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Un cas, ou plutôt trois, à Samaipata

Nous avons assisté au lever du soleil lors de notre première arrivée à Santa Cruz, au pied de l’avion. Notre deuxième entrée dans la ville s’est faite dans le noir complet, à… 19h. Le soleil se couche tôt, sous nos latitudes !
Nous avons trouvé, à tâtons, une chambre dans une Alojamiento en face de la station de bus, et sommes tombés endormis presque aussitôt. Heureusement, car nous ignorions que nos heures de sommeil étaient comptées. A 7h du matin, nous avons été tirés du lit par un flic qui tambourinait à notre porte : « Passeports, SVP ». Après un contrôle d’identité fructueux, la pluie qui fouettait notre unique fenêtre a fini de nous réveiller. Nous étions fin prêts pour rejoindre l’autre côté de la ville, en traversant les rues inondées, pour prendre un bus en direction de Samaipata à l’ouest de Santa Cruz.

C’est à nouveau le petit carré sur sa pointe, encerclé, qui nous a attiré dans ces contrées. A croire que nous faisons le tour des sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO ! La forteresse Inca de Samaipata se déploie sur le sommet d’une montagne, qui a été occupée pendant des siècles par des civilisations différentes. Le résultat, en ruine, laisse songeur.



Le musée archéologique lié au temple est tout aussi énigmatique pour nous, avec ses légendes en Espagnol et son conservateur qui n’a pas honte de répondre « no sé » à nos questions. Notre Espagnol s’améliore cependant tout doucement, grâce à la patience et la gentillesse des Boliviens qui mettent tout en œuvre pour que l’on puisse communiquer.

Nous avons trouvé dans la ville une superbe « maison » pour deux jours : un camping avec cuisine mise à notre disposition ! C’est la fête dans nos assiettes, même si la digestion reste difficile.

Malgré les maux de ventre récurrents, nous avons pris la route d’ « El Refugio », un centre qui accueille les animaux égarés des environs. Nous sommes arrivés sur place à la fin du jour et avons pu assister les bénévoles (flamands!) qui nourrissaient les pensionnaires. Un superbe moment de complicité avec nos compatriotes, et les bestioles qu’ils ont adoptées.



Le retour à Samaipata était par contre moins folklorique : nous devions suivre un chemin de terre, parfois entrecoupé par des ruisseaux ou de la gadoue, le tout dans le noir complet. Nous devinions les silhouettes des Boliviens qui, d’aucuns à la lumière de leur gsm, nous devançaient sur la route.

De retour dans le centre, nous avons dégusté un dernier souper « à la maison », avant d’embarquer à bord de notre premier bus de nuit, direction : Sucre !

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Des petites missions dans la prairie

Contre toute attente, nous voici donc en Amérique du Sud. La Bolivie nous tend les bras ! Du moins, plus à certaines qu’à d’autres. Sarah a en effet eu affaire à un douanier qui, sous le charme de ses grands yeux bleus-verts-gris, lui a délivré un visa de 90 jours dans le pays. Ma coupe de cheveux n’a pas fait le même effet : je n’ai qu’une autorisation de 30 jours et l’obligation de me présenter dans une administration plus tard pour prolonger ce délai… Bref, bienvenue en Bolivie !

A peine arrivés à Santa Cruz, nous décidons de faire une rapide balade dans le centre ville et de nous mettre tout de suite en route pour la première partie de notre voyage. Nous avions en effet planifié (dans l’avion…) de nous lancer dans une aventure qui devrait nous mener dans l’Est de la Bolivie au travers des anciennes missions jésuites. Pour ceux qui n’ont pas vu le film de 1986 « La Mission » avec Robert de Niro, il faut savoir que cette partie du pays a été évangélisée par les Jésuites. Les missions ont rapidement prospéré et des tensions entre l’Espagne et le Portugal ont éclaté assez rapidement. Les Portugais tenaient d’une main de fer leur colonie brésilienne et pratiquaient l’esclavagisme sans vergogne. Les Espagnols, eux, semblaient plus « catholiques » dans leur façon de diriger la Bolivie et ne s’immisçaient pas dans la politique portugaise. Les Jésuites installés à la frontière de ces deux colonies commençaient à faire de l’ombre aux affaires portugaises. Le tout combiné entraîna la région dans un bain de sang général dont les indigènes souffrirent beaucoup (c’est le moins que l’on puisse dire). Aujourd’hui, la région a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO et nous sommes sur le point de nous y immerger.

Bref, notre tour commence par la mission de San José. Nous sommes tout de suite estomaqués par la beauté du site.

Et, cette beauté ne s’arrête pas au bâtiment en lui-même. Nous sommes immédiatement présentés au Père de la mission (« El Padre ») qui nous propose sans hésiter de planter notre tente dans l’enceinte de celle-ci avec accès complet aux sanitaires (toilettes, douche…). On ne peut rêver mieux comme accueil et introduction à notre circuit.

Notre premier souper bolivien est très bon mais nous laisse un peu perplexes. Il s’agit de poulet accompagné de riz… de frites… et de spaghettis ! Le tout servi copieusement pour l’équivalent de 1,5 €. Nous ne manquerons donc pas de féculents… Les légumes sont par contre absents de l’assiette.

Nous apprendrons également ce soir là que les Boliviennes ne semblent pas attacher d’importance à la longueur de leur jupe ni à leur décolleté lorsqu’elles fréquentent les églises. Personne d’ailleurs ne semble s’en offusquer, nous décidons donc d’en faire de-même (de ne pas nous offusquer… je vous rassure, je ne porte pas encore de soutien-gorge).

Le lendemain, nous sautons dans un bus à destination de la prochaine mission. Nous sautons apparemment tellement bien qu’un des amortisseurs ne tient pas le coup et nous sommes obligés de déplacer tous les passagers du côté gauche du bus histoire d’arriver entiers à destination. Pari réussi, nous atteignons San Rafaël sans trop d’encombres. Nous y sommes charmés par la vie rurale. Rien ne semble avoir changé depuis des siècles : les cow-boys « garent » leurs chevaux pour aller faire leurs courses et les dames âgées ont la même garde-robe depuis leurs 20 ans.


C’est là que nous rencontrons nos premiers problèmes de transport. Plus aucun bus ne part du village à partir de 11h00. Nous tentons donc l’auto-stop et voici ce qui s’étend devant nous :

La route est aussi fréquentée que…….. En fait non, il n’y a aucun comparatif belge qui puisse permettre de prendre la mesure de ce taux de fréquentation si bas (je viens pourtant de passer 10 bonnes minutes à y réfléchir). Bref, nous n’avions aucune chance de trouver un lift. C’était évidemment sans compter sur notre bonne étoile qui nous permit de nous retrouver dans un camion en moins d’une demi-heure.

Nous voici à la mission de Santa Ana, le village le plus éloigné que nous aurons l’occasion d’atteindre. Et c’est peu dire ! Pour souper, nous devons aller trouver la « Senora de la pension » directement chez elle. Elle nous accueillit d’un « Qué passa ??? » bien rugueux qui nous fit craindre le pire mais nous nous trompions : elle nous amena à son restaurant, l’ouvrit spécialement pour nous et prit soin de nous pendant une bonne partie de la soirée, le tout arrosé de musique latino bien plaisante.

De nouveau, nous sommes accueillis par les gens de l’Eglise comme il se doit. Une partie du jardin nous est allouée et c’est bien installés que nous passons la nuit dans notre tente.

Nous décidons de prendre part à la messe du dimanche matin. L’église nous semble immense pour ce si petit village mais nous assistons peu à peu à l’arrivée des habitants qui rejoignent doucement les lieux (c’est à dire à pied). Certains amènent des instruments de musique, notamment des violons.

Les indigènes de l’époque auraient été charmés par les mélodies et instruments apportés par les missionnaires, ce qui a permis un dialogue plus aisé (et une conversion plus simple, il faut le dire). Cette tradition est encore bien ancrée ici ! La messe est magnifique et les paroles du Père sont régulièrement suivies d’interludes musicaux.

Pour bien se remettre de ce moment magique, on décide d’aller déjeûner et, grâce aux indications des habitants, on trouve un petit endroit qui ressemble à un restaurant. Au menu, « Pansa de Vaca ». Ne parlant pas espagnol, Sarah pense qu’il s’agit de champignons tandis que je pense plutôt à du pain, Camille ne se prononçant pas. Nous en commandons trois plats.Il ne faut pas une seconde pour réaliser qu’il s’agit d’un aliment d’origine animale. Les filles ne veulent plus y toucher tandis que je fais passer le tout avec un peu de ketchup. Nous apprendrons plus tard qu’il s’agissait d’estomac de vache.

Santa Ana c’est aussi le lieu où nous avons rencontré Luis, gardien de l’église. Fier de son patrimoine culturel, il nous montra l’orgue de l’église et entonna une chanson en Chiquitan (dialecte local). Il la reprit ensuite avec quelques notes d’orgue. Absolument magique.

Pour notre dernier repas, nous trouvons, non sans peine, un restaurant qui se trouve en fait dans la cour privée d’une habitation.

Il est temps pour nous de quitter Santa Ana. Nous sommes à nouveau confrontés au problème des transports. Nous finirons exactement à la même intersection que précédemment en fin de journée. God is with us ! Un camion nous prend en charge assez rapidement. Les chauffeurs de camion roulent parfois très vite et celui-ci, bien que très sympathique, avait son cendrier rempli d’une poudre blanche qu’il frottait juste en-dessous de son nez régulièrement. Sans parler de la panne au milieu de nulle part… Finalement, un bout de sac plastique suffit à réparer le camion et nous arrivons sains et saufs à la mission de San Miguel.

Nous débarquons juste avant la messe et le Père, complètement excentrique, nous accueille avec des rires et sourires en nous indiquant que nous pouvons utiliser une pièce de la mission plutôt que de planter notre tente. L’accueil de ce Père est l’image même de ce que nous retiendrons de notre tour des missions : un accueil incroyable des Boliviens, qui, malgré le peu de mots espagnols que nous connaissons, dégagent une chaleur humaine bien réelle. Avec le temps, on passe officiellement de « no hablo espanol » à « hablo un poco espanol ».

Nous apprenons qu’il existe un atelier où les artisans travaillent du bois, notamment les colonnes que l’on peut voir dans toutes les missions ainsi que toutes sortes de sculptures religieuses. Nous n’hésitons pas et passons une bonne heure sur place.

La suite du voyage sera à nouveau tourmentée par les horaires de bus. Nous n’avons d’autre choix que d’embarquer à la tombée de la nuit pour atteindre Concepcion.

Nous arrivons donc sur la place centrale passé minuit, nous obligeant à réveiller toute une partie du village afin de trouver un logement. Finalement, tout se passera très bien comme d’habitude. Une auberge simple nous permettra de nous reposer et de visiter le petit village le lendemain matin.

Ici, il nous faut payer l’entrée d’un musée pour pouvoir accéder à l’église… Ce qui est assez discutable selon nous et nous n’avons pas manqué d’exprimer notre mécontentement.. Il en sera de même à San Javier que nous visiterons également de manière assez rapide, les missions précédentes étant bien plus accueillantes !


Ce dernier jour marque notre retour à Santa Cruz que nous avions quitté quatre jours plus tôt, synonyme d’une nouvelle aventure bolivienne !

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Escale à Madrid !

Les tickets d’avion que nous avons réservés il y a une semaine à peine prévoient d’atteindre la Bolivie en faisant une escale à Madrid. L’escale est longue, très longue : plus d’une demi-journée ! Jouissant de notre liberté de circulation européenne (nous avions presque oublié qu’il était possible de pénétrer sur un territoire sans visa), nous avons décidé de quitter l’aéroport pour nous aventurer dans le centre ville de Madrid. Objectif : manger une paella arrosée de sangria (nous faisons dans les clichés).

Nous avons un peu galéré avant de trouver notre bonheur. Les Espagnols ne parlent pas anglais du tout, et, pour la première fois du voyage, nous sommes de véritables handicapés de la communication. Nous avons finalement déniché une terrasse ombragée, où déguster le riz du jour et la boisson nationale. Pari réussi !

Pour digérer (ou pas), nous avons enchaîné avec une visite expresse du centre ville : la plaza Mayor, la Catedral Nuestra Sra De La Almunden, le Palacio Real, le Templo de Debod, la Plaza de Espana, et le Parque Del Retiro. Conclusion : « Ça a l’air cool, la vie en Espagne » !


Malgré cette apparence de « il fait bon vivre, ici », nous avons retrouvé à Madrid les mêmes questions fondamentales que celles qui nous animent à Bruxelles. Au détour d’une ruelle, nous avons découvert le bâtiment d’une association militant pour l’accès à la justice pour tous. Les avocats, incapables de défendre décemment et efficacement leurs clients, ont raccroché leur toge, sur la façade. La preuve que le combat à mener pour le respect des droits fondamentaux est transnational. La preuve aussi qu’il y a encore du boulot dans ce domaine et que nous aurons du pain sur la planche à notre retour !

A 22h, nous étions de retour, épuisés, dans le terminal international de l’aéroport de Madrid. Demain, nous nous réveillerons sur un autre continent. Pour la première fois, nous mettrons les pieds en Amérique du Sud !

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Home is where your heart is

Le 20 mai, à 7h00 du mat’, nous avons reposé les pieds sur le sol européen, à Frankfurt. A nos compagnons de vol qui nous interrogeaient sur notre moyen de transport vers la Belgique, nous répondions, un sourire au lèvre… en stop ! Nous ne voulions pas de correspondance à l’aéroport, pas de train ni de bus, mais des voitures privées et des échanges, pour le dernier tronçon de la première partie de notre voyage.

Le hic avec le stop, c’est que vos chauffeurs ne vous mènent pas toujours où vous l’espériez. Pour relier Frankfurt à Charleroi, nous sommes passés par Metz et le Luxembourg. Un sacré détour qui nous a permis de croiser la route d’un réfugié syrien, de deux artistes de la cinquantaine, de plusieurs voyageurs ayant eux-mêmes parcouru le monde, et d’une retraitée dont le fils avait quitté son boulot pour partir à la conquête de l’Amérique du Sud. Elle se remémorait, avec émotion, sa soirée de départ, alors que notre soirée de retrouvailles approchait.

Je ne saurais décrire notre excitation lors des derniers kilomètres, parcourus à pied dans ma ville natale. Arrivés devant la maison, nous avons réalisé que notre excitation était largement partagée. Ils étaient cachés derrière à la porte, et ont immortalisé nos sourires à l’arrivée.

Notre passage éclair en Belgique a permis à Julien de récupérer quelques photos du Sikkim (attaquées par un virus), en sacrifiant de nombreuses heures de sommeil. Nous ne sommes pas peu fiers de les partager avec vous sur notre page « Photos » !

Après 2 semaines à un rythme belge effréné, nous reprenons des vacances. Cette fois, nous partons vers l’ouest. Avec une surprise : nous emmenons Camille dans nos bagages !

Nous lui faisons une parfaite démonstration de notre « organisation désorganisée » dès le premier jour en manquant de louper notre avion. Nous rejoindrons finalement l’aéroport de Zaventem en… stop, les bus nous ayant lâchés en route. A l’heure d’enregistrer nos sacs à dos, nous réalisons que notre pause belge est déjà derrière nous. C’est reparti pour de nouvelles aventures !

New Delhi – new depart

La réputation de New Delhi ne fait pas rêver les routards. De grands panneaux mettent les touristes en garde contre les arnaques en tout genre, à commencer par les nombreux « offices du tourisme » bidons, qui ne sont que des agences de voyage déguisées.

Nous étions un peu dépités par les informations que nous avons reçues dans l’une d’elles : toutes les attractions touristiques sont fermées le lundi (seul jour entier dont nous disposions à Delhi). L’agent de l’«office du tourisme» nous conseillait par conséquent de réserver une visite en bus de Delhi le mardi, en mode marathon, pour un prix exorbitant. Nous nous sommes enfuis du bureau, non sans emporter un plan de la ville. Pas question d’embarquer à bord d’un de ces cars de touristes. Nous nous débrouillerons seuls !

Au milieu de l’attrape-touristes, il y avait une information véritable : les principaux monuments de la ville ne peuvent pas être visités le lundi. Après avoir erré dans la cohue durant une demi-journée, nous avons atterri dans un temple sikh.

L’accueil que nous a réservé la communauté nous a réconciliés avec la capitale indienne. Badji, un homme d’une cinquantaine d’années, nous a pris sous son aile et s’est improvisé guide. Il était particulièrement fier de nous montrer la cantine du temple, qui sert des milliers de repas quotidiens, de manière tout à fait gratuite, à quiconque s’assied sur les immenses tapis de la salle à manger.

Une fois rassasiés (nous avons englouti par politesse un deuxième lunch, à 15h), Badji nous a emmenés dans le musée attenant au temple. La collection de ce musée est plutôt basique : des dizaines de peintures relatent l’histoire des gurus sikhs. Badji y était cependant fortement attaché, et tenait à nous fournir un mot d’explication pour chaque œuvre exposée. Résultat : nous avons passé près de 2h dans un musée qui n’aurait, en temps normal, pas retenu notre attention plus de 15 minutes. Nous sommes maintenant incollables sur les exploits des gurus, qui rappellent curieusement certains miracles d’un Jésus de Nazareth.

Afin de rentabiliser notre dernière soirée à Delhi, nous avons sauté dans le métro (en réalité : nous avons fait la file plusieurs minutes avant d’obtenir un jeton – ticket -, puis nous nous sommes dirigés vers le contrôle de sécurité, avant de franchir les portes de la station de métro et de – finalement, près de 15 minutes plus tard – sauter à bord d’un métro). Direction : le pendant du Taj Mahal, au masculin: la « Humayun’s Tomb », érigée en 1565 par la veuve de l’empereur moghol Humayun.

Nous avons passé notre dernière soirée indienne perchés sur un toit, pour admirer l’animation des ruelles avoisinantes. Les vaches, reines de la nuit, assuraient le spectacle : elles se déplaçaient d’échoppe en échoppe pour faire leur marché, en chapardant une laitue par-ci, une pomme par-là.

Le lendemain, nous avions exactement 8h pour boucler la visite de New Delhi, avant de rejoindre l’aéroport. Nous sommes repassés par les détecteurs à métaux des stations de métro, pour rejoindre Qutb Minar, une tour de la victoire construite en 1199. Arrivés sur place, nous nous sommes volontairement perdus dans le parc voisin, parsemé de monuments funéraires abandonnés. Nous ne sommes jamais arrivés sur le site de la Qutb Minar en tant que tel; nous avons flâné dans le parc, nous déplaçant de banc en banc sous une chaleur torride, en dégustant nos derniers « fruits patates ».

Nous avons fait un dernier arrêt au « lotus temple », le temple des Baha’is. Il s’agit d’une religion monothéiste fondée à la moitié du 19ème siècle, qui vise à unifier les autres grandes religions (hindoue, musulmane, bouddhiste et chrétienne). Nous avons assisté, par hasard, à une célébration Baha’is, alliant extraits de la Bible et du Coran. L’idée de combiner les sources sacrées est plutôt séduisante, mais nous ne pouvions nous empêcher de nous interroger sur la naissance tardive de ces religions, en réaction aux religions traditionnelles jugées dépassées. Est-ce là la solution de notre monde en perte de repères ?

Ce qui reste universel, au fil des années, ce sont des valeurs telles que la non-violence. Un arrêt éclair au 5, Tees January Road nous a permis de rendre hommage à Gandhi. Il a été assassiné dans cette maison en 1948, moins d’un an après la proclamation de l’indépendance de l’Inde qu’il chérissait tant.

Nous aussi, nous avons accroché avec ce pays bouillant d’activité. L’aéroport nous parait bien vide, bien calme, bien trop « international ». Nous pique-niquons une dernière fois sur le territoire indien, devant les portes d’embarquement, avant de répondre à l’appel de notre vol. Plus qu’une fois dodo (dans l’avion), et nous serons de retour (de passage éclair) en Europe !

Jaipur – la vie en rose

Le Rajasthan, c’est la région des Maharajas, des forts et… des villes colorées. Après le bleu de Jodhpur, nous voici plongés dans le rose de Jaipur.

Nous n’y avons pas immédiatement vu la vie en rose. Débarqués du train à 5h du matin (après moins de 4h de repos), nous avons eu quelques difficultés à trouver une guesthouse dont les grilles n’étaient pas hermétiquement fermées à une heure si matinale. Au bout de près de deux heures, notre recherche a payé: nous avons découvert un petit nid, avec petit déj’ « européen » (omelette, toast et eau pour le thé), agrémenté de mangues locales. Nous avons adopté la formule, pour les deux jours suivants.

Une fois reposés et rassasiés, nous avons pris la route du Jantar Mantar, un observatoire astronomique construit au 17ème siècle. Nous avons passé près de 2h sur le site, en nous concentrant sur notre audio-guide et les commentaires fournis sous la forme d’un dialogue entre une petite-fille et son grand-père. Les explications de l’aïeul paraissaient particulièrement limpides … à la gamine… mais pas à nous, malgré le mode « stop, replay, re-stop, re-replay ».

Un peu frustrés, nous avons enchainé cette visite bien compliquée avec deux visites plus basiques: le palais des vents (Hawa Mahal), et l’Albert Hall Museum. Du plaisir pour les yeux, rien pour le cerveau!

En restant dans notre mode « repos », nous nous sommes offert deux places au cinéma Raj Mandir. L’immeuble, construit par les fils d’un bijoutier, est magnifiquement décoré.

Au programme, un film indien, « Bombay Velvet », en… Hindi. A peine le rideau levé, nous avons compris ce qu’était « aller au cinéma en Inde ». Nos voisins, assez bruyants en règle générale, n’hésitaient pas à siffler une actrice sexy, ou à encourager l’acteur principal en pleine bagarre. Le spectacle était tant à l’écran que dans la salle. Seul souci: nous n’avons rien compris à l’intrigue, ne maitrisant pas l’Hindi. Nous nous sommes éclipsés, honteux, à l’entracte.

Nous avions une bonne excuse: nous devions être en pleine forme le lendemain pour partir à la conquête de l’Amber Palace, à 10 km de Jaipur. Amber était l’ancienne capitale du Rajasthan, avant que celle-ci ne soit déplacée à Jaipur. La visite était plaisante ; l’office du tourisme local est imaginatif pour mettre le palace en valeur. Après « l’audio-guide grand-père/petite-fille », nous avons eu « l’audio-guide des monuments qui parlent ». Les portes, salle d’audience, chambres et autres nous décrivaient, au détour des couloirs, la vie des Maharajas du 16ème siècle. Plutôt fun, si nous n’étions pas interrompus dans notre écoute attentive par de nombreux Indiens, à coup de «  a picture, plz ? ».

Nous l’avions annoncé, et nous l’avons fait : nous avons testé le nectar du plus ancien producteur de lassi de Jaipur. Tous les jours, l’échoppe est victime de son succès et le stock est vide avant midi. Nous avons été chanceux, et avons pu arracher 4 gobelets en terre cuite remplis du précieux liquide, pour célébrer notre départ qui approche.

Pour rejoindre notre dernière étape indienne, nous sommes retournés à nos premiers amours: les trains. Après un bref passage en classe sleeper et en 2ème classe, (soyons clairs : nous nous sommes fait jeter) nous avons été contraints de rejoindre les wagons bondés des 3ème classes. De quoi graver dans nos mémoires un condensé de l’Inde : odeurs, bruits, et proximité physique.

Objectif: New Delhi!

 

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Jodhpur – la ville bleue

Pour quitter Ranakpur, nous n’avions d’autre possibilité que de (re)monter à bord d’un bus du gouvernement. Jodhpur, notre prochaine destination, se trouve à cinq heures de route.
Pour s’occuper jusque là, une devinette: comment reconnaitre un bus gouvernemental, outre le fait qu’il est bondé? Premièrement, le prix du ticket est différent selon que le passager est une femme ou un homme (moins cher pour les ladies – serait-ce un moyen d’inciter ces dames à s’aventurer dans les bus?). Deuxièmement, le bus est également utilisé comme moyen de transport pour « les affaires d’Etat ». De quel type, me direz-vous? Le transfert de détenus, par exemple! A notre grande surprise, un homme, menottes aux poings, encadré par six agents de police, est monté à bord de notre bus pour quelques dizaines de kilomètres. Le temps pour Julien d’échafauder des scénarios qu’Hollywood lui envierait: complices du prisonnier prenant d’assaut le bus, prise d’otage des passagers, et j’en passe…

Arrivés à Jodhpur, sains et saufs, le rythme s’accélère. Nous avons appris que la visite du fort de la ville était gratuite en raison d’un événement exceptionnel (ce qui représente une économie substantielle de plus de 15 euros!). Seul hic: les dernières entrées de la journée doivent avoir lieu avant 17h, et nous avons posé notre premier orteil à Jodhpur à 16h30. Un contre-la-montre s’est enclenché pour rejoindre le centre ville, déposer nos sacs à dos dans une guesthouse quelconque et escalader les remparts du fort.

C’est tout en sueur que nous redescendons la colline, une heure plus tard, avec un immense sentiment de satisfaction. We did it! Les aigles qui tournoient autour du fort ont salué notre exploit (c’est comme ça que nous avons interprété leur vol prolongé au dessus de nos têtes).
Comble du bonheur, nous avons trouvé un petit coin de paradis pour reposer nos gambettes: une chambre sur les hauteurs, avec vue sur la vieille ville. A peine fatigué par notre exploit touristique, Julien s’est essayé au cricket avec les gamins du coin.

De là-haut, nous avons rapidement compris pourquoi Jodhpur est surnommée la « ville bleue ». De nombreuses façades sont peintes en bleu lavande, au milieu d’autres devantures plus criardes. Nous avons adoré nous perdre dans ces ruelles colorées.

Nous avions souvent l’impression de voler quelques moments d’intimité, lorsque nous apercevions, par une porte ou une fenêtre ouverte, une femme en train de cuisiner, des artisans affutant leurs outils, ou des enfants jouant avec trois fois rien. Le charme de l’Inde, à l’état pur…

Autre surnom de Jodhpur: « suncity ». il ne pleuverait ici qu’une dizaine de jours par an, tout au plus. Et devinez quoi? La pluie nous a fait l’honneur de se déplacer jusqu’à Jodhpur, juste pour nous, le temps d’une tempête assez effrayante. Décidément, les éléments se déchainent sur notre passage!

Nous nous sommes consolé avec une merveille locale: le lassi parfumé au safran (Makkania Lassi), que nous avons dégusté dans une enseigne populaire à deux pas de la clock tower.

Nombre total de lassis consommés par vos petits belges à cet endroit… cinq! Record à battre à Jaipur, où il parait qu’il y a une des plus ancienne échoppe de lassi de la région.

Pour rejoindre Jaipur, la capitale du Rajasthan, nous avons pris notre dernier train de nuit (5h30 de trajet, la nuit sera courte!), et avons observé, une dernière fois, les indiens qui envahissent les gares de nuit, en attendant patiemment leur train. Notre train ayant du retard, nous nous sommes joints temporairement à eux, avant de retrouver nos couchettes de fortune.

Demain, nous nous réveillerons dans la ville… rose!

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Ranakpur – Les cinq étoiles

Après avoir avalé un thali dans un boui-boui local, nous avons littéralement sauté dans un bus gouvernemental en direction de Ranakpur. Il faisait déjà nuit lorsque nous avons été déposés sur le bord de la route. « Are you sure this is Ranakpur? » Nous étions arrivés, au milieu de nul part.
Ranakpur n’est pas un village, c’est une route, au creux d’une vallée aride, avec des hôtels parsemés ci et là. A 3km de notre point de chute se trouve la raison de notre halte: le temple jaïn d’Adinath, décrit comme un « vrai bijou ». De quoi attiser notre curiosité…

Le « bijou » est à la hauteur de nos attentes, ce qui n’est pas peu dire vu l’énergie mise à rejoindre Ranakpur. Le temple, de taille modeste, est particulièrement bien décoré.

Certaines sculptures ressemblent à de la dentelle, tandis que de nombreuses autres nous enseignent les rudiments de la religion jaïn.

Nous avons d’ailleurs expérimenté le vœux de la « non violence » avec les gardes du temple (pas de short ni de longhi pour Julien, pas de bouteille d’eau dans le sac – par 45° à l’ombre -, audio-guide à remettre une heure après leur réception – soit impossible d’écouter les enregistrements dans leur entièreté, accès à certaines parties du temples impossibles pour les visiteurs étrangers – mais bien pour les touristes indiens…). Bref, nous avions matière à exercices!

A la sortie du temple, nous avons timidement levé le pouce pour rejoindre notre hôtel à Ranakpur. Lorsque nous avons précisé son adresse exacte, le conducteur a cru qu’il y avait erreur. Vu notre accoutrement résolument « backpackers », difficile de croire que nous logions dans un hôtel 5 étoiles. Et Julien de nous justifier immédiatement « ce n’est pas du tout notre type d’hôtel, mais c’est le cadeau d’anniversaire de Sarah. Je lui avais promis de lui offrir une nuit dans un hôtel chic avec piscine et jacuzzi ». Le jacuzzi, sur notre terrasse privative, s’il-vous-plait!

Nous nous sommes sentis comme des enfants dans ce complexe où tout nous amusait: les papillons à sauver de la noyade dans la piscine, les échantillons de savon au jasmin qui mousse tout plein (nous utilisons un simple bloc de savon inodore depuis 5 mois), et les lotions aux propriétés aussi variées qu’intrigantes. C’est donc ça, le luxe!

L’envers du décor, c’est que les rares clients de l’hôtel ne s’adressent pas la parole. Cela nous change des ambiances backpackers décontractées avec lesquelles nous sommes plus familiers…

Pour le dîner, nous nous sommes offert un repas 5 étoiles… dans un boui-boui. On ne se refait pas! Nous avions croisé ce septuagénaire et son épouse plus tôt dans la journée. Lorsque nous lui avions demandé où nous pouvions manger dans la vallée, ils nous avaient souris et avaient déclaré que nous pouvions nous inviter dans leur arrière-boutique pour partager un thali. Nous nous sommes donc présentés à l’heure du lunch (pour nous – de la sieste pour eux). Après avoir réveillé, bien malgré nous, la maisonnée, nous nous sommes mis ensemble aux fourneaux.

La leçon du jour: le concept de « 5 étoiles » est relatif. Il couvre à la fois la beauté d’un temple, le luxe d’un palace et le partage d’un repas dans une arrière-boutique. Et tant d’autres choses, depuis le 28 décembre 2014!

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Udaipur – De fort(s) beaux moments

Une nuit en train couchette est rarement tout à fait tranquille: les gens montent et descendent du train, le contrôleur vous réveille au beau milieu de la nuit, la locomotive de tête klaxonne de manière permanente… Et pour contribuer au brouhaha ambiant, nous décidons de changer notre programme en dernière minute ! Hé oui, à 5h du matin, en vérifiant notre parcours, nous décidons finalement de ne pas atteindre notre destination finale (Udaipur) mais de s’arrêter à 2 h de train de là : Chittorgarh nous voilà !

Cette ville sans grand charme est surmontée par une incroyable forteresse qui abrite bon nombre de trésors. Nous trouvons une consigne à la gare, non sans zigzaguer entre les vaches qui semblent attendre le prochain train, et prenons le parti de marcher les 5 km qui nous séparent de la forteresse. Les chauffeurs de tuk-tuk nous annoncent en effet des prix complètement ahurissants (400 roupies ; 7 euros pour un aller-retour et 3 heures d’attente pendant que l’on visite – une fortune selon les normes indiennes). Finalement, on s’en sortira par un combiné marche / tuk-tuk qui nous coûtera 60 roupies.
Une fois le poste d’entrée passé, nous admirons d’abord le panorama de la ville, fort sympathique ma foi.

Ensuite, nous visitons le premier palais de la forteresse : un bijou ! Il vaut à lui seul notre décision de nous arrêter à Chittorgarh. Son état de conservation est honorable et les visiteurs peuvent déambuler librement parmi les bâtiments (en fermant toutefois les yeux sur la sécurité…). Cette sensation de liberté est exceptionnelle. Nous en profitons pour prendre quelques clichés et espionner les singes joueurs qui ont investi les lieux…

Le temple Jaïn (XIème siècle) est également une surprise admirable. Le Jaïnisme est une religion qui prône des principes intéressants et relativement modernes. Les pratiquants sont très respectés par les Indiens car ils font notamment vœux d’honnêteté. Les sculptures de leurs temples sont réputées très fines et nous avons pu constater qu’elles sont effectivement à la hauteur de leur réputation.

Certains monuments commémorent des victoires militaires. C’est notamment le cas pour cette incroyable tour datée de 1448 qui s’élève à 38 m de hauteur et qui est ornée de sculptures sur tous ses pans.

D’autres faits historiques nous font frémir. A trois reprises, les femmes ont pratiqué le ‘johar’ : une immolation générale afin de ne pas être livrées à l’ennemi triomphant. Un monument fut érigé en leur mémoire.

Bref, on peut continuer à décrire cette escapade très longtemps, mais les photos parlent d’elles-mêmes !

Le lieu n’étant par contre pas très touristique à cette saison, nous nous faisons prendre en photo par les locaux très régulièrement !

En début d’après-midi, éreintés par notre matinée trépidante, nous nous jetons dans le train à destination d’Udaipur. Nous arrivons finalement où nous aurions du être depuis 12 heures !

Nous apprécions beaucoup cette ville très agréable. Un Maharajah a eu la bonne idée d’y créer un lac artificiel, au pied de son palais, ce qui donne un charme fou à Udaipur.

La vue du toit de notre hôtel n’est pas dégueulasse…

Le lendemain, nous partons à la découverte des petites ruelles de la cité. Nous tombons tout de suite nez à nez avec un cortège de femmes qui semblent être en plein rituel. L’une de ces femmes rentre d’ailleurs dans une transe qui la mène à déverser de l’eau autour d’elle dans des mouvements frénétiques…

Les rues vivent et les habitants nous sourient en permanence. Ils nous demandent régulièrement d’être photographiés. C’est le cas de ce petit bout et de sa grand-mère qui posent devant leur maison.

Le grand-père débarque après le cliché et nous demande s’il est possible de leur donner la photo… Évidemment, ils n’ont ni ordinateur ni adresse e-mail… Nous finirons par apporter notre photo chez le photographe et, trois heures plus tard, nous revoici chez la petite famille, la photo à la main. Au verso, nous avons écrit « de la part de vos amis belges ». Les sourires s’envolent et la petite famille nous sert un thé. Un moment d’échange d’une rare pureté qui restera encore longtemps dans notre mémoire…

Photos ou pas, les habitants sont très chaleureux. On multiplie les échanges et, au détour d’une ruelle, Sarah se retrouve avec un nouveau-né dans les bras…

Petit clin d’œil à mes collègues du bâtiment : voici un chantier de démolition.

Notre journée se terminera au temple où nous nous installerons au milieu des fidèles. Des chants et des rituels feront vibrer les lieux pendants plus d’une heure ! Nos rêves de cette nuit furent probablement rythmés au souvenir de ces musiques envoûtantes…

Le lendemain, nous décidons de visiter un site à l’extérieur de la ville où des cénotaphes furent érigés en l’honneur des différents Maharana.

Les lieux sont paisibles et nous y passerons plus de temps que prévu. Écrire les articles, lire un livre, planifier, rêver un peu en regardant les nuages… Ha non ! Il n’y a pas de nuages : il fait presque 45°C à l’ombre. Nous nous rapprochons dangereusement des zones désertiques indiennes.

Après trois journées à Udaipur, nous décidons de remonter un peu vers le Nord pour atteindre Jodhpur, la cité bleue. Toutefois, une halte nous attend : le fort de Kumbhalgarh et le fameux temple Jain de Ranakpur.
L’aller vers Kumbhalgarh se fera sans trop de soucis… Deux bus locaux plus tard, nous nous retrouvons face à un fort qui nous rappelle vaguement Chittorgarh (dont il est question au début de cette brève très longue).

Finalement, le fort ne nous charme pas tant que ça mais la vue sur la campagne est à couper le souffle.

Un petit village vit au pied du fort et nous y faisons un petit détour pour y rencontrer les locaux.

Toute une série de temples s’éparpillent aussi sur de nombreux kilomètres. Malheureusement, nous n’aurons le temps que de visiter les premiers qui s’offrent à nous.

En effet, nous devons être à Ranakpur avant la tombée de la nuit. Du coup, nous voici dans le premier bus pour cette destination… Ou plutôt, devrais-je dire « sur » le bus. Quand ceux-ci sont pleins à craquer, pas de problème, messieurs, mesdames, empruntez l’échelle et installez vous « confortablement » sur le toit !

Ps: si nous écrivons cette brève, c’est que nous avons survécu!

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Une histoire Sikri-ste qu’Agra

La ville d’Agra n’évoque sans doute rien pour vous. Pourtant, vous la connaissez plutôt bien, ou, du moins, vous connaissez le monument mystique qu’elle abrite: le Taj Mahal!

Pour éviter le flot de touristes, nous nous sommes levés aux aurores et avons passé le portique de sécurité dès son ouverture (à deux reprises: nous avons été recalés la première fois parce que nous transportions un clavier d’ordinateur, un pied d’appareil photo et… un paquet de biscuit). Après un détour par la consigne et un « à-fond biscuits », nous avons enfin pris le chemin de la porte centrale, qui, de par ses proportions hors normes, cache le joyaux du Taj Mahal jusqu’à ce qu’il s’impose à nous, éblouissant, majestueux, et envoûtant.


L’audio-guide nous conte l’histoire de l’empereur Shah Jahan et de son épouse, Mumtaz Mahal. Le décès de cette dernière, alors enceinte du quatorzième enfant du couple (on ne chômait pas au début du 17ème siècle!), a fortement affecté l’empereur qui a fait édifier le Taj Mahal en son honneur. 20.000 ouvriers se sont relayés sur le chantier durant 22 ans, pour un résultat à la hauteur de la réputation internationale du monument. Nous avons passé près de 4h dans le complexe, composé du Taj Mahal mais aussi de divers autres bâtiments et d’un immense parc entretenu par une armée de jardiniers indiens, armés de leurs ciseaux.

Nous avons enchainé dans la matinée avec la visite du fort rouge d’Agra, le palais des empereurs moghols, bâti au 16ème siècle. Moins romantique, mais tout aussi tragique: on raconte que l’empereur Shah Jahan y a été maintenu prisonnier par son fils, Aurangzeb, après le décès de la belle Mumtaz Mahal. L’empereur déchu occupait une chambre dont les uniques fenêtres avaient vue sur le Taj Mahal, où reposait son épouse. De quoi raviver quotidiennement la douleur causée par sa perte. Merci les audio-guides pour ces détails croustillants!


Nous avons fait une halte hors des guides, hors du temps, au café Sheroes. Cet établissement, à deux pas du Taj Mahal, est tenu par des femmes qui ont été victimes d’attaques à l’acide. Derrière le comptoir, on peut lire « I am stronger than my coffee ». Elles ont la force d’ignorer que leur visage est mutilé, et réclament des photos, des selfies… si je ne devais pas sourire devant l’objectif, je pense que j’en aurais pleuré. De respect. D’admiration. Leur courage nous en bouche un coin. Chapeau bas, les filles.


Aux portes du Rajasthan, nous avons entamé une longue tournée de visite de forteresses. La suivante sur la liste: celle de Fatehpur Sikri. Elle est particulière en ce que son style architectural conjugue les influences hindoue, musulmane et chrétienne. Construite en 1572 par l’empereur Akbar pour y installer sa capitale, la cité a ensuite été abandonnée en raison de la pénurie d’eau qui sévissait dans cette région aride. Vu l’immensité des palais, des jardins et des piscines protégés par la forteresse, on comprend aisément que l’or bleu n’y a pas été utilisé de manière économe!


A deux pas du fort, une immense mosquée accueille pèlerins, touristes et… marchands ambulants très collants! Le village de Fatehpur Sikri, par ailleurs très charmant, est malheureusement affecté par une vision sombre du tourisme: les étrangers sont vus comme des dollars articulés. Du coup, nous ne pouvons pas faire trois pas sans que notre portefeuille ne soit sollicité. Bienvenue dans la zone la plus touristique de l’Inde!

Demain, nous fuyons vers Udaipur, avec notre dernier train de nuit de cet épisode indien. N’ayant pas réservé notre ticket à temps, nous avons testé la « waiting list » (acheter une place sur une liste d’attente, et vérifier le jour-même si d’autres voyageurs se sont décommandés, et ont libéré des sièges). Nous étions 41 et 42ème sur la liste d’attente, et n’y croyions pas vraiment. A tort! Trois heures avant le départ, nous avons la confirmation que nos tickets ont été validés. Notre aventure se poursuit vers le nord-ouest!

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