Archives de catégorie : Brèves

Détentes, heures au pays des fous à pattes bleues

C’est l’histoire de deux chatons errant sur le bord de la route, qui ont croisé le regard de Claire. Bon… disons plutôt que, une fois sorti de leur sac en plastique, ils n’avaient pas bonne mine, et c’est plutôt Claire qui a croisé leurs yeux tout pâteux. Grâce à la force de persuasion de celle-ci, ils ont rejoint notre joyeuse équipe dans le Chicotruck en moins de cinq minutes. Pour le meilleur et le moins pire !

Nous mettons le cap sur Puerto Lopez, ville touristique par excellence mais qui n’en reste pas moins attrayante à bien des égards… D’abord, le Chicotruck trouve bien sa place en plein centre-ville avec un wifi non sécurisé à la clé (muahaha… c’est le cas de le dire), un super banc public qui finira presque par devenir un membre à part entière de notre « salon de rue », un supermarché de dingue avec des promos qui nous permettront de nous offrir de la mortadelle comme on en fait plus (heureusement a-t-on envie de dire) et… des supers excursions en mer ! Voui voui, on est chaud patate !!!

En avant donc… Qui dit excursions, dit, malheureusement, agences. Si l’on combine ça avec l’Equateur, ça nous donne des prix qui dépassent largement nos attentes. On souhaitait faire deux plongées franco-belges et une excursion à la Isla de la Plata, cette île que l’on appelle « les Galapagos des pauvres ». Nous, on a plutôt envie de dire que ces Galapagos sont tout à fait hors de prix… On verra ça dans une autre vie ! En attendant, retour à nos deux projets. Mettez deux anciens collègues gestionnaires de chantiers sur une plage avec 10 agences et, PAF, on se retrouve avec plus de 50 % de réduction sur les prix annoncés. Allez, c’est parti, ces deux prochains jours, on sera en mer ! Apéro pour fêter ça… Dans le Chicotruck, il y a de toute façon toujours une bonne raison pour sortir une bouteille.

Le temps est pourri, on commence donc par la plongée. La bruine et les nuages ne font pas peur aux détendeuristes (non, ce n’est pas encore dans le Larousse mais ça devrait venir). Par contre, on avait pas vu venir le courant en surface qui fera vomir une partie de l’équipage et, le courant sous-marin qui n’améliorera rien ! La visibilité n’était pas au top, les fonds-marins sympas sans plus MAIS on a plongé ensemble, on a bien pris notre pied et ce n’est pas ces quelques désagréments qui nous empêcheront de garder un bon souvenir de la journée. On s’excuse auprès des prochains plongeurs si les détendeurs ont conservé un certain gout âcre !

Lendemain, rebelote mais avec Noa et Claire en plus sur le bateau qui sont un peu inquiets suite à nos déboires de la veille. Cap sur la Isla de la Plata ! En chemin nous croisons d’impressionnants chalutiers dont les mâts se transforment en auberge pour les oiseaux.


Mais nous ne croisons pas que cela. Malgré que ce ne soit pas la saison, nous avons l’immense chance de croiser pendant 10 bonnes minutes de belles baleines à bosse !

Le spectacle ne s’arrête pas là. Arrivés à terre, nous nous enfonçons sur l’île pour une petite balade de quelques heures afin de faire connaissance avec la faune et la flore locales. Et nous n’en sortons pas déçus. La star de l’île est bien évidemment le fou à pattes bleues. D’après notre guide, ce serait son alimentation (les sardines) qui serait à l’origine de la couleur de ses belles jambes… Ceux à pattes rouges mangeraient du calmar. On a toujours pas très bien compris le rapprochement mais cela semble être un fait avéré !



Nous croisons aussi des frégates, qui, malheureusement, ne sont pas en période de reproduction et ne gonflent pas leur fameux gosier rouge qui leur sert à amadouer les femelles.


Le spectacle est de toute façon magique, les paysages sont absolument inoubliables. Un bon moment passé entre potes!


On terminera la journée en explorant la faune sous-marine: tortues sous-marines en surface et petite sortie snorkeling.

Le lendemain, nous quittons la mer et rejoignons la communauté d’Agua Blanca.

Il s’agit d’un petit projet d’écotourisme géré de manière locale. On y fera une petite balade durant laquelle nous observerons les oiseaux, une chouette, des reptiles, des écureuils et j’en passe.



On finira la balade par un bain de boue et un rinçage dans une eau sulfurée…



La fin de notre séjour dans la communauté signera aussi notre séparation avec les chatons « A » et « B »… Sauvés d’une mort certaine, on leur a redonné des forces, on leur a laissé des provisions pour plusieurs jours, et construit un petit abri à proximité d’un point d’eau et d’un village. Bonne chance!

Histoire de nous remettre de cette rupture, on décide d’aller faire les surfeurs à la plage.


Cédric s’était vanté de ses talents de surfeur et nous décidons de vérifier ses dires. En l’observant, il semble effectivement qu’il n’ait pas menti ! Quant à nous, après s’être engouffrés dans les rouleaux par deux fois, nous avons finalement laissé tomber ce sport vraiment trop simple… (hum hum)

Après tant de jours passés dans le même coin, le Chico Truck commence à avoir les roues qui démangent. Nous prenons donc la décisions de faire un bond vers l’avant et passer une dernière journée ensemble avant de se quitter.

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Crucita – Des pélicans sur le Mékong !?

Nous l’avions entraperçue à Lima. Cette fois, nous ne la manquerons pas : Vamos a la playa ! En musique, s’il-vous plaît.

Cette décision a eu des effets inattendus sur les faciès des occupants de l’avant du Chicotruck.


Il faut dire qu’elle est superbe, la cote équatorienne : du sable fin, des huttes en bois, et des collines en arrière plan qui protègent ce que les guides de voyage appellent le « mini-Laos ». Pour avoir passé près d’un mois dans ce pays, nous pouvons confirmer que l’ambiance dégagée par les lieux a un petit côté asiatique, avec ses rizières, ses maisons sur pilotis et ses célèbres déclinaisons de verts.



Au petit matin, le spectacle était moins reposant. A Curcita, le retour de pêche ameute tout le village sur la plage. Les barques faisaient des allers-retours vers les grands bateaux de pêche amarrés au large. Elles étaient vidées une à une par des hommes bravant les oiseaux chapardeurs à coups de bâton, pendant que les femmes s’affairaient au tri des poissons, avant de les charger dans des camions, direction les marchés des villes environnantes.



Nous n’avons pas résisté à la tentation de nous frotter aux grossistes et d’acheter directement sur la plage du poisson frais pour le souper. Après d’âpres négociations, nous sommes repartis avec trois belles pièces pour 2 USD. Cédric s’est immédiatement lancé dans le nettoyage de la boustifaille. En soirée, nous les avons étalés sur la plancha, au dessus d’un authentique feu de bois improvisé sur la plage.


A peine éloignés de l’animation de la plage, nous avons été replongés au « mini-Laos ». Un homme pêchait dans un bras de mer avec le fameux filet lesté que nous utilisions à Muang Ngoi.


Flashback en février 2015 (les cheveux de Julien en moins):

Seul indice de notre localisation réelle et actuelle: les pélicans, qui ne nous quittent plus depuis notre arrivée sur la côte.


Après cette grande bouffée d’air marin, nous avons fait une petite escapade dans les terres, à Montecristi. Contrairement à ce que leur nom suggère, c’est ici que sont fabriqués les plus beaux « chapeaux panamas », en paille. Et vu le prix, ils peuvent effectivement être superbes: jusqu’à 500 USD la pièce !


C’est également à Montecristi qu’est né Eloy Alfaro, ex-président de l’Équateur. Sa maison, reconvertie en centre culturel, conserve un charme certain.

Une de mes chaussures n’a pas pu se défaire de ce charme : elle est tombée du Chicotruck et s’est définitivement perdue. C’était le début de la révolution des objets : une chaussure de Julien a également rendu l’âme, notre réchaud et notre alcool ont disparu, et l’écran de notre ordinateur s’est fendu. Tous commencent à souffrir sérieusement du traitement que nous leur infligeons depuis décembre 2014. Allez les gars, plus que 2 petits mois, et puis nous vous mettrons en congé ! En attendant, profitez de la vue. Le bruit des vagues, l’odeur du sel et les couleurs pastels nous feraient tout oublier…

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Mindo’r

Ce mardi 6 octobre, un énooooorme camion s’est arrêté devant notre résidence. En sont descendus : Cédric, un ancien collègue de Julien, Claire, son épouse, et Noa, leur fils de trois ans. Ils voyagent à bord de leur mobilhome, rebaptisé « Chicotruck », depuis près d’un an. Depuis Buenos Aires en Argentine, ils ont remonté le Chili, la Bolivie, le Pérou, l’Équateur, et la Colombie, avant de revenir sur leurs pas, et de croiser notre route.

Pour inaugurer notre rencontre, Noa nous a offert un festival de gamelles : en moins d’une journée il a rencontré un trottoir, une porte et une marche. C’est un vrai Schtroumpf, couvert de bleus, qui nous a accueillis à bord de sa maison roulante. Nous avons donc échangé nos battons de marche contre une place confortable à l’arrière du Chicotruck pour une dizaine de jours. C’est parti pour l’aventure à 5 !

Ca secoue, ça tremble, ça tombe… il nous a fallu quelques minutes pour trouver une place sure et confortable dans l’habitacle en mouvement. Mais une fois que nous avons trouvé nos marques, nous avons eu l’agréable impression d’être les heureux passagers d’une croisière de luxe, faisant arrêt où le capitaine le désirait, pour un repas, pour une nuit, ou simplement pour un petit break.

Nous avons fait notre première halte à Mindo, à une centaine de kilomètres de Quito. Cette petite ville plutôt calme a accueilli le Chicotruck au bord d’une rivière pour la nuit. Plutôt que de planter notre tente aux côtés du mobilhome comme prévu, Claire et Cédric ont transformé leur canapé en nid douillet pour backpackers. Sur la dizaine de nuits passées ensemble, nous n’aurons monté notre tente pas plus de 2 fois. Une vraie croisière 5 étoiles !

Voyager au rythme d’un enfant, c’est prendre son temps là où nous nous précipitons parfois, c’est regarder les choses avec ses yeux, et c’est faire appel à notre créativité pour répondre à ses questions. Mais c’est aussi… collectionner les réveils matinaux, ce qui ne manquait pas de charme !

Levés au « chant du Noa », nous sommes partis à la recherche des princes de Mindo : les colibris. Nous en avons trouvé des dizaines dans un centre d’observation. La mélodie qui se dégageait du lieu était un subtile mélange de chants d’oiseaux et de battements d’ailes. Les colibris sont en effet les Schumacher des oiseaux équatoriens : ultra rapides, ils fuient les appareils photo. Notre patience (au bout de quelques heures) a fini par payer.

Une fois les clichés dans la boîte, nous avons rejoint la cascade de Nambillo pour poursuivre le concours Schtroumpf initié la veille.

Haute de 15m, cette jolie cascade est mise en valeur par quelques infrastructures : des ponts, des balançoires, un toboggan, quelques piscines et un plongeoir.

Il n’a pas fallu 10 minutes pour que les mâles de la bande s’élancent dans le vide, à grand renfort de cris.


Échauffée par leur exploit, je me suis également avancée sur le promontoire, et ai décidé de me lancer. La chute n’en finissait pas, et j’ai basculé vers l’arrière. Résultat : un joli plat sur les cuisses, et deux énormes bleus de plus de 15cm de diamètre.

Nous vous épargnons les photos de ce désastre, et préférons publier les photos des Équatoriens qui, nous voyant saliver devant leur barbecue, ont partagé leurs saucisses et patates rissolées.

Nous n’avions finalement rien à leur envier. De retour au Chicotruck, Cédric s’est attelé à la préparation de cocktails, tandis que Claire nous a sorti des incroyables pizzas maisons à la poêle. De quoi animer une belle soirée entre potes. Une parmi les dizaines que nous allons vivre ensemble.

Mind(o) de rien, du cinq étoiles…

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Macas… Quête !

Macas? Mais c’est où, Macas? Embarqués à l’arrière du pick-up de Miguel, nous ne cessions de nous demander où se situait notre destination du jour. Dépourvus de livre de voyage, nous ne pouvions pas placer la ville sur la carte de l’Équateur. Nous nous sommes rendu compte plus tard qu’elle était à la limite de la forêt amazonienne, à l’est du pays, bien loin de notre itinéraire originel. La fameuse boussole des rencontres nous faisait découvrir une partie méconnue de l’Équateur.

Installés à l’arrière du pick-up, nous avons profité d’une vue superbe pendant une dizaine de kilomètres. Alicia et Jacquelina nous y avaient aménagé un petit nid douillet, à grand renfort de matelas, cousins et couvertures. Et puis, la pluie s’est invitée à la fête. Miguel, embêté, nous a présenté une grande bâche noire, que nous avons déployée sur nos têtes. C’en était fini du joli paysage. C’était le début de longues heures dans le noir complet, ponctuées d’arrêts de notre chauffeur, inquiet de notre condition.

De notre côté, nous nous amusions de la situation, jusqu’à en pleurer de rire.

Nous avions en outre un nouveau compagnon : un petit chat adopté par Alicia, qui faisait route avec nous dans la benne, enfermé dans un sac en plastique. Nous l’avons baptisé Dexter.

Au fur et à mesure des heures, Dexter se montrait de moins en moins patient. Il a transformé son sac, que nous avions gentillement ouvert, en véritable passoire, et seules nos mains retenaient sa fuite. Vers 21h, il a découvert, avec nous, sa nouvelle maison. Fatigués par la route, nous sommes tous partis faire un somme.

Objectivement, il n’y a pas grand-chose à faire à Macas. Nous avons interrompu la personne en charge de l’office du tourisme en plein film. A contre cœur, elle a appuyé sur le bouton pause, nous a soufflé qu’il y avait une église, un mirador, un centre d’interprétation interculturel et un parc zoologique à visiter dans les environs. Après nous avoir remis un plan de la ville, elle a attrapé ses écouteurs et est retournée, soulagée, à ses vidéos en ligne.

En une demi-journée, nous avions fait le tour des trois premiers sites renseignés.

Après avoir partagé le dîner avec Alicia et Miguel, nous sommes partis à la découverte du parc zoologique, peuplé de singes surexcités, d’oiseaux plutôt timides, et de quelques créatures dont nous ignorions le nom.

Tout comme à Cuenca, les cages nous mettaient mal à l’aise, même si officiellement ces animaux sont hébergés dans le parc de manière temporaire, parce qu’ils sont blessés ou qu’ils ont échappé à la contrebande, en attendant leur réinsertion dans leur milieu naturel.

Certains d’entre eux étaient déjà libres, et avaient appris beaucoup aux côtés des hommes. Un singe plutôt malin nous a fait les poches, glissant sa main dans les fentes, et défaisant les tirettes.

A notre retour à la maison, Miguel avait décidé de nous faire visiter les environs plus éloignés de Macas. A l’aide de son fidèle pick-up, nous avons découvert une statue de la Sainte Vierge sur les hauteurs, les places des villages voisins, un pont surplombant un rio (ruisseau), un autre rio, encore un autre rio…

Tout devenait une attraction incontournable aux yeux de nos hôtes.

Le clou du séjour, ça a été notre dernier souper, chez Jacquelina, la sœur de Miguel. Ensemble, nous avons cuisiné pendant des heures, pour préparer la spécialité locale, l’ayampaco.

Alexis, le fils de Jacquelina que nous avions rencontré à Puela, nous a rejoint avec sa femme et sa fille. D’autres membres de la famille se sont joints au festin, et la table est bientôt devenue trop petite.

Tous tentaient de nous faire découvrir quelque chose : les fèves de cacao fraîches, les limes au sel, la canne à sucre à mastiquer…

Ayant très peu voyagé, il leur était difficile d’appréhender notre réalité européenne. Un autre continent, un autre climat, une autre culture… mais une même curiosité, réciproque. Les au-revoirs ont été difficiles, et nous nous sommes promis, un peu naïvement, que nous nous reverrons, en Amérique du Sud ou en Europe. En attendant, le miracle nommé internet nous permettra de rester en contact.

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Puela – Fanfares, taureaux et bien plus !

Voyager sans guide de voyage ne nous réussit pas toujours (voir notre recherche vaine des lagunes près du cratère d’El Altar). Mais parfois, cela nous réserve d’excellentes surprises !

Après nos quelques jours d’exploration autour du volcan, nous souhaitions rejoindre Banos, une ville thermale. Nous pensions que nos petites guibolles avaient bien besoin de se détendre dans les eaux chaudes des bains. Nous avons donc demandé quel bus pouvait nous y emmener.

La réponse apportée à cette question a définitivement changé le cours des 4 jours suivants. « Vous devez d’abord prendre le bus pour Puela, et ensuite un second bus pour Banos. Mais les transports sont sans doute perturbés, car le village de Puela fête la Saint Michel ».

Fête ? Vous avez dit « fête » ? C’en était trop pour les oreilles de Julien, qui avait déjà décidé que Puela deviendrait notre destination finale du jour. Moins de trente minutes plus tard, nous prenions un bain de foule sur la place du village (située en réalité au carrefour des deux uniques rues du bourg, agencées de manière perpendiculaire). Suivant le mouvement, nous avons rapidement fait la connaissance de la star du jour : une statuette d’environ 1m de haut, adorée par des dizaines de fidèles, qui représente Saint Michel terrassant un tout petit dragon.

Si le village de Puela est minuscule, les cérémonies entourant la Saint Michel drainent les habitants des vallées environnantes, ce qui a pour conséquence que la densité de la population explose. L’église était trop petite pour contenir l’ensemble des fidèles. La solution ? Sortir les bancs sur le terrain de basket voisin.

La raison de cet engouement particulier résulte de l’activité intense du Tungurahua, le volcan voisin. Saint Michel serait le protecteur du village contre les éruptions. Et les habitants en ont bien besoin : le Tungurahua crache en effet des cendres de manière régulière, et nous avons assisté à pas moins de deux éruptions lors de notre court séjour à ses pieds.

Bien que nous nous joignions aux craintes des fidèles, la messe organisée sur le terrain de basket n’en était pas moins assommante. Après une heure (montre en main) de « Je vous salue Marie », nous avons pris la sage décision de nous éclipser. Grand bien nous en a pris: les autres bancs n’ont été désertés que plus de 2h plus tard… Et ce n’était en réalité que le début : Saint Michel a ensuite été baladé dans les (deux) rues, suivi de l’orchestre et d’une centaine de badauds.

Pendant ce temps, nous nous sommes réfugiés dans un stand de nourriture typique.

Notre présence en ces lieux n’est pas passée inaperçue. Nous étions en effet les seuls touristes de la fête et Julien, avec sa coupe de cheveux explosive, est facilement repérable. Les tenanciers se sont donné pour mission de nous faire goûter les spécialités locales, du porc à la broche à la liqueur maison, en passant par le pain à l’anis. En échange, nous posions de bon cœur sur leurs photos souvenirs.

Le résultat, au bout de près d’une heure de ce petit jeu, était sans appel : nous étions devenus amis. Et les amis ne paient pas leurs consommations. Impossible de sortir un dollar de nos poches.

Cette expérience, nous l’avons vécue pas moins de trois fois en l’espace d’une journée. Près d’une heure plus tard, Pierre, un Équatorien d’origine africaine, nous offrait des friandises maison à la noix de coco.

Le summum, nous l’avons vécu avec Miguel et sa famille. Rencontré une première fois alors que nous nous baladions dans les environs du village, Miguel a recroisé notre route lorsque nous cherchions un endroit pour poser notre tente. Spontané et extraverti, sa réaction ne s’est pas faite attendre : nous DEVIONS camper chez lui, dans le jardin de la maison familiale. Et de nous embarquer immédiatement à l’arrière de son pick-up (nous étions à l’autre extrémité de sa rue, c’est à dire à 200m de chez lui, mais tout de même, il fallait prendre la voiture – le carburant ne coûte rien en Équateur, pays producteur de l’or noir).

Premier arrêt: la maison d’un lointain parent, qui possède des chèvres. Leur lait vaut une véritable fortune (4 dollars le litre, contre 50 cents le litre pour le lait de vache), compensée par des propriétés et un goût uniques.

Second arrêt : l’arène. Les jeunes de la région s’étaient donné rendez-vous sur ce terrain sablonneux, afin d’affronter cinq bovins plus ou moins excités. Pas de véritable combat, et encore moins de mises à mort ; l’idée était simplement de « jouer » avec les taureaux, à l’aide de couvertures ou de pull-overs en guise de cape rouge à agiter devant l’animal.


Les spectateurs avaient aménagé des gradins dans les bennes de camionnettes, ce qui en soi valait le détour.

Au soleil couchant, nous avons retrouvé Miguel, mais aussi son épouse Alicia, ses sœurs Jacquelina et Lorena, ses neveux Alexis et Veroniqua, son petit neveu Nicolas, et ses parents Juan et Blanca. Tout ce petit monde s’est serré dans la cuisine, alors que Jacquelina et Alicia s’affairaient pour nous sustenter. Après un bref conseil de famille, il a été décidé que nous DEVIONS dormir dans la cuisine, auprès du feu,car il ferait trop froid dehors (ils ignoraient que, la veille, nous avions les pieds dans la neige, et que nous n’avions pas bronché).

Avant de tomber dans les bras de Morphée, nous avons rejoint une dernière fois l’arène, éclairée d’une dizaine de foyers. Chaque famille du village avait amassé du bois, avant d’y mettre le feu, au son de la fanfare. Il s’agit d’un hommage à la nature, perpétué depuis des dizaines d’années.

Passage obligé avant de rentrer à la maison : la statuette de Saint Michel, qu’il fallait impérativement saluer.

« Et demain, vous allez à Banos ? Nous retournons à Macas. Macas est très joli. Vous pouvez venir avec nous si vous voulez. » Après quelques minutes de réflexion, nous avons opiné du chef : va pour Macas !

Le lendemain l’ambiance à Puela ressemblait, à s’y méprendre, à  celle carnavalesque des Chinels de Fosses-la-Ville. Levés de bonne heure, nous avons préparé du thé à la cannelle, agrémenté d’alcool de canne, en quantité astronomique. Certes la famille était nombreuse, mais les destinataires premiers de cette boisson étaient les membres de la fanfare, qui faisaient halte dans chaque maison pour jouer un morceau, et surtout pour boire un coup.


Avançant de maison en maison, la fanfare a fini sa course dans la salle des fêtes, où un repas était offert à tous les participants.

Nous n’en avons pas pleinement profité, car notre estomac était déjà bien rempli. Nous sortions en effet d’un cours de cuisine avec une voisine. Elle nous avait enseigné l’art de préparer des « Tortillas a la piedra » durant… près de trois heures.

Des centaines de petites galettes salées ont rôti sur le feu de bois.

Après un dernier passage de l’effigie de Saint Michel, nous sommes monté à bord du 4×4 de Veroniqua, direction Riobamba. De là, nous prendrons la route pour Macas, avec Miguel, Alicia et Jacquelina.

Notre seule boussole : les rencontres que nous faisons sur le chemin.

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El Altar – retour aux sources

Au fur et à mesure du voyage, nous comptons de plus en plus sur notre capacité à improviser. C’est ainsi que nous sommes partis en rando vers le volcan El Altar. Julien avait vaguement recueilli quelques infos sur internet, qu’il avait ensuite griffonnées sur un bout de papier. Cette feuille A4, pliée en 8, constituait notre unique guide de voyage pour les prochains jours.

Heureusement, nous avons pu compter sur l’amabilité sans faille des Équatoriens pour nous indiquer quels bus prendre de Riobamba à La Candelaria, point de départ de la rando. Nous avons également pu compter sur leurs conseils pour débusquer un endroit où planter notre maison portable, en attendant de nous lancer à la conquête du volcan le jour suivant. Unanimement, ils nous ont désigné un carré de pelouse situé à coté du bâtiment inoccupé du ministère du tourisme. Le petit plus : nous avions des sanitaires, de l’eau courante, et de la lumière, aux frais de la princesse !

Le lendemain, les choses sérieuses, et même très sérieuses, ont commencé. Ça montait sec ! Au beau milieu de cette ascension de plus de cinq heures, Julien a déplié son « guide de voyage » pour constater qu’en effet, El Altar est le cinquième plus haut volcan d’Équateur. Ceci expliquait donc cela…

Sur le chemin, il n’y avait personne, à part des chevaux, des vaches et des oiseaux multicolores.

Même le refuge situé dans la plaine faisant face au volcan était désert. L’ensemble de bâtiments ressemblait à un village fantôme. Un rapide coup d’œil par une fenêtre a confirmé nos premières impressions: des centaines de vers se battaient sur une peau de vache encerclée de sang séché, et les sanitaires n’étaient qu’un ramassis de boues (ou autre), devenu le terrain de jeu d’insectes variés.

Nous avons rapidement foutu le camp, pour le monter (notre camp), de l’autre côté de la plaine.

Le chemin jusque là n’était pas aisé. En effet, la plaine est creusée par des dizaines de petits cours d’eau, issus des glaciers et cascades des montagnes environnantes. Nos chaussures n’ont pas résisté à l’idée de se rafraîchir dans ces mini-rivières (un pas de travers et nous nous enfoncions de plusieurs centimètres dans ce gigantesque marécage). Les choses se sont compliquées lorsque nos pantalons ont eu la même envie… (le niveau de l’eau était supérieur à celui de nos genoux). Nous avons fini par traverser l’ultime cours d’eau en petite tenue !

Et tant que nous y étions, nous avons sorti la bassine, le savon écologique et avons pris notre courage à deux mains pour prendre une douche nature dans cette eau glacée. Après quoi, nous nous sommes glissé dans nos sacs de couchage, et avons joué à « mots-mêlés » pendant des heures, avant de nous endormir en nous disant que ce style de vie-là, nous l’adorons !

Ce que nous avons nettement moins adoré, c’est de nous perdre le lendemain dans une végétation très dense, où chaque pas était un exploit en soi. Le chemin vers la lagune du volcan n’était pas indiqué, et comme il n’y avait pas âme qui vive dans le coin, personne ne put nous renseigner. Quant à notre feuille A4, elle ne contenait aucune information sur le sujet.

Au bout d’une heure et demi, Julien a repéré un chemin sur la crête, et au prix de quelques efforts supplémentaires, nous avons rejoint le sommet.

Les notes de Julien précisaient qu’il y avait plusieurs lagunes dans le coin. Après s’être reposés quelques minutes, nous avons donc continué notre exploration. Nous ignorions la direction à prendre, et avons emprunté un sentier qui s’est révélé être l’œuvre d’animaux, et non de l’Homme. Nous avons cherché en vain d’autres lacs, escaladant les montagnes pour avoir une meilleure vue.

La seule chose que nous ayons trouvée est de la neige, encore de la neige, et toujours de la neige. Nous ignorions notre altitude, mais une chose était certaine, nous étions haut, très haut !

Plus tard, en redescendant vers la vallée, nous avons croisé deux touristes (des Belges – nous défions toutes les statistiques! Voir nos rencontres à Cuenca). Elles nous ont informé qu’il n’y avait pas d’autre lagune de ce coté de la montagne, ce qui expliquait l’échec de nos recherches.

Encouragés à l’idée de retrouver notre carré de pelouse à côté du bâtiment du ministère du tourisme, nous avons enchaîné ce jour-là près de 9h de marche. Un autre élément renforçait notre motivation : nous savions qu’il était possible d’acheter, à La Candelaria, du fromage frais et du lait tout droit sorti du pis de la vache. Ces choses simples nous semblaient être de vrais trésors, qui justifiaient un réveil à 6h du matin pour replier la tente et rejoindre la « maison à la porte bleue » (en réalité la laiterie) du village.

Le fermier, amusé par notre démarche, nous a fait entrer dans sa maison pour nous expliquer le mode de fabrication du fromage. Nous sommes repartis avec notre lait, tout chaud et non pasteurisé.

Moins d’une demi-heure plus tard, il frétillait dans notre casserole, avec l’avoine, les pommes et la cannelle. Un petit-déjeuner de roi !

Ce trek aura été un vrai retour aux sources, aux choses simples, au plaisir de confirmer que l’on peut vivre avec un rien, et avoir l’impression de tout posséder.

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Petite pause à Quito

Depuis quelques semaines, nous avons mis nos visites touristiques entre parenthèses pour faire un arrêt prolongé à Quito, où nous sommes accueillis par un ami.

Se poser dans un appartement après 8 mois de voyage c’est :

– pouvoir déballer son sac et exposer son contenu sans craindre de devoir entreprendre la démarche inverse dans moins de 12h

– être vraiment tout propre, du corps aux vêtements

– retrouver le plaisir de cuisiner trois fois par jour

– se faire des petits caprices à coup de café et confiture maison, de crumble, de cake, de lasagnes et autres surprises culinaires

– profiter d’une radio, d’une TV, et d’une connexion internet ultrarapide, qui nous permet de redécouvrir le visage de François de Brigode quand nous souhaitons prendre des nouvelles du pays

– jouer aux experts des transports en commun dans une autre capitale que la nôtre

– prendre ses habitudes dans les commerces et marchés voisins

– devoir répondre une bonne trentaine de fois aux questions suivantes : De donde eres ? Te gusta Ecuador ? Cuando tiempo vas a quedarte aqui ?

– Et nous de répondre : Sabe donde esta Belgica ? Y Europa ? Es un otro continent, muy lejos de aqui…

Et ce continent, nous le retrouverons le 14 décembre. Ca y est, nous avons acheté nos billets retour ! Nous passerons par Barcelone, en Espagne, avant de remonter vers le plat pays en faisant du stop… histoire de terminer notre escapade comme nous l’avons commencée, le 26 décembre 2014.

La fin approche !


 

Expéditions à la moitié du monde

Pourquoi l’Équateur s’appelle-t-il Équateur ? Parce que c’est ici, à deux pas de Quito, qu’ont été réalisés en 1736 les relevés permettant de situer la ligne équatoriale. Le camp de base des scientifiques qui ont travaillé sur la question il y a bientôt 3 siècles a depuis lors été baptisé la Mitad del Mundo (moitié du monde), et attire quotidiennement des milliers de visiteurs.

La symbolique du lieu était trop forte pour que nous boudions cette attraction. Nous avons donc pris une grande inspiration avant de plonger dans ce flot de touristes, particulièrement nombreux le dimanche. Un spectacle de musique, de chants et de danses anime en effet la place de ce mini « Disneyland » équatorien.

A deux pas de l’ambiance de Disney, nous avons retrouvé celle de « Mini-Europe ». Un pavillon abritait en effet des maquettes de Cuenca et Quito.

Et soudain, elle était là, devant nous… la ligne jaune séparant les deux hémisphères brillait sous les rayons d’un soleil timide. Impossible de résister ; nous nous sommes lancés dans une séance de clichés pour immortaliser notre passage par la moitié du monde.

Ça, c’est fait ! Après ce bain de touristes, nous avions bien besoin d’un bain de nature. A quelques kilomètres de là, la réserve géo-botanique de Pululahua a comblé notre envie d’air frais. Elle a ceci de particulier que son point névralgique, le cratère de Pululahua, résulte en réalité de l’effondrement du cône d’un volcan. Sa surface, impressionnante par ses dimensions (400m sur 5km), est fertile et cultivée.

Il y a un chemin qui mène directement au fond du cratère. Ou… il y a un petit sentier qui s’avance sur les flancs des montagnes environnantes, et qui semble aboutir à un point de vue de l’autre côté du cratère. Devinez quel est celui qui a retenu notre attention ?

Les fils barbelés que nous avons enjambés cinq minutes après notre départ auraient du retenir notre attention, et la porte grillagée au dessus de laquelle il est indiqué que le chemin est « cerrado para turistas » (fermés pour les touristes) aurait du définitivement arrêter notre progression. Sauf qu’en bons aventuriers que nous sommes, et grâce à notre imagination débordante, nous avons décidé de « ne pas tomber dans le piège » parce qu « ‘ils disent sûrement que les touristes ne peuvent pas aller au point de vue uniquement pour s’assurer que tout le monde reste sur le même chemin : celui qui descend dans le cratère, où les échoppes sont nombreuses ». La théorie du complot.

Bref… nous avons persévéré. Au bout de moins de dix minutes, le sentier sur lequel nous étions s’est réduit, jusqu’à ce que plus rien ne permette de le distinguer du passage des canalisations d’eau. Nous étions perdus dans la végétation, convaincus que le sentier allait réapparaitre, comme par magie, pour nous permettre de continuer notre route.

Notre persévérance, durant plus d’une heure et demi, n’a pas payé. Nous avons finalement rebroussé chemin, non sans prendre un cliché, sourire aux lèvres, auprès de la porte grillagée qui nous barrait l’accès à ce cauchemar qui a duré 3h30 au total.

Parfois, braver les interdictions nous apporte de belles surprises. Mais il arrive également que ces interdictions se justifient. Allons nous retenir la leçon ? J’en doute… parce que finalement, la vue depuis ce sentier inexistant valait tout de même le détour.

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Cuenca en noir jaune rouge

Pari réussi ! A notre arrivée à Cuenca, personne n’a tenté de nous vendre de l’eau… (voir nos aventures à Vilcabamba). Les rues, un samedi soir, étaient remplies de jeunes imbibés d’autres liquides. Ça criait, ça chantait, et ça dansait à la sortie de tous les bars.

Dans cette gigantesque foire, nous avons eu quelques difficultés à trouver un logement. Vers 1h du mat’, nous avons finalement déniché deux lits dans un dortoir occupé par cinq compatriotes féminines (pour un total de 10 lits… la Belgique était présente en nombre!).

Après une courte nuit, nous avons retrouvé Basil et Laurenz, les deux Gantois, et Tom, le Hollandais, avec qui nous voyagions depuis la frontière. Nous avons donc « claqué la bise » à pas moins de 7 belges en l’espace de quelques minutes. Un record difficile à battre !

Ensemble, nous avons fait un détour par le marché, extrêmement moderne par rapport aux infrastructures que nous avons fréquentées jusqu’alors en Amérique du sud. Comme dans un dessin animé des Loney Toones, nos yeux sont sortis de leur orbite en constatant que, comble du confort, il y avait un escalator au milieu du building.

Basil et Laurenz avaient repéré à l’étage un stand d’empanadas (espèces de beignets frits, fourrés au fromage). Nous en avons commandé plus d’une dizaine. Le lendemain, fidèles au poste, nous avons fait une commande identique. Et nous n’avons pas quitté Cuenca sans tapisser notre estomac, en fin d’après-midi, de nouveaux beignets. Notre digestion était facilité par un retour à la terre ferme en douceur, avec l’escalator.

Il faut dire que nous avions besoin d’énergie pour visiter Cuenca en dépit du manque d’heures de sommeil.

Heureusement, les abords de la rivière étaient aménagés de telle sorte que nous pouvions faire des pauses tous les dix mètres, sur des troncs d’arbre joliment décorés.

Les multiples bancs et autres excuses pour faire des photos stupides ont fortement ralenti notre progression, et nous sommes arrivés au musée de la banque centrale peu avant la fermeture.

Après nous être fait foutre dehors proprement, nous nous sommes défoulés dans le jardin jouxtant le musée, en agrémentant les maquettes des environs de quelques « ajouts comestibles en forme d’animaux » : un nic-nac en forme de poisson a rejoint la rivière, alors qu’un lapin se prélassait dans les fourrés, le tout sous la domination d’un oiseau, perché sur les hauteurs. Bref, nous étions redevenus des gosses, secoués par des fous-rires lorsque nous observions à la dérobée la réaction des visiteurs du parc observant nos œuvres.

Nous nous sommes bien calmés en arrivant, une centaine de mètres plus loin, dans la zone des (vrais) animaux, enfermés dans des cages robustes. Pour nous qui avons eu la chance de les admirer dans leur environnement naturel moins de dix jours auparavant, le spectacle était plutôt désolant.

Quelle ne fut pas notre surprise lorsque, face aux perroquets, nous avons découvert… un stand de « Belgian Waffles ». Le comble, c’est qu’il était tenu par un Gantois, qui connaissait Basil. Cela ne nous a pas donné droit à une dégustation gratuite, mais bien à une photo souvenir, postées sur le site internet de 8ème « Belge à qui nous avons claqué la bise » ce 7 septembre. Record battu!

Le lendemain, nous avons décidé de retrouver le grand air, dans le parc national de Cajas. Il s’agirait de l’endroit où se concentre le plus grand nombre de lacs glaciers au mètre carré. Le cadre était enchanteur.

La flore qui pousse parcimonieusement ci et là est caractéristique de l’altitude et du taux d’humidité important qui règne dans la région.

De retour au centre-ville, il était l’heure de nous séparer.

Tom restait à Cuenca, Basil et Laurenz repartaient vers le Pérou, alors que nous prenions la route de Quito, où nous étions attendus. Nous nous rapprochons de l’équateur, géographique!

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Vilcabamba – mieux connue sous le nom de « Gringoland »

Une fois en Équateur, nous avons réalisé que le relais des transports ne prenait pas fin à la frontière. Pour rejoindre Vilcabamba, notre destination finale du jour, nous devions encore être bringuebalés durant 6 heures sur des banquettes inconfortables.

Trois choses nous ont permis de tenir le coup.
Premièrement, la première ville équatorienne dans laquelle nous avons posé les pieds portait le joli nom de « Zumba ». Le lien avec la célèbre musique de fitness était tout naturel. Tout comme dans les salles de sport, ces quelques notes étaient une excellente source de motivation (même si, à la longue, le refrain est -un peu- répétitif).

Deuxièmement, nous avons fait la rencontre de deux Gantois (Basile et Laurenz) et d’un Hollandais (Tom) qui assuraient l’animation du voyage. Entre paris débiles (monter sur le toit du bus ou organiser une séance de Zumba -le fitness- dans le terminal de bus de Zumba -la ville-), blagues belgo-hollandaises et concours du fameux jeu du serpent sur un gsm Nokia noir et blanc, nous n’avons pas vu le temps passer !

Enfin (et surtout), les paysages que nous avons traversés étaient tout simplement magnifiques : vallonnés, verts, et baignés, en fin de journée, d’une lumière orange mystique.

Nous sommes arrivés à Vilcabamba aux portes de la nuit. Après avoir déposé nos cinq sacs dans une auberge disposant d’une cuisine, nous sommes partis à la recherche d’une tienda (magasin) afin de préparer le souper. Et c’est à ce moment-là que nous avons eu un véritable choc : nous n’étions pas en Équateur, nous étions à « Gringoland » (le pays des étrangers). Les Gringos rencontrés étaient soit des vieillards, soit des hippies défoncés, parlant tous anglais bien que vivant en Amérique du Sud depuis des années.

Pourquoi ces étrangers se sont-ils établis dans cette petite ville d’Équateur ? Une légende est née à la fin des années soixante, basée sur le constat que de nombreux centenaires habitaient dans la vallée. Serait-ce la pureté de l’air, le label « bio » qui trône fièrement sur les fruits et légumes produits dans la région, ou la qualité de l’eau de la source de Vilcabamba, qui explique cette longévité exceptionnelle ? Ce liquide transparent est en tout cas commercialisé jusqu’en Asie, avec un logo révélateur : un vieillard souriant.

Étant dans la fleur de l’age, nous n’avons pas réellement accroché avec cette ambiance surfaite. La nature environnante valait cependant le détour.

Les quatre mecs (dans le vent) sont partis à la découverte de la réserve naturelle toute proche, située sur les hauteurs de la ville.

Quelques heures plus tard, notre club des 5 s’accordait pour monter dans le prochain bus, direction Loja, et puis Cuenca, où nous espérons ne plus être perçus comme des Gringos anglophones en manque d’eau miraculeuse…

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