Tous les articles par Julius

Premiers pas en Malaisie – Kota Bharu

A peine passé la frontière, nous voilà confrontés au premier problème : il pleut et il ne semble pas y avoir de bus immédiatement. La bonne nouvelle c’est qu’il ne semble pas y avoir non plus de menaces d’attentats comme c’était le cas de l’autre coté de la frontière !

Je commence à lever le pouce plutôt que d’attendre passivement le bus. Autant savoir tout de suite si le stop fonctionne en Malaisie. Par expérience, je sais que le pays est au moins aussi développé que la Thaïlande et que beaucoup de gens possèdent une voiture. Il n’en reste pas moins que nous avons drastiquement changé de décor : la majorité des malaisiens sont musulmans contrairement à la Thaïlande. Différence de religion, de culture, de moeurs… Rien ne pouvait nous assurer que la tentative de stop fonctionnerait.

Et pourtant… Entre deux « welcome » lancés par de jeunes malaisiens qui semble comprendre que nous sommes fraîchement débarqués, une voiture s’arrête peu de temps après avoir commencé notre numéro habituel. A l’intérieur, un homme et une femme de la cinquantaine. David, un malaisien bouddhiste, 3 fois papa, 5 fois grand-père, ancien instit’ et colombophile à ses heures perdues nous explique son dernier achat : des poules et des faisans belges achetés à un anversois. Il paraît que notre plat pays est renommé pour ses plumes… Mais, ça, vous le saviez déjà certainement !

Nous voilà donc embarqués pour Kota Bharu, petite bourgade sur la côte est Malaisienne et qui ne manque pas de nous charmer, notamment par son marché couvert, coloré et très animé.

Nous raterons malheureusement son attraction du vendredi matin qui consiste en un concours de chant d’oiseaux… Activité prise très au sérieux ici.

David et sa femme nous ont finalement proposé le gîte et le couvert !

Nous avons donc l’occasion de tester directement plusieurs mets locaux, et notamment : roti kaya (pain recouvert de sucre perdu au lait de coco), bulup (sticky rice sucré avec de la noix de coco), bakar (sticky rice cuit dans une feuille de bananier), une boisson ‘ABC’ très sucrée en accompagnement d’un poulet satay… Mélange original !

Une bonne partie de ces mets fut testée lors du petit déjeûner dans un resto local fort connu. Nous en sortirons plus que repus et passerons par la case « photo avec le patron des lieux et une des serveuses ».

Cette rencontre fort sympathique fut bien plus qu’une occasion de titiller nos papilles. Nous parlons aussi des sujets d’actualité et obtenons un regard local fort intéressant. La loi malaisienne fait explicitement la distinction entre un musulman et un non musulman. Les premiers ont des droits différents : légalité de la polygamie, accès à certaines propriétés réservées, obligation de cotiser à une sorte de fond commun musulman alors que la taxation générale est adaptée, loi familiale très spécifique (et très désavantageuse pour les femmes  non musulmanes)… la liste est longue, et la voix de nos hôtes semble trahir une certaine rancœur.

Avant de prendre la route, nous aidons nos hôtes à aller faire leurs courses. En effet, dès le 1er avril 2015, le gouvernement met en place une mesure qui vise à combler la dette nationale en instaurant une taxe de 6 pc sur l’ensemble des biens (à l’exception de ceux de première nécessité tel que le riz). Apparemment, tout le monde s’est donné le mot : le supermarché est bondé et chacun tente de remplir au mieux son caddie afin de profiter une dernière fois des prix « normaux ». Le tout offre un spectacle apocalyptique amusant pour les « moldus » que nous sommes.

Images liées:

Lever le pouce au Cambodge

Est-ce possible de faire du stop au Cambodge ? Certains vous répondront que personne ne s’arrête, d’autres vous diront que, quand les conducteurs s’arrêtent, ils vous demandent de l’argent. Nous sommes résolument plus optimistes : cela fonctionne, à force de persévérance !
Voici notre retour d’expérience d’un mois au Cambodge, que nous avons parcouru presque exclusivement en auto-stop.

0. Reconnaitre les véhicules

Tout d’abord, avant de commencer à faire du stop, il est utile de connaitre les différents véhicules que vous rencontrerez sur les routes, et qui pourraient vous embarquer à leur bord.

  • Cars longues distances : ne s’arrêtent à priori pas
  • Bus « locaux » : ils s’arrêtent souvent pour vous proposer un trajet contre rémunération. Il est intéressant de connaitre au préalable les prix pratiqués afin d’avoir une idée de ce que vous devriez payer dans le cas où vous vous retrouveriez bloqués dans la cambrousse
  • Taxis de ville : ils sont faciles à repérer ; il y a un sigle taxi sur leur toit
  • Taxis « longue distance » : alors, là, il faut s’accrocher. Comment distinguer une voiture classique d’un taxi de ce type ? Votre flair vous permettra de les détecter, mais il y a quelques trucs qui ne trompent pas. On les reconnaît souvent par le type de voiture : dans les 90 pc des cas, il s’agit de Toyota Camry. Ils n’hésitent pas à embarquer 5 personnes sur la banquette arrière et 4 personnes à l’avant dont deux sur le siège du conducteur… Ceux qui sont « en règle » disposent d’une pancarte sur le pare-brise qui leur donne le droit d’exercer le métier. D’autres n’en ont pas. Bref, ce n’est pas tout à fait limpide ! Une chose est certaine: demandez la confirmation de votre analyse (taxi, ou pas), avant d’embarquer.
  • Les camions et voitures privées : c’est ceux-là qui nous intéressent. Les premiers sont lents, mais se sont régulièrement arrêtés à notre hauteur pour nous prendre en charge. Les secondes ne s’arrêtent que très exceptionnellement. Enfin, les voitures ayant le signe ‘ONG’ apposé sur la plaque d’immatriculation tracent tranquillement leur chemin sans un regard pour les auto-stoppeurs.
  • Divers : il y a bien d’autres choses sur les routes… De nombreux tracteurs artisanaux, tuk-tuk de toutes sortes… On ne détaille pas tout et on vous laisse quelques surprises 🙂

1. Quel signe utiliser ?

Nous l’avions déjà expérimenté au Myanmar, en Thaïlande et au Laos : le signe pour faire du stop n’est pas universel. Le concept même de « stop » ne semble pas très connu au Cambodge. Ce qui peut mener à quelques situations assez désespérantes !

Ainsi, il faut adapter sa technique. La nôtre a été la suivante :

  • Sarah est devant moi à environ 10 mètres et lève son index vers le haut. Il s’agit du signe pour demander à un taxi ou à un bus de s’arrêter. Elle ne fait pas le signe quand ces transports passent.
  • Moi, derrière, je fais le signe traditionnel du stop (le pouce vers l’extérieur)
  • Parfois, quand il s’agit de pick-up, nous leur faisons un signe particulier, en montrant l’arrière de leur voiture et en effectuant une espèce de U inversé avec l’index pour leur signifier que l’on souhaite embarquer à l’arrière. Aussi étrange que cela puisse paraitre, nous avons remarqué que nous rencontrions plus de succès lorsque l’on effectuait ce signe. Peut-être ne voulaient-ils pas que l’on embarque dans leur habitacle mais ne voyaient pas d’objection à ce que l’on monte à l’arrière…
  • Quand on était vraiment désespérés, on faisait bonjour de la main (toujours accompagné d’un grand sourire) en indiquant la direction de la route… Parfois le conducteur nous faisait « non » de la tête, ce qui signifie qu’il avait au moins compris ce qu’on lui demandait.
  • Nous avons testé les panneaux sur lesquels nous écrivions notre prochaine destination: à proscrire ! L’alternative: toujours se placer sur la route principale, unidirectionnelle, pour qu’il n’y ait pas d’incompréhension… Quand on utilise un panneau, il semble que le conducteur ne s’arrête que si il se rend effectivement à votre point d’arrivée. L’idée de vouloir faire 10 fois 10 km, plutôt que 100 km en une traite, est très étrange pour la plupart des Cambodgiens.

2. Où faire du stop ?

Nous avons suivi ces tronçons :

  • Frontière laotienne jusque Strung Streng : Il n’y a presque aucun véhicule après le passage de la frontière et la route est dans un état épouvantable. Nous avons eu de la chance mais nous ne conseillons pas de réitérer l’expérience. Le mieux est peut-être d’arriver en stop jusque la frontière, la passer, et négocier avec un des nombreux bus qui fait la liaison Laos-Cambodge pour les touristes.
  • Ban Lun à Strung Streng : très difficile mais nous y sommes arrivés. Route OK mais c’est la campagne.
  • Strung Streng à Kratie : route épouvantable mais circulation suffisante.
  • Kratie à Phnom Penh : la route s’améliore enfin et la circulation est suffisante. Après Kratie, ne pas suivre l’autoroute, pour prendre le ‘raccourci’ qui fonctionne.
  • Phnom Penh à Kampot : OK une fois sortis de la capitale
  • Kampot à Takeo : OK
  • Takeo à Phnom Chisor : route en reconstruction, stop difficile, il n’y a presque que des taxis. De l’autoroute jusque Phnom Chisor, difficile de faire autrement que de monter sur un des moto-taxi… Ce n’est pas très cher ! Le chemin retour du temple jusque l’autoroute est faisable en stop.
  • Phnom Chisor à Phnom Penh (en passant par les killing fields) : faisable mais, à partir des killing fields, ne comptez pas trop sur le stop, c’est le domaine des tuk-tuk. En outre, il est difficile de faire du stop à proximité de la capitale
  • Phnom Penh à Battambang : incroyablement difficile ! Il y a pourtant du trafic mais personne ne s’arrête. Nous avons mis 7 heures pour faire la moitié du parcours. Nous avons capitulé pour la deuxième moitié en acceptant l’offre d’un bus.
  • Battambang – Siem Reap : idem, on a capitulé… Les bus peuvent se négocier à 4 dollars !
  • Siem Reap jusque la frontière Thaïlandaise : on l’a fait, mais même souci que les deux tronçons précédents.

Vous l’aurez compris, le stop dans la partie Ouest du pays n’est vraiment pas évident, mais le reste du territoire semble plutôt propice !

3. Contre rémunération ?

Le principe même du stop est censé proscrire complètement une rémunération pour le lift. Certains penseront également que donner de l’argent incitera les cambodgiens à exiger de l’argent des prochains auto-stoppeurs. D’autres, à l’opposé, pourront se dire que donner un peu d’argent dans un pays si pauvre ne ruinera pas votre budget et est une question de bon sens…
Nous n’avons pas la réponse universelle mais voici ce que nous avons suivi comme principe :

    • S’il n’est pas clair que le chauffeur considère cela comme un service : toujours demander le prix / refuser si vous ne souhaitez rien payer
    • La plupart des locaux vous considèreront comme leurs ‘invités’ dans leur pays. Ainsi, ils ne se contenteront pas de vous permettre de faire un bout de chemin avec eux : ils vous achèteront probablement des boissons ou de la nourriture en refusant catégoriquement que vous ne payez. Dans ce cas, l’échange est merveilleux mais tenons à l’esprit que certains de ces gens ne disposent que de peu de moyens. Leur donner un ‘pourboire’ à la fin qui inclus au minimum le coût de ce qu’ils vous auront offert nous parait être du bon sens ! En cas de refus, proposez de leur offrir un verre, un café… Insistez !
  • Si à la fin du trajet, les conducteurs nous demandaient une rémunération, nous leur expliquions que nous ne leur avons pas fait faire de détour et que nous n’avons pas engendré de surcoût. Une fois, une personne nous a demandé de l’argent pour manger. Nous avons donné l’équivalent d’un repas, ce qui n’a pas semblé le contenter. Comme partout, le touriste blanc est vu par certains comme un gros sac rempli de dollars.
  • Si vous embarquez sur une moto ou un quelconque engin léger, cela parait évident que vous engendrez une surconsommation d’essence. Mettez vous bien d’accord sur les intentions et attentes des uns et des autres avant toute chose !

4. Conclusion

Comme vous avez pu le lire, il nous semble bien faisable de faire du stop au Cambodge. Il faut parfois s’armer de patience et affuter ses réflexes et connaissances du milieu. Dans tous les cas, ce sera une expérience inoubliable et nous le conseillons à tout un chacun.

Concernant la question de faire de l’auto-stop seul en tant que fille, nous sommes par contre un peu plus dubitatif. Respectez les règles élémentaires de sécurité. Du stop à deux dont au moins un mec, ça parait plus safe !
La communication, que la langue soit un problème ou non, est le facteur essentiel à la réussite. Soyez optimistes, ça se voit et cela augmentera vos chances de succès. Rayonnez ! Si vous êtes de mauvais poil, prenez le bus.
Dernier petit conseil : n’attendez pas à un endroit précis. Au Cambodge, tout endroit est bon pour qu’une voiture s’arrête. En marchant, vous augmentez vos chances de succès car vous croiserez de nouveaux embranchements et ferez plus de rencontres.

BONNE ROUTE !!!

Phnom Penh – Une capitale au lourd passé

Phnom Penh, ce n’est pas seulement les poules et les dîners huppés. Phnom Penh ça a été avant tout l’immersion dans l’horreur de l’histoire contemporaine du pays. La brève d’aujourd’hui n’égaiera probablement pas votre journée… Vous voilà prévenus !

Absent dans bien des cours d’histoires de nos écoles européennes, le Cambodge, après avoir été pilonné par les bombes américaines durant la guerre du Vietnam, a été dirigé par les Khmers rouges pendant une période de 4 ans. Phnom Penh sera, dès le premier jour de la prise de pouvoir, entièrement vidée de ses habitants comme toutes les grandes villes du pays. Les hôpitaux, les écoles, les monastères seront fermés. Le peuple sera envoyé dans des camps de travail géants faisant partie du projet de fondation d’une nouvelle ère communiste au Cambodge. Les intellectuels et les religieux seront considérés tout de suite comme des entraves à ce projet et seront exterminés sans pitié. Ce ne seront que les premiers visés… La famine s’installera, des méthodes de tortures horribles seront employées, de fausses dénonciations interviendront… Bref,  tout homme, femme ou enfant pouvait devenir très rapidement suspect. Résultat au bout de quatre années au pouvoir : une personne sur 4 dans le pays trouvera la mort (environ 2 millions de morts). Les survivants se souviennent encore des feux follets quotidiens qui éclairaient les campagnes telles des lueurs apaisantes de la cruauté humaine quotidienne…

Nous nous sommes approchés des vestiges de cette histoire à travers la prison S21, une ancienne école qui aura été le lieu de détention et de torture d’environ 14.000 innocents.

La potence à laquelle on suspendait les détenus par les pieds pour interrogatoire est toujours en place. Les jarres imbibées de liquides nauséabonds étaient destinées à leur faire reprendre connaissance afin que le calvaire puisse continuer.

Nous avons suivi le chemin de nombreux malheureux qui ont été transportés jusqu’à un endroit connu aujourd’hui sous le nom des « killing fields ». Les Khmers rouges y emmenaient leurs victimes pour les exécuter sommairement avant de les jeter dans d’immenses fosses communes qui recrachent encore aujourd’hui os et vêtements.

Un arbre particulier nous donne des frissons d’horreur. Les khmers rouges croyaient fermement qu’il n’était pas bon d’épargner les enfants des condamnés. Ceux-ci seraient probablement de futurs ennemis. Ainsi, de nombreux nourrissons et enfants en bas âges ont été attrapés par les pieds afin de pouvoir tournoyer autour de leur bourreau jusqu’à ce que leur tête finisse leur course contre l’arbre dont il est question. Leur corps était ensuite jeté dans la fosse commune. Nul besoin d’ajouter d’autres éléments macabres… Le silence et le recueillement s’imposent.

La visite est émouvante. L’air devient oppressant. Nous quittons les lieux sur la pointe des pieds, par respect pour les dizaines de milliers d’innocents qui reposent sous terre.

Histoire de changer d’atmosphère, on convient avec Axelle et Aurélien d’assister à une de leurs projections de courts métrages dans un orphelinat de la périphérie de la ville.

Ce fut l’occasion de rencontrer une des volontaires, Noémi, avec qui nous passerons une journée à Kampot, 150 kilomètres plus au Sud. Noémi nous accueillera également dans sa chambre de Phnom Penh nous donnant l’occasion de nous plonger dans l’atmosphère d’une colocation d’expatriés bien sympathiques. Elle nous fera partager sa connaissance de la ville à travers une belle balade le long de la rivière jusqu’aux illuminations du palais royal.

Phnom Penh c’est également un endroit de rencontres. Après Aurélien, Axelle et Noémi, nous finissons notre visite avec Régis que nous avons rencontré au Myanmar. Nous passerons le début de soirée avec lui et sa sœur à admirer les locaux prendre leur cours d’aérobic dans un stade en construction. Un spectacle assez ahurissant !

Le lendemain matin, nous voici à nouveau sur la route… Cette fois, direction Battambang ainsi que le lac Tonlé et ses villages flottants. La sortie d’une capitale en stop est toujours aussi longue et complexe… De nombreux tuk-tuk s’arrêtent et nous tentons désespérément de leur expliquer la notion de ‘stop’… peine perdue !

Images liées:

Robinson Crusoé, ses noix de coco et son île…

Parmi les 4000 îles, nous choisissons l’île de « Don Khong » pour son calme. Arrivés à l’embarcadère, nous rencontrons Axelle et Aurélien, deux nouveaux amis français, dépités par l’attitude du conducteur de bateau très peu sympathique qui propose un prix exorbitant pour effectuer la traversée et se refuse à toute négociation. Il nous lance un très désagréable « vous n’avez qu’à attendre deux ou trois heures ici » (lire: sur une plage déserte ou il n’y a strictement rien à faire) et tourne les talons.

Ne s’avouant pas vaincus, les hommes partent à la recherche d’un pêcheur qui pourrait nous amener sur Don Khong. Trente minutes plus tard, nous embarquons dans une minuscule barque, deux par deux. Pour l’occasion, tout le village s’est rassemblé pour assister à la scène. La barque nous emmène à bon port malgré les faibles centimètres qui séparent la surface de l’eau du rebord de la barque…

Une fois sur l’île, tout est très calme et paisible : parfait pour se remettre un peu du Laos avant d’entamer le Cambodge.
Très peu de touristes font un arrêt ici. Nous avons tout le temps de sympathiser avec Axelle et Aurélie, qui parcourent le monde en proposant la projection de films et documentaires dans les écoles et les locaux d’associations. Nous tenterons d’assister à l’une de ces projections dans les prochaines semaines. En attendant, voici le site du projet: Les Toiles Filantes.

Si l’île invite au farniente, nous ne restons pas moins hyperactifs dans l’âme, et dans les jambes.
Équipés de vélos de location, nous faisons une excursion sur une île plus au Nord, nouvellement reliée à Don Khong par un petit pont.
Les paysages sont assez différents : la campagne est brute, les villages sont authentiques, et les plages sablonneuses reculées sont uniquement fréquentées par quelques pêcheurs égarés…



Nous faisons également des belles rencontres. Une dame nous apprend à décrocher des noix de coco à l’aide d’une tige en bambou, et nous enseigne comment les nettoyer à la machette.

Un petit garçon s’avance fièrement vers nous pour présenter le résultat de sa chasse: trois lézards, attrapés grâce à son lance-pierre.

Affamés, nous faisons un arrêt dans un boui-boui… situé face à l’école du village (ce que nous avons remarqué après nous être assis, lorsque nous avons été envahis de paires d’yeux curieux qui n’ont pas manqué une miette du spectacle que nous offrions). Les tranches de rire étaient au menu!


Bien reposés, nous prenons la route pour la frontière cambodgienne. Axelle et Aurélien nous proposent de nous joindre à eux. Ils ont négocié un transport pour 100.000 Kips (10 euros) et il y a de la place pour nous. A l »arrivée, c’est la douche froide : le chauffeur demande 100 dollars (et non 100.000 Kips). Une arnaque typique, particulièrement à la hauteur des frontières… Nos amis s’en sortent sans se dégonfler et nous nous dirigeons tous les quatre vers les postes frontières.

Cette brève ayant perdu son caractère de « brève » depuis longtemps, nous vous passons les détails du passage de la frontière. Le bilan est plutôt satisfaisant: en étant patient (2h30 d’attente au total), nous avons évité de payer l’ensemble des pots-de-vin réclamés à la frontière: les deux dollars pour quitter le Laos (le « prix du cachet »), le dollar d’une fausse visite médicale, et les cinq dollars du tampon d’entrée cambodgien. Bref, la corruption est à son paroxysme. Pour atteindre un tel résultat, nous avons bloqué un bus de touristes pendant 30 minutes. A notre étonnement, la plupart d’entre eux n’étaient pas solidaires de notre démarche et préféraient payer les quelques dollars de corruption afin de passer plus vite, plutôt que de se poser des questions sur le caractère (non-)éthique de leurs actes…

Nous foulons pour la première fois le territoire du Cambodge : en avant pour une nouvelle aventure !!!

Images liées:

Plus au sud… toujours plus au sud!

La fine équipe que nous formions se dissout : différentes aventures nous appellent.

Pour notre part, nous avons rendez-vous à Pakxe avec un acheteur qui a fait la route depuis Vientiane pour adopter Titine.  Après un bref passage au « motorbike-wash », nous arrivons à l’heure au rendez-vous. En 30 minutes, la transaction est pliée. Nous faisons une dernière photo de Titine et lui disons au revoir. S’improviser motards aura été une aventure en soi, et nous avons un petit pincement au cœur en voyant notre moto partir avec quelqu’un d’autre que nous sur la selle !

Trêve de sentiments, il nous faut avancer ! Nous reprenons immédiatement la route, armés de nos pouces… Nous terminerons la visite du Laos comme nous avons commencé de le parcourir : en auto-stop.

Direction Champassak! Au menu, le Wat Pho et un théâtre traditionnel, unique au Laos.
Après une bonne marche de six kilomètres, un camion nous embarque et nous conduit à une distance raisonnable de notre destination. Champassak ne possède pas vraiment de centre-ville mais il s’agit plutôt d’un petit village allongé sur 4 kilomètres… Pas très pratique à pied donc ! Nous trouvons la guest-house la moins chère du bled et nous y retrouvons Guilhem et Elodie que nous avions quitté le matin… Décidément.. Le Laos est petit !

C’est le moment culturel du voyage: nous assistons, en soirée, à la projection d’un film laotien de 1927 (Chang). Il s’agit d’un film en noir et blanc, muet, dont la bande son est jouée en live par une douzaine de laotiens, à l’aide de leurs instruments traditionnels. Passionnant! Le film en tant que tel est incroyable. Au niveau de la technique, d’abord: les réalisateurs de l’époque ne disposaient pas de zoom et l’on peut toutefois y voir des scènes de jungle qui mettent en avant des animaux sauvages, filmés de très près. Aujourd’hui encore, les spécialistes ne savent pas expliquer complètement comment l’équipe a pu réaliser de telles scènes. Le contenu du film, traitant de la relation entre l’homme et la jungle, nous a également marqué. L’homme doit survivre, les animaux sauvages, eux, ont moins de chance. On voit plusieurs tigres mourir dans le film, et les éléphants se font capturer… sans trucage. C’est un autre temps… La bande son, enfin, était grandiose. Les laotiens ne sont toutefois pas très disciplinés et, entre l’un qui a visiblement trop bu, l’autre qui décide d’aller aux toilettes au milieu de son morceau et un troisième qui répond aux sms d’une animatrice… l’orchestre est un show en soi. Tout ça fait toutefois partie de l’expérience et n’enlève rien à la fabuleuse prestation à laquelle nous avons pu assister. A recommander vivement !

Le lendemain, nous allons visiter le Vat Phou, le « petit frère laotien » de l’Angkor Wat Cambodgien que nous aurons l’occasion de visiter d’ici un petit mois. Il se situe à quelques kilomètres de Champassak et c’est à 3 sur une mobylette que nous atteignons l’entrée.

Le temple est grandiose, mais sa visite est compliquée par la chaleur de plomb qui nous assomme. Les linteaux qui surplombent les portes sont magnifiquement ornés et les sculptures d’éléphants et de crocodiles dans la pierre sont impressionnantes.


Une fois la visite terminée, nous nous mettons presque tout de suite en route pour le sud. Pour traverser le Mekong, nous prenons une espèce de « ferry », constitué de deux barques parallèles sur lesquelles est disposée une plate-forme, qu’il est possible de charger à souhait: 2 scooters et 4 personnes sont embarqués avec nous.


Une fois sur la terre ferme, nous relevons le pouce pour atteindre les 4000 îles, découpées dans le Mekong.

Images liées:

Le plateau des Bolovens

Pakse ! Nous sommes définitivement bien au Sud du Laos. Nous peinons à faire plus de 500 mètres à pied sans être couverts de sueur.

Nous visitons un premier temple où un Bouddha énorme a été édifié et aux alentours duquel les artisans d’un village sculptent encore à la main des Bouddhas dans des pierres massives.

Arrivé dans la ville, nous mangeons le long du Mékong une salade de concombres épicés à la laotienne (cela devient une habitude) et partons à la découverte des différents temples. Sympas mais sans plus.

En fin de journée, on se met à la recherche de « Yves le Belge ». Le loueur de mobylette le plus connu de la ville est effectivement un compatriote. Il organise chaque jour des conférences pour ses clients afin de leur expliquer comment visiter le plateau des Bolovens, notre prochaine destination. Après la boucle du centre, nous nous apprêtons à réaliser une autre boucle qui devrait être ponctuées de chutes d’eau et de paysages extraordinaires.
Yves nous laisse bien gentiment assister à sa petite conférence (bien que nous ne soyons pas clients).

On s’amuse le soir des nombreuses loteries que l’on peut apercevoir le long de la route…


La nuit fut agitée, on se bat avec les moustiques, le moustiquaire, le ventilateur qui fait trop de bruit et la chaleur oppressante.

Néanmoins, pas de temps à perdre, nous nous mettons sur la route. Une nuit et deux jours devraient suffire. C’était sans compter sur la fin de cette première journée. Après avoir observé des forgerons travailler sur des obus qui leur servent d’enclume, nous tombons dans le même hôtel que Guilhem et Elodie, des amis que nous avions rencontrés à Muang Ngoy 3 semaines plus tôt. On leur avait donné l’idée d’acheter une moto… Ils l’ont fait!

Nous allons assister ensemble a la baignade de deux éléphants… Toutefois, la vie autour de la rivière ne se limite pas à cela. De nombreux pêcheurs y gravitent, des enfants l’enjambent pour aller a l’école, etc.

Quelques heures plus tard, nous allons nous baigner au pied d’une chute d’eau et nous retrouvons Flo dans l’eau… Il faisait lui aussi partie de notre groupe de Muang Ngoy et nous ne nous étions pas revus depuis… Bref, la coïncidence fait que nous nous retrouvons donc avec la même bande qu’il y a 3 semaines. On décide de visiter le plateau des Bolovens ensemble. Ils m’appellent « Guide », je dois donc prendre mon rôle au sérieux (ou pas).

On commence par un petit trek de 8 km dès le matin qui nous fait aboutir ….. en plein milieu d’un terrain de golf. Hum hum….

Pas de soucis, on enfourche nos montures d’acier et on part vers la « grande boucle » du plateau. Titine n’est pas vraiment d’accord et souhaite avoir sa dose d’heures à l’ombre. Nous passerons donc quelques 3 heures dans un garage à faire quelques petits réglages.

Malgré tout, nous trouvons encore le temps d’aller visiter une plantation de thé et d’hibiscus. Mon rôle de guide me pousse à négocier une dégustation gratuite que tout le monde a apprécié. Le travail des employés est méthodique, les fruits sont ramassés et sont ensuite ouverts et nettoyés manuellement par une dizaine d’ouvrières très sympathiques qui acceptent de se faire prendre en photo.

La moto de Guilhem fait aussi du zèle : le moteur commence à fumer énormément. Finalement, rien de grave mais, la journée est déjà bien avancée et nous n’arrivons pas à rejoindre la guesthouse que je souhaitais atteindre. Nous tentons donc un lieu qui vient d’ouvrir. On nous propose de payer 2,5 euros par personne pour dormir en tentes. Après avoir digéré l’annonce, nous refusons puis… nous acceptons. Finalement, malgré le prix exorbitant le cadre est idyllique. Les tentes sont plantées au bord d’une magnifique cascade. Nous nous baignons éclairés par la lune et nous séchons au coin du feu. Pas de regret !

Le lendemain sera la grosse journée du plateau. Les cascades s’enchaînent, toutes plus extraordinaires que les autres. Le spectacle est magique.

Éblouis par tant de beauté, Sarah et moi nous perdons du reste du groupe. On sympathise avec un autre couple, Clem et Alex, avec qui on passera la fin de l’après-midi. Le soir tombant, nous cherchons une guesthouse. C’est à ce moment que Guilhem nous voit passer et se lance à notre poursuite. Nous finirons donc tous réunis avec deux nouveaux compagnons de route. Nous négocierons 4 chambres dans une guesthouse vide ou l’on tapera la carte, boirons des ‘Lao Beer’ et ferons rouvrir un petit bouiboui pour souper (traditionnellement fermé a 20h). Il n’aura probablement jamais vu autant de « Farang » (étrangers) dans son échoppe.

Le plateau des Bolovens ce ne sont que des beaux souvenirs !

Images liées:

Au fil du Mékong

A peine de retour de notre petite virée à moto, il nous faut avancer. Effectivement, notre visa expire bientôt et nous avons décidé de revendre notre moto. Nous avions pensé passer la frontière vers le Cambodge avec elle mais, à la lecture de différents blogs, il semble que cette frontière soit la plus corrompue du pays et qu’un backchich de 100 dollars soit demandé par moto dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas, on vous laisse sortir du Laos mais on ne vous laisse pas rentrer au Cambodge et il vous faut revendre la moto aux douaniers à un prix dérisoire. Bref, on va tenter de la revendre avant de passer la frontière. Nous avons, pour ce faire, mis en ligne une annonce sur le net.

Thakhek est une assez grosse ville mais nous n’avons rien trouvé d’extraordinaire à faire à part manger au bord du Mékong, et s’offrir quelques pâtisseries (ce qui est quand même exceptionnel après des semaines de soupes de nouilles).

Nous prenons donc la route le jour suivant vers Savanakhet. Au programme, 130 km dont une bonne partie à faire en longeant le Mékong.

En chemin, nous nous arrêtons pour visiter quelques temples. L’un d’eux nous attire particulièrement puisqu’on y trouve une espèce de bouddha chinois incorporé dans un arbre, ce qui nous rappelle vaguement la tête de bouddha de Ayyutayah en Thailande.

Quelques kilomètres plus loin, second « arrêt temple »: nous faisons la connaissance d’un moine très sympathique qui nous propose de passer quelques jours avec lui pour apprendre le Laotien, la méditation et le bouddhisme. Nous sommes à deux doigts d’accepter mais, pour une fois, nous sommes pressés par le temps. Nous espérons avoir à nouveau ce type d’invitation au Cambodge…

Nous roulons une bonne partie de la journée (presque) sans encombre.

Les paysages changent et la chaleur devient de plus en plus étouffante. Un orage éclate d’ailleurs en chemin. Nous décidons de ne plus prendre de risque et de ne pas rouler par temps humide, quitte à rester coincés. Nous nous arrêtons donc dans un petit magasin familial de campagne ou je demande un café. A la laotienne, le monsieur me fait « non » de la tête et souhaite que l’on parte. Au moment ou je m’apprête à rétorquer, mes yeux glissent sur la table qui est à mes pieds : il y a un grand panier avec une centaine de sachets de café. Je commence à rire et indique le panier au brave homme qui continue, de manière moins appuyée, à dodeliner de la tête. Je lui fais « oui », de la tête, prends un des sachets et mime une tasse, l’eau chaude que j’y verse et ma délectation à boire le précieux breuvage. Il finit par abandonner et nous propose de nous asseoir. Ouf ! Il faut vraiment les travailler aux corps, ces laotiens!

Finalement, l’orage durera environ 1h30. Sur ce temps, toute la famille nous a rejoints autour de la table, nous échangeons des photos, des sourires, des rires, quelques mots de laotiens contre des mots de français, des questions plus ou moins correctement comprises, etc. Nous passons un moment extraordinaire le long de cette simple route. Qui aurait pu prévoir qu’un orage menaçant sera finalement salvateur et confirmera notre réconciliation avec le peuple laotien ?

Nous nous rendons finalement compte que nous sommes des idiots d’Européens. Être dans l’expectative d’une réaction que nous considérons adéquate est très subjectif. A une question qu’ils ne comprennent pas, nous voulions bien avoir le « oui » thaïlandais qui signifie souvent « je ne sais pas mais je ne veux pas dire non », nous voulions également bien entendre « je ne sais pas » mais surtout pas « non » avec un léger sous-entendu de « partez maintenant ». Ce scénario s’est répété à de nombreuses reprises lorsque nous avions besoin d’acheter différentes choses. Pointer l’objet du doigt dans un magasin en disant « kip ? » (la monnaie locale) et en montrant un billet, nous valait une fois sur deux un « non » alors que nous voulions clairement acheter.
En ce jour, nous avons finalement compris que les laotiens ne veulent pas d’affront et préfèrent l’éviter que de se retrouver dans une situation où ils ne sont pas capables de nous répondre. Facile à dire et à écrire mais on peut vous assurer que plus d’un d’entre nous perdrait son sang-froid dans bien des situations.

Nous reprenons la route une fois l’orage calmé, un sourire aux lèvres avec l’impression que quelque chose a définitivement changé en nous.
Savanakhet nous voilà !

Après une bonne nuit, nous passons la matinée à mettre notre blog à jour avec l’unique connexion internet correcte que nous croisons depuis un certain temps. Le reste de la journée sera, route, route et route. 350 kilomètres réalisés en cet après-midi, une petite nuit au milieu de la campagne et, finalement, les faubourgs de Pakse qui nous accueillent.

Muang Ngoi – « Chasse, pêche et terroir »

Comment décrire Muang Noi ? Peut-être en commençant par le moyen d’y arriver ? Deux bateaux (lire « barques »), permettent de l’atteindre (capacité d’environ 15 personnes pour 20 personnes à bord). Parmi ces 20 personnes, il y a, à tout casser, 3 locaux, dont le chauffeur.
Du coup, le petit village typique décrit par de nombreux guides ne produit pas vraiment l’effet escompté. Le courant touristique l’a quelque peu dénaturé.
Malgré tout, l’heure de bateau est très agréable et le paysage est fantastique : la rivière est large d’une vingtaine de mètres et le bateau doit se battre contre du courant très fort qui se rapproche même de rapides à certains endroits. Les bœufs, eux, évitent soigneusement ces zones et trempent dans les endroits calmes, la tête et les cornes dépassant à peine de la surface de l’eau comme pour pouvoir échapper à la chaleur environnante par le plus grand nombre de centimètres carrés de peau immergés. Les hommes, eux, pêchent au filet traditionnel, les enfants ramassent des algues alimentaires… Le cours d’eau vit, c’est certain !

Nous passerons une nuit à Muang Ngoi. La vue sur la rivière depuis ce village « sans voiture » par la force des choses est sympathique mais l’unique rue est bondée de touristes. Nous décidons donc le lendemain de plier bagages. Notre plan? Nous enfoncer à travers les nombreux chemins de randonnée et rallier un petit village où il est possible de dormir. Après deux heures de marche, nos efforts sont récompensés : nous atteignons un vrai village typique, dont un des chefs a ouvert une petite guest-house. Nous accrochons tellement avec la vie du village que nous y passerons finalement deux nuits.

Dès le premier jour, nous empruntons un filet de pèche traditionnel, lesté à ses extrémités par une chaîne. La méthode à suivre est un peu particulière : elle consiste à lancer le filet afin qu’il retombe dans l’eau peu profonde sous la forme d’un cercle, avant de ramasser les poissons qui ne peuvent s’échapper du filet lesté. Cette méthode a, semble-t-il, été employée dans nos régions mais est maintenant interdite. Le résultat de notre pêche initiatique est plutôt maigre: la quinzaine de petits poissons attrapés suffisent tout juste à composer notre… apéritif.

Le lendemain, retour au trek et à la découverte des villages environnant. Ceux-ci s’alimentent en électricité à partir de petites turbines ingénieuses disposées un peu partout dans les rivières, de sorte que de nombreux câbles électriques « maisons » se fraient tant bien que mal un chemin à travers la jungle environnante.
La vie est rythmée par la chasse (de petits animaux non identifiés), le travail des champs, la vente de bœufs, le tissage… Alors que je prends part à la rénovation d’une maison en bambou, Sarah suit son premier cours de cuisine laotienne. Au menu: sticky rice, soupe de pousses de bambous, poisson grillé et aubergines cuites… directement dans le feu.

L’un et l’autre sommes surpris par l’application parfaite de l’adage: rien ne se perd, tout se transforme. Le bambou est particulièrement exploité: dans la construction des maisons, le tissage des paniers, la fabrication d’outils (pics à brochette ou pinces pour le feu), la cuisine, et la nourriture du bétail. Aucun centimètre de la plante n’est gaspillé.

Nous aurions pu rester une semaine entière avec ces villageois qui ont tant à nous apprendre, mais le chemin nous appelle. Après avoir repris le bateau pour le retour à la « civilisation », nous prenons la direction du sud. En route Titine!

Images liées:

Hsipaw – Ses treks : et Shan-ou-va !

Ouf ! Nous sommes sains et saufs… Le viaduc du Goteik n’aura pas eu raison de nous. Ce trajet en train était absolument merveilleux malgré les nombreux ressauts dans toutes les directions que subissent les wagons.

Notre arrivée à Hsipaw se passe admirablement bien : nous trouvons une guest-house tout de suite et embarquons directement dans un pick-up fourni gracieusement par l’hôtel en direction d’une colline avec, paraît-il, un magnifique coucher de soleil.
Ce fut le cas mais le plus marquant fut le comité d’accueil à l’arrivée : des dizaines d’étudiants Shan (l’ethnie majoritaire dans cette partie du pays) sont là pour exercer leur anglais avec nous. Nous finirons par nous faire inviter dans leur école le soir même. Au programme, souper, danses traditionnelles et discussions en anglais avec eux. Ce fut vraiment un super moment et nous étions les seuls étrangers à avoir répondu à leur appel ce soir là.

Le lendemain, nous visitons la ville de Hsipaw en elle-même. La lecture du bouquin « Twilight Over Burma » est, pour se faire, une parfaite introduction à l’histoire locale contemporaine. En effet, le « Shan State » est un peu un état dans l’état. Les Anglais ont laissé beaucoup d’autonomie aux différentes régions et ethnies qui les composent (« diviser pour mieux régner »). Ce statut a été en partie conservé après l’indépendance et l’état Shan qui nous occupe était divisé en sous-régions administrées par des princes locaux. Le prince de Hsipaw était un homme très important et l’histoire du dernier d’entre eux est narrée dans le livre dont je viens de parler. En résumé, il a fait ses études aux États-Unis pour devenir ingénieur des mines afin d’en faire profiter son peuple et a marié dans le même temps une Autrichienne qui n’avait aucune idée de son statut en Birmanie. Ils ont régné dans la région jusqu’au coup d’état orchestré par la junte militaire. Il aurait été maintenu emprisonné et, encore aujourd’hui, personne ne sait ce qu’il est devenu.
Nous avons eu la chance de pouvoir visiter le palais de ce prince dans lequel la femme du neveu du dernier Prince nous a reçus et nous a raconté sa vision de l’histoire. Ce fut vraiment un moment très touchant et qui met bien en perspective les abus du pouvoir en place.

Après ce moment atypique, nous nous rendons à ‘Little Bagan’, petit coin de Hsipaw où l’on peut observer quelques temples qui nous rappellent effectivement le bijou du Myanmar que nous avons visité il y a quelques jours.

Non loin de là, on peut aussi visiter un temple en teck très authentique.

Nous rencontrons des Allemands avec qui nous sympathisons. Nous nous rendons compte que nous prendrons le même bus dans 3 jours mais à partir de deux points de départ différents. Nous nous faisons la promesse de nous retrouver afin de prendre l’apéro ensemble dans ce bus. Le défi était de trouver des noix de coco alors que nos amis se chargeraient du rhum.

Nous retournons au centre de la ville : nous devons impérativement organiser un trek pour le lendemain. Nous souhaitons partir trois jours et deux nuits de Hsipaw à Kyaukme. Nous rencontrons deux français très sympathiques, Brice et Marion, qui sont en voyage depuis déjà de nombreux mois (vous pouvez suivre leur aventure sur leur site : www.en-bourlingue.com) et qui, à première vue, semblent voyager dans le même état d’esprit que nous. Nous nous lançons alors dans un marathon (qui durera cinq heures) afin de négocier un guide local. Une espèce de mafia du trekking règne à Hsipaw et nous ne souhaitons pas partir avec un guide habituel. On nous fait alors rencontrer un guide local qui ne parle pas l’Anglais couramment. Je propose de demander à un étudiant qui parle mieux anglais de nous accompagner. Une heure plus tard, un vrai entretien d’embauche s’engage entre nous quatre et ce pauvre petit birman qui peine à cacher son stress. Phyo Wai Kyaw, c’est son nom, nous apprend aussi qu’il n’est jamais parti dans les montagnes. Ce sera donc la première fois pour lui aussi. C’est décidé : nous partirons à six !!!

Le lendemain matin, rendez-vous avec notre guide Nyi Nyi et Phyo Wai Kyaw qui, équipé d’une paire de Converse en toile et un sac en bandoulière, ne sait pas encore ce qui l’attend.
S’en suivront 3 jours de treks inoubliables, notamment sur le côté humain, qui nous auront apporté en vrac :
– Une fête traditionnelle dans un village


– La visite d’une petite école dans un village de montagne et ses écoliers très appliqués

– Sarah qui tente d’amadouer une vache et échoue en se faisant menacer par ses cornes… une petite fille lui montre comment s’y prendre !

– Une rencontre avec un guide birman amateur de prostituées
– Des repas de montagne étranges (même pour Phyo Wai)
– Des détours par des magnifiques points de vue (nous étions trop bons, du coup, Nyi Nyi rallongeait les trajets)
– Un petit bain dans une rivière
– Des rencontres successives d’enfants de différentes ethnies


– Les dessins de Marion et une comptine pour enfant apprise par Brice sur le tas
– De vieux matchs de Ligue 1 rediffusés à la TV, elle-même alimentée par un système ingénieux de petit barrage hydroélectrique
– Une rencontre avec un jeune moine de montagne qui n’attend qu’une chose : pouvoir partir de son village reculé
– L’apprentissage de la préparation du bétel

Bref, des moments inoubliables, quatre nouveaux amis que nous n’oublierons pas et que nous reverrons avec plaisir !!!

Arrivés à destination après ces trois jours de trek, nous abordons la route où le bus de Hsipaw est censé s’arrêter pour nous amener au Lac Inlay, prochaine destination.

Nous n’avons pas le temps de nous reposer une heure que le voilà déjà avec, à son bord, nos deux amis allemands, Lisa et Clemens, qui nous demandent où sont nos noix de coco !!!

(nous finirons par nous rabattre sur du Pepsi et du jus de lychee)

Images liées:

Pyin Oo Lwin – Visite bourgeoise des jardins en calèche

Secoués par deux bonnes heures de trajet en pick-up, nous arrivons à Pyin Oo Lwin, ville dont l’altitude dépasse les 1050 m et était vouée à permettre aux anglais de Mandalay de venir profiter de la fraicheur de la montagne. En chemin, nous avons pu goûter à différents fruits que nos compagnons birmans nous font goûter avec un certain amusement… Partager ce genre de moment avec des locaux, malgré le problème de la langue, reste quelque chose d’unique.

La première chose qui nous frappe en cette fin d’après-midi à l’arrivée n’est rien d’autre que le froid !! Nous mettons toutes les couches dont nous disposons mais, malgré tout, nous n’avons pas chaud. Les Anglais de l’époque semblent avoir réussi leur coup mais ils ne devaient probablement pas venir à ce moment de l’année… Effectivement, nous sommes en plein hiver birman… Mais bon… Tout le monde le sait, un belge est bien plus résistant qu’un anglais !
L’atmosphère de la  ville est assez irréelle : la vie birmane est bien présente comme partout ailleurs mais de nombreux bâtiments coloniaux émaillent la ville et un moyen de transport local original n’est autre que d’anciennes calèches anglaises que les locaux eux mêmes semblent emprunter.

Le relatif calme contraste lourdement avec notre expérience du trafic de Mandalay.

Réjouis, nous nous dirigeons vers une Guest-House qui nous propose de très bons prix. Nos ardeurs sont vites calmées à la vue de la chambre et de la salle de bain…

Nos estomacs n’étant toujours pas au mieux de leur forme, nous décidons de craquer un peu et rejoignons un endroit pour touristes où nous pouvons manger une pizza aux légumes ainsi qu’un bon sandwich au poulet. Assis à notre table, nous nous sentons de plus en plus honteux au fur et à mesure que notre faim se dissipe. Le parfum colonial que dégage le bâtiment, la nourriture occidentale et la clientèle uniquement composée de ‘blancs’ semble nous ramener à une époque que nous n’avons pas connue…
Nous finirons tout de même par quitter les lieux avec une baguette française sous le bras !

Désireux de partager nos sentiments à travers le blog, nous passerons deux bonnes heures à arpenter les rues dans le froid mordant de la ville… Ce fut un échec mais nous espérons que vous apprécierez le geste.

Pour notre dernier jour à Pyin Oo Lwin, nous ne pouvons pas passer à côté de la visite des jardins botaniques, endroit très réputé de la région. Ces jardins ont été fondés en 1915 pendant l’ère coloniale. Ils sont devenus la propriété du gouvernement et sont apparemment entretenus par la vente de tickets d’entrée. Un grand écriteau indique d’ailleurs à l’entrée que tout l’argent perçu est injecté dans ces jardins, ceci probablement pour persuader les touristes que nous sommes que nous ne participons pas à l’armement de la junte militaire en place en visitant ces beaux jardins.

Sur le chemin, Sarah est « harcelée » par des birmanes qui veulent impérativement une photo d’elle.

L’après-midi fut l’occasion de se relaxer au travers de bambouseraie, de multiples orchidées, de lacs, etc. Bref, nous avons apprécié !

Un retour en calèche fut également de circonstance pour clore cette journée agréable.


(photo artistique réalisée par Mademoiselle JSS)

Une dernière nuit dans notre Guest-House un peu miteuse et nous nous mettons en route pour la gare ferroviaire où nous prendrons l’unique train journalier à destination de Hsipaw. En chemin, nous traverserons le pont le plus mythique du pays, à savoir le viaduc du Goteik qui, d’après le Lonely Planet « craque de manière inquiétante » au passage du train…

Images liées: