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Robinson Crusoé, ses noix de coco et son île…

Parmi les 4000 îles, nous choisissons l’île de « Don Khong » pour son calme. Arrivés à l’embarcadère, nous rencontrons Axelle et Aurélien, deux nouveaux amis français, dépités par l’attitude du conducteur de bateau très peu sympathique qui propose un prix exorbitant pour effectuer la traversée et se refuse à toute négociation. Il nous lance un très désagréable « vous n’avez qu’à attendre deux ou trois heures ici » (lire: sur une plage déserte ou il n’y a strictement rien à faire) et tourne les talons.

Ne s’avouant pas vaincus, les hommes partent à la recherche d’un pêcheur qui pourrait nous amener sur Don Khong. Trente minutes plus tard, nous embarquons dans une minuscule barque, deux par deux. Pour l’occasion, tout le village s’est rassemblé pour assister à la scène. La barque nous emmène à bon port malgré les faibles centimètres qui séparent la surface de l’eau du rebord de la barque…

Une fois sur l’île, tout est très calme et paisible : parfait pour se remettre un peu du Laos avant d’entamer le Cambodge.
Très peu de touristes font un arrêt ici. Nous avons tout le temps de sympathiser avec Axelle et Aurélie, qui parcourent le monde en proposant la projection de films et documentaires dans les écoles et les locaux d’associations. Nous tenterons d’assister à l’une de ces projections dans les prochaines semaines. En attendant, voici le site du projet: Les Toiles Filantes.

Si l’île invite au farniente, nous ne restons pas moins hyperactifs dans l’âme, et dans les jambes.
Équipés de vélos de location, nous faisons une excursion sur une île plus au Nord, nouvellement reliée à Don Khong par un petit pont.
Les paysages sont assez différents : la campagne est brute, les villages sont authentiques, et les plages sablonneuses reculées sont uniquement fréquentées par quelques pêcheurs égarés…



Nous faisons également des belles rencontres. Une dame nous apprend à décrocher des noix de coco à l’aide d’une tige en bambou, et nous enseigne comment les nettoyer à la machette.

Un petit garçon s’avance fièrement vers nous pour présenter le résultat de sa chasse: trois lézards, attrapés grâce à son lance-pierre.

Affamés, nous faisons un arrêt dans un boui-boui… situé face à l’école du village (ce que nous avons remarqué après nous être assis, lorsque nous avons été envahis de paires d’yeux curieux qui n’ont pas manqué une miette du spectacle que nous offrions). Les tranches de rire étaient au menu!


Bien reposés, nous prenons la route pour la frontière cambodgienne. Axelle et Aurélien nous proposent de nous joindre à eux. Ils ont négocié un transport pour 100.000 Kips (10 euros) et il y a de la place pour nous. A l »arrivée, c’est la douche froide : le chauffeur demande 100 dollars (et non 100.000 Kips). Une arnaque typique, particulièrement à la hauteur des frontières… Nos amis s’en sortent sans se dégonfler et nous nous dirigeons tous les quatre vers les postes frontières.

Cette brève ayant perdu son caractère de « brève » depuis longtemps, nous vous passons les détails du passage de la frontière. Le bilan est plutôt satisfaisant: en étant patient (2h30 d’attente au total), nous avons évité de payer l’ensemble des pots-de-vin réclamés à la frontière: les deux dollars pour quitter le Laos (le « prix du cachet »), le dollar d’une fausse visite médicale, et les cinq dollars du tampon d’entrée cambodgien. Bref, la corruption est à son paroxysme. Pour atteindre un tel résultat, nous avons bloqué un bus de touristes pendant 30 minutes. A notre étonnement, la plupart d’entre eux n’étaient pas solidaires de notre démarche et préféraient payer les quelques dollars de corruption afin de passer plus vite, plutôt que de se poser des questions sur le caractère (non-)éthique de leurs actes…

Nous foulons pour la première fois le territoire du Cambodge : en avant pour une nouvelle aventure !!!

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Plus au sud… toujours plus au sud!

La fine équipe que nous formions se dissout : différentes aventures nous appellent.

Pour notre part, nous avons rendez-vous à Pakxe avec un acheteur qui a fait la route depuis Vientiane pour adopter Titine.  Après un bref passage au « motorbike-wash », nous arrivons à l’heure au rendez-vous. En 30 minutes, la transaction est pliée. Nous faisons une dernière photo de Titine et lui disons au revoir. S’improviser motards aura été une aventure en soi, et nous avons un petit pincement au cœur en voyant notre moto partir avec quelqu’un d’autre que nous sur la selle !

Trêve de sentiments, il nous faut avancer ! Nous reprenons immédiatement la route, armés de nos pouces… Nous terminerons la visite du Laos comme nous avons commencé de le parcourir : en auto-stop.

Direction Champassak! Au menu, le Wat Pho et un théâtre traditionnel, unique au Laos.
Après une bonne marche de six kilomètres, un camion nous embarque et nous conduit à une distance raisonnable de notre destination. Champassak ne possède pas vraiment de centre-ville mais il s’agit plutôt d’un petit village allongé sur 4 kilomètres… Pas très pratique à pied donc ! Nous trouvons la guest-house la moins chère du bled et nous y retrouvons Guilhem et Elodie que nous avions quitté le matin… Décidément.. Le Laos est petit !

C’est le moment culturel du voyage: nous assistons, en soirée, à la projection d’un film laotien de 1927 (Chang). Il s’agit d’un film en noir et blanc, muet, dont la bande son est jouée en live par une douzaine de laotiens, à l’aide de leurs instruments traditionnels. Passionnant! Le film en tant que tel est incroyable. Au niveau de la technique, d’abord: les réalisateurs de l’époque ne disposaient pas de zoom et l’on peut toutefois y voir des scènes de jungle qui mettent en avant des animaux sauvages, filmés de très près. Aujourd’hui encore, les spécialistes ne savent pas expliquer complètement comment l’équipe a pu réaliser de telles scènes. Le contenu du film, traitant de la relation entre l’homme et la jungle, nous a également marqué. L’homme doit survivre, les animaux sauvages, eux, ont moins de chance. On voit plusieurs tigres mourir dans le film, et les éléphants se font capturer… sans trucage. C’est un autre temps… La bande son, enfin, était grandiose. Les laotiens ne sont toutefois pas très disciplinés et, entre l’un qui a visiblement trop bu, l’autre qui décide d’aller aux toilettes au milieu de son morceau et un troisième qui répond aux sms d’une animatrice… l’orchestre est un show en soi. Tout ça fait toutefois partie de l’expérience et n’enlève rien à la fabuleuse prestation à laquelle nous avons pu assister. A recommander vivement !

Le lendemain, nous allons visiter le Vat Phou, le « petit frère laotien » de l’Angkor Wat Cambodgien que nous aurons l’occasion de visiter d’ici un petit mois. Il se situe à quelques kilomètres de Champassak et c’est à 3 sur une mobylette que nous atteignons l’entrée.

Le temple est grandiose, mais sa visite est compliquée par la chaleur de plomb qui nous assomme. Les linteaux qui surplombent les portes sont magnifiquement ornés et les sculptures d’éléphants et de crocodiles dans la pierre sont impressionnantes.


Une fois la visite terminée, nous nous mettons presque tout de suite en route pour le sud. Pour traverser le Mekong, nous prenons une espèce de « ferry », constitué de deux barques parallèles sur lesquelles est disposée une plate-forme, qu’il est possible de charger à souhait: 2 scooters et 4 personnes sont embarqués avec nous.


Une fois sur la terre ferme, nous relevons le pouce pour atteindre les 4000 îles, découpées dans le Mekong.

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Le plateau des Bolovens

Pakse ! Nous sommes définitivement bien au Sud du Laos. Nous peinons à faire plus de 500 mètres à pied sans être couverts de sueur.

Nous visitons un premier temple où un Bouddha énorme a été édifié et aux alentours duquel les artisans d’un village sculptent encore à la main des Bouddhas dans des pierres massives.

Arrivé dans la ville, nous mangeons le long du Mékong une salade de concombres épicés à la laotienne (cela devient une habitude) et partons à la découverte des différents temples. Sympas mais sans plus.

En fin de journée, on se met à la recherche de « Yves le Belge ». Le loueur de mobylette le plus connu de la ville est effectivement un compatriote. Il organise chaque jour des conférences pour ses clients afin de leur expliquer comment visiter le plateau des Bolovens, notre prochaine destination. Après la boucle du centre, nous nous apprêtons à réaliser une autre boucle qui devrait être ponctuées de chutes d’eau et de paysages extraordinaires.
Yves nous laisse bien gentiment assister à sa petite conférence (bien que nous ne soyons pas clients).

On s’amuse le soir des nombreuses loteries que l’on peut apercevoir le long de la route…


La nuit fut agitée, on se bat avec les moustiques, le moustiquaire, le ventilateur qui fait trop de bruit et la chaleur oppressante.

Néanmoins, pas de temps à perdre, nous nous mettons sur la route. Une nuit et deux jours devraient suffire. C’était sans compter sur la fin de cette première journée. Après avoir observé des forgerons travailler sur des obus qui leur servent d’enclume, nous tombons dans le même hôtel que Guilhem et Elodie, des amis que nous avions rencontrés à Muang Ngoy 3 semaines plus tôt. On leur avait donné l’idée d’acheter une moto… Ils l’ont fait!

Nous allons assister ensemble a la baignade de deux éléphants… Toutefois, la vie autour de la rivière ne se limite pas à cela. De nombreux pêcheurs y gravitent, des enfants l’enjambent pour aller a l’école, etc.

Quelques heures plus tard, nous allons nous baigner au pied d’une chute d’eau et nous retrouvons Flo dans l’eau… Il faisait lui aussi partie de notre groupe de Muang Ngoy et nous ne nous étions pas revus depuis… Bref, la coïncidence fait que nous nous retrouvons donc avec la même bande qu’il y a 3 semaines. On décide de visiter le plateau des Bolovens ensemble. Ils m’appellent « Guide », je dois donc prendre mon rôle au sérieux (ou pas).

On commence par un petit trek de 8 km dès le matin qui nous fait aboutir ….. en plein milieu d’un terrain de golf. Hum hum….

Pas de soucis, on enfourche nos montures d’acier et on part vers la « grande boucle » du plateau. Titine n’est pas vraiment d’accord et souhaite avoir sa dose d’heures à l’ombre. Nous passerons donc quelques 3 heures dans un garage à faire quelques petits réglages.

Malgré tout, nous trouvons encore le temps d’aller visiter une plantation de thé et d’hibiscus. Mon rôle de guide me pousse à négocier une dégustation gratuite que tout le monde a apprécié. Le travail des employés est méthodique, les fruits sont ramassés et sont ensuite ouverts et nettoyés manuellement par une dizaine d’ouvrières très sympathiques qui acceptent de se faire prendre en photo.

La moto de Guilhem fait aussi du zèle : le moteur commence à fumer énormément. Finalement, rien de grave mais, la journée est déjà bien avancée et nous n’arrivons pas à rejoindre la guesthouse que je souhaitais atteindre. Nous tentons donc un lieu qui vient d’ouvrir. On nous propose de payer 2,5 euros par personne pour dormir en tentes. Après avoir digéré l’annonce, nous refusons puis… nous acceptons. Finalement, malgré le prix exorbitant le cadre est idyllique. Les tentes sont plantées au bord d’une magnifique cascade. Nous nous baignons éclairés par la lune et nous séchons au coin du feu. Pas de regret !

Le lendemain sera la grosse journée du plateau. Les cascades s’enchaînent, toutes plus extraordinaires que les autres. Le spectacle est magique.

Éblouis par tant de beauté, Sarah et moi nous perdons du reste du groupe. On sympathise avec un autre couple, Clem et Alex, avec qui on passera la fin de l’après-midi. Le soir tombant, nous cherchons une guesthouse. C’est à ce moment que Guilhem nous voit passer et se lance à notre poursuite. Nous finirons donc tous réunis avec deux nouveaux compagnons de route. Nous négocierons 4 chambres dans une guesthouse vide ou l’on tapera la carte, boirons des ‘Lao Beer’ et ferons rouvrir un petit bouiboui pour souper (traditionnellement fermé a 20h). Il n’aura probablement jamais vu autant de « Farang » (étrangers) dans son échoppe.

Le plateau des Bolovens ce ne sont que des beaux souvenirs !

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Au fil du Mékong

A peine de retour de notre petite virée à moto, il nous faut avancer. Effectivement, notre visa expire bientôt et nous avons décidé de revendre notre moto. Nous avions pensé passer la frontière vers le Cambodge avec elle mais, à la lecture de différents blogs, il semble que cette frontière soit la plus corrompue du pays et qu’un backchich de 100 dollars soit demandé par moto dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas, on vous laisse sortir du Laos mais on ne vous laisse pas rentrer au Cambodge et il vous faut revendre la moto aux douaniers à un prix dérisoire. Bref, on va tenter de la revendre avant de passer la frontière. Nous avons, pour ce faire, mis en ligne une annonce sur le net.

Thakhek est une assez grosse ville mais nous n’avons rien trouvé d’extraordinaire à faire à part manger au bord du Mékong, et s’offrir quelques pâtisseries (ce qui est quand même exceptionnel après des semaines de soupes de nouilles).

Nous prenons donc la route le jour suivant vers Savanakhet. Au programme, 130 km dont une bonne partie à faire en longeant le Mékong.

En chemin, nous nous arrêtons pour visiter quelques temples. L’un d’eux nous attire particulièrement puisqu’on y trouve une espèce de bouddha chinois incorporé dans un arbre, ce qui nous rappelle vaguement la tête de bouddha de Ayyutayah en Thailande.

Quelques kilomètres plus loin, second « arrêt temple »: nous faisons la connaissance d’un moine très sympathique qui nous propose de passer quelques jours avec lui pour apprendre le Laotien, la méditation et le bouddhisme. Nous sommes à deux doigts d’accepter mais, pour une fois, nous sommes pressés par le temps. Nous espérons avoir à nouveau ce type d’invitation au Cambodge…

Nous roulons une bonne partie de la journée (presque) sans encombre.

Les paysages changent et la chaleur devient de plus en plus étouffante. Un orage éclate d’ailleurs en chemin. Nous décidons de ne plus prendre de risque et de ne pas rouler par temps humide, quitte à rester coincés. Nous nous arrêtons donc dans un petit magasin familial de campagne ou je demande un café. A la laotienne, le monsieur me fait « non » de la tête et souhaite que l’on parte. Au moment ou je m’apprête à rétorquer, mes yeux glissent sur la table qui est à mes pieds : il y a un grand panier avec une centaine de sachets de café. Je commence à rire et indique le panier au brave homme qui continue, de manière moins appuyée, à dodeliner de la tête. Je lui fais « oui », de la tête, prends un des sachets et mime une tasse, l’eau chaude que j’y verse et ma délectation à boire le précieux breuvage. Il finit par abandonner et nous propose de nous asseoir. Ouf ! Il faut vraiment les travailler aux corps, ces laotiens!

Finalement, l’orage durera environ 1h30. Sur ce temps, toute la famille nous a rejoints autour de la table, nous échangeons des photos, des sourires, des rires, quelques mots de laotiens contre des mots de français, des questions plus ou moins correctement comprises, etc. Nous passons un moment extraordinaire le long de cette simple route. Qui aurait pu prévoir qu’un orage menaçant sera finalement salvateur et confirmera notre réconciliation avec le peuple laotien ?

Nous nous rendons finalement compte que nous sommes des idiots d’Européens. Être dans l’expectative d’une réaction que nous considérons adéquate est très subjectif. A une question qu’ils ne comprennent pas, nous voulions bien avoir le « oui » thaïlandais qui signifie souvent « je ne sais pas mais je ne veux pas dire non », nous voulions également bien entendre « je ne sais pas » mais surtout pas « non » avec un léger sous-entendu de « partez maintenant ». Ce scénario s’est répété à de nombreuses reprises lorsque nous avions besoin d’acheter différentes choses. Pointer l’objet du doigt dans un magasin en disant « kip ? » (la monnaie locale) et en montrant un billet, nous valait une fois sur deux un « non » alors que nous voulions clairement acheter.
En ce jour, nous avons finalement compris que les laotiens ne veulent pas d’affront et préfèrent l’éviter que de se retrouver dans une situation où ils ne sont pas capables de nous répondre. Facile à dire et à écrire mais on peut vous assurer que plus d’un d’entre nous perdrait son sang-froid dans bien des situations.

Nous reprenons la route une fois l’orage calmé, un sourire aux lèvres avec l’impression que quelque chose a définitivement changé en nous.
Savanakhet nous voilà !

Après une bonne nuit, nous passons la matinée à mettre notre blog à jour avec l’unique connexion internet correcte que nous croisons depuis un certain temps. Le reste de la journée sera, route, route et route. 350 kilomètres réalisés en cet après-midi, une petite nuit au milieu de la campagne et, finalement, les faubourgs de Pakse qui nous accueillent.

Le grand loop du centre

En rejoignant le loop autour de Thakhek (circuit d’environ 200 km), nous quittons définitivement le nord du Laos et ses montagnes.

Les paysages que nous découvrons sont désormais ponctués de barrages hydrauliques flambant neufs, de nouvelles routes goudronnées et de villages hâtivement transformés en villes-étapes. Voyageant avec un Lonely Planet de 2010, nous peinons à reconnaitre les villages et scènes décrits dans notre bouquin.

Heureusement, le « loop » en tant que tel est plus ou moins préservé. Le coucher du soleil à deux pas de Khoun Kham finit de nous en  persuader: il y a des perles à dénicher dans le coin!

A commencer par la grotte Kong Lor, la plus grande du Laos. La grotte est tellement étendue qu’elle se traverse en pirogue (et à pied, les mollets dans l’eau, lorsque la pirogue butte sur le fond). Le spectacle est impressionnant: le noir qui nous entoure est intense, seuls quelques stalagmites et stalactites sont éclairés.

Le retour à la lumière et à la végétation, aux deux extrémités, est enchanteur. La nature reprend ses droits à la lumière.

C’est parti pour « la boucle », avec notre fidèle Titine. Les paysages sont effectivement magnifiques (nous rappelant un peu le sud du Myanmar, notre coup de cœur) et… c’est là que nous sommes tombés amoureux des Laotiens. L’incompréhension qui entachait jusque là tout rapport humain s’est subitement évanouie. En prenant le temps, en passant outre la timidité et les premiers « not have » automatiques, nous découvrons des Laotiens qui ont la main sur le cœur, qui sont curieux, et qui cherchent finalement à communiquer (en Lao, avec les mains, tout est bon!)
Le 20 février, nous avons la plus belle démonstration de ce revirement. Arrivés dans un village après le coucher du soleil, nous réalisons qu’il est dépourvu de guesthouse. Après avoir essuyé les refus habituels des tenanciers des échoppes qui nous renvoient systématiquement vers la grosse ville la plus proche, une femme me salue depuis sa maison. Je tente ma chance, et lui mime que nous souhaitons trouver un refuge pour la nuit. Elle disparait, et revient moins d’une minute plus tard accompagnée de son mari. Le couple nous fait signe d’entrer dans l’unique pièce qui compose leur habitation.

Ils nous invitent à partager leur repas, avant de poser un matelas de plus sur le sol. Nous passons la nuit dans le petit nid familial, avec nos quatre hôtes (parents et deux enfants), bercés par les ronflement du patriarche.
La persévérance est la clé de belles surprises!

Nous remontons sur le circuit en longeant les barrages, qui ont dénaturé le paysage. Çà et là, des arbres morts émergent de lacs artificiels, signes de la végétation passée.

La végétation se conjugue également au présent. A l’approche de Thakhek, les paysages retrouvent leurs couleurs.

Les enfants jouent dans les cours d’eau qui ne sont pas à sec, et nous découvrons un petit coin de paradis à deux pas de la Buddha Cave: un lac naturel, perdu dans la forêt, où nous sommes seuls au monde. De quoi recharger les batteries avant d’affronter la folie de la ville!

Thakhek est avant tout un arrêt logistique: un petit tour dans une demi-douzaine de pharmacie permet de mettre la main sur… des compresses, de l’isobetadine et une pommade antibiotique. Rien d’exceptionnel me direz-vous? Et pourtant… ces petites courses nous ont pris la soirée!

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Les aventures de Titine, épisode 2

Nous retrouvons Titine à Nong Khiew (point de départ du bateau vers Muang Ngoi), et reprenons notre périple à trois, vers Vieng Thong, au sud-est.

Le bonheur avec Titine, c’est que nous pouvons éviter les routes principales fréquentées par les bus, et leur préférer les routes secondaires. Les villages traversés sont magnifiques, les enfants crient et courent à notre passage. Titine fait l’unanimité partout où nous passons.

Ce tableau idyllique est affecté par un deuxième petit clou, qui vient à nouveau se planter dans son arrière-train. Nous pouvons heureusement compter sur l’aide d’un laotien, à qui nous expliquons bien vite que nous n’avons que 5 dollars en poche, pour le reste de la journée (les banques étant fermées le dimanche). Il s’affaire alors autour de Titine, fait deux allers-retours vers le prochain village, et change finalement la chambre-à-air, pour quelques cacahuètes et deux immenses sourires de petits belges tirés d’affaire.

Nous arrivons à Vieng Thong à la tombée de la nuit, et vidons nos poches contre une soupe de nouilles et quelques biscuits, en pensant au festin que nous pourrons nous offrir le lendemain matin, à l’ouverture des banques.

A peine réveillés, nous entendons parler d’un village oublié, Nakoud, et d’un ancien site militaire utilisé durant la guerre d’Indochine, Lima S 36, à une trentaine de kilomètres de Vieng thong.
La décision est rapidement prise: nous partons pour une excursion d’un jour. Titine comprend bien vite pourquoi Nakoud est oublié : la route pour y accéder est digne d’une piste de moto-cross, avec les pires dénivelés, trous et bosses jamais vus. Sur le chemin du retour, la route que nous avons prise à l’aller est carrément coupée : un bulldozer est passé par là, et deux ouvriers défoncent la route existante pour en construire une nouvelle. Aucune déviation n’est prévue, et aucun autre chemin ne mène jusqu’à la ville. Nous sommes contraints d’escalader les monticules de terre fraîche, à pied, en tenant Titine à bout de bras.

L’excursion en valait la chandelle : les habitants de Nakoud sont très accueillants, et sont fiers de nous montrer l’ancien site militaire.

Lorsque nous demandons à un vieillard ou sont les avions qui parsemaient le site jadis, il nous mime, avec son sourire édenté, que les villageois les ont dépecés et en ont récupéré le métal. Il exhibe avec fierté son fourreau, bricolé avec un bout de métal.

De retour à Vieng Thong, nous faisons un détour par les sources d’eau chaude au soleil couchant. En guise d’apéritif, nous cuisons quatre œufs, avec plus ou moins de succès, directement dans la source. Ensuite, nous prenons un bain.. quasiment tout habillé, pudeur asiatique oblige.

Mardi matin, nous reprenons la route pour Phonsavan et sa plaine des jarres. Nous entrons ainsi dans la province de Xieng Khouang, province la plus bombardée durant la guerre du Vietnam. De nombreuses munitions n’ont pas explosé à l’époque, et menacent à présent de transformer le sol de la région en immense gruyère, emportant son lot de victimes civiles.

En chemin, nous faisons halte à la grotte de Piew, où plus de trois cents civils se sont réfugié et ont péri durant les conflits, suite a un bombardement ennemi.
Dernière halte avant la ville: un champ de terre, marqué à jamais par les cratères des bombardements américains.

Selon l’adage « jamais deux sans trois », Titine rencontre un troisième clou sur son chemin. Nous sommes cette fois plus chanceux : il y a un garage à moins de 200 mètres, et l’incident est oublié en moins de 30 minutes.

A Phonsavan, nous retombons dans le circuit touristique. Passage obligé dans la région : la plaine des jarres, dont l’origine reste inexpliquée, et participe pour beaucoup à l’ambiance mystique du lieu.

Autre passage obligé vu nos malheurs informatiques : les six magasins de téléphonie de la ville. Acheter le plus simple des smartphones est en effet toute une aventure.

Nous sommes à présent équipés pour attaquer le « loop » de Thakhek!

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Muang Ngoi – « Chasse, pêche et terroir »

Comment décrire Muang Noi ? Peut-être en commençant par le moyen d’y arriver ? Deux bateaux (lire « barques »), permettent de l’atteindre (capacité d’environ 15 personnes pour 20 personnes à bord). Parmi ces 20 personnes, il y a, à tout casser, 3 locaux, dont le chauffeur.
Du coup, le petit village typique décrit par de nombreux guides ne produit pas vraiment l’effet escompté. Le courant touristique l’a quelque peu dénaturé.
Malgré tout, l’heure de bateau est très agréable et le paysage est fantastique : la rivière est large d’une vingtaine de mètres et le bateau doit se battre contre du courant très fort qui se rapproche même de rapides à certains endroits. Les bœufs, eux, évitent soigneusement ces zones et trempent dans les endroits calmes, la tête et les cornes dépassant à peine de la surface de l’eau comme pour pouvoir échapper à la chaleur environnante par le plus grand nombre de centimètres carrés de peau immergés. Les hommes, eux, pêchent au filet traditionnel, les enfants ramassent des algues alimentaires… Le cours d’eau vit, c’est certain !

Nous passerons une nuit à Muang Ngoi. La vue sur la rivière depuis ce village « sans voiture » par la force des choses est sympathique mais l’unique rue est bondée de touristes. Nous décidons donc le lendemain de plier bagages. Notre plan? Nous enfoncer à travers les nombreux chemins de randonnée et rallier un petit village où il est possible de dormir. Après deux heures de marche, nos efforts sont récompensés : nous atteignons un vrai village typique, dont un des chefs a ouvert une petite guest-house. Nous accrochons tellement avec la vie du village que nous y passerons finalement deux nuits.

Dès le premier jour, nous empruntons un filet de pèche traditionnel, lesté à ses extrémités par une chaîne. La méthode à suivre est un peu particulière : elle consiste à lancer le filet afin qu’il retombe dans l’eau peu profonde sous la forme d’un cercle, avant de ramasser les poissons qui ne peuvent s’échapper du filet lesté. Cette méthode a, semble-t-il, été employée dans nos régions mais est maintenant interdite. Le résultat de notre pêche initiatique est plutôt maigre: la quinzaine de petits poissons attrapés suffisent tout juste à composer notre… apéritif.

Le lendemain, retour au trek et à la découverte des villages environnant. Ceux-ci s’alimentent en électricité à partir de petites turbines ingénieuses disposées un peu partout dans les rivières, de sorte que de nombreux câbles électriques « maisons » se fraient tant bien que mal un chemin à travers la jungle environnante.
La vie est rythmée par la chasse (de petits animaux non identifiés), le travail des champs, la vente de bœufs, le tissage… Alors que je prends part à la rénovation d’une maison en bambou, Sarah suit son premier cours de cuisine laotienne. Au menu: sticky rice, soupe de pousses de bambous, poisson grillé et aubergines cuites… directement dans le feu.

L’un et l’autre sommes surpris par l’application parfaite de l’adage: rien ne se perd, tout se transforme. Le bambou est particulièrement exploité: dans la construction des maisons, le tissage des paniers, la fabrication d’outils (pics à brochette ou pinces pour le feu), la cuisine, et la nourriture du bétail. Aucun centimètre de la plante n’est gaspillé.

Nous aurions pu rester une semaine entière avec ces villageois qui ont tant à nous apprendre, mais le chemin nous appelle. Après avoir repris le bateau pour le retour à la « civilisation », nous prenons la direction du sud. En route Titine!

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Les aventures de Titine

Après l’avoir adoptée, nous avons baptisé notre moto: Titine, en l’honneur du Grand Jacques, et de sa chanson loufoque qui nous trotte sans cesse en tête.

Titine est chargée à bloc lorsque nous quittons Luang Prabang: deux passagers et deux gros sacs mettent son équilibre à rude épreuve. Après quelques réglages, le pilote parvient à dompter la bête, et nous partons à l’assaut des montagnes. Il s’agit du premier grand test pour Titine… mais aussi pour ses passagers.

Notre première journée « expédition en montagne » tourne rapidement en examen de mécanique: le pneu arrière de Titine est perforé par un énorme clou,  et nous voilà, en plein milieu de l’après-midi (c’est-à-dire aux heures les plus chaudes), bloqués le long d’une route peu usitée. Nous déchargeons Titine de nos sacs, et faisons des gestes désespérés à trois pêcheurs en scooter qui passent par là. Voyant nos mines déconfites, l’un d’eux prend rapidement les choses en main: il démonte le pneu arrière, emmène Julien au prochain village afin de changer la chambre à air, et puis revient, triomphant, pour remonter le pneu. En moins de 2h, Titine était comme neuve, prête à admirer les paysages qui s’offrent à elle: le lit du Nam Xuan (rivière que nous longeons), les montagnes, les enfants qui font signe à son passage, et puis le village de Pak Xeng, ou nous faisons halte.

Pak Xeng nous séduit rapidement. Non pas par sa nourriture (la soupe de nouilles aux tripes était au menu), mais par son cadre: rivière accessible au milieu des montagnes, et terrains de pétanque. Alors que Titine se repose, nous encourageons les joueurs, à coup de Beer Lao (nos nouveaux amis mettent un point d’honneur à ce que nos verres ne soient jamais vides).

Quelques centaines de mètres plus loin, nous nous invitons à une fête de fonctionnaires: devant leur bureau, un karaoké et un mini bar ont été improvisés pour l’occasion. Le terrain de pétanque qui complète le tableau a quant à lui l’air d’être fixe. Nous imaginons la journée type d’un fonctionnaire de Pak Xeng: de 8h à 10h boulot, de 10h à 12h pétanque, pause de midi, de 13h à 15h boulot, et après 15h, pétanque! Nous comprenons pourquoi les joueurs locaux sont particulièrement doués!

Le lendemain, nous lançons un incroyable défi à Titine: grimper la route la plus escarpée de la région (notre plan « spécial motard » indique « very steep »). Défi relevé, avec comme récompenses des paysages à couper le souffle, et de nouvelles ribambelles d’enfants qui crient et sourient à notre passage.

Pour que le moteur de Titine refroidisse, nous faisons une petite pause au marché local de Vieng Kham. Julien est surpris de trouver sur les étals des rats (frais et séchés). A la question « do you eat this », la vendeuse répond par l’affirmative, avec un grand sourire. « Is it good? » « Yes, yes ».
Note pour plus tard: ne plus manger, ni de tripes, ni de rats!

Titine atteint sa destination finale, Nong Khiew, en tout début d’après-midi. Notre route continue, en bateau, vers Muang Noi. Dernier départ de la journée dans 10 minutes!

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La famille s’agrandit!

C’est officiel: à partir du 7 février 2015, nous voyagerons à 3!
Une moto Landa, achetée d’occasion à un backpacker, fera désormais partie de notre aventure.
Nous explorerons le nord et le sud du Laos en sa compagnie. Les photos de la nouvelle-venue seront postées dès que la technique le permettra…
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De retour sur la route, en stop!

Après 4 nuits passées à Chiang Rai, nous commençons à tourner en rond. La route nous appelle!

Nous nous approchons de la frontière laotienne en bus, avant de revenir à nos premiers amours: le stop.

Nous refusons ainsi systématiquement de monter dans des bus, tuk-tuks ou taxis, en préférant lever le pouce, avec plus ou moins de succès, le long des routes. Le passage de la frontière se fait en camion, tout comme le premier gros trajet au Laos. 5h de camion, pour rejoindre Luang Namtha (au nord-ouest du pays).

En chemin, nous découvrons les premières images de notre nouveau pays d’adoption: le paysage est vallonné, voire montagneux, les enfants des villages que nous croisons nous font signe avec énergie, et lorsque la nuit nous enveloppe, les feux devant chaque maison colorent celles-ci d’une lumière orangée mystique.

Nous fuyons rapidement Luang Namtha: il s’agit d’une grosse ville, vivant principalement du tourisme, où les prix sont incroyablement élevés.

Il faut dire que nous ne sommes pas dans les meilleures conditions pour apprécier la ville: notre tablette a rendu l’âme, et nous sommes désormais privés de gps (pour les randos), de moyen de trier nos photos ou de mettre notre blog à jour. Nos prochaines brèves ne seront par conséquent plus illustrées, et les articles du carnet de bord attendront.

Le lendemain, nous prenons donc la décision de relever le pouce, pour relever la tête! Nous nous disposons des deux cotés de la route principale, dans des sens opposés, en décidant de monter dans la première voiture qui s’arrêtera. Après 1h30, la chance nous sourit: un laotien en route pour Luang Prabang nous propose de se joindre à lui pour le voyage.

Durant les 9h de route, nous apprenons nos premiers mots laotiens, et goûtons au sticky rice à la noix de coco, contenu dans un bambou. Une révélation!

Nous atteignons Luang Prabang à minuit (sachant qu’il y a un couvre-feu sur la ville à 23h). La recherche d’une guesthouse est laborieuse, mais nous trouvons finalement un unique lit disponible dans un dortoir animé. Nous sautons sur l’occasion, et passerons finalement 4 nuits dans ce backpacker. Trois français, respectivement chef, second et serveur dans un restaurant familial en Europe, nous y proposeront un menu de fête: des patates cuites au feu de bois, des brochettes et une salade. Nous cuisinerons ensemble, avant de faire la fête dans ce lieu qui dispose de représentants de trois pays francophone: Gaby et Marie pour le Québec, Math, Edouard et Guy pour la France, et nous deux pour la Belgique.