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A vue de pieds au pas-nama…

Nous sommes un peu émus en ce samedi matin : nous venons de passer une nuit dans un bus et ce sera probablement la dernière fois de notre voyage !
Nos yeux s’éveillent doucement dans la ville de Turbo. Drôle de nom pour cette étape où nous devons nous débrouiller pour prendre un bateau jusqu’à notre destination du jour. Les gens, pour la plupart afro-colombiens, ne semblent pas très stressés et l’on se demande plus d’une fois comment l’organisation du port fonctionne…

Pourtant, on est finalement appelés et on monte dans une embarcation dont les moteurs me semblent bien surdimensionnés. Les guides de voyage conseillaient de prendre l’avion, le trajet en bateau étant « tape-cul » et « casse-dents ». On a donc passé 2h30 sur une banquette en serrant les fesses et en mordant dans une peau de banane.
Autre cocasserie: nous avons du emballer nos sacs-à-dos dans d’immense sacs poubelle « au cas où ils tombent à la mer ». Nous restons sceptiques quant à la solution proposée (un sac qui tombe dans l’eau coule, point), mais nous nous exécutons.

« Terre, terre ! », crie la vigie. (NDLR: en fait non, on entend rien sous le vacarme des moteurs mais romancer un peu ne fait pas de mal).
Nous voilà à Capurgana. Nous avons choisi cette destination car nous avions envie depuis un petit temps de faire une pause « plage », mais sans trop de plage. Bref, Capurgana semble être un lieu parfait puisqu’il est complètement entouré d’une jungle qui ne demande qu’à être explorée. Très peu de touristes y viennent et il n’existe aucune route pour y accéder. Bref, Welcome To Paradise 🙂


Nous posons nos pieds sur ce lopin de terre qui, nous l’ignorons encore, sera notre foyer pendant les 6 prochains jours. Nous établissons nos quartiers dans un petit hôtel où nous pouvons camper en bord de plage pour une bouchée de pain. La vie est dure….


On décide tout de suite d’aller à la rencontre des profondeurs… Cela fait maintenant deux mois que nous n’avons pas plongé et, selon quelques rumeurs, il s’agirait du meilleur sport sur la côte Nord colombienne. Nous signons avec une compagnie locale dans des conditions un peu chaotiques mais, une fois dans l’eau, tout est oublié et, cerise sur le gâteau, le moniteur est également photographe.



Les coraux sont superbes et la visibilité est plus que parfaite. Il n’y a rien de gros à voir mais les tapis de couleurs qui se déroulent sous nos yeux donnent une saveur bien particulière à la plongée. Les homards font ici deux fois la taille des homards de Zélande ! Au retour, nous demandons à être déposés dans le petit port de Sapzurro, bourgade encore plus coupée de la « civilisation » que Capurgana.


Une des caractéristiques du lieu est qu’il est possible en une heure de marche de traverser de manière officieuse la frontière pour se retrouver pour quelques heures au Panama. Le reste du Panama n’est pas accessible depuis ce bout de territoire isolé, mais le détour vaut le coup: nous pouvons nous baigner à la « Playa Blanca » de « La Miel » et acheter de l’alcool dans un « duty-free » bien implanté.



Sapzurro ne se limite pas à cela. La jungle est là aussi présente et nous nous enfoncerons dans son antre pour y observer des aras en plein vol, différents reptiles, une grenouille noire et verte (dendrobate auratus) les plus gros bernard-l’hermites que nous n’ayons jamais vu, des oiseaux en (pas-)pagaille, …



Il y a aussi des palmiers remplis de noix de coco… Je me suis mis en tête d’en ouvrir une avec les moyens du bord: une pierre. Au bout de 30 minutes, j’arrive enfin à atteindre mon but… mais la noix de coco est vide de jus et de chair. Bref, un coup dans l’eau !



Nous passerons les jours suivants entre terre et mer : lecture, incursion dans la jungle, snorkeling, repos, échange avec les locaux…


Et, au bout de cinq nuits, nous ferons nos adieux à Nelly, notre hôtesse pendant notre passage dans cet endroit merveilleux.

Juste pour le plaisir, pour clôturer cette brève en beauté, on vous partage les reflets de la pleine lune devant notre camping.

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Salento – Grain de folie

Nous quittons la chaleur écrasante du désert pour un tout autre univers : celui de cette petite graine noire que l’on nomme café. Elle a une importance toute particulière pour la Colombie puisque le pays est le troisième plus grand producteur de café après le Brésil et … le Vietnam (vous ne vous y attendiez pas à celle là, hein ?). Une des régions du pays est connue sous le nom de « zone caféière » et a même été reconnue par l’Unesco comme « paysage culturel du café de Colombie ». Nous mettons le cap vers cette destination…

Le point de départ pour visiter la région est le typique village de Salento. Un habitant me confiera dans le bus qu’il ne comprend pas l’agitation touristique qui y règne: une discussion récurrente entre locaux semble avoir pour objectif de déceler ce qui pousse autant de touristes à venir voir leur petit village. Et, effectivement, à notre arrivée, nous comprenons leur désarroi : une maison sur trois semble être un hôtel, les « monos » courent les rues (« mono » signifie singe en Espagnol mais, ici, il s’agit d’un terme pour désigner un étranger blanc de peau) et, le week-end, un flot de touristes colombiens investit joyeusement les lieux créant des embouteillages sur les routes de campagne. Néanmoins, il n’y a pas à dire, les maisons sont jolies et les lieux gardent quelque chose d’authentique.



Nous nous retrouvons assez rapidement au mirador de la ville pour constater que les environs immédiats sont très verdoyants… et nuageux.

Ce climat ne semble pas empêcher les magnifiques oiseaux de la région de continuer à prospérer dans les jardins des hôtels… pour mon plus grand plaisir et celui de mes objectifs !



Nous visitons une ferme de café familiale où l’on nous expose dans un Espagnol compréhensible toutes les interactions entre les différents types de flore permettant d’éviter l’utilisation de pesticide. Ceci leur a permis d’obtenir le label « Rain Forest » (la petite grenouille sur les sachets de café). Nous aurons droit à une visite de l’ensemble de la chaîne de production jusqu’à la dégustation des grains fraîchement moulus. Toutefois, seul 30% des graines de café sont transformées chez eux. Les autres 70% sont vendus non torréfiés à de grandes entreprises qui s’occupent de terminer le processus et d’empaqueter le produit à grande échelle … en mélangeant bien évidemment les grains de différentes provenances, ce qui, je l’avoue, me laisse perplexe face au label fièrement arboré sur leurs produits. Il faut savoir que les exigences pour l’obtenir sont plus faibles pour les petits producteurs … Sujet à approfondir !



Sur le chemin du retour au village, nous croisons deux hommes qui jouent à un sport étrange : ils lancent des poids tour à tour sur une espèce de cible en argile.

Ni une ni deux, après s’être fait expliqué les règles, nous décidons d’aller nous essayer à ce sport le soir même. Nous ne vous ferons pas part des résultats… En tout cas, les parties ont été détonantes. Pour pimenter le jeu, on ajoute autour de la cible de petits triangles d’explosif que nous tentons tous d’atteindre du mieux que nous le pouvons.



Nous passons de chouettes moments dans le village et dans notre auberge. Toutefois, le grand air sent que nous approchons de la fin de notre voyage et nous appelle à nouveau. Nous avions entendu dire qu’il était possible d’accéder à une zone montagneuse en périphérie du village. Un parc national très connu y est d’ailleurs abrité. Comment résister ? La tente et nos sacs sur le dos, nous voilà à nouveau lancés dans une aventure qui nous mènera à des sources d’eau chaude à 4000 m d’altitude.



Les paysages sont exceptionnels et la faune et la flore nous étonnent tout le long de la longue ascension de deux jours.



Cela nous donne également l’occasion de réaliser de chouettes panoramas…


Un volcan ne cesse de nous guetter et, au paroxysme de notre complicité, nous découvrons enfin les eaux chauffées par celui-ci. Nous plantons notre tente sur une terre chaude et humide et profitons d’un repos bien mérité.



Nous redescendrons tout ce chemin en une seule journée… 11h15 de marche effective sans les pauses, dans la boue, et sous la pluie. Décidément, nous ne tenons jamais en place 🙂

Il faut dire qu’il y avait la fameuse vallée de Cocoa à la clé. Cette zone abrite le plus haut palmier au monde : il peut atteindre 30 m !


Un bel au-revoir à la région… avant de poursuivre notre route vers le Nord.

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Popayan – Du blanc au polychrome

Nous voilà en Colombie ! Nous sommes accueillis comme il se doit sur la place du premier village que nous croisons : les militaires sont présents en nombre, armés jusqu’aux dents. Sur le chemin, tous les ponts sont gardés comme des forteresses. Tout ça n’a rien de très rassurant!

Il faut dire que nous sommes toujours dans la zone frontalière et que l’on nous avait mis en garde concernant la sécurité à cet endroit. Peut-être est-ce différent au centre du pays? Nous poursuivons donc notre route qui nous mènera, au bout de 7 heures, à Popayan.

Popayan est surnommée la ville blanche. Rien d’étonnant donc à se retrouver face à ces jolies façades coloniales. Nous tombons sous le charme, malgré les nuages et la pluie…


Cela va devenir une tradition: nous faisons une halte dans le cimetière de la ville pour constater qu’il est aussi fleuri et vivant qu’à Tulcan; les buissons en moins, une église centrale en plus (comme cela semble être la norme en Colombie).


On se balade ensuite dans le marché, plus rustique qu’en Equateur : on marche dans la boue, un rat évite de justesse de se faire écraser sous nos pieds, quelques cafards grimpent sur les sacs de riz… Tout cela nous donne le sourire ! Nous payons seulement 3000 pesos colombiens (moins d’un euro) pour un almuerzo (lunch) complet, avec soupe, plat avec de la viande, boisson et le «sourire de la crémière». Les gens sont extrêmement sympathiques, particulièrement dans ce type de lieu.

On visite la ville, on tâte le pays…


… et on se risque même à une sortie de nuit.


A Popayan, les policiers sont présents en nombre: de 2 à 4 agents surveillent chaque carrefour. Les lieux qui nous ont été décrits comme «chauds» sont en outre étroitement surveillés (un effectif d’une vingtaine de personnes surveille le mirador principal). Par contre, les flics semblent vraiment détendus avec les touristes. On se rend par ailleurs vite compte que tous les offices du tourisme sont gérés par les policiers eux-mêmes (difficile d’obtenir des infos correctes). Ils poussent même jusqu’à prendre des photos pour les touristes. Il n’y a pas à dire, le métier de policier ici demande d’être polyvalent!

Le lendemain, nous mettons le cap sur Silvia. Il s’agit d’un petit village indigène dont la communauté est réputée pour ses magnifiques vêtements traditionnels. Tous les mardis matins, les paysans des environs affluent en masse vers le village pour y vendre leurs récoltes à l’occasion du marché hebdomadaire.


Pour la petite histoire, on achètera une livre de pommes de terre pour pouvoir lier contact avec les gens et prendre des photos sans choquer personne.


Nous nous éloignons du centre du village, un peu à l’aventure. Les maisons sont colorées, les gens souriants et les indigènes présents en nombre ! La couleur de leurs vêtements nous impressionne vraiment et un détail nous amuse particulièrement: les hommes portent également la jupe. C’est la première fois que nous sommes confrontés à un tel accoutrement.


Nous atteignons un point de vue qui nous donne un chouette aperçu du village de Silvia.


Nous en profiterons encore quelques heures et finirons par rentrer à Popayan, très contents de notre petite excursion d’une journée. La ville blanche ne nous accueillera que quelques heures, le temps de récupérer nos sacs. Nous mettons déjà le cap vers notre prochaine étape qui s’annonce archéologique !

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Baños – Cascades de cendres

Souvenez-vous… il y a un mois, nous avons tenté de rejoindre Baños, mais sommes tombés dans un guet-apens à Puela. Nous retentons donc notre chance après trois jours de randonnée sur la boucle du Quilotoa. Cette fois-ci, aucune fiesta ne nous détournera du droit chemin ! Il faut dire que les fiestas, elles se concentrent aussi à Baños même, ville touristique par excellence, où les rues sont animées 7 jours sur 7.

Baños, comme son nom l’indique, est principalement réputé pour ses sources thermales. Nous prendrons donc le temps d’aller nous baigner dans ces eaux volcaniques dont la température peut s’élever à 55°C. Une piscine à 18°C est également à disposition…

On fera également l’inévitable route des cascades… en mode touriste à 100%. Quitte à être à Baños, autant faire les choses à fond : nous sommes transbahutés dans une espèce de camion-karaoké bondé de touristes Équatoriens. On a bien ri de la situation, tout en se promettant de ne plus jamais se retrouver dans un plan pareil !

Alors qu’on se demandait encore dans quoi nous étions tombés, nous avons assisté à la vénération d’un rocher qui, de profil, ressemble à, je vous le donne en mille, Jésus Christ ! C’est un peu le Golden Rock de Baños, avec beaucoup d’imagination (Sarah n’a d’ailleurs jamais repéré la silhouette sacrée)…

Le clou du spectacle était sans conteste le «chaudron du diable», une des cascades les plus impressionnantes qu’il nous ait été donnée de voir et qui rivalise sans rougir avec celles que nous avions admirées au Laos sur le plateau des Bolovens.

Lors de cette première journée à Baños, nous apprenons que la «casa del arbol» est une autre attraction phare. Il s’agit en fait d’un endroit verdoyant, tout simple et qui donne une vue fabuleuse sur le volcan Tungurahua. Sympa mais souvent bondé ! Nous prenons quelques infos avant d’y monter en bus pour savoir comment éviter les foules. La solution? Il semblerait qu’il soit possible d’y planter notre tente. Arrivé aux portes des lieux, on nous confirme l’information et on paye une somme dérisoire pour avoir le privilège de passer notre nuit avec la vue sur l’un des volcans actifs d’Équateur.

Nous faisons connaissance avec l’un de ses gardiens : Carlos surveille le volcan depuis 16 ans et nous apprend que, la nuit précédente, de grandes gerbes de laves ont été aperçues. En cette fin de journée, nous ne pouvons apercevoir que de la fumée. Tout excités, nous prenons nos quartiers, attendons que les touristes nous laissent seuls en ces lieux et commençons notre soirée d’observation du volcan.

Malheureusement, nous ne verrons pas de projection de lave. Toutefois, dormir aux côtés de ce géant nous donne une grande leçon d’humilité et cette nuit demeure inoubliable (comme souvent grâce à notre tente).

Réveil à 5h45 pour se préparer à prendre le bus de 9h qui, la veille, a été décalé à 8h (heureusement que nous avions parlé aux locaux afin d’obtenir l’info). Finalement, à 6h30, nous entendons le bus nous passer sous le nez… Prochain bus prévu à 13h. L’horaire équatorien est décidément très compliqué à suivre ! Nous en profitons pour prolonger notre petit-déjeûner et profiter de notre paradis avec les petites installations ludiques à disposition.

Faute de bus, nous redescendons donc sur Baños à pied et en profitons pour passer par un mirador qui nous donne un très joli point de vue sur la ville.

En cette dernière après-midi, nous craquons pour une des nombreuses activités «extrêmes» proposées par les agences : nous partons dans la jungle pour un parcours de 6 tyroliennes dont la plus grande fait 550 m de long.  Au total, plus de 2 km de lignes.

Résultat des courses : super balade, pas grand monde sur place (2 autres touristes) et, le plus important, on s’est vraiment bien marrés !


En vol vers de nouvelles aventures!

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Quilotoa – L’eau qui fume et qui brûle

Enfin ! Depuis le temps que l’on entend parler de cette lagune volcanique… Nous y sommes! Elle n’était pourtant pas très loin de Quito et était assez facilement accessible. Il nous a pourtant fallu près de deux mois pour mettre les pieds sur ses rives!

Nous parlons bien évidemment du lac du Quilotoa, ce volcan dont la dernière éruption remonte à environ 700 ans. Le lac qui se trouve dans son cratère est bien connu des touristes, tant Équatoriens qu’internationaux. La plupart d’entre eux se contentent de faire un aller-retour à l’intérieur du cratère. Trop peu pour nous! Puisque cela fait un petit temps que l’on ne s’était pas dégourdi les jambes, nous comptons faire un petit trek de 2 ou 3 jours.

Au premier regard, depuis le mirador principal, nous tombons sous le charme de ce magnifique lac.


Nous descendons ensuite dans le cratère situé à 3500 m d’altitude par un sentier éloigné de la grande voie touristique, pour tenter une baignade rapide…


Nous décidons, malgré l´heure tardive, de commencer le tour du lac, sur les hauteurs, la même après-midi. Selon les informations récoltées, il faudrait environ 5h pour parcourir la boucle complète. Près d’une heure après le départ, la nuit commence à tomber et nous plantons la tente juste à côté du chemin de rando, sans trop savoir si nous sommes censés pouvoir le faire. Le vent a claqué toute la nuit et une bête faisait des bruits bizarres à proximité de la tente. Autant dire que la nuit n’a pas été très reposante… Au réveil, nous découvrons que nous avons gagné un compagnon de route : un chien a passé la nuit blotti près de notre emplacement. Probablement avait-il également deviné que le lever de soleil sur le lac donnait à notre emplacement de camping une valeur inestimable.



Malgré la fatigue, nous grimpons et atteignons le point le plus haut du cratère : presque 4000 m. Nous choisissons cet endroit pour déjeûner.



En chemin, nous avons la chance de croiser des élèves de l’école Lorenzo Lieta de Pilapuchin. Il s’agit d’un village indigène. Je passe un moment à discuter avec Olmedo, le professeur. Il m’apprend notamment avec fierté que les élèves parlent Kichwa et Espagnol, et que l’école est dotée d’un ordinateur connecté à internet. Je propose d’immortaliser la rencontre et de leur envoyer les photos dès notre retour à Quito. Les enfants sont surexcités, essayent nos bâtons de randonnée et posent avec enthousiasme sur les photos.


Nous disons au revoir à la lagune et prenons la direction de Chugchilan, petit village situé à 4h de marche.


En chemin, nous passons dans un village indigène. Les gens travaillent dans les champs, une femme écosse le quinoa, les élèves jouent dans la cour…

Avant d’arriver à Chugchillan, nous devons descendre dans le fond d’un canyon très impressionnant et… tout remonter bien sûr.



Arrivés dans le village, on se rend très vite compte qu’il ne semble pas y avoir grand chose à y faire et que les campings proposés par les hôtels sont très chers. Nous décidons donc d’attendre la tombée de la nuit et de planter notre tente dans un terrain que nous avions repéré au préalable. En attendant, nous rentrons dans le seul petit commerce ouvert, saluons les locaux qui y boivent des bières et commandons des patates rissolées et des cafés. Eloïsa, la tenancière, nous sert avec grand plaisir. Il ne faut pas 2 minutes pour qu’un homme (Omar) s’approche et me dise que le café ne se boit pas comme ça à Chugchilan. Il faut y ajouter ce que les locaux appellent la « aguardiente » : un alcool élaboré à partir de jus de canne à sucre. Littéralement, cela signifie « l’eau qui brule ». Je me plie à la tradition (vous imaginez qu’il a fallu me pousser), un homme s’attable (José), Omar revient, et je paye ma tournée. A partir de là, les heures défileront autant que les verres d’alcool et les conversations n’en finiront plus. Il faut saluer l’exploit de Sarah qui restera sobre toute la soirée (mal de tête avant de commencer à boire). La soirée fût drôle, instructive, réjouissante, touchante… Comment s’imaginer cela quelques heures plus tôt ? José m’explique que les « gringos » (étrangers) ne sont habituellement pas ouverts et nous félicite de l’avoir invité à notre table. Un geste qui nous paraît normal mais qui ne l’est apparemment pas pour tous. Nous finissons la soirée tant bien que mal en apprenant quelques mots de Kichwa. Eloïsa et Secundo (son mari) nous proposent gentillement de rester dormir dans leur commerce. Ils ne dormiront pas là et nous feront entièrement confiance : la magie s’opère une nouvelle fois.



Le lendemain, nous remercions encore nos hôtes d’une nuit, prenons le petit-déjeuner avec Eloïsa et nous mettons en route vers le prochain village : Sigchos.  Aujourd´hui, le mal de tête de Sarah a disparu. Ce qui n’est pas mon cas vu l’épisode de la veille.

Nous nous enfonçons dans le canyon, traversons des villages, parlons à ses habitants… Une journée magnifique ! Nous rencontrerons même un fermier qui est en route vers notre village de destination afin d’y vendre le lendemain son taureau. Il espère en tirer 300 dollars !



Nous arrivons à Sigchos en début d’après-midi mais nous n’y resterons pas. Nous quittons les lieux pour notre prochaine escale qui risque d’être sportive. Suite au prochain numéro !

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Guayaquil – Des aurevoirs au vert de rhum

Les roues du chico Truck nous mènent au Bosque Cerro Blanco à environ 16 km de Guayaquil, ville la plus peuplée du pays (environ 2,3 millions d´habitants). Ce bosquet est l´habitat de plus de 200 oiseaux, plus de 50 mammifères (dont le jaguar), 24 espèces de chauve-souris, etc. Il est possible d’y garer le camping-car et d’y planter sa tente pour une somme dérisoire. A l’arrivée, nous constatons que nous serons seuls… Que demander de mieux pour terminer ce trip en camping-car !? Nous prenons donc nos quartiers…

Et nous partons dans les bois à la rencontre de ses habitants…



On ne peut pas dire que nous avons pu voir grand chose en terme d’animaux mais la flore révèle de magnifiques secrets à qui prend le temps de la regarder…



Et de l’écouter ! Pendant une bonne heure, nous entendrons des singes hurleurs tout proches. Malheureusement, ils semblent assez timides. Les bruits et la beauté de cette forêt tropicale sèche nous enthousiasment tous… A tel point que nous finissons par grimper dans les arbres.


Mais il est bientôt l’heure de se dire au revoir. Comble de l’horreur, c’est notre dernière nuit ensemble et nous nous rendons compte que nous n’avons pas d’alcool pour prendre un apéro ! Ni une ni deux, me voici à la tombée de la nuit en train de courir (littéralement) le long d’une autoroute. On m’avait dit que le premier magasin était à 15 minutes de taxi. Heureusement, au bout d’un bon kilomètre, j’aperçois une échoppe. La tenancière m’explique que la vente d’alcool est interdite par la loi le dimanche. Je lui conte donc ma détresse et ma quête depuis notre emplacement de camping pour trouver le Saint-Graal. Au bout d’une demi-heure, je ressors, le sourire aux lèvres et une bonne bouteille de rhum brun sous le bras. Je peux enfin revenir en vainqueur ! Pas de photos, nous étions trop pressés de déguster le cocktail !

L’alcool faisant son effet, nous pensions halluciner quand nous aperçûmes deux lampes torches s’approcher de notre table. Il s’agissait en fait de deux étudiants en biologie qui venaient nous proposer de recueillir ensemble des chauve-souris dans les filets qu’ils avaient placés durant la journée. Ainsi donc, nous passions notre fin de soirée à discuter chauve-souris dans un espagnol approximatif. Expérience sympathique. Espérons qu’une fois libérées elles aient pu retrouver leur chemin après avoir respiré notre haleine bien chargée !

Le matin venu, nous disons au revoir à Claire, Noa, Cédric et au Chicotruck, le cœur un peu serré mais heureux d’avoir pu vivre ce bout de voyage en commun. Et, justement, si nos façons de voyager sont complètement différentes, nous avons appris les uns des autres. J’en veux pour preuve l’article de la famille Tingry sur ce qu’ils ont appris des backpackers belges. OK, voici notre liste de ce qu’on a appris des « camping-caristes » :

  • Le camping-cariste ressemble à un chameau. Un réservoir de 120 litres qui se doit de ne pas être vide, sinon : plus de douches, de toilettes, de vaisselle, etc. Du coup, un de ses trucs est d’acheter un peu d’essence et de demander à la pompe « un peau d’eau ». Le sourire du camping-cariste devient, dans ce cas, proportionnel à son réservoir.
  • Contrairement aux backpackers, le camping-cariste est un animal diurne : il ne voyage que rarement la nuit.
  • Il ne faut en aucun cas laisser des toilettes à la disposition d’un camping-cariste. Vous pourriez risquer une explosion de votre fosse sceptique lors de la vidange de ce qu’il appelle sa « caisse à caca ». On comprend mieux ces nombreuses toilettes publiques devenues insalubres.
  • Un camping-cariste sent toujours bon mais n’est pas toujours propre sur lui. La lessive dépend elle aussi de son réservoir d’eau (voir point premier). De loin, il n’est donc pas toujours facile de le distinguer d’un backpackers.
  • Il existe des sous-classes à l’espèce « camping-cariste ». On distingue notamment le camping-cariste de luxe et le camping-cariste baroudeur. Claire, Noa et Cédric appartiennent à cette dernière sous-classe. Le dialogue entre espèces de sous-classes différentes est assez compliqué…
  • Le camping-cariste semble avoir de gros tocs. Avant de se mettre en route, il vérifie frénétiquement que tous les tiroirs sont bien fermés à clé. Il resserre également les vis des tous ses meubles régulièrement.
  • L’ingéniosité du camping-cariste trouve son paroxysme en cuisine. Claire nous a notamment surpris avec ses pizzas maisons ou encore son pain aux olives tous deux cuits à la poêle !!!
  • Le camping-cariste qui se respecte possède un abonnement à camping-car mag’
  • Comme les backpackers, le camping-cariste squatte sans relâche les bancs publics, l’électricité et traque le moindre wifi non sécurisé.
    Note à l’attention des backpackers : chers amis, lors de votre prochaine quête d’un WIFI gratuit, cherchez de l’œil les camping-cars. Là où ils sont stationnés, il y a de grande chance de trouver votre dessein.
  • Papa et maman camping-caristes ne disposent pas de beaucoup d’intimité. Il est donc recommandé d’héberger des amis backpackers baby-sitters pour profiter de quelques moments en amoureux…
  • Un lit est également un divan, une table, une salle de jeux…
  • En bref, un camping-cariste baroudeur est un aventurier sur roues qui voyage avec un certain degré de confort, qui change chaque jours son itinéraire et peut atteindre des lieux que d’autres voyageurs ne peuvent apercevoir. Il a le cœur sur la main (sauf quand des backpackers auto-stoppeurs rentrent avec leurs souliers dégueulasses dans leur maison… les gars, un effort svp !) et est ouvert à la rencontre malgré son autonomie évidente.

Bref, Claire, Noa et Cédric, un tout grand merci de nous avoir accueillis dans votre maison sur roues !

Juste après avoir quitté nos hôtes, nous nous remettons en route en bus public. Nous passerons la journée à visiter Guayaquil avant de prendre un bus de nuit vers Quito… Retour au bercail !








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Détentes, heures au pays des fous à pattes bleues

C’est l’histoire de deux chatons errant sur le bord de la route, qui ont croisé le regard de Claire. Bon… disons plutôt que, une fois sorti de leur sac en plastique, ils n’avaient pas bonne mine, et c’est plutôt Claire qui a croisé leurs yeux tout pâteux. Grâce à la force de persuasion de celle-ci, ils ont rejoint notre joyeuse équipe dans le Chicotruck en moins de cinq minutes. Pour le meilleur et le moins pire !

Nous mettons le cap sur Puerto Lopez, ville touristique par excellence mais qui n’en reste pas moins attrayante à bien des égards… D’abord, le Chicotruck trouve bien sa place en plein centre-ville avec un wifi non sécurisé à la clé (muahaha… c’est le cas de le dire), un super banc public qui finira presque par devenir un membre à part entière de notre « salon de rue », un supermarché de dingue avec des promos qui nous permettront de nous offrir de la mortadelle comme on en fait plus (heureusement a-t-on envie de dire) et… des supers excursions en mer ! Voui voui, on est chaud patate !!!

En avant donc… Qui dit excursions, dit, malheureusement, agences. Si l’on combine ça avec l’Equateur, ça nous donne des prix qui dépassent largement nos attentes. On souhaitait faire deux plongées franco-belges et une excursion à la Isla de la Plata, cette île que l’on appelle « les Galapagos des pauvres ». Nous, on a plutôt envie de dire que ces Galapagos sont tout à fait hors de prix… On verra ça dans une autre vie ! En attendant, retour à nos deux projets. Mettez deux anciens collègues gestionnaires de chantiers sur une plage avec 10 agences et, PAF, on se retrouve avec plus de 50 % de réduction sur les prix annoncés. Allez, c’est parti, ces deux prochains jours, on sera en mer ! Apéro pour fêter ça… Dans le Chicotruck, il y a de toute façon toujours une bonne raison pour sortir une bouteille.

Le temps est pourri, on commence donc par la plongée. La bruine et les nuages ne font pas peur aux détendeuristes (non, ce n’est pas encore dans le Larousse mais ça devrait venir). Par contre, on avait pas vu venir le courant en surface qui fera vomir une partie de l’équipage et, le courant sous-marin qui n’améliorera rien ! La visibilité n’était pas au top, les fonds-marins sympas sans plus MAIS on a plongé ensemble, on a bien pris notre pied et ce n’est pas ces quelques désagréments qui nous empêcheront de garder un bon souvenir de la journée. On s’excuse auprès des prochains plongeurs si les détendeurs ont conservé un certain gout âcre !

Lendemain, rebelote mais avec Noa et Claire en plus sur le bateau qui sont un peu inquiets suite à nos déboires de la veille. Cap sur la Isla de la Plata ! En chemin nous croisons d’impressionnants chalutiers dont les mâts se transforment en auberge pour les oiseaux.


Mais nous ne croisons pas que cela. Malgré que ce ne soit pas la saison, nous avons l’immense chance de croiser pendant 10 bonnes minutes de belles baleines à bosse !

Le spectacle ne s’arrête pas là. Arrivés à terre, nous nous enfonçons sur l’île pour une petite balade de quelques heures afin de faire connaissance avec la faune et la flore locales. Et nous n’en sortons pas déçus. La star de l’île est bien évidemment le fou à pattes bleues. D’après notre guide, ce serait son alimentation (les sardines) qui serait à l’origine de la couleur de ses belles jambes… Ceux à pattes rouges mangeraient du calmar. On a toujours pas très bien compris le rapprochement mais cela semble être un fait avéré !



Nous croisons aussi des frégates, qui, malheureusement, ne sont pas en période de reproduction et ne gonflent pas leur fameux gosier rouge qui leur sert à amadouer les femelles.


Le spectacle est de toute façon magique, les paysages sont absolument inoubliables. Un bon moment passé entre potes!


On terminera la journée en explorant la faune sous-marine: tortues sous-marines en surface et petite sortie snorkeling.

Le lendemain, nous quittons la mer et rejoignons la communauté d’Agua Blanca.

Il s’agit d’un petit projet d’écotourisme géré de manière locale. On y fera une petite balade durant laquelle nous observerons les oiseaux, une chouette, des reptiles, des écureuils et j’en passe.



On finira la balade par un bain de boue et un rinçage dans une eau sulfurée…



La fin de notre séjour dans la communauté signera aussi notre séparation avec les chatons « A » et « B »… Sauvés d’une mort certaine, on leur a redonné des forces, on leur a laissé des provisions pour plusieurs jours, et construit un petit abri à proximité d’un point d’eau et d’un village. Bonne chance!

Histoire de nous remettre de cette rupture, on décide d’aller faire les surfeurs à la plage.


Cédric s’était vanté de ses talents de surfeur et nous décidons de vérifier ses dires. En l’observant, il semble effectivement qu’il n’ait pas menti ! Quant à nous, après s’être engouffrés dans les rouleaux par deux fois, nous avons finalement laissé tomber ce sport vraiment trop simple… (hum hum)

Après tant de jours passés dans le même coin, le Chico Truck commence à avoir les roues qui démangent. Nous prenons donc la décisions de faire un bond vers l’avant et passer une dernière journée ensemble avant de se quitter.

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Kuelap – La citadelle du peuple des nuages

Nous voici donc à Chachapoyas, une petite ville sympathique qui nous permettra de faire notre dernier détour par un parc archéologique renommé.

Pour la petite histoire, Chachapoyas a été le lieu où la civilisation du même nom prospéra du VIème siècle après J-C jusqu’à l’arrivée des Incas au XVème siècle. Ce peuple semblait assez indépendant des autres civilisations contemporaines et était surtout connu pour son habilité à faire la guerre. Suite à la visite du petit musée de Chachapoyas, nous sommes en tout cas convaincus que la poterie n’a pas été leur fort. Aucune comparaison n’est possible avec la finesse de l’art Moche par exemple. Par contre, leur technique de momification semble très au point !

L’on sait très peu de chose sur ce «peuple des nuages», mais nous nous rendons en tout cas compte que les alentours de Chachapoyas méritent à eux seuls plusieurs semaines d’exploration : de nombreux trésors archéologiques peu visités s’y cachent. Au vu de notre état de fatigue et de notre envie d’arriver en Équateur dès que possible, nous optons pour une excursion d’une journée à Kuélap.

Il nous était difficile de quitter le pays sans faire un saut là-bas. Il s’agit effectivement du site pré-inca le plus important du pays. La citadelle semble impressionnante : 600 mètres de long par 110 m de large. Certains osent même la comparer au Macchu Pichu ! Petit plus, la difficulté pour y accéder le préserve d’un flot de touristes trop important.

Arrivés sur place, on tombe nez-à-nez avec le mur d’enceinte, haut d’environ 20 m et construit avec la pierre de la région. On s’interroge sur la méthode suivie pour amener autant de blocs de cette taille à une telle altitude (3000 m). On note également que, à l’inverse des Incas, les Chachapoyas utilisaient de l’adobe pour combler les interstices entre les différents éléments du mur.

En empruntant une des 3 portes d’entrée, nous arrivons au cœur de l’ancienne cité. Les restes d’environ 400 habitations s’étalent sous nos yeux ébahis. Les Chachapoyas les construisaient de manière cylindrique et l’on suppose que les toits étaient construits en chaume. Le spectacle de ces maisons hors du commun qui tentent de respirer dans la végétation qui les envahit, ainsi que le spectacle des vallées en contrebas, est tout simplement époustouflant.



Des décorations en forme de serpents et d’yeux de félin apparaissent sur certaines maisons. Les Chachapoyas semblaient avoir de temps en temps le souci du détail et de l’esthétique.


Certains édifices plus imposants que les autres devaient avoir des rôles particuliers. On y a d’ailleurs découvert des squelettes d’animaux décapités qui indiquent que des rites y étaient pratiqués. Au vu des bâtisses, les Chachapoyas étaient des architectes assez intéressants !



Autre détail troublant : dans de nombreuses maisons, des cavités ont été creusées en leur centre… Des momies y ont été retrouvées. Les habitants vivaient-ils avec, sous leurs pieds, leurs ancêtres ou les occupants précédents ?

Nous quittons les lieux en décidant que nous redescendrons dans la vallée à pied. 2h30 plus tard, nous avions dévalé environ 1600 m et étions prêts à rejoindre Chachapoyas pour l’une de nos dernières nuits au Pérou !

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Lima – Des pots dans le brouillard

Cela va bientôt faire un mois que nous sommes au Pérou. Et à bien regarder la carte du pays, nous ne sommes environ qu’à la moitié du trajet vers l’Equateur. Nous nous rendons compte des immenses richesses et possibilités touristiques du Pérou. Il va falloir que l’on se fasse à l’idée que nous ne pourrons pas tout faire. Nous décidons de donner un coup d’accélérateur et de prendre un bus de nuit pour l’inévitable Lima, la capitale du pays. Nous allons, après de nombreuses semaines, nous retrouver au niveau de la mer !

Lima… Ville de 10 millions d’habitants, presque autant que notre petite Belgique, 1/3 de la population péruvienne : cela en fait la 5ème plus grosse ville d’Amérique du Sud ! On nous met évidemment en garde concernant la sécurité dans la capitale. On commence à être habitués aux avertissements de ce genre. Les guides de voyage en regorgent et donnent du Pérou l’image d’un vieux Western où chacun risque sa vie au moindre carrefour. D’après nous, c’est vraiment exagéré et nous pensons que les guides touristiques présentant les pays européens pourraient être mis à jour d’une façon similaire l’année prochaine. Vous, les amis qui êtes à la maison, vous risquez autant votre vie que nous 🙂

Nous sommes accueillis à Lima par le bienveillant ‘garua’, cette bruine qui vient de la mer et semble couvrir toute la ville d’un voile blanc. Déprimant pour certains, il n’est en tout cas pas très photogénique. Il faudra faire avec ! Nous marchons notre première demi-heure à travers différents quartiers jusqu’à atteindre une belle et grande auberge juste en face de la basilique de Saint-François. Pour 40 soles la chambre dans la capitale (11 €), on doit dire qu’on a une vue plutôt sympa !

Cette basilique du XVIIème et son monastère seront d’ailleurs notre première visite. Une superbe découverte qui marquera nos mémoires. Nous retiendrons : son extraordinaire plafond en bois de cèdre sculpté, sa bibliothèque au charme fou avec ses deux escaliers en colimaçon et ses 25.000 ouvrages, et ses catacombes qui débordent encore aujourd’hui des ossements des 70.000 âmes qui y furent enterrées. Sans oublier les nombreux tableaux, notamment celui du Jésuite Diego de la Puente qui a représenté le denier repas à la mode péruvienne. La table est ronde ; une grande animation règne autour des convives ; et il y a du cuy sur la table (vous savez, ce cochon d’Inde qu’on a mangé au retour du trek de l’Ausangate).
Malheureusement, les photos n’étaient pas autorisées ! Mais bon… je vous en ai quand même déniché une :

Crédit photo : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lima-biblioteca-san-franc.jpg

Histoire de se remettre des catacombes, on part à la découverte des rues du centre…

On ne tombe pas vraiment sous le charme. On flâne ; on goûte les churros les plus connus de la ville (après avoir fait la file durant vingt minutes devant l’échoppe bondée) ; on va à la rencontre du (petit) quartier chinois… On essaye aussi d’être à l’heure au rendez-vous quotidien que fixe la Plaza de Armas avec les touristes : la relève de la garde. On reviendra d’ailleurs au même endroit de nuit pour prendre l’apéro sur un banc public et admirer l’éclairage des bâtiments inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.

Une des grandes richesses de Lima réside dans ses musées. Et notamment dans le musée Larco, de classe mondiale. Nous y avons passé toute une après-midi ! Il met en lumière le fait que les Incas ne sont qu’une partie des civilisations précolombiennes. Il en a existé de nombreuses, toutes plus intéressantes les unes que les autres. En gros, il faut savoir que le Pérou est considéré comme l’un des six berceaux de la civilisation, outre le Mexique, la Mésopotamie, la Chine, l’Egypte et l’Irak. La convergence de deux courants marins a doté le Nord du Pérou d’une mer très fertile propice à l’apparition des premières villes.

Comme le musée m’a passionné, j’essaye de vous faire partager ce que j’y ai appris…

Des céramiques datant de 2000 ans avant J-C, retrouvées dans des tombes, ont donné aux archéologues de nombreuses informations sur les civilisations. Ainsi, on sait que les premières cultures percevaient le monde en 3 étages et associaient à chacun d’entre eux des Dieux sous la forme d’animaux : le ciel et ses oiseaux, la terre et ses félins et le monde sous-terrain souvent lié aux serpents. Parfois, des animaux hybrides sont représentés (félins ailés, oiseaux avec des crocs…), symbolisant l’union des différents mondes.

On parvient à distinguer deux grands courants de céramique. Au Nord, les céramiques sont surtout mono ou bi-chromes et possèdent une anse en forme d’étrier.

Salinar, le rouge vient de la cuisson et le blanc est peint ensuite. On voit de gauche à droite, un félin, un serpent et un hibou.

Au sud, au contraire, les artisans utilisaient de nombreuses couleurs et l’utilisation d’une anse pont était assez généralisée.

Paracas Caverna, représentation d’un félin.

A partir du 1er siècle après J-C, on rentre dans l’époque dite d’apogée. Au Nord du Pérou, la culture Moche va produire ses plus belles céramiques qui détaillent avec précision son mode de vie et ses croyances. Les Dieux qui y sont représentés sont directement dérivés de croyances antérieures. Ainsi, il s’agit souvent d’êtres hybrides (parfois anthropomorphes) reprenant des éléments des trois mondes. Nous nous intéresserons d’un peu plus près à cette culture, plus tard dans notre voyage au Pérou. Voici déjà un exemple de poterie Moche :

Cette civilisation pratiquait aussi les sacrifices humains. Des combats de guerriers étaient organisés et le vainqueur était offert aux Dieux. Voici une représentation métaphorique de l’issue du combat : un félin (le Dieu, le vainqueur) domine un être humain (le vaincu).

Les Moches sont aussi connus pour avoir produit des sculptures érotiques, voir carrément pornographiques. Allez, c’est vraiment parce que je sais que vous allez le demander si je n’en mets pas :

A partir de l’an 800 environ, pour différentes raisons, les cultures commencent à fusionner et l’on observe des caractéristiques des poteries du Sud dans les poteries du Nord et inversement. Dans tous les cas, les croyances restent plus ou moins similaires et les Dieux sont toujours les êtres hybrides déjà décrits.

Huari du Nord, divinité type « félin » avec des ailes d’oiseaux et une ceinture de serpents

Vers 1300, on rentre dans l’époque impériale durant laquelle deux grandes civilisations prospèrent et prennent le dessus sur les autres. Au Nord, il s’agit des Chimus et, au Sud, des fameux Incas. Les poteries représentent de plus en plus des hommes de pouvoir plutôt que des divinités en tant que telles et la production commence à se faire en série.
Avec l’arrivée des Espagnols en 1532, l’art est complètement bouleversé. Une poterie m’a personnellement retourné. Vous vous souvenez que le félin est un Dieu et qu’il domine évidemment l’Homme. Au delà des sacrifices humains dont nous avons parlé, l’Homme chasse parfois le daim afin de l’offrir aux Dieux. Il y a donc des représentations d’hommes chargeant ces daims sur leur dos dans ce but. Voici un détail d’une poterie produite pendant l’ère espagnole :

Le félin est chargé sur le dos d’un homme, étant relayé de la sorte au rang du daim!!! Impensable et complètement à l’encontre des cultures indigènes… L’Homme semble être passé au-dessus de ses propres Dieux. Quel dégât que la découverte de l’Amérique par les colons.

On se remonte le moral en constatant que Hergé, lui, s’est inspiré de la culture pré-hispanique profonde pour « L’Oreille Cassée ».

Nous finissons par quitter le musée lorsqu’il faisait déjà noir dehors.

Le lendemain, pour notre dernière journée, nous partons à la découverte des quartiers chics de Lima. Franchement, on n’a pas été sublimés et on ne se sentait pas à notre place. Le capitalisme en plein… Bref, intéressant à voir, mais on n’a pas aimé.

En plus, pour une fois qu’on fréquente un quartier plus huppé que d’habitude, on a été victimes d’une arnaque. Un taxi, avec une « cliente » à l’arrière, s’est arrêté pour nous demander du change. Cinq minutes plus tard, on était délestés de 60 Soles, en échange de 3 faux billets de 20 Soles… On sait pourquoi on fréquente les quartiers plus populaires, plus sûrs. Ca nous apprendra !

Bon… Ne noircissons pas tout, nous sommes tombés dans un parc face à un espèce de petit amphithéâtre où les gens prennent leur guitare et font partager leur talent. Chouette ambiance !

Nous étions tout de même assez soulagés de retrouver « nos » quartiers, « notre » bouffe de rue et « notre » bus troisième classe, plein à craquer, direction Caraz. Objectif : se reprendre une bouffée de montagnes dans la cordillère blanche.

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Machu Picchu – Une montagne en effervescence

Dépités et honteux. C’est exactement les adjectifs qui qualifient notre petit groupe belgo-autrichien en ce moment. Christina essaye tant bien que mal de motiver Thomas à décoller ses fesses du balcon de l’auberge… Rien n’y fait. La discussion tourne autour de l’organisation de la visite du Machu Picchu, ce site hautement emblématique du pays qui n’est plus à présenter.

Après de nombreuses discussions avec les backpackers, il semble que notre cas ne soit pas unique. Effectivement, de leurs foyers, toutes les familles des voyageurs, qu’elles soient européennes, japonaises, russes ou ouzbeks se donnent la main dans nos rêves et, unissent leurs voix pour nous demander en chœur : « Alors, quand est-ce que vous allez au Machu Picchu ? ».
Nous sommes donc dépités parce que nous n’avons pas une grande envie de nous lancer dans la folie du Machu Picchu. De ce dépit découle notre honte. « Mais vous n’imaginez pas la chance que vous avez d’être là ? Comment pouvez-vous être dépités ? »… Bref, ce sentiment que nous partageons entièrement avec nos amis autrichiens, nous le déversons sur cette petite coursive en bois dans l’espoir qu’une petite voix nous souffle une solution.

Pourquoi nous n’avons pas envie d’aller au Machu Picchu me direz-vous ? Voici une petite liste non-exhaustive des raisons :

  • Le prix de l’accès au site : 40 € par personne pour une journée soit l’équivalent de presque 3 jours de notre budget ; le ticket le plus coûteux que l’on ait vu durant tout notre voyage. On peut se payer un ticket pour le Taj Mahal et pour 3 jours à Angkor Wat à ce prix là : les deux sites les plus emblématiques d’Inde et d’Asie.
  • Le prix du transport : si on le fait en mode « classique », il faut compter, par personne, environ 150 € pour le train aller/retour (monopole d’une compagnie privée) + 30 € de bus. Tout ça pour une journée de visite.
  • L’énergie à déployer pour l’organisation du transport « pas cher » : on doit se taper une journée entière de bus, de taxis et deux heures de marche pour accéder au pied du Machu Picchu. Il en coutera moins de 10 € par personne ce qui est déjà plus raisonnable que la solution précédente.
  • Le stress lié à l’achat du ticket : les gens s’y prennent plusieurs mois à l’avance pour être certains d’avoir un ticket d’entrée et de pouvoir grimper sur le Wayna Picchu, la montagne adjacente au site. De plus, il faut acheter le Saint-Graal en indiquant la date exacte de notre arrivée sur site…
  • Le stress lié à l’accès au site : les gens se lèvent avant l’ouverture des portes (vers 4h30 du matin) et se ruent en jouant des coudes pendant une ascension de 45 minutes pour être les premiers sur le site et ne pas avoir de touristes sur leurs photos. Marche, crève ou paie ton bus !
  • Les abords du Machu Picchu : la ville d’Agua Calientes est moche, les immondices sont difficiles à évacuer au vu de l’afflux des touristes, tout est très cher et on craint les vols en permanence.
  • Les restrictions sur le site : on n’apporte ni à manger ni à boire; achetez et consommez sur place, bande de moutons ! Les bâtons de marche ? Seulement pour les vieux, les femmes enceintes et les cul-de-jattes. Et il paraît qu’on ne peut même pas taguer nos noms sur les pierres centenaires. Honteux on vous dit.
  • Le peu que l’on connaisse du Machu Picchu : en réalité, les archéologues ne connaissent pas grand-chose du site. Tout n’est que suppositions. Nous allons donc visiter un « truc ».

Finalement, nous prenons notre courage à 8 mains et décidons d’aller voir ce foutu Machu Picchu ! Au moins on partage tous le même sentiment et on finira probablement par en rire.

On prend les transports locaux, on marche le long de la voie ferrée, on fait coucou à ceux qui payent le train… Bref, on commence à s’amuser et à sortir de nos pensées noires 🙂

On plante notre tente dans le camping municipal juste à côté de l’entrée au Machu Picchu. Ainsi, on pourra nous aussi jouer des coudes et des cornes quand l’arène sera ouverte. Levés à 4h30, une centaine de badauds nous ont déjà devancés… C’est ballot ! On ne se décourage pas pour autant, on sourit à nos semblables qui doivent probablement être passés par les mêmes phases de doutes que nous. « Mais pourquoi faisons-nous ça ? » Et là, on passe enfin le premier contrôle, on accélère le pas, certains courent. Après les premières marches, d’autres sont déjà accoudés aux arbres… Ça respire fort, ça transpire, ça gerbe un peu, ça monte, ça escalade et… ça ne parle presque pas pendant 45 minutes. Allez les gars, on y est presque. « Mais… pourquoi ??? » Et, enfin, nous y voilà !!! Nos corps et nos âmes découvrent la délivrance face à ce spectacle :

Bon… On dirait bien qu’on a couru comme des cons pour rien, il y a du brouillard et il va falloir attendre que ça se lève avec les fans des selfie-sticks (les bus sont arrivés entre temps).

On en profite pour étudier un peu notre chemin avant de se perdre dans les nuages. On fait des photos histoire de passer le temps.

Finalement, on « s’écarte » du sentier touristique pour aller voir un pont inca…

Le temps de revenir sur le site principal, le brouillard a disparu ! Wouhou, voilà enfin le Machu Picchu. Aller, on avoue, ça a quand même de la gueule et on est content d’être là.

Puisqu’on aime se faire mal, on a décidé de grimper le Mont Picchu, une des montagnes qui jouxte le site. Une heure et demi de montée plus tard, on profitait, à 3061 m, de la belle vue sur le site inca.

A midi, on se cache pour manger les sandwichs et fruits qu’on a introduits de manière illicite sur le site. Un gardien nous voit. On voit le gardien… On se sourit, il nous laisse dans notre délit. Allez, de nouveau, le Machu Picchu ce n’est pas si foireux que ça.

On passera l’après-midi à déambuler dans la partie principale du site. C’est joli joli mais, comme dit dans l’intro, on a pas grand chose à raconter… Le site daterait environ du XVème siècle, on n’est pas vraiment certain de son usage précis mais il contient bon nombre de terrasses et d’habitations qui permettaient à toute une communauté de travailler et de vivre ensemble. Le Machu Picchu aurait été abandonné après la prise de Cuzco par les Espagnols, et les Incas se seraient retranchés à Choquequirao, un site encore plus reculé que le Machu Picchu (voir la prochaine brève).

Certaines pierres sont magnifiquement sculptées et les constructions s’intègrent parfaitement dans le décor naturel. Une harmonie vraiment séduisante…

On vous épargne toutes les photos qui se passent de commentaires et que vous pouvez regarder à votre aise dans l’album !

Finalement, l’heure de la séparation avec Christina et Thomas approche. On se bisoute et on se promet de se revoir en Europe. Pour nous, la fin de la journée sonne comme un dernier retour à la partie stressante du Machu Picchu. Il nous reste à redescendre tout le chemin du matin, replier la tente (et espérer que l’on ne se soit rien fait voler) et marcher de nouveau deux heures le long des voies de chemin de fer… On terminera à la frontale au milieu de la jungle , accompagnés de 8 Péruviens qui effrayent toutes les créatures vivantes avec la musique qui s’échappe de leurs portables.

Notre expérience contraste avec celle des touristes qui font la file durant 30 minutes pour payer un bus à 15 $ qui leur fera économiser 30 minutes de descente à pied… (soit, un jeu nul – nous arriverons au même moment à la sortie du site).

Au Machu Picchu, tous les types de voyageurs se rencontrent. Et finalement, c’est peut-être cela aussi l’intérêt du site!

 

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