Archives de catégorie : Brèves

Les bulles des Perhentian…

La décision est prise : nous prenons des vacances !!!
Oui, ça peut vous paraître bizarre mais le voyage n’est pas qu’un long fleuve tranquille et, même des backpackers comme nous ont parfois besoin de s’arrêter un peu pour souffler.

En l’occurrence, il s’agira plutôt de respirer : nous partons faire quelques plongées sur les îles Perhentian. A partir de Kota Bharu, nous n’avons qu’une bonne heure de bus et 30 minutes de bateau. Nous nous mettons donc en route sans attendre.

Après avoir constaté que les services de bus malaisiens sont de haute qualité, nous arrivons à l’embarcadère ou un « speed boat » nous attends. Le temps d’embarquer quelques vivres et nous voilà en mer, la proue du bateau pointant vers Kecil la plus petite des deux îles de l’archipel.

Il n’y a pas à dire, l’endroit est tout simplement paradisiaque !

Nous trouvons un petit nid abordable et partons à la recherche d’un club de plongée. Première surprise : les prix pratiqués. Six plongées, tout compris, pour 90 euros… Il est vrai que la majeure partie du public de cette île voyage budget mais c’est tout de même la première fois que je vois des prix si bas. OK, on prend !

Le lendemain, petite pensée pour nos plongeurs et amis belges… Un briefing et une sécurité malaisienne. Pas de vérification de nos cartes, carnets ou visite médicale, pas de présentation des autres plongeurs et rien sur la sécurité de surface… Hum hum… Sur le coup, Sarah les assomme donc de questions pendant le briefing afin d’avoir plus de précisions. La bonne nouvelle : il y aurait un caisson à Kota Bharu. Les mauvaises : je dois insister pour que l’on prenne de l’eau à bord, je ne suis pas certain qu’il y ait un gsm à portée de main, il n’y a ni oxygène sur le bateau ni trousse de secours et… le capitaine plonge aussi ! Sous-entendu qu’une fois tout le monde dans l’eau, il n’y a plus personne en surface. Super…
Au niveau de l’équipement, je dois me battre pour avoir un manomètre : je suis censé suivre l’instructeur et ne pas avoir besoin de connaitre la profondeur.
Les gens sont toutefois hyper sympas et très ouverts à nos demandes quant aux sites de plongées à explorer. La plupart ne descendent pas en dessous de 25 mètres. Nous serons donc très prudents et je m’attends à tout instant à ce que l’on doive se gérer seuls, Sarah et moi.

Je ne vous ferai pas un compte-rendu détaillé de toutes les plongées, d’autant que ça n’intéresserait pas tout le monde. Toutefois, il faut savoir que l’on a fait 2 plongées par jour pendant 3 jours. Sarah a repris ses repères au bout de la première journée. Pas évident avec un tel encadrement! A sa décharge, elle a toujours été admirablement entourée lors de son passage de brevet en Belgique. Philippe Cordier n’est pas du genre à admettre le genre d’écart que je raconte au paragraphe précédent et je l’imagine actuellement en train de s’arracher les cheveux en lisant ce post !
Pourtant, tout se passe à merveille. On se forge un binôme aussi solide que possible afin de parer aux manquements de la sécurité.
Les quatre plongées suivantes seront très zen et nous apercevrons notamment des requins à pointe noire, des « chiens de mer de corail », une tortue, des raies Himantura jenkinsii, des poissons perroquets, des poissons porc-épic , une myriade de nudibranches, des crevettes, etc, etc.

Sur l’île, l’ambiance est assez variée. Nous sommes à ‘Coral Bay’ qui est plutôt tranquille le soir et nous permet de nous reposer assez bien.

A dix minutes de marche, on débarque sur ‘Long Beach’ qui est bien plus animé en soirée avec de nombreux bars ouverts jusque tard, des spectacles de feu, etc. On retrouve un peu l’ambiance des îles du Sud de la Thaïlande.

Autre fait intéressant : l’île est habitée par des lézards géants de la même famille que les dragons de Komodo. Ils sont très impressionnants et nous les rencontrerons plusieurs fois pendant notre séjour.

Les seuls habitants permanents de l’île habitent un unique village de pêcheurs à une heure de marche de notre guesthouse. Nous décidons évidemment d’y faire un tour. Le contraste avec les plages de touriste est saisissant. L’islam y est évidemment pratiqué et les filles en bikini n’y sont, pour des raisons évidentes, pas les bienvenues. Un grand panneau le rappelle d’ailleurs explicitement à l’entrée du village.

Toutefois, nous ne rencontrons aucune animosité de la part de ces habitants. Ils sont au contraire très gentils et très avenants avec nous.

Après trois jours et trois nuits, nos vacances se terminent, il est temps de rentrer sur le continent afin d’y prendre un bus de nuit pour Kuala Lumpur. Nous avons réservé un avion jusque Calcutta pour le 7 avril : il serait dommage de le rater !

Ps: Merci a Anthony d’avoir joué au photographe durant nos plongées!

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Premiers pas en Malaisie – Kota Bharu

A peine passé la frontière, nous voilà confrontés au premier problème : il pleut et il ne semble pas y avoir de bus immédiatement. La bonne nouvelle c’est qu’il ne semble pas y avoir non plus de menaces d’attentats comme c’était le cas de l’autre coté de la frontière !

Je commence à lever le pouce plutôt que d’attendre passivement le bus. Autant savoir tout de suite si le stop fonctionne en Malaisie. Par expérience, je sais que le pays est au moins aussi développé que la Thaïlande et que beaucoup de gens possèdent une voiture. Il n’en reste pas moins que nous avons drastiquement changé de décor : la majorité des malaisiens sont musulmans contrairement à la Thaïlande. Différence de religion, de culture, de moeurs… Rien ne pouvait nous assurer que la tentative de stop fonctionnerait.

Et pourtant… Entre deux « welcome » lancés par de jeunes malaisiens qui semble comprendre que nous sommes fraîchement débarqués, une voiture s’arrête peu de temps après avoir commencé notre numéro habituel. A l’intérieur, un homme et une femme de la cinquantaine. David, un malaisien bouddhiste, 3 fois papa, 5 fois grand-père, ancien instit’ et colombophile à ses heures perdues nous explique son dernier achat : des poules et des faisans belges achetés à un anversois. Il paraît que notre plat pays est renommé pour ses plumes… Mais, ça, vous le saviez déjà certainement !

Nous voilà donc embarqués pour Kota Bharu, petite bourgade sur la côte est Malaisienne et qui ne manque pas de nous charmer, notamment par son marché couvert, coloré et très animé.

Nous raterons malheureusement son attraction du vendredi matin qui consiste en un concours de chant d’oiseaux… Activité prise très au sérieux ici.

David et sa femme nous ont finalement proposé le gîte et le couvert !

Nous avons donc l’occasion de tester directement plusieurs mets locaux, et notamment : roti kaya (pain recouvert de sucre perdu au lait de coco), bulup (sticky rice sucré avec de la noix de coco), bakar (sticky rice cuit dans une feuille de bananier), une boisson ‘ABC’ très sucrée en accompagnement d’un poulet satay… Mélange original !

Une bonne partie de ces mets fut testée lors du petit déjeûner dans un resto local fort connu. Nous en sortirons plus que repus et passerons par la case « photo avec le patron des lieux et une des serveuses ».

Cette rencontre fort sympathique fut bien plus qu’une occasion de titiller nos papilles. Nous parlons aussi des sujets d’actualité et obtenons un regard local fort intéressant. La loi malaisienne fait explicitement la distinction entre un musulman et un non musulman. Les premiers ont des droits différents : légalité de la polygamie, accès à certaines propriétés réservées, obligation de cotiser à une sorte de fond commun musulman alors que la taxation générale est adaptée, loi familiale très spécifique (et très désavantageuse pour les femmes  non musulmanes)… la liste est longue, et la voix de nos hôtes semble trahir une certaine rancœur.

Avant de prendre la route, nous aidons nos hôtes à aller faire leurs courses. En effet, dès le 1er avril 2015, le gouvernement met en place une mesure qui vise à combler la dette nationale en instaurant une taxe de 6 pc sur l’ensemble des biens (à l’exception de ceux de première nécessité tel que le riz). Apparemment, tout le monde s’est donné le mot : le supermarché est bondé et chacun tente de remplir au mieux son caddie afin de profiter une dernière fois des prix « normaux ». Le tout offre un spectacle apocalyptique amusant pour les « moldus » que nous sommes.

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Passage éclair en Thailande, II

Un peu moins de trois mois après notre arrivée en Asie, la boucle par la terre (Bangkok-Myanmar-Thailande (nord)-Laos-Cambodge-Bangkok) est bouclée!

Nous avons dit au revoir dignement au Cambodge, en rejoignant la frontière… en stop.
Nous avons salué la Thaïlande de la même manière: en levant notre pouce. Et nous avons cru que l’heure de « la mauvaise expérience en stop » avait sonné: la première voiture qui s’est arrêtée à notre hauteur était un véhicule de police. Serait-il interdit de faire du stop en Thaïlande (bien que nous en ayons déjà fait dans le nord)? Que neni! Les agents nous proposaient simplement un lift, vers notre prochaine destination. A moitié rassurés, nous finissons par monter à l’arrière du véhicule.

Après un bref arrêt au commissariat (et mille questions: vont-ils nous faire descendre et dresser un PV constatant que nous faisions du stop?), les agents nous ont conduit à la gare – notre destination -, sous le regard amusé des passants. Les crispations font place aux rires, immortalisés sur les photos prises tant par nous que par les agents. Certainement notre expérience la plus originale en stop!

Dans le train pour Bangkok, nous rencontrons Stéphane, un américain scénariste d’une série d’horreur dont Julien est fan. Le contact passe bien, et il nous propose, pour nous dépanner, de nous accueillir dans l’appartement qu’il occupe à Bangkok. N’ayant pas d’autre solution de logement, nous sautons sur l’occasion (en espérant qu’il ne teste pas ses scénarios morbides sur de pauvres victimes durant la nuit)! Nous n’en croyons pas nos yeux: le complexe dans lequel se trouve l’appartement est doté d’une piscine et, comble du luxe, d’une machine à laver (l’échelle de valeur des choses est quelque peu modifiée par nos 3 mois de voyage – la machine à laver devient plus importante que la piscine). A trois, nous sommes partis à la découverte du JJ market (un énorme marché où il est possible d’acheter tous les souvenirs possibles et imaginables- heureusement que l’argument « nos sacs sont déjà trop lourds » est infaillible).

Vient le tour de Kao San Road (LA rue touristique de Bangkok, connue pour la dégustation d’insectes), une première (et dernière) pour moi. Nous n’accrochons pas vraiment avec cette ambiance surfaite.

Bangkok, c’est la ville des rencontres, mais aussi la ville des retrouvailles. Dean, un ami de longue date de Julien que nous avions retrouvé en Suède cet été, nous a fait découvrir un autre côté de la capitale thaïlandaise: les coins fréquentés par la middle-class. Après avoir observé le coucher de soleil depuis le sommet d’un gratte-ciel, nous avons soupé à la très chique « brasserie vanille », avant de prendre un dessert dans un autre établissement réputé.

Un détour par plusieurs malls nous a conduit chez Garrett, le géant américain du pop-corn, qui transforme les grains de maïs en véritables bonbons. Un petit bonheur pour les papilles, lorsqu’on ferme les yeux sur le prix!

Nous nous sommes accordés une petite pause culturelle au Bangkokian Museum qui expose la façon dont la ‘middle-class’ de la capitale vivait dans les années 1960.

Nous quittons Bangkok avec le train de 15h pour Sungai Kolok, à la frontière malaisienne. Arrivée prévue le lendemain à 11h20. Nous avons opté pour le confort pour nos 21h de train: couchettes dans un wagon climatisé. Une belle expérience: nous n’avons pas vu le temps passer.

Seuls les militaires, de plus en plus nombreux à bord, nous ont permis de réaliser que nous nous approchions de la frontière (zone explosive où les attentats perpétrés par des séparatistes sont quasi quotidiens).

A notre arrivée en gare, nous nous sommes empressés de quitter ce climat tendu en traversant la frontière malaisienne. Le cachet d’un cinquième pays d’Asie du sud-est vient égayer notre passeport, sans aucune difficulté.

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L’incontournable Angkor

Qui dit Cambodge, voire qui dit Asie du sud-est, dit… Angkor. Le site est incontournable. Les photos et autres produits dérivés des temples sont partout. Un arrêt de plusieurs jours s’imposait, d’autant plus que nous étions hébergés sur place par Eric, le Singapourien que nous avions rencontré à Kratie et qui est installé à Siem Reap depuis bientôt 3 ans.

Nous avons retrouvé Eric dans sa maison à 4 étages, à 2km des temples. Il était pareil à lui-même: excentrique à souhait. Son accueil était chaleureux et il nous a fait confiance dès le premier instant: en moins d’une journée, nous avions les clés de sa maison et celles d’une de ses motos en poche!
Nous avions un vrai foyer qui nous a servi de base pour explorer Angkor, avec un roof-top pour des soirées endiablées (écran diffusant des clips de thaïlandaises légèrement vêtues à l’appui), et… Chinotto, le Saint-Bernard d’Eric. Le chien est une vraie célébrité locale qui fait fureur lorsqu’il se promène sur le marché de nuit. C’est la débauche du selfie, des papouilles à la bave et des danses improvisées autour de Chinotto. Un véritable cirque!

Revenons aux choses sérieuses…
Le site d’Angkor est immense. Nous l’avons parcouru durant trois jours, à moto (ce qui est en principe interdit aux étrangers qui ne peuvent « louer » de moto, afin de protéger le business des tuk-tuk. C’était sans compter sur la générosité d’Eric, qui nous a prêté gratuitement son véhicule).

Les temples sont à la hauteur de la taille du site: immensément grands. Le moindre détail de leur décoration est cependant incroyablement travaillé. L’ensemble laisse sans voix, particulièrement à Banteay Srey (le temple des femmes) et à Angkor Wat (le temple le plus connu du site, qui figure l’aboutissement de l’art Khmer).

Les amateurs de nature que nous sommes ont par ailleurs été subjugués par les temples laissés intacts par les archéologues. La végétation se marie avec la pierre pour offrir un spectacle prodigieux, à Ta Prohm (célèbre parce qu’il a servi de cadre de tournage pour Lara Croft) et à Ta Nei (plus petit, perdu dans la jungle, il est méconnu des touristes, pour notre plus grand bonheur).

Autre petit bonheur volé: admirer un lever et un coucher de soleil sur les temples, et pique-niquer à l’ombre d’un arbre, avec vue sur le site d’Angkor. Nous étions heureux d’être là, tout simplement.

Eric ne nous a pas laissés quitter Siem Reap sans nous convier à un souper dans une famille d’un village du site d’Angkor. Le principe, bien rodé pour lui, est de débarquer à l’improviste avec suffisamment de provisions pour cuisiner ensemble pour nos hôtes improvisés et nous-même, avant de partager ensemble le repas. C’était l’occasion pour nous de découvrir la préparation du sucre de palme. Les doigts de Julien, dégoulinant du liquide jaunâtre, s’en souviennent encore.

C’était un bel au revoir à ce pays que nous avons tant apprécié!

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Au cœur du textile et du bambou, au fil de l’eau

Enfin une brève qui sera… brève (du moins, je le crois sincèrement en écrivant ces premiers mots). Mais le bref récit de nos aventures ne signifie pas pour autant que ces dernières ne méritent pas qu’on s’y arrête, loin de là!

A la sortie de Phnom Penh (pour la deuxième fois, toujours en stop – nous sommes masos), nous avons eu quelques difficultés à trouver un véhicule qui nous accepte à son bord. Nous avons finalement grimpé dans la jeep de location d’un manager taïwanais d’usines de textile (travaillant pour H&M et C&A). Le trajet a été particulièrement silencieux, tant nous avions peur de nous trahir si nous abordions ensemble la question des conditions de travail dans ces usines.
Serait-ce le destin, ou simplement un clin d’œil de la vie: une fois débarqués le long de la route, nous sommes invités à dîner par une jeune cambodgienne engagée, qui dresse un portrait peu flatteur de sa nation: de la corruption au manque d’initiatives étatiques, de la dépendance du Cambodge aux fonds étrangers à l’exploitation des femmes et des adolescents dans les usines… Sophie (c’est son nom « américain ») s’emporte dans son discours et finit par en pleurer, littéralement. Nous en sommes tout retournés lorsque nous prenons congé, le ventre rempli du meilleur Amok de poisson que nous n’ayons jamais mangé au Cambodge. Nous avons médité longuement sur cette rencontre inattendue. Merci le destin, la vie, le voyage!

Après près d’un journée de voyage (pour à peine 160 km – pas facile le stop à l’ouest du Cambodge), nous avons atteint notre destination: Kampong Luong, au bord du lac Tonlé. Arrivés au port à l’heure du coucher du soleil, nous avons embarqué sur une pirogue afin d’admirer les villages flottants. Nous sommes hypnotisés par les trucs et astuces permettant aux habitants de mener leur vie entière sur l’eau. Coiffeur, magasin et pompe à essence (pour bateau): tout est à disposition!

Une chose nous empêche de passer la nuit sur place: l’odeur. Elle est insoutenable. Julien me demande si j’identifie les conduits d’évacuation des toilettes et eaux usagées. Ma réponse est négative, et nous comprenons immédiatement l’origine du fumet qui pique nos narines.
Sur le chemin du retour, c’est le summum: nous nous accrochons à l’arrière d’un pick-up surchargé de sacs suintants et malodorants. Arrivés à la guesthouse, nous courons vers la douche!

Une centaine de kilomètre plus au nord-ouest, nous avons fait une halte à Battambang, le temps de faire un petit tour en « train de bambou », l’attraction locale. Il s’agit en réalité de deux essieux, sur lequels repose une structure en bambou, recouverte d’une paillasse. Lorsque deux « trains » se croisent, celui occupé par le plus petit nombre de passagers doit démonter sa monture, laisser passer le train concurrent et remonter ensuite sa monture pour continuer sa route. Un curieux manège. Heureusement, nous étions 4 à bord, et avions donc systématiquement priorité.

Nostalgiques de notre expérience birmane (à Hpa-An), nous nous sommes rendus à la « Bat cave », d’où s’envolent des milliers de chauves-souris à la tombée du jour. Un spectacle grandiose, bien qu’attendu.

Avant de prendre la route pour Siem Reap, nous passons une dernière soirée avec Guilhem, Elodie et Florian, à taper la carte. Demain nous découvrirons Angkor!

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Phnom Penh – Une capitale au lourd passé

Phnom Penh, ce n’est pas seulement les poules et les dîners huppés. Phnom Penh ça a été avant tout l’immersion dans l’horreur de l’histoire contemporaine du pays. La brève d’aujourd’hui n’égaiera probablement pas votre journée… Vous voilà prévenus !

Absent dans bien des cours d’histoires de nos écoles européennes, le Cambodge, après avoir été pilonné par les bombes américaines durant la guerre du Vietnam, a été dirigé par les Khmers rouges pendant une période de 4 ans. Phnom Penh sera, dès le premier jour de la prise de pouvoir, entièrement vidée de ses habitants comme toutes les grandes villes du pays. Les hôpitaux, les écoles, les monastères seront fermés. Le peuple sera envoyé dans des camps de travail géants faisant partie du projet de fondation d’une nouvelle ère communiste au Cambodge. Les intellectuels et les religieux seront considérés tout de suite comme des entraves à ce projet et seront exterminés sans pitié. Ce ne seront que les premiers visés… La famine s’installera, des méthodes de tortures horribles seront employées, de fausses dénonciations interviendront… Bref,  tout homme, femme ou enfant pouvait devenir très rapidement suspect. Résultat au bout de quatre années au pouvoir : une personne sur 4 dans le pays trouvera la mort (environ 2 millions de morts). Les survivants se souviennent encore des feux follets quotidiens qui éclairaient les campagnes telles des lueurs apaisantes de la cruauté humaine quotidienne…

Nous nous sommes approchés des vestiges de cette histoire à travers la prison S21, une ancienne école qui aura été le lieu de détention et de torture d’environ 14.000 innocents.

La potence à laquelle on suspendait les détenus par les pieds pour interrogatoire est toujours en place. Les jarres imbibées de liquides nauséabonds étaient destinées à leur faire reprendre connaissance afin que le calvaire puisse continuer.

Nous avons suivi le chemin de nombreux malheureux qui ont été transportés jusqu’à un endroit connu aujourd’hui sous le nom des « killing fields ». Les Khmers rouges y emmenaient leurs victimes pour les exécuter sommairement avant de les jeter dans d’immenses fosses communes qui recrachent encore aujourd’hui os et vêtements.

Un arbre particulier nous donne des frissons d’horreur. Les khmers rouges croyaient fermement qu’il n’était pas bon d’épargner les enfants des condamnés. Ceux-ci seraient probablement de futurs ennemis. Ainsi, de nombreux nourrissons et enfants en bas âges ont été attrapés par les pieds afin de pouvoir tournoyer autour de leur bourreau jusqu’à ce que leur tête finisse leur course contre l’arbre dont il est question. Leur corps était ensuite jeté dans la fosse commune. Nul besoin d’ajouter d’autres éléments macabres… Le silence et le recueillement s’imposent.

La visite est émouvante. L’air devient oppressant. Nous quittons les lieux sur la pointe des pieds, par respect pour les dizaines de milliers d’innocents qui reposent sous terre.

Histoire de changer d’atmosphère, on convient avec Axelle et Aurélien d’assister à une de leurs projections de courts métrages dans un orphelinat de la périphérie de la ville.

Ce fut l’occasion de rencontrer une des volontaires, Noémi, avec qui nous passerons une journée à Kampot, 150 kilomètres plus au Sud. Noémi nous accueillera également dans sa chambre de Phnom Penh nous donnant l’occasion de nous plonger dans l’atmosphère d’une colocation d’expatriés bien sympathiques. Elle nous fera partager sa connaissance de la ville à travers une belle balade le long de la rivière jusqu’aux illuminations du palais royal.

Phnom Penh c’est également un endroit de rencontres. Après Aurélien, Axelle et Noémi, nous finissons notre visite avec Régis que nous avons rencontré au Myanmar. Nous passerons le début de soirée avec lui et sa sœur à admirer les locaux prendre leur cours d’aérobic dans un stade en construction. Un spectacle assez ahurissant !

Le lendemain matin, nous voici à nouveau sur la route… Cette fois, direction Battambang ainsi que le lac Tonlé et ses villages flottants. La sortie d’une capitale en stop est toujours aussi longue et complexe… De nombreux tuk-tuk s’arrêtent et nous tentons désespérément de leur expliquer la notion de ‘stop’… peine perdue !

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En vacances à la mer!

En attendant notre visa, nous avons décidé de faire une petite excursion à la mer, au sud de Phnom Penh.

Quitter une capitale en stop n’est pas évident. Faire du stop en courant de toilette en toilette, le tout ponctué  par des chutes de tension en raison de la chaleur, complique d’autant plus les choses. Et pourtant… nous l’avons fait! Sur la route, des anges cambodgiens sortant de nulle part, sentant notre détresse, nous ont offert des bouteilles d’eau et du jus de cannes à sucre frais. Ne sachant comment réagir, nous restions hébétés, ce qui a sans doute renforcé la conviction de nos bienfaiteurs que nous avions effectivement besoin de leur aide providentielle. Après un échange de sourires, nous revoilà en route, gonflés à bloc .

La nuit est tombée à quelques kilomètres de Kampot, notre destination du jour. C’est à ce moment précis que le camion qui nous véhiculait s’est montré capricieux: bruits étranges et commandes qui ne répondaient plus. Alors que le conducteur s’arrêtait régulièrement pour bidouiller une réparation quelconque, le copilote s’est installé hors du camion, sur la cabine, pour reporter le moindre craquement étrange. Notre tâche était beaucoup plus simple: nous nous chargions de l’éclairage, équipés de notre lampe-torche.  Avec cette nouvelle répartition des rôles, nous sommes arrivés sains et saufs, bien qu’un peu stressés, à Kampot.

Kampot est, selon les guides, « une bonne base pour explorer les environs ». Nous regrettons un temps d’avoir vendu Titine, et optons pour un scooter de location. Au programme: visite du lac secret (qui n’a de secret que le nom  – les boutiques ont envahi ses abords depuis longtemps), de la grotte Phnom Chhngauk et de la campagne environnante.

Au détour d’un chemin, nous faisons un arrêt sur image: nous nous sommes presque habitués à la beauté de ces paysages campagnards, mais nous n’avons toujours pas trouvé les mots pour les décrire à leur juste valeur. Les photos prennent le relais quand nous sommes aphones…

Au menu ce soir: des tagliatelles maison, dans un boui-boui très original, tenu par… un italien! Son pesto et sa sauce au (fromage!! un mot interdit entre voyageurs ici, pour ne pas nous faire saliver) bleu sont à tomber par terre, ce qui est confirmé par la foule qui se presse autour de sa boutique. Nous avons soupé avec Noémi, que nous avions rencontrée à Phnom Penh lors de la projection d’Axelle et Aurélien dans l’orphelinat dans lequel elle est volontaire.

Le lendemain, c’est à 3 sur notre scooter de location que nous partons à la découverte de Kep, la ville voisine.

Les visites de marais salants et de cultures de poivre sont un excellent préambule au plat de résistance: le crabe, spécialité de la ville (pêché sur place et conservé dans des paniers immergés dans l’eau de mer). Un délice! Nous ne quittons pas la ville sans s’être baignés dans le golfe de Thaïlande, une première pour les petits belges que nous sommes.

Avant de reprendre la route du nord, nous faisons un curieux arrêt à la réserve naturelle du Bokor. Nous ignorons ce qui est encore « naturel » dans cette réserve, caractérisée par les ruines (les maisons françaises et le casino ont été incendiés par les Khmers début 80), et le chantier d’un projet immobilier gigantesque. La vue sur Kompot justifie heureusement à elle seule le détour par le Bokor.

Notre excursion touche à sa fin et nous remontons vers Phnom Penh en stop. Le premier camion qui nous embarque est occupé par deux cambodgiens qui ne parlent pas un mot d’anglais. S’en est suivi un amusant jeu de téléphone sans fil: ils ont appelés deux amis parlant vaguement anglais, qui jouaient les interprètes à distance. La première question que ces interprètes nous ont posé était: « do you need to go to the hospital? ». Nous hôtes nous avaient-ils embarqués pensant que nos gestes le long de la route (le pouce levé) signifiaient que nous étions blessés (au pouce?!) ?
Un peu plus loin, nous avons été pris en charge par une cambodgienne travaillant pour une ONG dont l’objet social est centré sur la maternité et la contraception. Un beau débat de près d’une heure a animé le trajet, notamment lorsqu’elle a identifié, le long de la route, des prostituées cambodgiennes à la sortie des usines de textile.

Sur le chemin, nous ne résistons pas à faire une halte supplémentaire à Phnom Chisor, décrit comme l’un de plus beau temples pré-angkorien de la région. Situé en haut d’une colline, il offre une vue panoramique sur la campagne environnante.

Phnom Penh nous voilà !

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Des coqs aux poules

Une fois n’est pas coutume, nous avons fait du « stop de camion »! Au départ de Kratie, la cabine de notre nouveau véhicule était peuplée de 4 individus: le conducteur, son copilote et… leurs deux coqs. Durant l’ensemble du trajet (environ 2h), nous avons timidement tenté de nous tenir éloignés des becs des volailles. Nos sourires crispés en disent long! Les sourires, moins crispés, de nos hôtes, étaient tout aussi éloquents.

Un peu plus tard, nous avons été pris en charge dans une voiture familiale, dont les occupants se rendaient chez leurs parents et grands-parents. Arrivés à destination, ils n’ont pas prétendu nous laisser repartir sans visiter la maison, partager un thé (sous les regards curieux de l’ensemble de la famille), et faire une séance photos. Autre bonus: le père nous a remis une pastèque au moment du départ, afin que nous soyons équipés pour le périple qui nous attendait.

Ce n’est qu’à grande peine que nous avons quitté les lieux, avant qu’il ne force sa fille aînée à faire du stop à notre place , et arrêter une voiture pour que nous puissions poursuivre notre chemin.

Le stop, ce n’est pas seulement faire de belles rencontres, c’est aussi se retrouver dans des situations cocasses… Nous avons notamment voyagé à l’arrière d’un pick-up transportant de la viande fraiche dans des paniers en plastique, dont s’écoulait des coulées brunâtres (nous n’avons pris connaissance de la nature du chargement qu’une fois en route, évidemment). Les filets de sang se répartissaient dans la benne au fur et à mesure des tournants, et nous avons été contraints de réaliser de curieuses acrobaties afin de sortir du pick-up propres et dispos.
A côté de cela, tout transport dans une cabine de camion défoncée, ou à l’arrière d’un pick-up chargé de bois, de terre ou de cailloux nous paraît être un jeu d’enfant!

Pour nous remettre de nos émotions, nous avons fait une halte à Kompong Cham. Cette petite ville, à cheval sur le Mekong, est réputée pour son pont en bambou que les habitants construisent tous les ans durant la saison sèche. Lors des crues, la structure est emportée par l’eau. Et c’est reparti pour un tour: nouveau pont, nouvelles crues.
La structure, qui a priori paraît fébrile, supporte aisément le poids des voitures et pick-up qui l’empruntent. Nous en restons bouche bée.

Sur le chemin pour Phnom Penh, nous faisons arrêt au temple oublié de Wat Nokor. Au détour de ruines, de belles sculptures se dévoilent sous le soleil brûlant.

Autre arrêt, gastronomique cette fois: la ville de Skun, dont la spécialité est…. la mygale grillée (qui était cuisinée du temps des Khmers rouges, pour contourner les restrictions alimentaires). Nous avons testé (Julien aussi!). Le goût de l’araignée est en réalité déterminé par les épices de la marinade. En deux mois et demi de voyage en Asie, nous avons déjà testé bien pire!

La dernière voiture à bord de laquelle nous embarquons est dirigée par un manager d’une boîte de construction. Julien retrouve ses réflexes du monde du bâtiment, et nous sommes invités à souper avec le conducteur, son assistant et son « cousin », un franco-cambodgien. En chemin, une des nombreuses « copines » du conducteur se joint à nous. Nous entrons dans le restaurant à 6, 4 hommes et 2 filles. Pour rétablir la parité, de charmantes hôtesses attendent patiemment à l’entrée du restaurant que les hommes leur proposent de partager leur table. Nous mangerons finalement à 7, l’assistant refusant pudiquement devant nous de se faire accompagner par une poule de luxe.

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Les souffles de Kratie

La raison principale pour laquelle les touristes s’arrêtent à Kratie est bleu-gris et vit dans le Mekong. Elle se montre de temps en temps, mais il faut être patient et surtout… il faut s’éloigner du centre-ville.

Nous enfourchons donc nos vélos pour 15 kilomètres de balade vers le nord. En chemin, nous admirons l’habitat local, les quelques temples qui se dressent le long de la route, et les multiples échoppes de fortune où l’on retrouve le fameux sticky rice cuit dans du bambou (ce que nous croyions être une spécialité laotienne – petite variante: le riz ici n’est pas sucré, contrairement aux sticks que nous mangions dans le nord, comme petit déjeûner).

Un pneu plat (et une bière que nous recevons du « garagiste improvisé ») plus tard, nous arrivons au « rapids view point », où le Mekong se bat avec les bancs de sable.

Une dizaine d’immenses cabanons construits sur pilotis accueillent, le temps d’un après-midi, les familles laotiennes, deux petits belges et… un Singapourien, Eric.

La spécialité des restaurants qui ont les pieds dans l’eau est logiquement…. le (gros) poisson. Les denrées sont conservées, vivantes, dans des filets dont ils ne sont extraits qu’au tout dernier moment.

Eric, que nous rencontrons sur place, nous a spontanément invité à sa table (lire: sur sa natte) pour partager le poisson qu’il avait commandé. Il ne serait en effet pas arrivé, seul, à bout de son plat (nous n’y sommes d’ailleurs pas arrivé non plus, à trois).
Eric vit à Siem Reap depuis près de 3 ans, où il mène diverses actions sociales. De fil en aiguille, nous passons l’après-midi, et la soirée ensemble. Pas d’adieux, que des « au revoir »: lorsque nous visiterons Angkor, nous lui rendrons visite.

Le point culminant de la journée est la visite, tant attendue, aux habitants bleu-gris du Mekong. Nous sommes chanceux (et le conducteur de notre bateau est particulièrement doué): nous en voyons plusieurs dizaines. Le plus incroyable, que nous ne pouvons malheureusement pas illustrer en photo, est le son produit par les dauphins lorsqu’ils expirent à la surface.

C’est bercés par ce son que nous rentrons à Kratie. Demain, nous reprenons la route pour le sud.

Cambodge… où le soleil tape partout, y compris dans nos cœurs

A écouter les voyageurs rencontrés jusqu’ici, le Cambodge est le pays de tous les maux: corruption, arnaques, attitude antipathique de ses habitants, et chaleur étouffante.
Ils avaient raison sur un point: il fait chaud, au Cambodge. Sans doute avaient-ils également raison lorsqu’ils affirmaient que les autorités du pays sont corrompues (ou en tout cas corruptibles). Armés de patience, nous avons cependant réussi à pénétrer sur le territoire sans graisser la patte des gardes frontière.

Pour le reste (arnaque et sentiments antipathiques), nous avons sincèrement l’impression qu’il y a erreur. Les Cambodgiens que nous avons rencontrés sont tout simplement adorables: entre les coups de main spontanés (pour réparer un vélo ou porter un sac), le stop (qui fonctionne particulièrement bien au Cambodge) et le partage désintéressé de nourriture ou de boisson, nous n’avons pas trouvé une seule trace d’antipathie chez nos hôtes. Que du contraire.

Tout a commencé à Stung Treng, où nous avons passé notre première nuit afin de préparer notre itinéraire au Cambodge. Nos oreilles ont commencé à bourdonner de « hello » lancés par les enfants qui croisaient notre route.

Ce bourdonnement a continué à Ban Lung, notre seconde destination, à l’est du Cambodge. En route pour le lac volcanique de Yeak Leom (vers 11h du matin, sous une chaleur étouffante), nous avons été interpellés par une famille cambodgienne qui nous a offert de la pastèque afin de nous désaltérer. Un groupe de moines et de civils nous a ensuite rejoint au lac. Ils souhaitaient visiblement entrer en contact avec nous… par la photo et par le rire. Les plongeons et autres sauts sont, heureusement, universels.

A peine rentrés à Ban Lung, nous avons été conviés à une fête organisée par la province dans le cadre de la journée internationale des droits de la femme. Un cambodgien souriant nous a glissé une bière dans une main, et un bol de nouilles dans l’autre. Moins de trente minutes plus tard, nous étions tous sur la pistes. Au menu: des chorégraphies cambodgiennes (basées principalement sur le mouvement des mains – le reste de la danse étant très lent). En fin de soirée (lire: 20h30), nos hôtes nous ont carrément hissé sur le podium. Les photos prises ce soir-là sont collectors.

Encouragés par l’attitude particulièrement positive des cambodgiens, nous décidons de parcourir le pays en stop. Élodie et Guilhem (que nous croisons et recroisons sans cesse depuis le Laos), nous avertissent qu’il est un peu téméraire de vouloir rejoindre notre prochaine destination, éloignée de plus de 250 km, en stop. Et pourtant… nous les quittons, levons le pouce et… la magie opère. Une voiture, un tracteur et deux camions plus tard, nous sommes à Kratie (en un peu plus de 5h, le temps que prend le bus régulier pour faire cette liaison).

En chemin, nous faisons de belles découvertes: des maison de paris animées, des épouvantails devant les habitation pour chasser les mauvais esprits et les conducteurs… amusés par notre démarche.

A Kratie, nous retrouvons notre petite bande, qui a parcouru le même chemin que nous en un peu moins de 5h, mais en bus. C’est certain: nous n’abandonnerons pas notre mode de déplacement.

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