En chemin, nous admirons l’habitat local, les quelques temples qui se dressent le long de la route, et les multiples échoppes de fortune où l’on retrouve le fameux sticky rice cuit dans du bambou (ce que nous croyions être une spécialité laotienne – petite variante: le riz ici n’est pas sucré, contrairement aux sticks que nous mangions dans le nord, comme petit déjeûner).

Un pneu plat (et une bière que nous recevons du « garagiste improvisé ») plus tard, nous arrivons au « rapids view point », où le Mekong se bat avec les bancs de sable.

Une dizaine d’immenses cabanons construits sur pilotis accueillent, le temps d’un après-midi, les familles laotiennes, deux petits belges et… un Singapourien, Eric.

La spécialité des restaurants qui ont les pieds dans l’eau est logiquement…. le (gros) poisson. Les denrées sont conservées, vivantes, dans des filets dont ils ne sont extraits qu’au tout dernier moment.

Eric, que nous rencontrons sur place, nous a spontanément invité à sa table (lire: sur sa natte) pour partager le poisson qu’il avait commandé. Il ne serait en effet pas arrivé, seul, à bout de son plat (nous n’y sommes d’ailleurs pas arrivé non plus, à trois).
Eric vit à Siem Reap depuis près de 3 ans, où il mène diverses actions sociales. De fil en aiguille, nous passons l’après-midi, et la soirée ensemble. Pas d’adieux, que des « au revoir »: lorsque nous visiterons Angkor, nous lui rendrons visite.

Le point culminant de la journée est la visite, tant attendue, aux habitants bleu-gris du Mekong. Nous sommes chanceux (et le conducteur de notre bateau est particulièrement doué): nous en voyons plusieurs dizaines. Le plus incroyable, que nous ne pouvons malheureusement pas illustrer en photo, est le son produit par les dauphins lorsqu’ils expirent à la surface.

C’est bercés par ce son que nous rentrons à Kratie. Demain, nous reprenons la route pour le sud.

Cambodge… où le soleil tape partout, y compris dans nos cœurs

A écouter les voyageurs rencontrés jusqu’ici, le Cambodge est le pays de tous les maux: corruption, arnaques, attitude antipathique de ses habitants, et chaleur étouffante.
Ils avaient raison sur un point: il fait chaud, au Cambodge. Sans doute avaient-ils également raison lorsqu’ils affirmaient que les autorités du pays sont corrompues (ou en tout cas corruptibles). Armés de patience, nous avons cependant réussi à pénétrer sur le territoire sans graisser la patte des gardes frontière.

Pour le reste (arnaque et sentiments antipathiques), nous avons sincèrement l’impression qu’il y a erreur. Les Cambodgiens que nous avons rencontrés sont tout simplement adorables: entre les coups de main spontanés (pour réparer un vélo ou porter un sac), le stop (qui fonctionne particulièrement bien au Cambodge) et le partage désintéressé de nourriture ou de boisson, nous n’avons pas trouvé une seule trace d’antipathie chez nos hôtes. Que du contraire.

Tout a commencé à Stung Treng, où nous avons passé notre première nuit afin de préparer notre itinéraire au Cambodge. Nos oreilles ont commencé à bourdonner de « hello » lancés par les enfants qui croisaient notre route.

Ce bourdonnement a continué à Ban Lung, notre seconde destination, à l’est du Cambodge. En route pour le lac volcanique de Yeak Leom (vers 11h du matin, sous une chaleur étouffante), nous avons été interpellés par une famille cambodgienne qui nous a offert de la pastèque afin de nous désaltérer. Un groupe de moines et de civils nous a ensuite rejoint au lac. Ils souhaitaient visiblement entrer en contact avec nous… par la photo et par le rire. Les plongeons et autres sauts sont, heureusement, universels.

A peine rentrés à Ban Lung, nous avons été conviés à une fête organisée par la province dans le cadre de la journée internationale des droits de la femme. Un cambodgien souriant nous a glissé une bière dans une main, et un bol de nouilles dans l’autre. Moins de trente minutes plus tard, nous étions tous sur la pistes. Au menu: des chorégraphies cambodgiennes (basées principalement sur le mouvement des mains – le reste de la danse étant très lent). En fin de soirée (lire: 20h30), nos hôtes nous ont carrément hissé sur le podium. Les photos prises ce soir-là sont collectors.

Encouragés par l’attitude particulièrement positive des cambodgiens, nous décidons de parcourir le pays en stop. Élodie et Guilhem (que nous croisons et recroisons sans cesse depuis le Laos), nous avertissent qu’il est un peu téméraire de vouloir rejoindre notre prochaine destination, éloignée de plus de 250 km, en stop. Et pourtant… nous les quittons, levons le pouce et… la magie opère. Une voiture, un tracteur et deux camions plus tard, nous sommes à Kratie (en un peu plus de 5h, le temps que prend le bus régulier pour faire cette liaison).

En chemin, nous faisons de belles découvertes: des maison de paris animées, des épouvantails devant les habitation pour chasser les mauvais esprits et les conducteurs… amusés par notre démarche.

A Kratie, nous retrouvons notre petite bande, qui a parcouru le même chemin que nous en un peu moins de 5h, mais en bus. C’est certain: nous n’abandonnerons pas notre mode de déplacement.

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Le Laos en quelques mots

Vous ne savez pas comment choisir votre itinéraire au Laos ? Combien coûte la vie dans le pays ? Quel budget prévoir ? Quels sont les musts ? Nous avons tenté de résumer ici de façon concise notre expérience d’un mois dans ce pays . N’hésitez pas à consulter en outre nos articles sur le Laos.

Ce que nous avons adoré:

  • les paysages et la fraîcheur du nord du Laos
  • Muang Ngoy et ses villages perdus dans les montagnes
  • le plateau des Bolovens et ses cascades
  • le Théâtre d’Ombres à Champasak, qui met en avant l’art musical et cinématographique laotien
  • la liberté que procure la moto dans ce pays quadrillé par les bus touristiques

Ce qui nous a moins plu:

  • la communication difficile avec les laotiens
  • la malhonnêteté et la corruption, qui règnent principalement à la frontière
  • le décalage impressionnant entre les prix locaux et les prix touristiques, qui rend tout achat sujet à négociation

Budget

Notre budget total pour 30 jours au Laos a été de 450 euros par personne.
Le coût de la vie se décline comme suit:

Logement: 50.000 à 70.000 Kips pour une chambre double, avec ventilateur et salle-de-bain.

Nourriture et boissons:
– grande bouteille d’eau: 5.000 Kips
– soda (33cl): 5.000 Kips
– bière (Lao Beer, 75cl): 10.000 Kips
– bol de riz: 5.000 Kips
– repas complet dans la rue: 10.000 à 15.000 Kips

Transports:
– Achat d’une moto type « Honda win »: 250 à 350 USD (facile à revendre pour un prix équivalent)
– Stop: éfficace et gratuit!

Le centre et le sud du Laos à moto

Le centre et le sud du Laos sont ponctués de deux boucles. La première se déploie autour de Thakhek, alors que la seconde, mieux connue sous la dénomination du « plateau des bolovens », se situe au niveau de Pakse.

Entre ces deux villes, plusieurs itinéraires sont envisageables. Notre favori: suivre le cours du Mékong, particulièrement entre Thakhek et Savannakhet. Cette dernière, au bord de l’eau, mérite qu’on s’y arrête pour la nuit (et plus, si affinités).

Le loop du centre

Si vous n’êtes pas l’heureux propriétaire d’une moto, il est possible de louer des scooters en tout genre à Thakhek afin de parcourir la boucle du centre.
Plusieurs arrêts sont indispensables sur la route:

  • Le point de vue sur la « limestone forest », juste après le village de Khoun Ngeun
  • La grotte de Kong Lor et son village, où il est possible de passer la nuit
  • le barrage de Nam Theun, qui est à l’origine de curieux paysages (arbres morts les pieds dans l’eau et rapides). La guesthouse et restaurant Sabaidee, au village de Thalang, est une agréable halte
  • Le village de Mahaxai Kuo, un peu excentré, et d’autant plus charmant
  • Le chemin, les lacs et les grottes perdues autour de Tham Pha Fa (ces grottes ne sont pas mentionnées sur les plans, osez vous perdre dans le coin!)
  • La route entre Gnommalath et Thakhek, enclavée entre deux ensembles de collines

Thakhek ne nous a, par contr,e pas transcendés. Y passer une nuit, pour des raisons pratiques, est amplement suffisant.

Le loop du sud – le plateau des Bolovens

Deux circuits sont proposés sur le plateau: un circuit « court », de minimum deux jours, et un circuit « long », de minimum trois jours. Les deux circuits permettent d’admirer les deux spécialités du plateau: les chutes d’eau et les plantations de café et de thé.
Le choix entre l’un et l’autre se fera en fonction des contraintes de votre agenda. Sachez toutefois que « la plus jolie cascade » se trouverait sur le grand tour, à Tayicsua.

Pour plus d’informations sur la boucle en elle-même, nous vous renvoyons vers ce site internet, très complet.
Vous pouvez également rendre visite à « Yves le belge » et « Miss Noy » à Pakse, qui louent des scooters et des motos, et qui connaissent parfaitement le plateau.

Champasak

Plus au sud de Pakse, ne manquez pas Champasak. Un arrêt dans cette petite ville est recommandé pour deux raisons: la visite du Wat Pu (le pendant d’Angkor Wat au Cambodge), et l’association du Théâtre d’Ombres (représentations les mardi et vendredi du conte « Phralak-Phralam » et les mercredi et samedi du film « Chang »). Nous avons assisté à la projection du film muet Chang, dont la bande-son était jouée en direct par douze musiciens laotiens, avec leurs instruments traditionnels. Il s’agit d’une occasion unique de participer à une activité culturelle laotienne. Un pur bonheur.

Les 4000 îles

Aux portes du Cambodge, le Mékong découpe les terres en centaines d’îles.
Les favorites des touristes sont Don Det et Don Kon. Elles ne sont accessibles qu’en bateau, et sont soumises au paiement d’un droit d’entrée. Don Khong, plus du nord, est accessible par un pont nouvellement construit. Cette dernière île, plus grande, est boudée des touristes en raison de son inactivité (touristique). Il est toutefois possible de louer un vélo et de visiter les villages environnants, dont la vie est rythmée par le fleuve. Les jolies découvertes sont au bout de votre roue.
Globalement, ces îles sont avant-tout un endroit idéal pour se « chiller ». Les hyper-actifs peuvent passer leur chemin (où se contenter d’y passer une nuit).

Le grand loop du centre

En rejoignant le loop autour de Thakhek (circuit d’environ 200 km), nous quittons définitivement le nord du Laos et ses montagnes.

Les paysages que nous découvrons sont désormais ponctués de barrages hydrauliques flambant neufs, de nouvelles routes goudronnées et de villages hâtivement transformés en villes-étapes. Voyageant avec un Lonely Planet de 2010, nous peinons à reconnaitre les villages et scènes décrits dans notre bouquin.

Heureusement, le « loop » en tant que tel est plus ou moins préservé. Le coucher du soleil à deux pas de Khoun Kham finit de nous en  persuader: il y a des perles à dénicher dans le coin!

A commencer par la grotte Kong Lor, la plus grande du Laos. La grotte est tellement étendue qu’elle se traverse en pirogue (et à pied, les mollets dans l’eau, lorsque la pirogue butte sur le fond). Le spectacle est impressionnant: le noir qui nous entoure est intense, seuls quelques stalagmites et stalactites sont éclairés.

Le retour à la lumière et à la végétation, aux deux extrémités, est enchanteur. La nature reprend ses droits à la lumière.

C’est parti pour « la boucle », avec notre fidèle Titine. Les paysages sont effectivement magnifiques (nous rappelant un peu le sud du Myanmar, notre coup de cœur) et… c’est là que nous sommes tombés amoureux des Laotiens. L’incompréhension qui entachait jusque là tout rapport humain s’est subitement évanouie. En prenant le temps, en passant outre la timidité et les premiers « not have » automatiques, nous découvrons des Laotiens qui ont la main sur le cœur, qui sont curieux, et qui cherchent finalement à communiquer (en Lao, avec les mains, tout est bon!)
Le 20 février, nous avons la plus belle démonstration de ce revirement. Arrivés dans un village après le coucher du soleil, nous réalisons qu’il est dépourvu de guesthouse. Après avoir essuyé les refus habituels des tenanciers des échoppes qui nous renvoient systématiquement vers la grosse ville la plus proche, une femme me salue depuis sa maison. Je tente ma chance, et lui mime que nous souhaitons trouver un refuge pour la nuit. Elle disparait, et revient moins d’une minute plus tard accompagnée de son mari. Le couple nous fait signe d’entrer dans l’unique pièce qui compose leur habitation.

Ils nous invitent à partager leur repas, avant de poser un matelas de plus sur le sol. Nous passons la nuit dans le petit nid familial, avec nos quatre hôtes (parents et deux enfants), bercés par les ronflement du patriarche.
La persévérance est la clé de belles surprises!

Nous remontons sur le circuit en longeant les barrages, qui ont dénaturé le paysage. Çà et là, des arbres morts émergent de lacs artificiels, signes de la végétation passée.

La végétation se conjugue également au présent. A l’approche de Thakhek, les paysages retrouvent leurs couleurs.

Les enfants jouent dans les cours d’eau qui ne sont pas à sec, et nous découvrons un petit coin de paradis à deux pas de la Buddha Cave: un lac naturel, perdu dans la forêt, où nous sommes seuls au monde. De quoi recharger les batteries avant d’affronter la folie de la ville!

Thakhek est avant tout un arrêt logistique: un petit tour dans une demi-douzaine de pharmacie permet de mettre la main sur… des compresses, de l’isobetadine et une pommade antibiotique. Rien d’exceptionnel me direz-vous? Et pourtant… ces petites courses nous ont pris la soirée!

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Le nord du Laos à moto

Les deux meilleurs endroits pour acheter une moto au Laos sont sans doute Luang Prabang et Vientiane (bien qu’il soit également possible d’en trouver au sud, à Pakse).

L’intérêt de la moto est avant tout de pouvoir emprunter des routes moins fréquentées, et de s’arrêter dans des villages plus reculés. Nous avons particulièrement apprécié:

  • la route (escarpée) entre Luang Prabang et Nong Khiaw, via Pak Xeng (village très accueillant)
  • (un motard nous a décrit la route entre Nong Khiaw et Muang Ngoi comme une des plus belles qu’il ait eu l’occasion de parcourir dans le Nord Laos. Nous n’avons pas pu l’expérimenter mais relayons l’information)
  • la route entre Vieng Thong et le site Lima S38 (site militaire américain complètement démantelé par le village voisin, Nakoud – les matériaux militaires ont été utilisés dans la construction des maisons et autres bâtiments. Une absorption originale qui vaut le détour)
  • la route montagneuse autour de Vieng Thong en général, qui traverse la réserve naturelle de Nam Et
  • les sites oubliés autour de Phonsavan: la grotte de Piew (ou les combattants laotiens se sont réfugiés durant les bombardements américains) et les champs dévastés par les cratères d’obus (la province de Phonsavan est la plus bombardée du Laos – plusieurs associations ayant leur siège à Phonsavan fournissent de nombreuses explications à ce sujet).

Le GT Rider Map (disponible dans tous les offices du tourisme) est l’outil indispensable si vous souhaitez parcourir le Laos à moto. Il précise la nature des routes (des routes goudronnées aux chemins de terre), ainsi que les attractions touristiques.

En outre, si vous en avez la possibilité, armez vous également d’un petit smartphone Androïd avec une puce GPS intégrée. Un achat de ce type sur place vous coûtera environ 50 euros. Mieux vaut faire cet achat en Thaïlande si possible ! Une fois équipé, téléchargez le logiciel Maps.Me qui vous permettra de disposer des cartes du pays hors ligne. Pas besoin de connexion 3G !

Les paysages du nord sont magnifiques… notamment parce qu’ils sont montagneux. Attendez-vous à faire face à des dénivelés très important. Une moto équipée de vitesses n’est pas un luxe, loin de là.

Enfin, en cas de pépins, même sur des petites routes, vous pouvez compter sur l’aide des laotiens, particulièrement quand votre moto (dans notre cas, une Honda win), est un modèle répandu dans le pays. Nous avons crevé, et avons été secourus, à trois reprises!

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Les aventures de Titine, épisode 2

Nous retrouvons Titine à Nong Khiew (point de départ du bateau vers Muang Ngoi), et reprenons notre périple à trois, vers Vieng Thong, au sud-est.

Le bonheur avec Titine, c’est que nous pouvons éviter les routes principales fréquentées par les bus, et leur préférer les routes secondaires. Les villages traversés sont magnifiques, les enfants crient et courent à notre passage. Titine fait l’unanimité partout où nous passons.

Ce tableau idyllique est affecté par un deuxième petit clou, qui vient à nouveau se planter dans son arrière-train. Nous pouvons heureusement compter sur l’aide d’un laotien, à qui nous expliquons bien vite que nous n’avons que 5 dollars en poche, pour le reste de la journée (les banques étant fermées le dimanche). Il s’affaire alors autour de Titine, fait deux allers-retours vers le prochain village, et change finalement la chambre-à-air, pour quelques cacahuètes et deux immenses sourires de petits belges tirés d’affaire.

Nous arrivons à Vieng Thong à la tombée de la nuit, et vidons nos poches contre une soupe de nouilles et quelques biscuits, en pensant au festin que nous pourrons nous offrir le lendemain matin, à l’ouverture des banques.

A peine réveillés, nous entendons parler d’un village oublié, Nakoud, et d’un ancien site militaire utilisé durant la guerre d’Indochine, Lima S 36, à une trentaine de kilomètres de Vieng thong.
La décision est rapidement prise: nous partons pour une excursion d’un jour. Titine comprend bien vite pourquoi Nakoud est oublié : la route pour y accéder est digne d’une piste de moto-cross, avec les pires dénivelés, trous et bosses jamais vus. Sur le chemin du retour, la route que nous avons prise à l’aller est carrément coupée : un bulldozer est passé par là, et deux ouvriers défoncent la route existante pour en construire une nouvelle. Aucune déviation n’est prévue, et aucun autre chemin ne mène jusqu’à la ville. Nous sommes contraints d’escalader les monticules de terre fraîche, à pied, en tenant Titine à bout de bras.

L’excursion en valait la chandelle : les habitants de Nakoud sont très accueillants, et sont fiers de nous montrer l’ancien site militaire.

Lorsque nous demandons à un vieillard ou sont les avions qui parsemaient le site jadis, il nous mime, avec son sourire édenté, que les villageois les ont dépecés et en ont récupéré le métal. Il exhibe avec fierté son fourreau, bricolé avec un bout de métal.

De retour à Vieng Thong, nous faisons un détour par les sources d’eau chaude au soleil couchant. En guise d’apéritif, nous cuisons quatre œufs, avec plus ou moins de succès, directement dans la source. Ensuite, nous prenons un bain.. quasiment tout habillé, pudeur asiatique oblige.

Mardi matin, nous reprenons la route pour Phonsavan et sa plaine des jarres. Nous entrons ainsi dans la province de Xieng Khouang, province la plus bombardée durant la guerre du Vietnam. De nombreuses munitions n’ont pas explosé à l’époque, et menacent à présent de transformer le sol de la région en immense gruyère, emportant son lot de victimes civiles.

En chemin, nous faisons halte à la grotte de Piew, où plus de trois cents civils se sont réfugié et ont péri durant les conflits, suite a un bombardement ennemi.
Dernière halte avant la ville: un champ de terre, marqué à jamais par les cratères des bombardements américains.

Selon l’adage « jamais deux sans trois », Titine rencontre un troisième clou sur son chemin. Nous sommes cette fois plus chanceux : il y a un garage à moins de 200 mètres, et l’incident est oublié en moins de 30 minutes.

A Phonsavan, nous retombons dans le circuit touristique. Passage obligé dans la région : la plaine des jarres, dont l’origine reste inexpliquée, et participe pour beaucoup à l’ambiance mystique du lieu.

Autre passage obligé vu nos malheurs informatiques : les six magasins de téléphonie de la ville. Acheter le plus simple des smartphones est en effet toute une aventure.

Nous sommes à présent équipés pour attaquer le « loop » de Thakhek!

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Les aventures de Titine

Après l’avoir adoptée, nous avons baptisé notre moto: Titine, en l’honneur du Grand Jacques, et de sa chanson loufoque qui nous trotte sans cesse en tête.

Titine est chargée à bloc lorsque nous quittons Luang Prabang: deux passagers et deux gros sacs mettent son équilibre à rude épreuve. Après quelques réglages, le pilote parvient à dompter la bête, et nous partons à l’assaut des montagnes. Il s’agit du premier grand test pour Titine… mais aussi pour ses passagers.

Notre première journée « expédition en montagne » tourne rapidement en examen de mécanique: le pneu arrière de Titine est perforé par un énorme clou,  et nous voilà, en plein milieu de l’après-midi (c’est-à-dire aux heures les plus chaudes), bloqués le long d’une route peu usitée. Nous déchargeons Titine de nos sacs, et faisons des gestes désespérés à trois pêcheurs en scooter qui passent par là. Voyant nos mines déconfites, l’un d’eux prend rapidement les choses en main: il démonte le pneu arrière, emmène Julien au prochain village afin de changer la chambre à air, et puis revient, triomphant, pour remonter le pneu. En moins de 2h, Titine était comme neuve, prête à admirer les paysages qui s’offrent à elle: le lit du Nam Xuan (rivière que nous longeons), les montagnes, les enfants qui font signe à son passage, et puis le village de Pak Xeng, ou nous faisons halte.

Pak Xeng nous séduit rapidement. Non pas par sa nourriture (la soupe de nouilles aux tripes était au menu), mais par son cadre: rivière accessible au milieu des montagnes, et terrains de pétanque. Alors que Titine se repose, nous encourageons les joueurs, à coup de Beer Lao (nos nouveaux amis mettent un point d’honneur à ce que nos verres ne soient jamais vides).

Quelques centaines de mètres plus loin, nous nous invitons à une fête de fonctionnaires: devant leur bureau, un karaoké et un mini bar ont été improvisés pour l’occasion. Le terrain de pétanque qui complète le tableau a quant à lui l’air d’être fixe. Nous imaginons la journée type d’un fonctionnaire de Pak Xeng: de 8h à 10h boulot, de 10h à 12h pétanque, pause de midi, de 13h à 15h boulot, et après 15h, pétanque! Nous comprenons pourquoi les joueurs locaux sont particulièrement doués!

Le lendemain, nous lançons un incroyable défi à Titine: grimper la route la plus escarpée de la région (notre plan « spécial motard » indique « very steep »). Défi relevé, avec comme récompenses des paysages à couper le souffle, et de nouvelles ribambelles d’enfants qui crient et sourient à notre passage.

Pour que le moteur de Titine refroidisse, nous faisons une petite pause au marché local de Vieng Kham. Julien est surpris de trouver sur les étals des rats (frais et séchés). A la question « do you eat this », la vendeuse répond par l’affirmative, avec un grand sourire. « Is it good? » « Yes, yes ».
Note pour plus tard: ne plus manger, ni de tripes, ni de rats!

Titine atteint sa destination finale, Nong Khiew, en tout début d’après-midi. Notre route continue, en bateau, vers Muang Noi. Dernier départ de la journée dans 10 minutes!

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La famille s’agrandit!

C’est officiel: à partir du 7 février 2015, nous voyagerons à 3!
Une moto Landa, achetée d’occasion à un backpacker, fera désormais partie de notre aventure.
Nous explorerons le nord et le sud du Laos en sa compagnie. Les photos de la nouvelle-venue seront postées dès que la technique le permettra…
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De retour sur la route, en stop!

Après 4 nuits passées à Chiang Rai, nous commençons à tourner en rond. La route nous appelle!

Nous nous approchons de la frontière laotienne en bus, avant de revenir à nos premiers amours: le stop.

Nous refusons ainsi systématiquement de monter dans des bus, tuk-tuks ou taxis, en préférant lever le pouce, avec plus ou moins de succès, le long des routes. Le passage de la frontière se fait en camion, tout comme le premier gros trajet au Laos. 5h de camion, pour rejoindre Luang Namtha (au nord-ouest du pays).

En chemin, nous découvrons les premières images de notre nouveau pays d’adoption: le paysage est vallonné, voire montagneux, les enfants des villages que nous croisons nous font signe avec énergie, et lorsque la nuit nous enveloppe, les feux devant chaque maison colorent celles-ci d’une lumière orangée mystique.

Nous fuyons rapidement Luang Namtha: il s’agit d’une grosse ville, vivant principalement du tourisme, où les prix sont incroyablement élevés.

Il faut dire que nous ne sommes pas dans les meilleures conditions pour apprécier la ville: notre tablette a rendu l’âme, et nous sommes désormais privés de gps (pour les randos), de moyen de trier nos photos ou de mettre notre blog à jour. Nos prochaines brèves ne seront par conséquent plus illustrées, et les articles du carnet de bord attendront.

Le lendemain, nous prenons donc la décision de relever le pouce, pour relever la tête! Nous nous disposons des deux cotés de la route principale, dans des sens opposés, en décidant de monter dans la première voiture qui s’arrêtera. Après 1h30, la chance nous sourit: un laotien en route pour Luang Prabang nous propose de se joindre à lui pour le voyage.

Durant les 9h de route, nous apprenons nos premiers mots laotiens, et goûtons au sticky rice à la noix de coco, contenu dans un bambou. Une révélation!

Nous atteignons Luang Prabang à minuit (sachant qu’il y a un couvre-feu sur la ville à 23h). La recherche d’une guesthouse est laborieuse, mais nous trouvons finalement un unique lit disponible dans un dortoir animé. Nous sautons sur l’occasion, et passerons finalement 4 nuits dans ce backpacker. Trois français, respectivement chef, second et serveur dans un restaurant familial en Europe, nous y proposeront un menu de fête: des patates cuites au feu de bois, des brochettes et une salade. Nous cuisinerons ensemble, avant de faire la fête dans ce lieu qui dispose de représentants de trois pays francophone: Gaby et Marie pour le Québec, Math, Edouard et Guy pour la France, et nous deux pour la Belgique.