Archives de catégorie : Brèves

Passage éclair en Thailande

Après notre mois birman, nous sommes de passage éclair en Thaïlande, avant de reprendre la route vers le Laos. Si le Myanmar a une frontière terrestre avec le Laos, les postes frontières ne sont pas ouverts aux touristes à ce jour (février 2015).

Ce passage éclair par Chiang Rai en Thailande nous permet de mettre le blog à jour (près de 6 heures de travail quotidien, durant 3 jours, sont nécessaires pour ce faire). Le tenancier du cybercafé se demande sans doute quels sont les motifs qui poussent deux touristes à franchir tous les jours les portes de son établissement, par ailleurs infecté de virus. Nous avons perdu une grosse partie de nos photos dans l’aventure, ce qui porte un sacré coup à notre moral. Les meilleures d’entre elles resterons égoïstement gravées dans notre tête, à défaut de pouvoir jamais les publier sur le site, ou les imprimer sur papier glacé.

Entre deux séances de « mise à jour du blog », nous visitons la ville de Chiang Rai.
Le Wat Rong Khun (White Temple) a particulièrement retenu notre attention. L’audace de son auteur, Ajarn Chalermchai Kositpipat, est à la hauteur de son génie. Il a souhaité représenter le culte bouddhique de manière contemporaine. Dans la salle principale, Bouddah fait face au mal, représenté par les Twin Towers, le pétrole, les superhéros qui n’existent que dans les contes pour enfants, Ben Laden ou encore G.W. Bush. L’extérieur du temple est tout aussi surprenant et engagé: des statues pointent les touristes du doigt, tandis qu’une marée de mains sort d’un plan d’eau, à la recherche de quelques pièces.


Nous passons nos nuits dans un petit coin de paradis (pas difficile, me direz-vous, en comparaison avec les hôtels birmans):  Chambre double, avec salle de bain et eau chaude, dans une guesthouse baignée par le bruit régulier d’une chute d’eau et d’une piscine extérieure, pour la modique somme de 200 Bats (soit 5 €). Bienvenue en Thaïlande!

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Thaïlande: faux départ

Il est midi, et nous quittons Nyaungshwe pour Hého et son petit aéroport local.

Nous partons avec 3700 Kyats en poche (soit un peu plus de 3 euros), qui doivent couvrir les trajets et les repas jusqu’à notre sortie du Myanmar.

Étant désormais (ou, plutôt, « de nouveau »), abonnés au stop, nous nous mettons en quête d’un véhicule qui nous acceptera à son bord. Après une dizaine de minutes à peine, un pick-up s’arrête et le conducteur nous fait signe de monter dans sa benne. Vingt minutes plus tard, nous embarquons, cette fois à l’avant d’un camion, pour atteindre notre destination finale.

Assez satisfaits de notre prestation (nous sommes à l’aéroport plus de 2h avant l’heure de check-in), nous nous arrêtons pour manger dans une mini cahutte locale, en vidant la moitié de nos poches (soit pour un prix très raisonnable). Il nous reste 1500 Kyats pour couvrir nos besoins jusqu’à la sortie du Myanmar, prévue le soir même.

Une fois à l’aéroport,  nous déchantons bien vite: notre vol aurait été reprogrammé, et l’avion serait parti le matin même. La copie d’un e-mail (que nous n’avons jamais reçu) nous est glissée sous les yeux. La compagnie aérienne (Golden Myanmar, pour ne pas la citer), nous propose d’embarquer à bord d’un vol le lendemain, et de nous loger pour une nuit dans la « seule guesthouse d’Hého ». Julien rêve déjà d’un hôtel 5 étoiles, avec salle-de-bain dans la chambre, eau chaude, wifi fonctionnel… Protestataire dans l’âme, je parviens à négocier en outre que le souper et le petit déjeuner nous soient offerts.

Le tableau imaginé par Ju est bien loin de la réalité. Ce faux-départ nous force à faire un détour par le pire endroit où nous ayons dormi au Myanmar: la chambre n’a pas de fenêtre mais contient des ouvertures multiples autant qu’involontaires sous le toit. Autre surprise, elle est déjà occupée par d’autres pensionnaires (araignées, nid de fourmis, moustiques…). Nul besoin de préciser qu’il n’y a pas de matelas digne de ce nom, ni de drap, ni de douche… Quatre autres compagnons de voyage partagent notre infortune: deux Gantois, Gillie et Xavier (l’occasion de dérouiller mon néerlandais) et deux anglaises.

Nous tentons de customiser la chambre pour pouvoir fermer l’œil durant la nuit (avec, à l’appui, notre moustiquaire, nos sacs-à-viande et nos matelas), avant de rejoindre Gillie et Xavier pour jouer au Whist jusqu’à ce que nous tombions de fatigue.

Le lendemain, les taxis de la compagnie aérienne (lisez: scooter sur lequel nous montons à deux avec nos sacs à dos) nous mènent à l’aéroport. Nous décollerons finalement avec 24h de retard, et ferons une escale imprévue à Mandalay. Ce n’est que vers 16h, après avoir fait du stop de l’aéroport de Tachileik jusqu’à la frontière, que nous remettons les pieds en Thaïlande. Nous sommes soulagés, fatigués, et en quête de confort…

Lac Inle

C’est épuisés par notre trek à Hsipaw et notre nuit de bus que nous arrivons à Nyaungshwe aux petites heures du jour. Nous refusons poliment les propositions des taximen qui nous emmèneraient au bout du monde si nous y mettions le prix, et filons rapidement à pied à la recherche d’une guesthouse (renseignée par Brice et Marion). Nous arrivons à destination avant que le premier taxi ne se présente à la réception. Pari gagné: nous obtenons la dernière chambre de la guesthouse, et les amateurs de tuk-tuk doivent se rediriger vers un autre établissement!

Notre première journée à Nyaungshwe se déroule sans que nous ne voyions le lac. Nous visitons le centre de la ville, faisons la rencontre d’un curieux éléphant dansant pour une improbable fête birmane, mais surtout… nous nous reposons. Le lendemain s’annonce en effet corsé.

Nous avons rendez-vous avec Lisa, Clemens et Toeris (notre boat driver) à 6h, pour une journée de bateau sur le lac Inle. D’emblée, nous sommes subjugués par le spectacle des oiseaux qui prennent leur envol dans la brume matinale. Les premiers rayons du soleil couvrent le lac d’une lumière couleur pastelle, et nous distinguons les premiers bateaux de pêcheurs (de poissons ou de touristes). Toeris arrête régulièrement le moteur de l’embarcation pour que nous puissions profiter pleinement du spectacle qui s’offre à nous: les maisons sur pilotis, les pylônes électriques plantés au beau milieu de l’eau, les enfants qui se pressent sur les pirogues en direction de l’école, les jardins flottants (réellement flottants: les genoux de Clemens s’enfoncent dans l’eau alors qu’il souhaite vérifier l’authenticité des marchés). Ce n’est que deux heures plus tard que nous atteignons notre première destination: un marché, de l’autre côté du lac. Les marchandises y sont acheminées par pirogues ou par chars à bœufs, le tout formant un bal original.

Nous sommes rapidement invités à tester nos qualités de potiers qui s’avèrent désastreuses: nos réalisations ressemblent toutes les 4 à des cendriers malades.

Nous comprenons bien vite que l’art fait vivre le lac. Les touristes se pressent près des (prétendus) ateliers de couture, de cigares, de bateaux, de bijoux en argent… Nous assistons au spectacle, d’abord avec amusement, et puis très vite avec désintérêt.
Sur le chemin du retour, nous sommes confrontés à une autre dérive touristique: de faux pêcheurs font les clowns sur leur pirogue pour être photographiés, contre rétribution.

Toeris nous déniche dans cette foire un vrai pécheur, que nous admirons travailler à la lumière changeante du coucher du soleil.

Nous terminons cette magnifique journée autour d’une bière Myanmar, d’abord avec Toeris, ensuite à quatre. Au menu du souper: un poisson du lac cuit au barbecue.

Le lendemain, c’est la fête. Nous sommes le 29, et ça fait un mois que nous voyageons à vue de pieds en Asie!

La journée est prometteuse: grâce à la rando et au stop (notre moyen de transport favori depuis cet été), nous nous éloignons de la ville et visitons les villages environnants. Ils sont réputés pour leurs sources d’eau chaude (qui sortent en réalité de ce que nous appellerions communément des égouts, chez nous), et pour leur production de sucre de canne.

Nous pousserons le luxe jusqu’à assister au coucher du soleil depuis les hauteurs d’un vignoble, en sirotant un verre de vin, avant de se faire masser de manière traditionnelle par un couple de Birmans, à la lueur de bougies (une coupure de courant nous privant de tout autre source de lumière).

Au total, sur la journée, nous serons montés à bord d’un tracteur, d’un tuk-tuk d’autres touristes, de deux camions, et d’une voiture dont le conducteur était vraisemblablement sous licence. L’auto-stop, à la mode birmane, fonctionne parfaitement!

Le quatrième et dernier jour, nous partons à l’aventure dans les montagnes, seuls avec la technologie (un programme de géo-localisation installé sur la tablette).

Après plusieurs heures d’ascension, nous sommes récompensés par une magnifique vue sur le lac, depuis une cabane abandonnée.

Les birmans que nous croisons parlent très peu anglais. Vers l’heure de midi, nous nous dirigeons vers le seul magasin du village que nous traversons. Nous tentons d’expliquer que nous souhaitons manger quelque chose de consistant (autre que des cacahouètes, des chips et des boissons fraiches). Après quelques secondes d’hésitation, la vendeuse nous fait signe de passer dans l’arrière-boutique. Nous rejoignons trois femmes birmanes passionnées par un feuilleton birman visiblement romantique. Dix minutes plus tard, la table qui nous fait face est pleine de petits plats. La vendeuse sort alors un vieux manuel d’anglais, et nous pointe certaines phrases, pour que nous puissions communiquer. Ces extraits, visiblement sortis de leur contexte, provoquent l’hilarité générale.

Le retour à la guesthouse se fait en stop (de camion). Nous y sommes désormais abonnés!

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Hsipaw – Ses treks : et Shan-ou-va !

Ouf ! Nous sommes sains et saufs… Le viaduc du Goteik n’aura pas eu raison de nous. Ce trajet en train était absolument merveilleux malgré les nombreux ressauts dans toutes les directions que subissent les wagons.

Notre arrivée à Hsipaw se passe admirablement bien : nous trouvons une guest-house tout de suite et embarquons directement dans un pick-up fourni gracieusement par l’hôtel en direction d’une colline avec, paraît-il, un magnifique coucher de soleil.
Ce fut le cas mais le plus marquant fut le comité d’accueil à l’arrivée : des dizaines d’étudiants Shan (l’ethnie majoritaire dans cette partie du pays) sont là pour exercer leur anglais avec nous. Nous finirons par nous faire inviter dans leur école le soir même. Au programme, souper, danses traditionnelles et discussions en anglais avec eux. Ce fut vraiment un super moment et nous étions les seuls étrangers à avoir répondu à leur appel ce soir là.

Le lendemain, nous visitons la ville de Hsipaw en elle-même. La lecture du bouquin « Twilight Over Burma » est, pour se faire, une parfaite introduction à l’histoire locale contemporaine. En effet, le « Shan State » est un peu un état dans l’état. Les Anglais ont laissé beaucoup d’autonomie aux différentes régions et ethnies qui les composent (« diviser pour mieux régner »). Ce statut a été en partie conservé après l’indépendance et l’état Shan qui nous occupe était divisé en sous-régions administrées par des princes locaux. Le prince de Hsipaw était un homme très important et l’histoire du dernier d’entre eux est narrée dans le livre dont je viens de parler. En résumé, il a fait ses études aux États-Unis pour devenir ingénieur des mines afin d’en faire profiter son peuple et a marié dans le même temps une Autrichienne qui n’avait aucune idée de son statut en Birmanie. Ils ont régné dans la région jusqu’au coup d’état orchestré par la junte militaire. Il aurait été maintenu emprisonné et, encore aujourd’hui, personne ne sait ce qu’il est devenu.
Nous avons eu la chance de pouvoir visiter le palais de ce prince dans lequel la femme du neveu du dernier Prince nous a reçus et nous a raconté sa vision de l’histoire. Ce fut vraiment un moment très touchant et qui met bien en perspective les abus du pouvoir en place.

Après ce moment atypique, nous nous rendons à ‘Little Bagan’, petit coin de Hsipaw où l’on peut observer quelques temples qui nous rappellent effectivement le bijou du Myanmar que nous avons visité il y a quelques jours.

Non loin de là, on peut aussi visiter un temple en teck très authentique.

Nous rencontrons des Allemands avec qui nous sympathisons. Nous nous rendons compte que nous prendrons le même bus dans 3 jours mais à partir de deux points de départ différents. Nous nous faisons la promesse de nous retrouver afin de prendre l’apéro ensemble dans ce bus. Le défi était de trouver des noix de coco alors que nos amis se chargeraient du rhum.

Nous retournons au centre de la ville : nous devons impérativement organiser un trek pour le lendemain. Nous souhaitons partir trois jours et deux nuits de Hsipaw à Kyaukme. Nous rencontrons deux français très sympathiques, Brice et Marion, qui sont en voyage depuis déjà de nombreux mois (vous pouvez suivre leur aventure sur leur site : www.en-bourlingue.com) et qui, à première vue, semblent voyager dans le même état d’esprit que nous. Nous nous lançons alors dans un marathon (qui durera cinq heures) afin de négocier un guide local. Une espèce de mafia du trekking règne à Hsipaw et nous ne souhaitons pas partir avec un guide habituel. On nous fait alors rencontrer un guide local qui ne parle pas l’Anglais couramment. Je propose de demander à un étudiant qui parle mieux anglais de nous accompagner. Une heure plus tard, un vrai entretien d’embauche s’engage entre nous quatre et ce pauvre petit birman qui peine à cacher son stress. Phyo Wai Kyaw, c’est son nom, nous apprend aussi qu’il n’est jamais parti dans les montagnes. Ce sera donc la première fois pour lui aussi. C’est décidé : nous partirons à six !!!

Le lendemain matin, rendez-vous avec notre guide Nyi Nyi et Phyo Wai Kyaw qui, équipé d’une paire de Converse en toile et un sac en bandoulière, ne sait pas encore ce qui l’attend.
S’en suivront 3 jours de treks inoubliables, notamment sur le côté humain, qui nous auront apporté en vrac :
– Une fête traditionnelle dans un village


– La visite d’une petite école dans un village de montagne et ses écoliers très appliqués

– Sarah qui tente d’amadouer une vache et échoue en se faisant menacer par ses cornes… une petite fille lui montre comment s’y prendre !

– Une rencontre avec un guide birman amateur de prostituées
– Des repas de montagne étranges (même pour Phyo Wai)
– Des détours par des magnifiques points de vue (nous étions trop bons, du coup, Nyi Nyi rallongeait les trajets)
– Un petit bain dans une rivière
– Des rencontres successives d’enfants de différentes ethnies


– Les dessins de Marion et une comptine pour enfant apprise par Brice sur le tas
– De vieux matchs de Ligue 1 rediffusés à la TV, elle-même alimentée par un système ingénieux de petit barrage hydroélectrique
– Une rencontre avec un jeune moine de montagne qui n’attend qu’une chose : pouvoir partir de son village reculé
– L’apprentissage de la préparation du bétel

Bref, des moments inoubliables, quatre nouveaux amis que nous n’oublierons pas et que nous reverrons avec plaisir !!!

Arrivés à destination après ces trois jours de trek, nous abordons la route où le bus de Hsipaw est censé s’arrêter pour nous amener au Lac Inlay, prochaine destination.

Nous n’avons pas le temps de nous reposer une heure que le voilà déjà avec, à son bord, nos deux amis allemands, Lisa et Clemens, qui nous demandent où sont nos noix de coco !!!

(nous finirons par nous rabattre sur du Pepsi et du jus de lychee)

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Pyin Oo Lwin – Visite bourgeoise des jardins en calèche

Secoués par deux bonnes heures de trajet en pick-up, nous arrivons à Pyin Oo Lwin, ville dont l’altitude dépasse les 1050 m et était vouée à permettre aux anglais de Mandalay de venir profiter de la fraicheur de la montagne. En chemin, nous avons pu goûter à différents fruits que nos compagnons birmans nous font goûter avec un certain amusement… Partager ce genre de moment avec des locaux, malgré le problème de la langue, reste quelque chose d’unique.

La première chose qui nous frappe en cette fin d’après-midi à l’arrivée n’est rien d’autre que le froid !! Nous mettons toutes les couches dont nous disposons mais, malgré tout, nous n’avons pas chaud. Les Anglais de l’époque semblent avoir réussi leur coup mais ils ne devaient probablement pas venir à ce moment de l’année… Effectivement, nous sommes en plein hiver birman… Mais bon… Tout le monde le sait, un belge est bien plus résistant qu’un anglais !
L’atmosphère de la  ville est assez irréelle : la vie birmane est bien présente comme partout ailleurs mais de nombreux bâtiments coloniaux émaillent la ville et un moyen de transport local original n’est autre que d’anciennes calèches anglaises que les locaux eux mêmes semblent emprunter.

Le relatif calme contraste lourdement avec notre expérience du trafic de Mandalay.

Réjouis, nous nous dirigeons vers une Guest-House qui nous propose de très bons prix. Nos ardeurs sont vites calmées à la vue de la chambre et de la salle de bain…

Nos estomacs n’étant toujours pas au mieux de leur forme, nous décidons de craquer un peu et rejoignons un endroit pour touristes où nous pouvons manger une pizza aux légumes ainsi qu’un bon sandwich au poulet. Assis à notre table, nous nous sentons de plus en plus honteux au fur et à mesure que notre faim se dissipe. Le parfum colonial que dégage le bâtiment, la nourriture occidentale et la clientèle uniquement composée de ‘blancs’ semble nous ramener à une époque que nous n’avons pas connue…
Nous finirons tout de même par quitter les lieux avec une baguette française sous le bras !

Désireux de partager nos sentiments à travers le blog, nous passerons deux bonnes heures à arpenter les rues dans le froid mordant de la ville… Ce fut un échec mais nous espérons que vous apprécierez le geste.

Pour notre dernier jour à Pyin Oo Lwin, nous ne pouvons pas passer à côté de la visite des jardins botaniques, endroit très réputé de la région. Ces jardins ont été fondés en 1915 pendant l’ère coloniale. Ils sont devenus la propriété du gouvernement et sont apparemment entretenus par la vente de tickets d’entrée. Un grand écriteau indique d’ailleurs à l’entrée que tout l’argent perçu est injecté dans ces jardins, ceci probablement pour persuader les touristes que nous sommes que nous ne participons pas à l’armement de la junte militaire en place en visitant ces beaux jardins.

Sur le chemin, Sarah est « harcelée » par des birmanes qui veulent impérativement une photo d’elle.

L’après-midi fut l’occasion de se relaxer au travers de bambouseraie, de multiples orchidées, de lacs, etc. Bref, nous avons apprécié !

Un retour en calèche fut également de circonstance pour clore cette journée agréable.


(photo artistique réalisée par Mademoiselle JSS)

Une dernière nuit dans notre Guest-House un peu miteuse et nous nous mettons en route pour la gare ferroviaire où nous prendrons l’unique train journalier à destination de Hsipaw. En chemin, nous traverserons le pont le plus mythique du pays, à savoir le viaduc du Goteik qui, d’après le Lonely Planet « craque de manière inquiétante » au passage du train…

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Mandalay – retour à la ville pour mieux s’en éloigner

Après Bagan, nous décidons de continuer notre route vers le Nord, et rejoindre la seconde ville la plus importante de Birmanie: Mandalay.

Nous arrivons sur place en début d’après-midi, et déposons nos sacs dans l’hôtel le plus cher de notre parcours (jusqu’à présent): 20 dollars la nuit. Pour ce prix là, vous imaginez un palace… Et bien pas du tout. C’est le prix de la ville, pour une chambre au quatrième étage (sans ascenseur) d’une maison sans charme, composée d’un lit dont le sommier est une simple planche de bois sur laquelle repose une matelas de 5 cm d’épaisseur, d’une table minuscule et d’une chaise en plastique de jardin. Bienvenue à Mandalay!

Nous partons immédiatement à la découverte de la ville à pied, et visitons les ateliers des fabricants de feuilles d’or (dont sont ornés les représentation de Bouddha dans les temples). Nous avons l’impression d’avoir remonté les couloirs du temps en découvrant ces hommes, torse nu, battant l’or durant près de 6h, à l’aide d’un maillet.

Dans cet atelier, nous rencontrons un couple de français (comme il y en a beaucoup en Birmanie, qui est apparemment devenue une destination « à la mode »). L’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, plaisante, en nous indiquant que le prix de leur voyage pour 10 jours équivaut à notre budget pour 1 an. Nous réalisons, une fois de plus, que nous voyageons vraiment très légers, et que nous ne sommes pas de « bons » touristes (nous n’achèterons pas de feuilles d’or en souvenir, ni aucune autre babiole qui nous est proposée).

Pour rester dans le thème des feuilles d’or, nous nous mettons en route pour la Paya Mahamuni. La statue de Bouddha, pièce maîtresse de la pagode, a une allure boursoufflée en raison du nombre considérable de feuilles d’or qui ont été appliquées sur l’œuvre originelle. Julien a pu l’admirer pleinement, alors que je devais rester en retrait: la présence des femmes n’était pas tolérée dans la zone avoisinant le Bouddha.

En chemin, nous sommes interpelés par un homme qui nous propose de se joindre à leur fête religieuse, en partageant leur repas. Mon estomac luttant encore pour digérer le dîner, nous déclinons poliment l’invitation. Il est cependant amusant d’assister à de telles démonstrations de générosité, de la part de personnes qui ont nécessairement moins de moyens que nous, « cheap tourists ».

Nous faisons également une halte chez les frères « Moustache » (qui n’a rien à voir avec le dancing club de la place Sainte Catherine, pour les amateurs de rock). Opposants politiques, ils sont les acteurs d’une pièce de théâtre destinée uniquement aux touristes. Le prix du billet nous freine cependant, tandis que les échos négatifs que nous avons du spectacle confirment notre décision de passer notre chemin. Ils surferaient sur la vague de l’opposition, tout en étant parfaitement rentrés dans le (et en profitant même du) système et du régime en place. Leur spectacle n’aurait plus rien de revendicateur.

C’est alors que Julien a une idée de génie: alors que nous marchons depuis près de 4h, il souhaite aller visiter un dernier monument. Dans le noir total, mais armés de notre lampe frontale, nous nous mettons en route pour Kyaung Shwe In Bin, un monastère en teck. Bien entendu, vu l’heure, nous trouvons portes closes. Un voisin birman nous propose gentiment de monter sur le toit de sa maison dont il a, parait-il, une vue imprenable sur le monastère. C’est sans doute vrai… de jour. Une fois sur le toit, nous constatons en effet que le monastère n’est pas éclairé, et que devant nous s’étend une zone noire dans laquelle nous ne distinguons rien.

Les efforts de la journée ne seront pas récompensés par un souper exceptionnel: nous n’avons plus que 1,5 dollars en poche. Julien se contente de nouilles sautées, alors que je m’attaque à mon assiette de riz blanc, agrémentée de quelques bouts de melon.

Le lendemain, le réveil sonne à 4h30. Nous enfourchons nos vélos direction le plus grand pont en teck du monde. La lumière du lever du jour le présente sous son meilleur profil. Julien canarde les passants avec son appareil photo… et le résultat est à la hauteur du travail fourni !



Avant de prendre la route, nous faisons un dernier tour dans Mandalay.

La ville est bouillonante, bruyante, et plutôt hostile. Rien que sur une heure de temps, nous assistons à un accident entre deux scooters : un homme se retrouve à terre et l’autre poursuit sa route sans se retourner. Rassurez-vous, l’homme s’est relevé un peu penaud et a repris son chemin avec un rétroviseur de moins.
Nous sommes heureux de monter à bord du pick-up qui nous emmène vers Pyin Oo Lwin. Le trajet s’annonce folklorique: nous sommes une quinzaine à nous imbriquer comme un puzzle à l’arrière du pick-up, chargé en partie de marchandises diverses. En route pour l’est!

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Quand le bijou du Myanmar se cache sous la pluie…

Après notre expérience pluvieuse à Mawlamyine (qui a contraint Julien a acheté un Longyi), nous espérions avoir atteint notre quota d’eau pour le mois. Erreur! Les éléments météorologiques semblent se déchainer, quand il s’agit de nous rappeler que le temps typique de notre beau pays natal ne doit pas nous empêcher de profiter du moment présent.

Nous avons quitté Yangon avec un bus « de nuit » censé arriver à 5h du matin à Bagan. L’horaire parfait pour nous permettre d’économiser du temps, et de l’argent (en faisant l’impasse sur le prix de la nuit dans un hôtel). En chemin, nous sommes assourdis par la musique, et abasourdis par les images, diffusées par le poste de télévision du car : un ensemble de clips romantiques birmans, plus burlesques les uns que les autres. Notre voisin, local, improvise un karaoké : il connaît toute les paroles par cœur. La nuit s’annonce peu reposante !
A notre grande surprise, les lumières intérieures du bus s’allument brutalement à 3h du matin, et le conducteur nous indique fermement que nous sommes arrivés à Bagan. A Bagan… ou plutôt à sa gare des bus, qui se trouve au milieu de nulle part. Encore à moitié endormis, nous descendons du bus et retrouvons nos sacs, entourés de taximen qui nous proposent de nous conduire pour un prix exorbitant à l’hôtel que nous avons réservé.  Nous refusons immédiatement la proposition, en raison du prix proposé (12.000 Kyats soit environ 10 €), mais aussi et surtout car nous n’avons nulle part ou aller, au milieu de la nuit. Nous n’avons réservé aucun établissement…

Plutôt secoués, nous quittons la gare des bus à pied et retrouvons une famille birmane, assise sur le coté de la route. Ils ne parlent pas un mot d’anglais, mais nous croyons comprendre qu’ils attendent un bus qui passera vers 6h (soit 3h plus tard) pour aller en ville. Nous nous asseyons à leurs cotés et décidons d’attendre en leur compagnie. Bien vite, plusieurs taxis se rapprochent à nouveau de nous, pour une énième tentative. Julien les écarte systématiquement. Un pick-up se présente alors, proposant de nous emmener, avec la famille que nous avons adoptée, vers Bagan, pour un prix dérisoire (1000 Kyats chacun), ce que finalement nous acceptons.

Il est environ 4h du matin lorsque nous arrivons dans la ville. Certaines guesthouses sont ouvertes 24h/24, et nous commençons à nous renseigner sur les prix des chambres. Nous trouvons finalement l’affaire du siècle une heure plus tard. L’affaire est double : nous avons une chambre pour un prix raisonnable, et un pensionnaire, Régis, se propose de nous conduire à vélo vers un temple réputé pour sa belle vue lors des levers de soleil. Nos sacs à peine posés, nous enfourchons nos vélos et partons à la conquête, dans le noir complet, des temples de Bagan.


Le spectacle est magique. Le lever de soleil d’abord, l’envol des montgolfières ensuite, et la brume qui se dissipe sur les temples qui nous entourent enfin. Nous enchaînons directement sur la visite de plusieurs temples, avant de tomber de fatigue vers midi.


Après une courte sieste, c’est la surprise : la pluie nous a retrouvés! Et cela, nous ne le savions pas encore, pour plusieurs jours.

En bons belges, nous enfilons nos K-way et repartons à la découverte de Bagan, désertée par les touristes frileux. Lors du deuxième jour, nous sommes accostés par une petite fille qui souhaite absolument nous faire visiter son village, et nous faire manger dans son restaurant. Encore naïfs, et ayant à l’esprit nos expériences à Hpa-An, nous acceptons. Nous nous en mordrons ensuite les doigts : ce village utilise vraisemblablement ses enfants comme appâts pour les touristes. Notre jeune guide nous demandera même explicitement un « pourboire », après m’avoir maquillée avec du thanaka. Sur les sites touristiques, nous devons être plus prudents… Les arnaques sont plus nombreuses qu’ailleurs.

Chaque soir, nous regardons le ciel, et espérons que le lendemain nous offrira un soleil brillant. Nous reportons ainsi notre départ de Bagan de jour en jour, ce qui nous permet de rencontrer d’autres touristes, avec qui nous sympathisons souvent autour d’un repas, ou d’une bière locale.

Tous les matins, nous mettons notre réveil à 4h30, espérant voir des étoiles briller dans le ciel, ce qui nous annoncerait un beau lever de soleil, et une journée ensoleillée. Souvent, nous nous rendormons, déçus par le noir intense qui s’étale sous nos yeux.

Nous ne restons cependant pas pendant tout ce temps sans rien faire. Nous enchaînons, entre les gouttes, les visites de nombreux temples et leurs incroyables fresques. Nous optons pour un moyen de transport plus rapide : le balai.

Nous assistons même à une fête locale qui met en avant les enfants en partance pour le temple.

La patience a cependant payé : en 4 jours et demi sur place, nous avons finalement assisté à deux levers de soleil, un coucher de soleil, et deux demi-journées ensoleillées. Julien est aux anges : son appareil a chauffé durant ces courtes périodes, et nous prenons le bus en direction de Mandalay avec dans notre sac quelques clichés dont il n’est pas peu fier.



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Yangon, sa clique et sa clinique

Nos esprits élevés à un stade supérieur et nos portefeuilles allégés par notre visite au Golden Rock, nous nous mîmes en route pour Yangon dans un bus local. Ne vous y perdez pas : Yangon n’est plus la capitale du Myanmar depuis 2005 et ne s’appelle plus Rangoon depuis 1989. Ces changements font suite à des décisions politiques (et donc militaires), notamment celle de créer une nouvelle ville centrale et d’en faire la capitale du pays : Naypyidaw.

Au bout d’environ quatre heures, nous nous retrouvons en périphérie de la ville sans moyen de rejoindre le centre. Fort heureusement, une birmane nous prend sous son aile et embarque dans un bus avec nous. Les numéros des bus sont tous indiqués en chiffres birmans, ce qui rend les choses encore plus confuses que ce qu’elles ne sont ! L’amabilité des locaux se confirme une fois de plus ; la dame en question nous paye nos tickets de bus. C’est en insistant fortement que je réussis tout de même à les lui rembourser.

Enfin arrivés à notre Guest-House, nous nous dirigeons assez rapidement vers l’attraction phare de la ville : la fameuse Paya Shwedagon. Une atmosphère vivante nous y attend : des familles locales s’y pressent, les enfants courent ça et là, un moine se servant d’un parapluie pour marcher se voit offrir une canne en offrande par une dame en chaise roulante, chacun cherche la partie du temple dédiée à son jour de naissance afin de couvrir d’eau l’idole à honorer, … Tout cela contraste complètement avec l’inertie que nous constatons assez rapidement à Yangon ; à partir de 21h environ, plus rien ne bouge !

Le lendemain, nous partons à l’assaut du centre-ville en faisant un premier arrêt au MTT (Myanmar Travel Tours). Cet organisme, maintenu par le gouvernement, a été mis en place pour « gérer » le tourisme dans le pays. Comme nous le disions dans une précédente brève, certaines zones à conflits ne sont pas ouvertes aux touristes et nous souhaitons tout de même prendre le bus pour transiter dans une de ces zones. La réponse du MTT est claire : c’est non. Déçus, nous n’abandonnons pas encore mais reprenons là où nous avions laissé notre visite de Yangon. Un passage par le quartier des bouquinistes nous apprendra qu’il est possible d’acheter un Lonely Planet en français pour environ 5 € et à peu près n’importe quel bouquin pour environ 2,5 €. La technique est simple : tous ces livres sont des photocopies. Nous trouvons même un Simenon au milieu d’un étal de bouquins birmans !

Nous passons également devant de petits stands de dégustation de tripes et boyaux divers que nous n’avons malheureusement pas eu le temps de tester. L’ambiance a pourtant l’air très chaleureuse et bon-enfant…

Pour notre dernière journée à Yangon, nous finissons à l’hôpital. Sarah développe une allergie alimentaire que j’ai aussi eu quelques jours plus tôt. Rien de bien grave mais il nous fallait un vrai diagnostic et les éventuels médicaments nécessaires. L’expérience fut assez incroyable : on nous fait passer de manière tout à fait scandaleuse devant tout le monde dans la salle d’attente et Sarah finira par se faire examiner sur une espèce de commode en bois. Tout fut pourtant très bien suivi et nous n’aurons rien à redire sur la compétence du personnel !
Afin de nous remettre de ses évènements, nous passons devant la demeure d’Aung San Suu Kyi et nous baladons tranquillement le long d’un lac. Nous mangeons également dans un petit « resto » le long de la route où, à la manière birmane, nous sommes assis sur des chaises en plastique que nous utilisons dans les classes maternelles. Le cadre n’est pas idyllique, c’est le moins que l’on puisse dire, nous sommes en bordure de route, à deux pas d’un gros carrefour et dans un fossé jonché de déchets. Cela nous vaut toutefois de bons plats locaux à moins de 0,5 € et l’amusement des locaux qui prennent des photos d’étrangers mangeant dans un endroit où on ne les attends pas.

Nous rejoignons finalement la gare des bus où nous attend un transport de nuit qui va nous mener à l’un des sites les plus mythiques du Myanmar : Bagan et ses mille temples. Nous partons vers 18h00 et sommes censés arriver vers 05h00 du matin.

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Le rocher d’or… qui fait pleuvoir les dollars

Impossible de prendre un bouquin sur le Myanmar en main sans tomber sur une photo du mystérieux rocher d’or. Ce lieu mythique attire de nombreux pèlerins bouddhistes. Ils sont tellement nombreux que les touristes se perdent dans cette marée humaine locale.

Difficile donc de passer à coté de cette attraction (bien que nous y ayons sérieusement pensé). Nous voilà donc embarqués dans un train local reliant Mawlayine au lieu-dit. Prendre le train était en soi une expérience: le chef de gare ne nous a pas permis d’acheter des billets « lower class » sans avoir vu nos passeports et sans en avoir reporté les mentions sur un immense registre dont les birmans ont le secret (à quoi servent tous ces registres complétés par les sociétés de bus, de train, d’hôtellerie… nous devons encore creuser la question).
Le train que nous prenons arrive à destination avec plus d’une heure de retard, avec à son bord des passagers, un peu secoués (le train n’a pas d’amortisseur, et fait de véritables bonds à chaque jonction de rails) mais rassasiés (grâce au ballet incessant des birmans qui vendent nourriture et boissons dans les wagons).

Vu l’heure, nous renonçons à entreprendre l’ascension du rocher le jour de notre arrivée. Nous nous attelons plutôt à trouver une guesthouse dans notre budget. Nous trouvons une chambre minable, pour 12 dollars la nuit, petit déjeuner inclus. Petite contrainte: nous cohabitons avec quantité de bestioles, et osons à peine mettre les pieds dans la salle de bain qui ne dispose d’aucun éclairage (les coupures de courant régulières dans la ville ne nous auraient de toute façon pas laissé entrevoir grand chose…). Une belle occasion pour tester notre moustiquaire… et le test est concluant! Pas de piqûres supplémentaires pendant la nuit.

Le lendemain, nous nous réveillons aux aurores pour voir le rocher sous ses meilleures couleurs. Et l’aventure commence: nous sommes chargés dans des pick-up, ou de sommaires lattes de bois servent de bancs. Près de 7 personnes sont assises côte-à-côte (autant dire qu’on n’y pose pas nos deux fesses), pour un chargement d’environ 50 personnes (touristes mais surtout pèlerins locaux). C’est un spectacle en soi pour… 2,5 dollars par personne (pour donner un ordre d’idée: pour ce prix là, nous avions voyagé à deux en train pendant 5h).

L’ascension, de 45 minutes, est ponctuée d’arrêts où des paniers nous sont systématiquement tendus pour faire des dons. En général, un homme escalade le pick-up, donne un mot d’explication en birman (devrais-je dire « crie » un mot d’explication), et puis tend son panier. C’est presque un cirque, qui se répète près de 6 fois avant notre arrivée au sommet.

Une fois arrivée, la cargaison humaine est déchargée. Sans échelle. Sans équipement. Débrouille-toi pour descendre du pick-up, et vite, pour que le conducteur puisse le remplir à nouveau afin de préparer la descente.

Le lieu en soi n’est pas exceptionnel. Mais l’ambiance est incroyable: des pèlerins ont dormi sur place et se réveillent, groggys, au son de nos pas. Nombreux sont ceux qui sont déjà en train de prier, alors que le personnel sur place termine son nettoyage quotidien (jeter les offrandes de la veille à la poubelle, alors que d’autres pèlerins en ajoutent le matin même… un curieux parallèle).

Après avoir été imprégnés de l’ambiance, nous entreprenons la descente de la montage, toujours ponctuée d' »arrêts-dons », serrés comme des sardines à l’arrière de notre pick-up. Un sourire aux lèvres…

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Une vision fantomatique de l’ère coloniale

Au fur et à mesure que nous nous éloignons de Hpa-An dans le chaotique bus local qui va nous mener à notre prochaine destination, nous profitons une dernière fois des paysages de cet endroit qui nous aura tant touché.
Ponctué par une panne et une réparation impressionnante d’efficacité, nous arrivons finalement à Mawlamyine.

C’est un peu la douche froide : « TAXI ??? » ; « WHERE YOU GO ??? », « WHERE YOU COME FROM ? TAXI ?? », « WATER ? », « TUK TUK ? », « BANANA ? », « WHAT IS YOUR HOTEL ? »
Nous sommes accueillis à la gare de bus dans un chahut phénoménal qui nous ramène à la réalité des choses : nous sommes dans une ville plus touristique que la précédente.
Comme d’habitude quand on nous oppresse, nous préférons faire la route à pied, quelle que soit la distance.
Sur le chemin, nous croisons quelques Guest-Houses. Nous nous faisons refouler de la première (« No foreigners »). Au Myanmar, certains établissements ne sont pas agréés par le régime militaire pour accueillir les étrangers. Je pense qu’ils seraient prêts à nous laisser à la rue plutôt que de subir le retour de flammes du gouvernement suite à ce type de transgression. L’état touche effectivement un pourcentage de nos nuits d’hôtel et ce ne doit pas être le cas dans les établissements affectés aux locaux.
Bref, nous finissons par négocier avec un jeune garçon pour qu’il nous emmène nous deux avec nos sacs sur son petit scooter. Il n’est pas rare de voir des familles circuler à quatre sur une mobylette : notre demande n’est donc pas incongrue 🙂
Nous finissons dans la seule Guest-House référencée par les guides touristiques (Breeze Guest-House). La chambre ressemble à une cage à poule dans une ambiance générale type prison (cellule minuscule et matelas digne d’une natte, fermeture des portes à 22h, pas de Wifi la nuit… un couvre feu qui bouscule notre besoin de liberté).

Mawlamyine est une ancienne ville coloniale comprenant une quantité importante d’édifices à l’architecture européenne, notamment un bon nombre d’églises. La plupart de ces bâtiments semblent assez désuets et peu entretenus. Autant être clair, cela ne nous fait pas très bonne impression !
La population comporte un fort pourcentage de personnes d’origine indienne, ainsi que de nombreux musulmans. Les mosquées animent l’ambiance générale à l’heure de la prière.

Le lendemain, levés de bons pieds (quatre exactement – bien que Sarah ait failli perdre une cheville la veille suite à une mauvaise chute sur les routes « gruyère » de la ville), nous décidons de prendre les choses en main et de ne pas subir notre négativisme de la veille. Lors de nos balades dans le centre, nous avons croisé une Guest-House qui avait ouvert 3 mois auparavant et sans aucune mesure avec la « prison » qui nous sert actuellement d’hébergement : nous changeons immédiatement pour ce nouvel endroit (Pann Su Wai Guest-House).
Le temps ne nous aide pas dans nos bonnes résolutions : il pleut des cordes. En bons belges que nous sommes, nous décidons de n’écouter que notre courage, de louer un scooter et d’affronter les éléments pour partir à la découverte des 50 km au Sud de la ville.
Nous visiterons de cette manière un Bouddha en construction (14 étages et 263 marches quand même), deux autres statues d’une taille inimaginable, quelques villages et, point d’orgue, la ville qui a accueilli la fin du travail forcé de nombreux alliés pendant la deuxième guerre mondiale et la meurtrière construction du « Death Railway ». Cette fameuse ligne de train devait étancher la soif de conquête nippone en permettant d’alimenter les troupes du front en vivres et bien d’autres choses (le premier train à utiliser la ligne était constitué uniquement de prostituées… l’histoire ne dit cependant pas ce qu’il en était du conducteur).

Je profite également de cette dernière ville pour m’acheter un ‘longwy’. Il s’agit du pantalon local porté par la plupart des Birmans et qui consiste en un bout de tissu cerclé (oui, comme une jupe mais aussi long qu’un pantalon). Je me rends effectivement compte que partir avec un seul short était peut-être un peu optimiste. Il me reste maintenant à apprendre comment réaliser correctement le nœud du longwy… la technique n’est pas simple !
Bref, cette journée fut horrible et intéressante à la fois. Nous sommes trempés jusqu’aux os ! Nous apprendrons par la suite qu’il s’agissait d’une tempête qui traversait le pays.

Après une nuit impeccable, nous décidons de continuer dans l’optique d’éviter cette ville qui ne nous inspire guère. Nous souhaitons visiter l’immense île située juste en face de Mawlayine et qui répond au doux nom de « Ogre Island ». Des excursions y sont organisées pour 20 à 30 dollars par jour et par personne. Ces prix nous paraissent clairement trop élevés et nous nous retrouvons sur une pirogue avec deux vélos loués pour une bouchée de pain, entourés de locaux amusés par notre présence sur l’embarcation.
A peine débarqués, nous subissons quelques railleries que nous ne comprendrons que quelques minutes plus tard. Le passage d’une tempête tropicale ne fait pas vraiment bon ménage avec des routes en terres battues.
Nous parvenons tout de même à avancer sur ces chemins.

Après deux bonnes heures de vélo, nous finissons par nous faire aborder par un local qui souhaite nous faire visiter son village. Nous passons d’ateliers en ateliers, l’artisanat dans ce village étant fortement développé. Nous voyons donc de près le travail du bois pour créer des cannes, des pipes, des stylos et… une pipe d’environ 3 m de long à placer sur le seul rond-point du village : d’un kitsch qui vaut bien les ronds-points Marsupilami ou Boule et Bill de Charleroi.
Les autres ateliers produisent notamment de la corde à base de fibre de noix de coco et des élastiques en caoutchouc à partir de la sève de l’hévéa. C’est vraiment très intéressant à voir et la dextérité de ces personnes est tout simplement impressionnante.

Après deux bonnes heures, nous remercions notre guide d’un jour à qui nous offrons un verre (il ne souhaitait rien d’autre). Il nous accompagnera encore jusqu’au panneau indiquant la fin de son village. Nous avons vraiment l’impression que ce fut une fierté pour lui de nous l’avoir fait visiter.
Nous continuons à visiter l’île et, à l’heure de rentrer sur le continent, nous prenons finalement un bateau différent du premier sur lequel nous aurons une petite altercation avec le commandant qui, entre le départ et l’arrivée, souhaitait multiplier son prix par 4… Nul besoin de dire que nous n’avons pas lâché l’affaire. Toutefois, en revenant à la Guest-House, on nous confirme que ce qui nous avait été annoncé au départ était le prix pour les locaux alors que le gouvernement aurait fixé un prix supérieur pour les étrangers.
Quoi qu’il en soit, ‘Ogre Island’ aura été la bonne surprise de Mawlawyine !

Après une dernière nuit dans notre magnifique Guest-House, nous prenons le chemin de la gare. Aujourd’hui nous attendent 4 heures de train afin d’atteindre ‘Golden Rock’, le fameux édifice sacré tant respecté par les bouddhistes. La suite au prochain épisode !

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