Archives de catégorie : Brèves

Salento – Grain de folie

Nous quittons la chaleur écrasante du désert pour un tout autre univers : celui de cette petite graine noire que l’on nomme café. Elle a une importance toute particulière pour la Colombie puisque le pays est le troisième plus grand producteur de café après le Brésil et … le Vietnam (vous ne vous y attendiez pas à celle là, hein ?). Une des régions du pays est connue sous le nom de « zone caféière » et a même été reconnue par l’Unesco comme « paysage culturel du café de Colombie ». Nous mettons le cap vers cette destination…

Le point de départ pour visiter la région est le typique village de Salento. Un habitant me confiera dans le bus qu’il ne comprend pas l’agitation touristique qui y règne: une discussion récurrente entre locaux semble avoir pour objectif de déceler ce qui pousse autant de touristes à venir voir leur petit village. Et, effectivement, à notre arrivée, nous comprenons leur désarroi : une maison sur trois semble être un hôtel, les « monos » courent les rues (« mono » signifie singe en Espagnol mais, ici, il s’agit d’un terme pour désigner un étranger blanc de peau) et, le week-end, un flot de touristes colombiens investit joyeusement les lieux créant des embouteillages sur les routes de campagne. Néanmoins, il n’y a pas à dire, les maisons sont jolies et les lieux gardent quelque chose d’authentique.



Nous nous retrouvons assez rapidement au mirador de la ville pour constater que les environs immédiats sont très verdoyants… et nuageux.

Ce climat ne semble pas empêcher les magnifiques oiseaux de la région de continuer à prospérer dans les jardins des hôtels… pour mon plus grand plaisir et celui de mes objectifs !



Nous visitons une ferme de café familiale où l’on nous expose dans un Espagnol compréhensible toutes les interactions entre les différents types de flore permettant d’éviter l’utilisation de pesticide. Ceci leur a permis d’obtenir le label « Rain Forest » (la petite grenouille sur les sachets de café). Nous aurons droit à une visite de l’ensemble de la chaîne de production jusqu’à la dégustation des grains fraîchement moulus. Toutefois, seul 30% des graines de café sont transformées chez eux. Les autres 70% sont vendus non torréfiés à de grandes entreprises qui s’occupent de terminer le processus et d’empaqueter le produit à grande échelle … en mélangeant bien évidemment les grains de différentes provenances, ce qui, je l’avoue, me laisse perplexe face au label fièrement arboré sur leurs produits. Il faut savoir que les exigences pour l’obtenir sont plus faibles pour les petits producteurs … Sujet à approfondir !



Sur le chemin du retour au village, nous croisons deux hommes qui jouent à un sport étrange : ils lancent des poids tour à tour sur une espèce de cible en argile.

Ni une ni deux, après s’être fait expliqué les règles, nous décidons d’aller nous essayer à ce sport le soir même. Nous ne vous ferons pas part des résultats… En tout cas, les parties ont été détonantes. Pour pimenter le jeu, on ajoute autour de la cible de petits triangles d’explosif que nous tentons tous d’atteindre du mieux que nous le pouvons.



Nous passons de chouettes moments dans le village et dans notre auberge. Toutefois, le grand air sent que nous approchons de la fin de notre voyage et nous appelle à nouveau. Nous avions entendu dire qu’il était possible d’accéder à une zone montagneuse en périphérie du village. Un parc national très connu y est d’ailleurs abrité. Comment résister ? La tente et nos sacs sur le dos, nous voilà à nouveau lancés dans une aventure qui nous mènera à des sources d’eau chaude à 4000 m d’altitude.



Les paysages sont exceptionnels et la faune et la flore nous étonnent tout le long de la longue ascension de deux jours.



Cela nous donne également l’occasion de réaliser de chouettes panoramas…


Un volcan ne cesse de nous guetter et, au paroxysme de notre complicité, nous découvrons enfin les eaux chauffées par celui-ci. Nous plantons notre tente sur une terre chaude et humide et profitons d’un repos bien mérité.



Nous redescendrons tout ce chemin en une seule journée… 11h15 de marche effective sans les pauses, dans la boue, et sous la pluie. Décidément, nous ne tenons jamais en place 🙂

Il faut dire qu’il y avait la fameuse vallée de Cocoa à la clé. Cette zone abrite le plus haut palmier au monde : il peut atteindre 30 m !


Un bel au-revoir à la région… avant de poursuivre notre route vers le Nord.

Images liées:

Tatacoa – du sable et des étoiles

Après avoir visité trois parcs archéologiques, nous méritions une petite pause non culturelle, faite de sable, de grandes étendues vides, et d’étoiles. Retour à la nature, mais pas n’importe quelle nature : un inédit dans notre voyage. Nous avons passé deux nuits dans le désert, ou, devrais-je écrire, dans les déserts.

Le désert de Tatacoa regroupe en réalité trois types d’étendues : un désert rouge, un désert blanc, et un désert gris. Autrefois, l’ensemble était immergé et prenait la forme d’un immense lac. Les rives se sont ensuite peu à peu asséchées. Le désert rouge est le dernier à avoir été libéré des eaux. Il est celui qui a conservé le plus de minéraux rougeâtres, et le plus de fossiles. Ses formes, suggérant des vagues, rappellent cette lointaine histoire.


Les déserts blancs et gris sont beaucoup plus difficiles à distinguer l’un de l’autre. Jugez plutôt :

Le blanc:

Le gris:

Leurs formes n’ont par contre rien à envier au désert rouge. Fantômes, tables basses, tours… il y en a pour tous les goûts (et tous les imaginaires).


Cela ne transparaît pas sur les photos, mais nous avons visité ces lieux sous un soleil de plomb. 45 degrés à l’ombre ! Un petit détour par la piscine, alimentée par une source d’eau minérale surgissant comme un miracle en plein désert, a été salvateur. D’autant que le paysage, tout en contraste, était saisissant.

Après une journée la tête à l’horizontale pour admirer le sable à perte de vue, nous avons levé les yeux vers ce qui constitue la seconde attraction du désert : le ciel. Purgé de toute pollution lumineuse (la première ville est à plus d’une demi-heure de jeep), celui-ci dévoile des millions d’étoiles une fois la nuit tombée. Un astronome assure une permanence tous les soirs à l’observatoire implanté dans ce lieu stratégique : proche de l’équateur, il est possible d’observer les hémisphères nord et sud. Durant plus d’une heure, j’ai écouté les explications de ce passionné, les yeux rivés sur les constellations, les galaxies et les nébuleuses. Nous avons même eu la chance d’apercevoir des météorites.

Notre photographe était malheureusement mal en point ce soir-là. Nous n’avons par conséquent pas d’illustration de la visite de l’observatoire. Les étoiles resteront dans nos yeux! Levez les vôtres ce soir vers le ciel pour faire à votre tour le plein d’éclats lumineux :°

Images liées:

Tierradentro – il pleut des tombes

Visiter des tombes. A priori, le programme ne fait pas rêver !
Sauf si… les tombes (hypogées) sont finement décorées.
Sauf si… elles sont vieilles d’un peu moins de 1500 ans.
Sauf si… le site est inscrit au patrimoine de l’Unesco, et constitue le troisième parc archéologique de Colombie. Etant donné que nous nous sommes donné pour mission de tous les visiter, nous avons fait l’immense détour par Tierradentro pour découvrir ces merveilles.

Comme si les kilomètres et le nombre d’heures de trajet n’étaient pas une épreuve en soi, Julien a opté pour un mode de transport pour le moins original : lui sur le toit d’une jeep, moi debout à l’arrière, le corps au vent, les mains fermement attachée aux barres du toit.

Contre toute attente, nous sommes arrivés entiers dans le village de Saint Andres, voisin du parc archéologique. Une gamine nous a conduits jusqu’au jardin de son grand-père, où nous avons posé la tente pour deux jours. Le vieux, aux petits soins, nous a préparé un feu d’une main, pendant que l’autre, tremblante, serrait fermement sa canne. Un accueil plus que chaleureux (c’est le cas de le dire).

Le lendemain nous sommes partis à la découverte de ces fameuses hypogées avec Olga et Taya, deux américo-russes, mère et fille, qui parcourent l’Amérique du Sud.

Nous avons atteint les premières tombes avant même que le garde n’arrive sur les lieux, avec les clés. L’heure colombienne… piano piano.

Nos premières tombes étaient l’occasion de premiers essais photographiques : dans le noir, à la lumière de la lampe de poche, sans flash.


La journée promettait d’être chargée : le site est ouvert de 8h (lisez 8h30 du coup) à 16h (lisez 15h30, comme nous le découvrirons plus tard). La balade visitant les hypogées principales nécessite 7h de marche, dont 2h rien que pour rejoindre El Aguacate, un ensemble d’une quarantaine de tombes sur la crête d’une colline voisine. Là-haut, le site n’était pas surveillé, et nous pouvions entrer librement dans les hypogées, ce que nous n’avons pas manqué de faire tous les quatre.


Ensuite, les choses se sont compliquées : une pluie drue (désormais traditionnelle) nous a fait perdre le chemin. Plutôt que de revenir vers le parc, nous avons pris la direction du village voisin, via un sentier minuscule et boueux, qui s’est vite transformé en patinoire sous l’effet des trombes d’eau. Nous n’avons pas compté nos chutes mais une chose est certaine : nous avons tous été baptisés par la boue.

A cause de ce contre-temps, nous avons du mettre les bouchées doubles pour la suite. Après une visite éclair au musée, nous avons rejoint le site le plus important de Tierradentro : Alto de Segovia.


Ces tombes étaient éclairées, ce qui a considérablement facilité la tâche de Julien pour les immortaliser sur papier glacé.

Fidèles à nos principes, nous avons boycotté les structures touristiques de San Andres, et nous sommes tournés vers une mini tienda (épicerie) pour le souper. La tenancière nous a préparé un souper et un petit-déjeuner de rois, dans son salon.

Pour le retour, Julien nous a déniché un autre mode de transport original : un chiva, ces camions vaguement aménagés en bus.

Le camion était plein de jeunes, ayant pris le premier transport depuis la ville voisine pour rentrer de guindaille. Toujours joyeux, ils partageaient volontiers leur agua ardiente à l’anis. A 7h30 du mat. Julien a testé. Je n’en ai pas eu le courage. Pourtant, nous prenons la route du désert, où nous risquons la déshydratation, par 45° à l’ombre.

Images liées:

San Agustin – Statues mises en jeu au Poker

Depuis que nous avons quitté le Pérou, nous n’avons plus été plongés dans l’ambiance mystérieuse de ruines. Vamos !

Il y a, en Colombie, quatre parcs archéologiques. Cap ou pas cap d’en visiter l’entièreté en un mois ? Les deux premiers se trouvent aux environs de San Agustin, une petite ville transformée en véritable centre touristique. Le ton était donné dès notre sortie du bus : les rabatteurs nous harcelaient, armés de leur carte de visite, pour nous proposer une chambre, une excursion ou un restaurant. Au secours ! Le bon côté des choses, c’est que nous sommes dans ces cas en position de force pour négocier : nous avons déniché un camping pour moins d’1,5 euro par personne, cuisine et douches comprises.

L’endroit nous a tellement plu que nous étions lents au démarrage le lendemain matin. Nous n’avons franchi les portes du parc archéologique que vers 11h, un pique-nique tout frais dans le sac-à-dos. Dix minutes plus tard, c’était la douche nationale. Une dame nous expliquera que le mois de novembre est très pluvieux en Colombie. Son explication : il s’agit du mois des défunts, et le ciel les pleure. En plus du pique-nique, nous avions heureusement emporté nos K-way. Nous étions ainsi équipés, peu importe les conditions météorologiques, pour visiter ce site exceptionnel.

Des centaines de statues en pierre volcanique ont été découvertes dans la région, la plupart à l’entrée de tombes.


La taille de leur tête est disproportionnée par rapport au reste du corps, ce qui caractérise les statues de San Agustin.

Je n’ai pu m’empêcher d’imiter le faciès et la posture des statues rencontrées. Et notre photographe s’en est donné à cœur joie.


Bien qu’il ne soit pas en reste…

De nombreuses questions restent sans réponse : à quoi servaient ces statues ? Leur physionomie représentait-elle celle des défunts ou de divinités ? Les attributs étaient-ils en lien avec les uns ou les autres ?

Le site le plus énigmatique est sans doute la source Lavapata. Il y a plus d’un millénaire, des trous, un réseau de canalisations, et des formes géométriques et animales ont été creusés à même la roche, aiguillant l’eau dans telle ou telle direction.


Si la plupart des statues sont concentrées dans le parc archéologique principal, d’autres monuments sont perdus dans les campagnes environnantes. Deux excursions permettent d’en faire le tour : une excursion à cheval, et l’autre en jeep. A la sortie du premier parc, nous avons interrogé le gardien sur la possibilité de visiter les sites de « l’excursion à cheval », à pied. Il nous a désigné un étroit chemin qui montait à pic à une dizaine de mètres de là : « es este camino ». Et combien de temps devions-nous marcher ? Une heure jusqu’au premier site, une autre heure et demi jusqu’au site suivant, et enfin une bonne heure jusqu’au village. Parfait. Il était 15h30, et il ne nous restait que 2h30 avant le coucher du soleil.

Loin de nous décourager, nous avons accepté le challenge et nous nous sommes lancés à l’assaut du fameux chemin qui montait à pic, avant de redescendre brusquement, pour remonter aussi sec. Les paysages traversés étaient superbes : cultures de canne à sucre, de mûres, de café… A l’avant des maisonnettes, de grandes bâches étaient couvertes de grains de café qui séchaient au soleil. L’authenticité à l’état pur.

Après plusieurs « esta lejos de aqui? » (c’est loin d’ici) et « no, esta cercita » (non, c’est tout proche), nous avons fini par dénicher la perle rare : les deux statues de San Agustin qui ont conservé leur couleur originale.


Ensuite nous avons repris notre rallye vers les deux autres sites du « tour à cheval ». Comme nous le pressentions depuis le départ, nous avons été cueillis par la nuit avant de pouvoir les atteindre. Avec la nuit, sont apparus nos bonnes étoiles : trois colombiens en moto, eux aussi à la recherche des fameuses statues. En moins de 5 minutes, ils avaient déplacé l’ensemble de leurs sacs sur une bécane, et nous avaient chacun chargé sur une autre. A cinq, nous avons visité un dernier site, avant de reprendre la route de la ville.


Pour les remercier, nous avons offert notre tournée de « Poker », la bière locale. Une autre tournée a suivi, puis une autre, puis encore une autre… jusqu’à ce que le supermarché ferme, et qu’il ne nous reste que les bars. Nous avons alors appris comment choisir son bar en Colombie : il faut entrer dans chacun d’eux, et négocier le prix de la bière pour l’ensemble de la soirée, en prenant en compte le nombre de personnes qui composent le groupe des nouveaux venus. Tout un cirque ! Qui n’a pas abouti… le prix proposé n’était pas satisfaisant, nous nous sommes redirigés vers une petite tienda (épicerie), où nous avons fini la soirée.

Le patron de la tienda nous a ensuite raccompagné en moto jusqu’au camping. Nous avions presque oublié que nous étions en Colombie, dans une région encore instable, et qu’il est tout à fait exclu pour des touristes de parcourir de nuit le kilomètre qui les sépare de leur logement.

Le lendemain, nous avons opté pour le tour en jeep. Les derniers sites à explorer, principalement des tombes et sarcophages dont certains ont conservé leurs tons noir, jaune et rouge (ça ne vous rappelle rien) sont en effet inaccessibles à pied.


En chemin, nous avons largement profité des paysages, et de l’usine familiale de sucre de canne.


Une journée dans les tombes ne nous a pas suffit. Nous avons pris la folle décision de rejoindre Tierradentro, un gruyère de centaines de sépultures, à 7h de route de San Agustin. Il s’agit du troisième parc archéologique colombien. Cap ou pas cap de tous les visiter en un mois ? Nous sommes bien partis en tout cas !

Images liées:

Popayan – Du blanc au polychrome

Nous voilà en Colombie ! Nous sommes accueillis comme il se doit sur la place du premier village que nous croisons : les militaires sont présents en nombre, armés jusqu’aux dents. Sur le chemin, tous les ponts sont gardés comme des forteresses. Tout ça n’a rien de très rassurant!

Il faut dire que nous sommes toujours dans la zone frontalière et que l’on nous avait mis en garde concernant la sécurité à cet endroit. Peut-être est-ce différent au centre du pays? Nous poursuivons donc notre route qui nous mènera, au bout de 7 heures, à Popayan.

Popayan est surnommée la ville blanche. Rien d’étonnant donc à se retrouver face à ces jolies façades coloniales. Nous tombons sous le charme, malgré les nuages et la pluie…


Cela va devenir une tradition: nous faisons une halte dans le cimetière de la ville pour constater qu’il est aussi fleuri et vivant qu’à Tulcan; les buissons en moins, une église centrale en plus (comme cela semble être la norme en Colombie).


On se balade ensuite dans le marché, plus rustique qu’en Equateur : on marche dans la boue, un rat évite de justesse de se faire écraser sous nos pieds, quelques cafards grimpent sur les sacs de riz… Tout cela nous donne le sourire ! Nous payons seulement 3000 pesos colombiens (moins d’un euro) pour un almuerzo (lunch) complet, avec soupe, plat avec de la viande, boisson et le «sourire de la crémière». Les gens sont extrêmement sympathiques, particulièrement dans ce type de lieu.

On visite la ville, on tâte le pays…


… et on se risque même à une sortie de nuit.


A Popayan, les policiers sont présents en nombre: de 2 à 4 agents surveillent chaque carrefour. Les lieux qui nous ont été décrits comme «chauds» sont en outre étroitement surveillés (un effectif d’une vingtaine de personnes surveille le mirador principal). Par contre, les flics semblent vraiment détendus avec les touristes. On se rend par ailleurs vite compte que tous les offices du tourisme sont gérés par les policiers eux-mêmes (difficile d’obtenir des infos correctes). Ils poussent même jusqu’à prendre des photos pour les touristes. Il n’y a pas à dire, le métier de policier ici demande d’être polyvalent!

Le lendemain, nous mettons le cap sur Silvia. Il s’agit d’un petit village indigène dont la communauté est réputée pour ses magnifiques vêtements traditionnels. Tous les mardis matins, les paysans des environs affluent en masse vers le village pour y vendre leurs récoltes à l’occasion du marché hebdomadaire.


Pour la petite histoire, on achètera une livre de pommes de terre pour pouvoir lier contact avec les gens et prendre des photos sans choquer personne.


Nous nous éloignons du centre du village, un peu à l’aventure. Les maisons sont colorées, les gens souriants et les indigènes présents en nombre ! La couleur de leurs vêtements nous impressionne vraiment et un détail nous amuse particulièrement: les hommes portent également la jupe. C’est la première fois que nous sommes confrontés à un tel accoutrement.


Nous atteignons un point de vue qui nous donne un chouette aperçu du village de Silvia.


Nous en profiterons encore quelques heures et finirons par rentrer à Popayan, très contents de notre petite excursion d’une journée. La ville blanche ne nous accueillera que quelques heures, le temps de récupérer nos sacs. Nous mettons déjà le cap vers notre prochaine étape qui s’annonce archéologique !

Images liées:

« Défunts » arbustes, « cyprès » de la frontière

Il fallait bien que cela arrive un jour. Et ce jour, c’est demain : nous quitterons l’Équateur, et surtout les Équatoriens, dont la volonté de communiquer et d’échanger, la générosité et l’hospitalité resteront gravés dans notre mémoire.

Tulcan est notre ultime étape avant le passage de la frontière. La ville, en ce 1er novembre, est très animée : les hôtels affichent complets, les étals des boulangeries débordent de Guagua (sorte de cougnous de la Toussaint), et chacun se presse dans la rue, une casserole à la main, à la recherche de Colada Morada (voir notre article sur Otavalo).

Le point d’orgue du spectacle, nous l’avons trouvé au cimetière. En temps normal, ce cimetière est déjà une attraction. Selon le gardien des lieux, très fier de son job, il s’agit du troisième cimetière le plus joli au monde (ça existe, ce type de classement?). Une équipe de 16 personnes s’occupent de son entretien. Une fois dans l’enceinte, nous reconnaissons qu’il y a du boulot. Des centaines de cyprès sont soigneusement taillés, et prennent des formes humaines, animales ou simplement géométriques.



Le souci du détail des tailleurs nous a quelque peu surpris.

Le cimetière présentait en outre un intérêt particulier en ce 1er novembre. La Toussaint est une fête sacrée, très suivie en Équateur. Les familles se rassemblent pour aller fleurir les tombes de leurs défunts. Les indigènes, en plus, préparent le repas préféré du défunt et le dépose sur sa dépouille. C’est donc un cimetière multicolore qui s’étend sous nos yeux.

Nous n’avons pas quitté Tulcan sans un détour à la foire au « guagua ». Avec nos derniers 0,43 USD en poche, nous espérions pouvoir déguster un ultime cougnou local. Nous avons donc expliqué notre situation à une vendeuse, qui a accepté de nous vendre un guagua (affiché normalement à 0,50 USD)… et nous en a offert un second, en cadeau d’au revoir à l’Équateur.

Un dernier geste qui résume parfaitement notre expérience en Équateur. Si seulement nos portes pouvaient être autant ouvertes en Europe!

Images liées:

Otavalo – Défilé d’hommes et d’animaux

Après deux mois d’un rythme un peu particulier, nous avons appuyé sur le bouton « play » de notre voyage en mode sac-à-dos. Peut-être avons-nous heurté par mégarde la touche « lecture accélérée », tant les prochains jours s’annonçaient intenses.

Levés aux aurores, nous avons assisté à un dernier lever de soleil sur le Cotopaxi. Ce volcan voisin a eu la gentillesse de se tenir tranquille durant notre séjour dans la capitale. Son activité s’est cependant accélérée, et deux jours avant notre départ la colonne de fumée qui s’en échappait a atteint la hauteur record de 2km de haut… Il était temps de plier bagage ! Direction : Otavalo.

Les éléments ont tout mis en œuvre pour rendre notre départ de Quito plus aisé. Ce 30 octobre était notre jour de chance : c’était la fête à Otavalo. A peine débarqués du bus, nous avons assisté à un curieux défilé, mêlant l’armée, les délégations des indigènes des villages voisins, et de nombreux groupes de danses traditionnelles.



Des couleurs plein les yeux, nous avons mis le cap vers la lagune de Mojanda, « trois petits sacs-à-dos » dans le Routard. Mais la belle est timide : aucun transport public ne peut nous mener sur ses rives. Il faut prendre un taxi, pour pas moins de 25 USD, ou marcher plus de 20 km en ascension, ou… faire du stop et croiser les doigts pour qu’une voiture aille se perdre dans les montagnes. Notre jour de chance se poursuivant (normal, pour un JOUR de chance), nous avons été embarqués par un groupe de touristes colombiens en moins de 5 minutes.

Le paysage là-haut en valait la peine (que nous n’avons pas eue).


Encore en pleine forme, nous avons décidé d’entreprendre le tour de la lagune, une balade de 4 à 5h. La première heure s’est passée sans encombre.

Ensuite le vent s’est levé, les nuages ont viré au gris, et le tonnerre a déchiré le ciel.

Isolés de tout, nous nous sommes pressés de rejoindre le seul refuge des environs. Et nous avons attendu que la pluie se calme. Nous avons attendu. Un peu. Beaucoup. Beaucoup trop. Julien, n’y tenant plus, a eu l’idée du siècle : pourquoi ne marcherions nous pas sous la bâche de la tente ? Nous serions ainsi protégés des gouttes qui s’écrasaient à une vitesse folle sur le sol. Ni une, ni deux, nous avons mis son plan à exécution, en imaginant la tête de ceux qui croiseraient notre chemin : une tente à quatre pattes , avançant péniblement sur la route transformée en courant de boue.


Plutôt que de continuer la boucle autour de la lagune (trop longue), nous avons rebroussé chemin. Moins d’une demi heure plus tard, comme si elle voulait nous soulager de notre accoutrement, la pluie a cessé. Il nous restait alors 20 km à descendre jusqu’à la ville. Et il était 17h.

Nous avons entrepris la descente, dans un fin brouillard, qui s’est vite transformé en pâte blanche épaisse. Comme pour Cendrillon, nous pouvions encore compter sur notre « jour de chance », jusqu’à minuit. Les phares d’une voiture ont percé l’obscurité naissante. Julien dira que je me suis « jetée sous les pneus de la voiture » pour qu’elle s’arrête. Je dirais plutôt que j’ai fait des signes très explicites, et sans doute un peu alarmistes, qui ont eu pour résultat que, moins d’une heure plus tard, nous étions déposés, sains et saufs, sur la place principale d’Otavalo.

Et les bonnes surprises continuèrent : concert gratuit, agrémenté de danses traditionnelles sur la place, rencontre dans une petite tienda (échoppe) avec un Équatorien travaillant pour la CTB (agence belge fédérale pour le développement). Tout fier, il nous a glissé sous le nez une photo de la bière qu’il avait découverte la veille : une Saint-Feuillien blonde. Devant nos verres de Colada Morada (boisson chaude à base de farine de banane, de jus de mures, d’épices diverses et de morceaux de fruits frais – spécialité de la Toussaint), nous avions les papilles qui frémissaient. Nous nous sommes endormis en rêvant aux pintjes que nous partagerons bientôt avec vous.

L’attraction d’Otavalo, c’est la « feria animales », la foire aux animaux qui a lieu tous les samedis matin sur les faubourgs. Nos yeux, encore mouillés de sommeil, ont eu du mal à croire ce qu’ils voyaient. A l’extérieur de la foire, sur les trottoirs, des dizaines de sacs remuaient. A l’intérieur : des cochons d’inde, des lapins, des poules, des chiots… Et ce n’était que le début.

Une fois dans l’enceinte de la foire, nous ne savions plus où donner de la tête. Des centaines d’animaux, tenus « en laisse » par leurs propriétaires, étaient mis en vente. « Combien donnes-tu pour ma vache, mon cheval, mon cochon ? ».



Afin de se plonger pleinement dans l’ambiance, nous nous sommes donné pour mission de recenser le prix de chaque espèce. Pour info:
– un cochon de 2 mois coûte entre 35 et 45 USD
– une poule adulte coûte entre 6 et 8 USD
– un cochon d’inde coûte environ 4 USD
– un gros lapin coûte 7,5 USD
– un coq adulte coûte 15 USD
– un veau de deux semaines coûte 15 à 30 USD, et une vache de 3 ans coûte 600 USD (un vrai investissement!).

Quand les chiffres nous ont donné le tournis, nous avons grimpé sur une butte pour prendre notre petit déjeuner, composé de pain et de confiture à la papaye maison, vestige de notre établissement prolongé à Quito. De là-haut, Julien s’est en donné à cœur joie pour capturer à la volée des scènes qui nous feront longtemps sourire : un cochon qui se débat et refuse de suivre son nouveau maître, une vache qui prend la fuite et joue à cache-cache derrière les camions, ou au contraire un troupeau de 5 moutons qui se suit à la trace sans broncher.


La feria se poursuivant dans la ville, sous forme de brocante ou de marché artisanal.


Partout, la Colada Morada et les Guagua (espèce de cougnous) décoraient les étals.


Nous avons pris un dernier almuerzo (dîner) au marché, comme nous en avons l’habitude depuis plusieurs mois. Nous adorons l’animation qui y règne, la mixité sociale des consommateurs, et surtout le contenu des assiettes. Pour 1,75 USD, nous nous sommes remplis la panse, et avons fait glissé le tout avec un dernier Colada Morada.


Nous pensions que c’était la dernière fois que nous dégustions ce breuvage, mais nous allions le retrouver à Tulcan, la ville frontière avec la Colombie, vers laquelle nous nous dirigeons à présent. Ce n’était pas un adieu, juste un au revoir.

Images liées:

Baños – Cascades de cendres

Souvenez-vous… il y a un mois, nous avons tenté de rejoindre Baños, mais sommes tombés dans un guet-apens à Puela. Nous retentons donc notre chance après trois jours de randonnée sur la boucle du Quilotoa. Cette fois-ci, aucune fiesta ne nous détournera du droit chemin ! Il faut dire que les fiestas, elles se concentrent aussi à Baños même, ville touristique par excellence, où les rues sont animées 7 jours sur 7.

Baños, comme son nom l’indique, est principalement réputé pour ses sources thermales. Nous prendrons donc le temps d’aller nous baigner dans ces eaux volcaniques dont la température peut s’élever à 55°C. Une piscine à 18°C est également à disposition…

On fera également l’inévitable route des cascades… en mode touriste à 100%. Quitte à être à Baños, autant faire les choses à fond : nous sommes transbahutés dans une espèce de camion-karaoké bondé de touristes Équatoriens. On a bien ri de la situation, tout en se promettant de ne plus jamais se retrouver dans un plan pareil !

Alors qu’on se demandait encore dans quoi nous étions tombés, nous avons assisté à la vénération d’un rocher qui, de profil, ressemble à, je vous le donne en mille, Jésus Christ ! C’est un peu le Golden Rock de Baños, avec beaucoup d’imagination (Sarah n’a d’ailleurs jamais repéré la silhouette sacrée)…

Le clou du spectacle était sans conteste le «chaudron du diable», une des cascades les plus impressionnantes qu’il nous ait été donnée de voir et qui rivalise sans rougir avec celles que nous avions admirées au Laos sur le plateau des Bolovens.

Lors de cette première journée à Baños, nous apprenons que la «casa del arbol» est une autre attraction phare. Il s’agit en fait d’un endroit verdoyant, tout simple et qui donne une vue fabuleuse sur le volcan Tungurahua. Sympa mais souvent bondé ! Nous prenons quelques infos avant d’y monter en bus pour savoir comment éviter les foules. La solution? Il semblerait qu’il soit possible d’y planter notre tente. Arrivé aux portes des lieux, on nous confirme l’information et on paye une somme dérisoire pour avoir le privilège de passer notre nuit avec la vue sur l’un des volcans actifs d’Équateur.

Nous faisons connaissance avec l’un de ses gardiens : Carlos surveille le volcan depuis 16 ans et nous apprend que, la nuit précédente, de grandes gerbes de laves ont été aperçues. En cette fin de journée, nous ne pouvons apercevoir que de la fumée. Tout excités, nous prenons nos quartiers, attendons que les touristes nous laissent seuls en ces lieux et commençons notre soirée d’observation du volcan.

Malheureusement, nous ne verrons pas de projection de lave. Toutefois, dormir aux côtés de ce géant nous donne une grande leçon d’humilité et cette nuit demeure inoubliable (comme souvent grâce à notre tente).

Réveil à 5h45 pour se préparer à prendre le bus de 9h qui, la veille, a été décalé à 8h (heureusement que nous avions parlé aux locaux afin d’obtenir l’info). Finalement, à 6h30, nous entendons le bus nous passer sous le nez… Prochain bus prévu à 13h. L’horaire équatorien est décidément très compliqué à suivre ! Nous en profitons pour prolonger notre petit-déjeûner et profiter de notre paradis avec les petites installations ludiques à disposition.

Faute de bus, nous redescendons donc sur Baños à pied et en profitons pour passer par un mirador qui nous donne un très joli point de vue sur la ville.

En cette dernière après-midi, nous craquons pour une des nombreuses activités «extrêmes» proposées par les agences : nous partons dans la jungle pour un parcours de 6 tyroliennes dont la plus grande fait 550 m de long.  Au total, plus de 2 km de lignes.

Résultat des courses : super balade, pas grand monde sur place (2 autres touristes) et, le plus important, on s’est vraiment bien marrés !


En vol vers de nouvelles aventures!

Images liées:

Quilotoa – L’eau qui fume et qui brûle

Enfin ! Depuis le temps que l’on entend parler de cette lagune volcanique… Nous y sommes! Elle n’était pourtant pas très loin de Quito et était assez facilement accessible. Il nous a pourtant fallu près de deux mois pour mettre les pieds sur ses rives!

Nous parlons bien évidemment du lac du Quilotoa, ce volcan dont la dernière éruption remonte à environ 700 ans. Le lac qui se trouve dans son cratère est bien connu des touristes, tant Équatoriens qu’internationaux. La plupart d’entre eux se contentent de faire un aller-retour à l’intérieur du cratère. Trop peu pour nous! Puisque cela fait un petit temps que l’on ne s’était pas dégourdi les jambes, nous comptons faire un petit trek de 2 ou 3 jours.

Au premier regard, depuis le mirador principal, nous tombons sous le charme de ce magnifique lac.


Nous descendons ensuite dans le cratère situé à 3500 m d’altitude par un sentier éloigné de la grande voie touristique, pour tenter une baignade rapide…


Nous décidons, malgré l´heure tardive, de commencer le tour du lac, sur les hauteurs, la même après-midi. Selon les informations récoltées, il faudrait environ 5h pour parcourir la boucle complète. Près d’une heure après le départ, la nuit commence à tomber et nous plantons la tente juste à côté du chemin de rando, sans trop savoir si nous sommes censés pouvoir le faire. Le vent a claqué toute la nuit et une bête faisait des bruits bizarres à proximité de la tente. Autant dire que la nuit n’a pas été très reposante… Au réveil, nous découvrons que nous avons gagné un compagnon de route : un chien a passé la nuit blotti près de notre emplacement. Probablement avait-il également deviné que le lever de soleil sur le lac donnait à notre emplacement de camping une valeur inestimable.



Malgré la fatigue, nous grimpons et atteignons le point le plus haut du cratère : presque 4000 m. Nous choisissons cet endroit pour déjeûner.



En chemin, nous avons la chance de croiser des élèves de l’école Lorenzo Lieta de Pilapuchin. Il s’agit d’un village indigène. Je passe un moment à discuter avec Olmedo, le professeur. Il m’apprend notamment avec fierté que les élèves parlent Kichwa et Espagnol, et que l’école est dotée d’un ordinateur connecté à internet. Je propose d’immortaliser la rencontre et de leur envoyer les photos dès notre retour à Quito. Les enfants sont surexcités, essayent nos bâtons de randonnée et posent avec enthousiasme sur les photos.


Nous disons au revoir à la lagune et prenons la direction de Chugchilan, petit village situé à 4h de marche.


En chemin, nous passons dans un village indigène. Les gens travaillent dans les champs, une femme écosse le quinoa, les élèves jouent dans la cour…

Avant d’arriver à Chugchillan, nous devons descendre dans le fond d’un canyon très impressionnant et… tout remonter bien sûr.



Arrivés dans le village, on se rend très vite compte qu’il ne semble pas y avoir grand chose à y faire et que les campings proposés par les hôtels sont très chers. Nous décidons donc d’attendre la tombée de la nuit et de planter notre tente dans un terrain que nous avions repéré au préalable. En attendant, nous rentrons dans le seul petit commerce ouvert, saluons les locaux qui y boivent des bières et commandons des patates rissolées et des cafés. Eloïsa, la tenancière, nous sert avec grand plaisir. Il ne faut pas 2 minutes pour qu’un homme (Omar) s’approche et me dise que le café ne se boit pas comme ça à Chugchilan. Il faut y ajouter ce que les locaux appellent la « aguardiente » : un alcool élaboré à partir de jus de canne à sucre. Littéralement, cela signifie « l’eau qui brule ». Je me plie à la tradition (vous imaginez qu’il a fallu me pousser), un homme s’attable (José), Omar revient, et je paye ma tournée. A partir de là, les heures défileront autant que les verres d’alcool et les conversations n’en finiront plus. Il faut saluer l’exploit de Sarah qui restera sobre toute la soirée (mal de tête avant de commencer à boire). La soirée fût drôle, instructive, réjouissante, touchante… Comment s’imaginer cela quelques heures plus tôt ? José m’explique que les « gringos » (étrangers) ne sont habituellement pas ouverts et nous félicite de l’avoir invité à notre table. Un geste qui nous paraît normal mais qui ne l’est apparemment pas pour tous. Nous finissons la soirée tant bien que mal en apprenant quelques mots de Kichwa. Eloïsa et Secundo (son mari) nous proposent gentillement de rester dormir dans leur commerce. Ils ne dormiront pas là et nous feront entièrement confiance : la magie s’opère une nouvelle fois.



Le lendemain, nous remercions encore nos hôtes d’une nuit, prenons le petit-déjeuner avec Eloïsa et nous mettons en route vers le prochain village : Sigchos.  Aujourd´hui, le mal de tête de Sarah a disparu. Ce qui n’est pas mon cas vu l’épisode de la veille.

Nous nous enfonçons dans le canyon, traversons des villages, parlons à ses habitants… Une journée magnifique ! Nous rencontrerons même un fermier qui est en route vers notre village de destination afin d’y vendre le lendemain son taureau. Il espère en tirer 300 dollars !



Nous arrivons à Sigchos en début d’après-midi mais nous n’y resterons pas. Nous quittons les lieux pour notre prochaine escale qui risque d’être sportive. Suite au prochain numéro !

Images liées:

Guayaquil – Des aurevoirs au vert de rhum

Les roues du chico Truck nous mènent au Bosque Cerro Blanco à environ 16 km de Guayaquil, ville la plus peuplée du pays (environ 2,3 millions d´habitants). Ce bosquet est l´habitat de plus de 200 oiseaux, plus de 50 mammifères (dont le jaguar), 24 espèces de chauve-souris, etc. Il est possible d’y garer le camping-car et d’y planter sa tente pour une somme dérisoire. A l’arrivée, nous constatons que nous serons seuls… Que demander de mieux pour terminer ce trip en camping-car !? Nous prenons donc nos quartiers…

Et nous partons dans les bois à la rencontre de ses habitants…



On ne peut pas dire que nous avons pu voir grand chose en terme d’animaux mais la flore révèle de magnifiques secrets à qui prend le temps de la regarder…



Et de l’écouter ! Pendant une bonne heure, nous entendrons des singes hurleurs tout proches. Malheureusement, ils semblent assez timides. Les bruits et la beauté de cette forêt tropicale sèche nous enthousiasment tous… A tel point que nous finissons par grimper dans les arbres.


Mais il est bientôt l’heure de se dire au revoir. Comble de l’horreur, c’est notre dernière nuit ensemble et nous nous rendons compte que nous n’avons pas d’alcool pour prendre un apéro ! Ni une ni deux, me voici à la tombée de la nuit en train de courir (littéralement) le long d’une autoroute. On m’avait dit que le premier magasin était à 15 minutes de taxi. Heureusement, au bout d’un bon kilomètre, j’aperçois une échoppe. La tenancière m’explique que la vente d’alcool est interdite par la loi le dimanche. Je lui conte donc ma détresse et ma quête depuis notre emplacement de camping pour trouver le Saint-Graal. Au bout d’une demi-heure, je ressors, le sourire aux lèvres et une bonne bouteille de rhum brun sous le bras. Je peux enfin revenir en vainqueur ! Pas de photos, nous étions trop pressés de déguster le cocktail !

L’alcool faisant son effet, nous pensions halluciner quand nous aperçûmes deux lampes torches s’approcher de notre table. Il s’agissait en fait de deux étudiants en biologie qui venaient nous proposer de recueillir ensemble des chauve-souris dans les filets qu’ils avaient placés durant la journée. Ainsi donc, nous passions notre fin de soirée à discuter chauve-souris dans un espagnol approximatif. Expérience sympathique. Espérons qu’une fois libérées elles aient pu retrouver leur chemin après avoir respiré notre haleine bien chargée !

Le matin venu, nous disons au revoir à Claire, Noa, Cédric et au Chicotruck, le cœur un peu serré mais heureux d’avoir pu vivre ce bout de voyage en commun. Et, justement, si nos façons de voyager sont complètement différentes, nous avons appris les uns des autres. J’en veux pour preuve l’article de la famille Tingry sur ce qu’ils ont appris des backpackers belges. OK, voici notre liste de ce qu’on a appris des « camping-caristes » :

  • Le camping-cariste ressemble à un chameau. Un réservoir de 120 litres qui se doit de ne pas être vide, sinon : plus de douches, de toilettes, de vaisselle, etc. Du coup, un de ses trucs est d’acheter un peu d’essence et de demander à la pompe « un peau d’eau ». Le sourire du camping-cariste devient, dans ce cas, proportionnel à son réservoir.
  • Contrairement aux backpackers, le camping-cariste est un animal diurne : il ne voyage que rarement la nuit.
  • Il ne faut en aucun cas laisser des toilettes à la disposition d’un camping-cariste. Vous pourriez risquer une explosion de votre fosse sceptique lors de la vidange de ce qu’il appelle sa « caisse à caca ». On comprend mieux ces nombreuses toilettes publiques devenues insalubres.
  • Un camping-cariste sent toujours bon mais n’est pas toujours propre sur lui. La lessive dépend elle aussi de son réservoir d’eau (voir point premier). De loin, il n’est donc pas toujours facile de le distinguer d’un backpackers.
  • Il existe des sous-classes à l’espèce « camping-cariste ». On distingue notamment le camping-cariste de luxe et le camping-cariste baroudeur. Claire, Noa et Cédric appartiennent à cette dernière sous-classe. Le dialogue entre espèces de sous-classes différentes est assez compliqué…
  • Le camping-cariste semble avoir de gros tocs. Avant de se mettre en route, il vérifie frénétiquement que tous les tiroirs sont bien fermés à clé. Il resserre également les vis des tous ses meubles régulièrement.
  • L’ingéniosité du camping-cariste trouve son paroxysme en cuisine. Claire nous a notamment surpris avec ses pizzas maisons ou encore son pain aux olives tous deux cuits à la poêle !!!
  • Le camping-cariste qui se respecte possède un abonnement à camping-car mag’
  • Comme les backpackers, le camping-cariste squatte sans relâche les bancs publics, l’électricité et traque le moindre wifi non sécurisé.
    Note à l’attention des backpackers : chers amis, lors de votre prochaine quête d’un WIFI gratuit, cherchez de l’œil les camping-cars. Là où ils sont stationnés, il y a de grande chance de trouver votre dessein.
  • Papa et maman camping-caristes ne disposent pas de beaucoup d’intimité. Il est donc recommandé d’héberger des amis backpackers baby-sitters pour profiter de quelques moments en amoureux…
  • Un lit est également un divan, une table, une salle de jeux…
  • En bref, un camping-cariste baroudeur est un aventurier sur roues qui voyage avec un certain degré de confort, qui change chaque jours son itinéraire et peut atteindre des lieux que d’autres voyageurs ne peuvent apercevoir. Il a le cœur sur la main (sauf quand des backpackers auto-stoppeurs rentrent avec leurs souliers dégueulasses dans leur maison… les gars, un effort svp !) et est ouvert à la rencontre malgré son autonomie évidente.

Bref, Claire, Noa et Cédric, un tout grand merci de nous avoir accueillis dans votre maison sur roues !

Juste après avoir quitté nos hôtes, nous nous remettons en route en bus public. Nous passerons la journée à visiter Guayaquil avant de prendre un bus de nuit vers Quito… Retour au bercail !








Images liées: