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Jeux de nuit à Choquequirao

Choquequirao est présenté comme « la petite sœur du Machu Picchu », les touristes en moins, les heures de marche en plus. Quatre jours de randonnée sont nécessaires pour découvrir ce site méconnu. Tout un programme !
Afin de préparer nos gambettes pour ce nouvel effort, nous avons commencé ce trek par… une journée de repos à Santa Teresa, entre ses thermes et son village paisible. C’est sur la place principale que nous avons récolté les dernières informations sur Choquequirao. Il faut dire que nous ne faisons, à nouveau, pas les choses de manière traditionnelle. Les aventuriers qui souhaitent visiter « la petite sœur » partent en général de Cuzco, et font soit un aller-retour (2 fois 2 jours de marche), soit continuent leur route de Cuzco vers le Machu Picchu, en passant par Choquequirao (une randonnée de 9 jours au total). Nous souhaitions faire le parcours dans la direction opposée, ayant déjà visité le Machu Picchu, et souhaitant éviter un aller-retour inutile vers Cuzco. Première démonstration de « pourquoi faire les choses simplement lorsqu’on peut les compliquer à l’envi ? ».

A Cuzco, on nous avait assuré qu’il y avait un bus entre Santa Teresa et Yanama, le point de départ d’un trek que nous souhaitions raccourcir le plus possible : nous ne sommes pas totalement remis de nos randonnées passées, et les paysages autour de Choquequirao ne sont pas exceptionnels, comparés à ceux de l’Ausangate. Nous avions donc « signé » pour une randonnée condensée de 4 jours, avec en moyenne 6 à 7h de marche quotidienne.
Presque trop facile. Du coup, le sort a compliqué un peu les choses…

Sur la place principale du village, nous avons appris que le bus reliant Santa Teresa à Yanama n’existe pas. Le plan B était de monter à bord du véhicule d’un gars qui rentrait dans son village (Totora), sur la route vers Yanama, à… 3h du matin. De son village, nous assurait-il, nous trouverions un taxi collectif pour Yanama. Lâchés à 4h30 à Totora, nous avons rapidement constaté qu’aucun transport ne nous mènerait plus loin : nous devions marcher jusqu’à Yanama.
Au pied des montagnes, dans le froid de la nuit, il n’y avait qu’une chose à faire : s’armer de sa lampe frontale et se mettre en route pour ne pas congeler sur place. Nous nous sommes donc activés jusqu’à ce que le soleil nous réchauffe le bout du nez et nous permette de préparer notre petit déjeuner.

Yanama, ce n’était pas la porte à coté : le village est situé à 7h de marche de Totora, de l’autre coté d’un col culminant à 4643 m.

Sept, c’est le nombre d’heures de marche que nous nous étions fixées quotidiennement pour cette randonnée. Sauf qu’avec le contretemps du taxi fantôme de Totora, nous étions en retard sur notre planning. Nous avons donc décidé de pousser l’effort pour atteindre le prochain col (2h d’ascension).

Et une fois en haut du col, nous nous sommes dit que nous pourrions pousser l’effort encore plus loin, et rejoindre le campement où nous comptions initialement poser notre tente (3h de descente raide). Au total : un dénivelé positif de 1800m et négatif de 2000m, pour 12h de marche en une journée, qui a commencé et terminé à la lueur de nos lampes frontales. Une folie, qu’on s’est promis de ne jamais reproduire.

Il faut dire que nous devions épargner nos genoux : si ce trek est exceptionnel sur un point, c’est pour son dénivelé quotidien. Nous descendions dans une vallée pour mieux remonter sur la colline opposée. Et ainsi de suite. Un petit jeu qui ne nous a que moyennement amusés quatre jours durant.

Les sites qui jalonnent le chemin nous ont par contre tout à fait conquis. A 3h de marche du Choquequirao s’étalent des terrasses remarquablement conservées.

Et de l’autre côté de la montagne, nous avons repéré les premières ruines de Choquequirao à la lueur de nos lampes de poche (caramba encore raté : difficile d’atteindre un camping en plein jour!).

Pachamama (la terre mère) a sans doute comploté pour que nous découvrions l’impressionnant Choquequirao au petit matin. Un petit dej’ de notre recette favorite plus tard (avoine, lait en poudre, pommes, cannelle et fruits secs – on vous assure, c’est délicieux), nous voilà qui foulions les terrasses du Choquequirao.



Plus nous avancions sur le site, plus nous découvrions des ruines cachées dans les fourrés. Nos gambettes ont été fortement sollicitées pour les explorer. Le point culminant de la visite (au sens métaphorique : il se trouvait en réalité à plusieurs centaines de mètres en contrebas de l’ensemble) a été sans conteste le secteur des lamas : des terrasses sur pas moins de 56 niveaux, vieilles de plus de 5 siècles, décorées de pierres blanches figurant… des lamas.



Choquequirao dans son ensemble a de quoi surprendre. Considéré comme le refuge des derniers chefs incas, le site n’a jamais été découvert par les Espagnols. Dans leur fuite définitive, les Incas ont en effet pris soin de détruire les chemins qui conduisaient à leur base de résistance afin de la préserver. Ce n’est qu’en 1986 (année de naissance de Julien – il n’est pour rien dans cette histoire, mais ressent toujours une certaine fierté à l’évocation de cette année magique) que Choquequirao sort définitivement de l’oubli. Sous l’égide de l’UNESCO, des travaux de défrichage sont entrepris, dévoilant actuellement environ 50 % du site. Les recherches avancent au fur et à mesure que les caisses se remplissent… et ce n’est pas le prix d’entrée du site (4 fois moins cher que le Machu Picchu) ni le nombre de visiteurs quotidiens (une petite vingtaine) qui permettent d’accélérer les choses. En attendant, les courageux randonneurs qui arrivent jusqu’ici peuvent explorer le site à leur guise, étant pratiquement seuls sur place.



Le plus grand exploit du jour sera sans doute d’avoir atteint notre prochain camping à 17h10, soit près d’une heure avant que le soleil ne se couche. Nous avons célébré l’occasion avec une cruche de « chicha de caña », une boisson fermentée à base de canne à sucre (succès total auprès de Julien – beaucoup moins de mon côté), et LE repas typique de la vallée, servi à tous les randonneurs : riz, patates et œuf sur le plat. Heureusement que nous sommes en autonomie alimentaire les autres jours, pour agrémenter notre assiette de pain, nouilles, pâtes, soupe et quinoa !

La dernière remontée, de la rivière aux sommets civilisés, a sans doute été la plus douloureuse (4h d’ascension ininterrompue sous un soleil de plomb). Pour faire passer la pilule, nous avons randonné en « équipe belge », avec Émilie et Miguel, rencontrés en route.

Notre vilain défaut s’est avéré être contagieux : est-ce à cause de nos trop longues « pauses-discussions » sur la Belgique, du taureau qui nous a devancé sur le chemin et que nous n’osions pas dépasser de peur de le fâcher, ou de nos débats avec des villageois en état d’ébriété avancé ? Le résultat était là : nous sommes, pour la troisième fois en quatre jours et pour la dernière fois de ce trek, arrivés dans le noir à San Pedro de Cachora.
La recherche de camping a cependant été très rapide : Miguel, jouant de ses charmes d’infirmier, nous a dégoté un énorme morceau de pelouse à l’arrière d’un hôpital.

Julien, qui est devenu fan de la Chicha, nous a ensuite traînés dans un boui-boui producteur de la fameuse boisson locale. Parfumée à la fraise, ou nature, rien n’y fait : Emilie, Miguel et moi sommes incapables de finir nos verres. Julien perd même de son enthousiasme après s’être englouti, seul, 2 verres et demi de Chicha plus ou moins fermentée.

Nous avons fait une dernière incursion dans la vie locale en allant visiter la pierre de Sayhuite. Un peu à l’écart du village de Antacirca, cette pierre taillée par les Incas surplombe fièrement d’autres ruines, où les enfants du coin ont organisé un cache-cache géant.



Une centaine de mètres en contrebas, des évangélistes tentaient de recruter des nouveaux membres à coup de beignets presque gratuits. Julien a sauté sur l’occasion et moins de 5 minutes plus tard, nous étions assis à l’arrière de l’église, contraints d’écouter un Padre qui paraissait très inspiré. Cinq autres minutes plus tard, nous levions le camp, non sans être repassés par le stand des beignets (où nous avions habillement laissé nos sacs en dépôt).


La suite aurait pu être aisée : prendre un bus pour Lima. Dernière illustration du « pourquoi faire les choses simplement lorsqu’on peut les compliquer à l’envi ? » : nous avons décidé de rejoindre Lima, non pas par la côte (voie traditionnelle), mais par les terres, en faisant halte à Abancay et Ayacucho, et en prenant 4 fois plus de transports que nécessaire pour rejoindre la capitale.

Au fond, les choses simples ne sont peut-être pas faites pour nous !

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Ausangate – L’aventure à 4 à plus de 5000 !

Après avoir flâné si et là sur les traces des Incas, nous sommes fin prêts à découvrir leur capitale : Cuzco. Nous avons emprunté le chemin suivi par Juanita il y a plus de 500 ans, avec une différence notable : nous voyageons en bus de nuit, et non à pied chaussés de sandales de cuir. C’est donc un peu courbaturés mais les pieds intacts que nous avons fait nos premiers pas dans la ville la plus touristique du Pérou.

Cuzco, ses bâtiments coloniaux et ses glaces italiennes à 1 Sole – 0,30 centimes d’euro – nous ont rapidement séduits.

Grâce au Free Walking Tour auquel nous sommes désormais abonnés, nous avons eu un bel aperçu de la ville en trois heures de balade. Notre guide, un Quechua pure souche, nous contait l’histoire de Cuzco, des Incas à nos jours, en tapant à volonté sur le dos des Espagnols… les colonisateurs européens dont le passage en Amérique latine s’est avéré dévastateur pour les cultures locales. Et pour noyer notre honte, les Free Walking Tours se terminent immanquablement par une dégustation gratuite du Pisco Sour (cocktail péruvien à base de Pisco).

Nos verres une fois vides, nous ne nous sommes pas éternisés à Cuzco. Nous avons à nouveau ressenti l’appel de nos petits petons en manque de montagne. Leur prochaine destination était toute trouvée : l’Ausangate, au sommet enneigé, domine majestueusement Cuzco. Une rapide recherche sur internet confirme notre choix : cette randonnée est considérée comme l’un des vingt treks les plus beaux du monde. Impossible de passer à côté.

L’ennui, c’est qu’en agence, ce trek en altitude est proposé pour la jolie somme de 500 US dollars, avec guide, muletiers et mules (l’équivalent de notre budget mensuel pour quelques jours de bonheur!). Après avoir fouillé sur internet, nous avons réalisé qu’il était possible de se lancer dans l’aventure seuls, avec tente et nourriture pour 5 jours. Les voyageurs conseillaient d’engager malgré tout des muletiers, car les efforts en altitude sont particulièrement difficiles, et le poids d’un sac à dos complique d’autant les choses.
Plutôt que d’engager des muletiers, nous avons décidé de dénicher d’autres fous de la randonnée, prêts à se lancer à l’assaut de l’Ausangate en groupe, afin d’assurer notre sécurité mutuelle.

C’est dans cet état d’esprit que nous avons engagé la conversation avec un couple d’Autrichiens qui logeaient dans notre auberge. Bingo ! Quelques heures plus tard, nous étions tous les quatre (Christina, Thomas, Julien et moi) sur le marché, pour faire le plein de provisions pour les jours à venir.

La nuit suivante a été agitée par les pétards annonçant la fête nationale, et c’est de bonne heure le lendemain que nous avons pris un bus public en direction de Tinke, d’où débute le trek de l’Ausangate.

C’est parti pour l’aventure ! En moins d’une heure d’ascension, nous étions totalement dépaysés : les villages ne sont constitués que d’une poignée de maisons, reliés à Tinke par des motos uniquement. Nous avons croisé un dernier camion dont la benne était remplie d’écoliers. Et puis plus rien : que des marcheurs, des mules, et leurs guides.

Arrivés au premier campement sans encombre, nous avons planté nos deux tentes au milieu des campements bien organisés des agences.

Nous avons immédiatement été identifiés comme les outsiders, et avons été adoptés par les guides et muletiers qui nous ont donné, tout au long du parcours, de précieux conseils. Pas rancuniers les gars !

Notre première nuit à plus de 4000m d’altitude a été froide… très froide. Nos doigts se figeaient durant la préparation du souper sur nos deux réchauds à alcool, et nos sacs de couchage ont peiné à nous réchauffer durant la nuit. Au réveil, nous avons pris la décision de vivre au rythme du soleil : nous nous lèverons et nous coucherons avec lui. Sans la chaleur dégagée par ses précieux rayons, il est difficile de sortir le bout de son nez des couvertures.

La deuxième journée de trek nous a offert nos premiers cols et nos premières lagunes.

Au fur et à mesure des mètres, nous avons expérimenté la raréfaction de l’oxygène. Nous étions incroyablement lents durant les ascensions, et nos sacs encore pleins à craquer de nourriture pour les jours à venir ne nous facilitaient pas la tâche.

Lentement mais sûrement, nous sommes malgré tout arrivés sur un nouveau flanc de l’Ausangate, où les lamas et des alpagas nous attendaient en nombre.

Le campement, le plus haut de l’aventure (4730m) était déjà à l’ombre des montagnes lorsque nous l’avons atteint.

Nous avons expédié le souper pour échapper autant que possible au froid mordant, avant d’accumuler quelques heures de sommeil, dans des conditions relativement difficiles.

Les tentes sont couvertes de givres au petit matin, et Christina et Thomas ont découvert de la neige à l’intérieur de leur habitacle. Pas le temps de s’apitoyer sur notre sort : nous devions entamer l’ascension du col le plus haut du trek, situé à plus de 5200m d’altitude.

C’est une première, pour tous les quatre : nous avons franchi la barre symbolique des 5000m d’altitude à pied. Cela valait bien un selfie !

… et une photo au sommet.

De l’autre coté du col nous attend un petit « village » composé de trois ou quatre maisons de bergers, entourées d’excréments de lamas, d’alpagas et de moutons. Un cadre qui nous a incité à faire une pause lunch.

Moins de deux heures plus tard, nous étions au campement, alors que les rayons de notre cher soleil brillaient toujours. Pari réussi ! De peur de nous retrouver à nouveau bloqués par le froid, nous avons aménagé l’intérieur de notre tente afin d’accueillir Christina et Thomas pour le souper et le petit déjeuner.

La nuit était moins froide, mais il a tout de même gelé, et les heures de sommeil manquent bien que nous étions au lit de 20h à 6h.

Dans ces conditions, le point de chute du quatrième jour nous a particulièrement motivé : des sources d’eau chaude. Nous avons passé le dernier col supérieur à 5000m d’altitude comme si nous étions désormais habitués au manque d’oxygène, avant de redescendre vers la région des lacs.

En chemin, Julien a apprivoisé des vigognes – animaux sauvages très peureux. Bel exploit !

Les lacs sont complètement transparents, presque irréels.

Nous nous sommes égaré parmi les étendues d’eau, et n’avons retrouvé notre chemin qu’en suivant les déjections de mules plus ou moins fraîches. Charmant !

Notre enthousiasme en a pris un coup lorsque nous avons découvert les sources d’eau chaude en fin de journée. Une route a été construite depuis peu jusqu’au village et ce sont plusieurs cars de touristes qui déversent leurs passagers au pied des bains tous les jours. Nous nous sommes éloignés sur les hauteurs pour camper chez un muletier prénommé Julien (qui n’en revient pas d’accueillir dans son jardin un autre Julien – il ne faut pas grand-chose pour être hilare).

Nous étions ici seuls, parmi les chiens, les chevaux et les enfants de Julien. Une fois la tente plantée, nous avons fait un détour par les sources, avant de consommer notre dernier souper cuisiné à l’aide des réchauds : de la soupe et du pain, la fin de nos provisions. Nous rêvions déjà au lunch du lendemain, emmaillotés dans les couvertures que Julien (le péruvien) nous a gentillement prêtées.

Le lendemain, c’est donc la route vers Tinke que nous avons empruntée. Nous avons poursuivi la randonnée durant 2km supplémentaires pour dîner, à l’extérieur du village, dans la meilleure rôtisserie de cochons-d’inde du coin. Une spécialité au Pérou. La tenancière nous a présenté le cochon-d’inde comme étant de la taille d’un poulet. Nous avons donc commandé un unique animal pour toute l’attablée. La déception était à la hauteur de notre faim : il n’y a pas grand-chose à manger sur la bête, et ce ne sont pas les quelques pommes de terre d’accompagnement qui ont calmé nos estomacs.

A la sortie de table, nous avons sauté dans un bus pour Cuzco en nous promettant de nous cuisiner un festin de retour à l’auberge : des pêches au thon belges en entrée, et des schnitzels autrichiens en plat principal, le tout arrosé de bière péruvienne. Un menu international qui nous fait encore saliver!

Et ce petit souper était l’occasion rêvée pour notre fine équipe de planifier une autre activité ensemble : la visite du Machu Picchu, suivie pour Julien et moi de la visite de Choquequirao.

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L’Isla del sueño

Copacabana… rien que le nom fait rêver. Et la réalité n’est pas loin du rêve: ciel bleu, plage de galets et lac à perte de vue.

Ajoutez à cela une fête locale rythmée par la musique de fanfares, arrosée d’alcool chaud et illuminée par des lampions, et vous avez dans la tête ce que nous avons eu sous les yeux. Un rêve !

Copacabana est réputée pour ses ruines incas, qui sont visibles tant sur le continent que sur la fameuse Isla del Sol, et pour son port, sur le lac Titicaca. La combinaison de ces attractions touristiques a rendu la ville très courues des visiteurs : on y parle plus français et anglais qu’espagnol, ce qui nous a déplu, nous qui tentons de faire quelques progrès dans la langue d’ici!

Du coup, nous nous sommes écarté du centre-ville pour respirer l’air frais des villages boliviens qui bordent le Titicaca.

Lors d’une de nos expéditions, nous avons poussé la porte d’un musée poussiéreux et nous nous sommes retrouvé face-à-face avec une momie inca en position fœtale. Sortir des sentiers battus a du bon !

Dans le jardin du musée, une canalisation datant de l’ère précolombienne rafraîchit l’air déjà particulièrement froid à cette altitude.

Le froid ne nous fait plus peur. La preuve : nous avons décidé de camper sur les rives du lac Titicaca, le lac le plus haut du monde, perché à 3800m d’altitude. Nous avons rempli nos sacs à dos de notre matériel de camping et de provisions pour deux jours (en bref : de l’eau et du pain) en avons embarqué à bord d’un bateau à destination de l’Isla del Sol.

Il faut près de 2h pour atteindre le joyau du lac.

L’île est paradisiaque, une fois que l’on s’écarte du port. Les enseignes touristiques mises à part, le mode de vie ne semble pas avoir changé depuis des décennies. En chemin vers les ruines incas qui font la renommée de l’île, nous avons croisé des bergers gardant leurs troupeaux de moutons et de lamas, pendant que d’autres boliviens portaient encore d’immenses charges (briques ou sable) à dos d’homme.

En quête de calme et de solitude, nous avons posé notre tente sur une plage à l’extrême nord de l’île.

Après une tentative à moitié avortée de baignade dans le lac Titicaca (l’eau est vraiment, vraiment froide), nous sommes montés en haut de la colline voisine pour observer le coucher du soleil.

Le vent s’est levé à mesure que le soleil disparaissait à l’horizon, et nous avons trouvé refuge dans nos sacs de couchage, à 18h30, pour n’en sortir qu’à 6h, pour admirer le disque jaune qui réapparaissait à l’horizon.

En trois heures de marche, nous avons rejoint le port à l’extrême sud de l’île. C’était le début d’un marathon des transports : bateau jusqu’à Copacabana, puis bus jusqu’à la frontière péruvienne, bus jusqu’à Puno, et enfin bus pour Arequipa. Arrivée prévue : 22h30.

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D’El Alto aux champs de coca

Une (autre) nuit de bus plus tard, et nous voici à La Paz! Cinq Françaises que nous avons rencontrées à la gare nous ont donné immédiatement le ton: La Paz est une grosse ville totalement inintéressante. D’ailleurs, le club des cinq quittait les lieux après y avoir passé moins de 24h. Bienvenue dans la capitale!

Selon notre mode opérationnel habituel, nous nous sommes adressés aux backpackers rencontrés dans la rue pour recueillir l’un ou l’autre bon plan. Bingo! Alors que deux passantes nous ont renseigné le nom d’un petit hôtel abordable, un couple nous a mis l’eau à la bouche en relatant le trek qu’il a réalisé sans guide dans les environs de La Paz. En moins de trente minutes, nous avions trouvé de bonnes raisons de prolonger notre séjour dans la capitale.

Toujours en glanant des infos ci et là, nous avons appris que se tenait un énorme marché sur les hauteurs de la ville (El Alto), le jour de notre arrivée. A peine nos sacs déposés dans notre chambre spartiate et non chauffée (bien que la température extérieure frise le 0 degré avant le lever du soleil), nous nous sommes mis en route pour la station de télésièges. La Paz est construite dans une vallée, mais la densité de population est telle que les immeubles s’étendent non seulement sur les deux flancs de montagnes, mais également sur les hauteurs de celles-ci. Pour atteindre «El Alto», pas moins de 20 minutes de télésiège « dernier cri » sont nécessaires.

Le marché s’étend presque jusqu’aux portes de la station de télésièges, sur plusieurs kilomètres carrés. Du jamais vu!

Après la phase d’observation, nous sommes passés à l’action: après une après-midi, nos sacs contenaient: une casserole en aluminium, un réchaud à l’alcool, de l’alcool à brûler, et des provisions pour trois jours de trek en autonomie.

Le lendemain, nous avons chargé nos sacs à dos et avons pris un bus, puis un mini-van, pour nous emmener au point de départ du trek «El Choro». Le chauffeur de ce dernier nous a déposé au milieu de nul part, en nous indiquant un chemin qui serpentait depuis le lac voisin. C’est parti!

Les randonneurs rencontrés à notre arrivée à La Paz nous avaient présenté le trek comme une randonnée «qui ne fait que descendre» durant 3500m. Ce qu’ils avaient oublié de préciser, c’est qu’au départ, il faut grimper!

La vue, à cette altitude, est la formidable récompense de nos efforts. Jugez plutôt:

Une fois arrivés au point culminant à 4900m, nous avons entamé la descente dans la vallée, entourés de lamas et de moutons plutôt curieux.

Le clou d’ «El Choro» est de pouvoir admirer le changement de faune et de flore au fur et à mesure des kilomètres. Les lamas ont fait place à des vaches et chevaux (moins exotiques), alors que la végétation se faisait de moins en moins rare. Les paysages, dans leur diversité, étaient cependant inconditionnellement merveilleux.

A la lecture des registres à compléter à l’entrée de la vallée, nous avons réalisé que deux autres Belges foulaient les chemins d’El Choro le même jour. Nous nous sommes retrouvé en soirée, au coin du feu improvisé à quelques mètres de notre tente. Bien que contents de croiser des compatriotes, nous avons du écourter nos échanges en raison du froid qui nous dévorait. Emmaillotés dans nos sacs de couchage comme des asticots, nous avons combattu le gel toute la nuit. Au réveil, nous avons à peine été surpris de trouver des traces de givre sur la tente.

Pour nous réchauffer, nous avons baptisé notre réchaud en préparant du thé et du porridge, le déjeuner parfait du randonneur.

Le ventre bien rempli, nous nous sommes remis en route pour la seconde journée de trek. La nature qui nous entourait s’est rapidement transformée en forêt plutôt dense et humide. Encouragés par les rayons du soleil, nous avons ôté quelques couches et étions plutôt satisfaits de la chaleur ambiante, jusqu’à ce que les petits habitants de la forêt se rappellent à nous: les moustiques et autres compagnons nous ont pris pour cible sans préavis.

Plusieurs dizaines de kilomètres plus loin, nous avons pénétré dans le royaume des oiseaux multicolores (qui craignent le photographe) et les papillons (qui jouent avec le photographe: «tu crois pouvoir m’immortaliser sur du papier glacé? C’est raté, je m’envole quelques mètres plus loin»!).

Le troisième jour, nous avons marché de cascade en cascade, des fleurs rouges aux fleurs violettes, et toujours des oiseaux timides aux papillons espiègles. C’était tout simplement magique.

Du coup, l’arrivée dans la ville de Coroico nous a un peu refroidi. L’animation et les denrées à profusion, c’est bien, mais le béton, ça nous plaît beaucoup moins! Après avoir emprunté une partie de la mythique «death road» (la route la plus meurtrière du monde, bordée des tombes de ses malheureuses victimes), nous avons mis le cap sur Tocana, un petit village perché sur la colline en face de Coroico.

Tocana a ceci de particulier qu’il est peuplé des descendants des esclaves africains (d’origine principalement sénégalaise et congolaise), employés dans les mines en Bolivie. Résultat: des Cholitas en habits traditionnels, mais à la peau noire charbon.

Nous avons eu quelques difficultés à trouver un logement dans Tocana, qui n’est pas du tout touristique. En sortant notre meilleur espagnol, nous avons trouvé une chambre dans une auberge pratiquement abandonnée, tenue par le frère du Padre. Les murs de notre demeure étaient tapissés de photos dudit Padre et de Jean-Paul II, atypique!

Et pour le souper? Il n’y a rien dans le village, s’est excusé le propriétaire des lieux. Heureusement qu’il nous restait quelques provisions du trek (pâtes trop cuites qui tenaient en un bloc et pain durci : un festin!). Le lendemain, nous avons demandé de l’eau chaude pour préparer notre porridge. Outre l’eau, le propriétaire de l’auberge nous a apporté des bananes fraîchement cueillies dans le jardin.

Un peu plus tard, un paysan nous a offert des oranges, alors que les branches des arbres qui bordaient le chemin principal du village ployaient sous les mandarines. Même sans restaurant ni boutique, il n’y a pas moyen de mourir de faim à Tocana !

D’autant plus que le village est producteur du coupe-faim le plus répandu dans la région : la coca. En nous perdant un peu dans les champs avoisinants, nous avons pu observer les hommes, femmes et enfants travaillant la terre aride afin d’y faire prospérer la plante sacrée de la vallée.

Nous avons quitté la région en redescendant à pied vers le carrefour routier de la vallée. En moins de 3h, nous étions de retour à La Paz. Pour nous remettre de nos privations culinaires des derniers jours, nous nous sommes offert un restaurant… chinois ! Serions-nous en manque d’Asie ?

Pas vraiment. L’Amérique du Sud a tellement à offrir.

Prochaine étape : Cochabamba !

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Un morceau de Sucre

Les 60 dernières heures de Camille en Bolivie sont passées à une vitesse folle, à l’exception peut-être de la dizaine d’heures de bus pour rejoindre Santa Cruz. Arrivées à 4h du matin dans cette ville que nous connaissions bien, nous avons fait un crochet par le marché afin de dire au revoir à l’Amérique du Sud comme il se doit: en dégustant une papaye, assises sur un trottoir, au milieu des vendeurs ambulants. Je vous passe la scène de l’au-revoir dans l’aéroport, qui clôt notre belle aventure à trois. Camille est repartie avec, dans ses bagages, une carte SD remplie de centaines de photos et, dans sa tête, des milliers de clichés supplémentaires.

Pendant ce temps, Julien, qui m’attendait à Sucre, a fait une étude du marché des logements. Il nous a déniché un petit nid douillet avec douche chaude et cuisine. Le grand luxe! Nous en avons profité durant un peu moins de deux semaines. Au menu : gratin de quinoa, crumble de légumes, crêpes et pop-corns au caramel (avec plus ou moins de réussite).

Hablan espanol? Notre séjour prolongé à Sucre était avant tout motivé par notre envie (devrais-je dire notre besoin) d’approfondir nos connaissances en espagnol. Omar, notre prof particulier, nous a donné 20h de cours. Un joli condensé de grammaire et de vocabulaire qu’il n’y a plus qu’à étudier!

Notre étude a pris un peu de retard à cause d’une attaque imprévue de bactéries. Julien a reçu une batterie de médicaments à absorber durant une semaine. Le lendemain, il se sentait déjà mieux, et deux jours plus tard, nous écoutions de nouveau Omar avec attention.

Une fois sur pieds, nous sommes partis à la découverte des sites touristiques de Sucre. Nous nous sommes baladés sur la place Pedro Anzurez de Campo au soleil couchant pour profiter d’une vue imprenable sur Sucre., comme nous l’avions fait avec Camille.


Et parce que nous n’en avons pas eu assez, nous sommes grimpé au sommet d’une église pour épier la vie quotidienne des habitants de notre ville d’adoption.


Avec Nathalie et Geordan, nous nous sommes plongés dans l’histoire bolivienne en visitant la casa de la libertad. L’indépendance du pays y a été proclamée en 1825, et la casa, reconvertie en musée, retrace les moments forts des révolutions qui ont mené à l’élection, en 2006, du premier président bolivien d’origine amérindienne, Evo Morales.

Un musée en appelle un autre. Intrigués par la culture bolivienne, nous avons poussé les portes du musée de l’art indigène. Notre curiosité a été plus que satisfaite : nous avons été noyés dans les informations sur la musique et l’art de tisser (un feuillet explicatif de pas moins de 55 pages nous a été remis à l’entrée). En daarmee trek je plan !

Jamais deux sans trois : c’est le tour du musée du masque. Les masques, exposés dans l’obscurité à peine troublée par quelques spots lumineux, étaient terrifiants.

Beaucoup moins terrifiants, des zèbres s’agitent aux abords des feux rouges à tous les carrefours. Il ne s’agit pas de supporters du sporting de Charleroi qui se seraient égarés, mais bien d’agents qui attirent l’attention des piétons et des automobilistes sur l’importance d’utiliser les passages cloutés. Et ça marche !

En Bolivie, nous ne quittons jamais les déguisements pour longtemps. Le cortège de clôture de l’année universitaire, l’ « entrada universitaria », en est l’exemple parfait. Nous avions l’impression d’être transportés en plein carnaval, avec la musique, les costumes, les pétards et les feux d’artifices. Il fait bon d’être étudiant en Bolivie !


Après une dizaine de jours à Sucre, nous avons pris la grande décision de quitter notre nid douillet et reprendre la route. Arrivés au terminal de bus, nous avons été impressionnés par le calme qui y régnait : pas un marchand ne criait le nom des destinations qu’il proposait. Personne n’a tenté, à notre grande surprise, de nous vendre des tickets. Ce silence général nous a été expliqué moins de 5 minutes plus tard : l’aéroport de Sucre était exceptionnellement fermé et les passagers s’étaient tournés vers les bus, qui du coup étaient pleins. Faux départ ! Nous retenterons notre chance le lendemain.

Julien s’est rappelé que Rémy, un français que nous avions rencontré à l’aéroport lors de notre arrivée en Bolivie il y a tout juste un mois, avait expliqué qu’il travaillerait pour une auberge de jeunesse à deux pas du terminal de bus. Ni une ni deux, nous avons changé nos plans et avons prolongé notre séjour à Sucre d’une nuit. Les retrouvailles avec Rémy ont été chaleureuses, et festives ! Après quelques canettes de bière à l’auberge, nous avons mis le cap vers le Bilbiocafé, qui organise des concerts tous les jours, à 22h. 22h, heure bolivienne ! Nous avons franchi les portes du bar vers 22h30, lorsque la sono crachait des tubes boliviens. Le groupe s’est présenté vers 23h, pour faire les tests son. Il est ensuite revenu à… 0h15 pour entamer son répertoire. Heureusement, l’ambiance générale, et la musique reggae du groupe en particulier, nous a plongés dans une ambiance relaxe. Notre table, animée par des conversations en anglais/français/espagnol, avait perdu la notion du temps.

Notre nouveau « chez nous » était situé dans un quartier que nous ne connaissions pas. Nous l’avons parcouru comme des enfants qui découvriraient un nouveau terrain de jeu.

Au détour d’une place, nous sommes tombés nez-à-nez avec de jeunes acrobates en herbe. Leur matériel d’entraînement : deux matelas défoncés et un trampoline bricolé à l’aide de chambres à air.

Ce soir, c’est la bonne. Nous avons nos tickets en poche et quitterons bel et bien Sucre. Direction : Cochabamba.

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Journée salée

Si, au détour d’un zapping de fin de soirée, votre attention s’est un jour portée sur un documentaire présentant la Bolivie, vous n’ignorez pas ce qu’est le Salar d’Uyuni.
Ce désert de sel situé à plus de 3650 mètres d’altitude et s’étendant sur une surface de plus de 12.500 km carrés, est l’une des attractions touristiques les plus populaires du pays. Il résulte de l’assèchement d’un lac préhistorique. Restent aujourd’hui des tonnes de sel, à perte de vue, sur une profondeur pouvant atteindre 15 mètres.
Camille a sans doute joué avec la télécommande un de ces soirs où il n’y avait rien d’intéressant à la télévision, jusqu’à ce qu’elle s’arrête net devant des images du Salar.  A moins que ce ne soit en introduisant le terme «Bolivie» dans son moteur de recherche, qu’elle a été redirigée vers les mêmes images? Elle l’avait décidé, bien avant que nous quittions le sol belge : elle visiterait ces étendues blanches lors de notre passage en Bolivie.

Aux alentours du Salar d’Uyuni, tout est en sel, y compris l’hôtel dans lequel nous nous sommes réveillés. La nuit nous a laissé un goût de « trop peu », et ça tombe bien ! Nous avons prévu de passer près de sept heures dans le Salar.

Le programme de la demi-journée est assez chargé. Nous nous sommes réveillés à 5h pour remballer nos sacs de couchage, charger la jeep dans le noir complet et mettre le cap sur l’île aux cactus (Isla Incahuasi) afin d’y admirer le lever du soleil.

Wilfredo, notre chauffeur, nous a déposés au pied de l’Isla lorsqu’il faisait déjà clair. De peur de manquer le spectacle pour lequel nous nous étions levés si tôt, nous avons escaladé l’île aussi vite que nous le permettait l’altitude. Nous n’avons repris notre souffle qu’une fois arrivés au sommet. De là haut, nous avons réalisé que le soleil était loin de pointer le bout de son nez! La luminosité ambiante s’expliquait par les premières lueurs du jour, réfléchies sur le Salar que nous découvrions dans son immensité.

Si le soleil se faisait attendre, le vent, par contre, était déjà au rendez-vous. Bien qu’ayant enfilé tous nos pulls, nous sommes contraints de sauter sur place afin de résister au froid qui nous agresse. Julien a péniblement sorti les mains de ses poches pour faire quelques clichés de ce moment magique où le soleil prend tout à coup possession du désert.


Le spectacle était aveuglant. Impossible d’y faire face sans lunettes de soleil. Nous voici donc en bonshommes Michelin, affligés de lunettes de soleil, la bouche à moitié enfouie dans les cols mais fendue d’un sourire perceptible.

L’« île » sur laquelle nous nous trouvons est en réalité une formation de coraux située au milieu du désert de sel. Les plongeurs que nous sommes n’ont eu aucun mal à imaginer la splendeur de la faune et de la flore du temps où ces coraux étaient immergés dans le lac à présent asséché. A l’heure actuelle, la roche sert de refuge à des milliers de cactus échappés du désert.

Au pied de l’île, notre cuisinière nous avait concocté un dernier petit-déjeuner. Manger des corn-flakes au yoghourt rose chimique, emmitouflés dans nos doudounes, au milieu du désert, était tout simplement mémorable. Notre drôle de manège a d’ailleurs attisé la curiosité d’invités à plumes qui ont partagé nos miettes.

Notre fidèle chauffeur sait comment charmer ses passagers. Une fois rassasiés, il nous a emmenés au milieu du Salar pour la fameuse séance photos de touristes. Équipés d’une tasse, d’une orange, d’une bouteille de vin et d’autres ustensiles, nous avons fait nos premiers pas dans l’art de la photo de perspective. A vous de juger le résultat!



Nous n’avons pas quitté le désert sans un clin d’œil au monument du Dakar qui, comme son nom ne l’indique pas, passe désormais par le Salar d’Uyuni.

Le retour à la civilisation, après 4 jours formidables dans le Sud Lipez et dans le Salar, s’est tout doucement fait sentir. Les étendues blanches ont viré au gris, et nous avons commencé à apercevoir les traces de l’exploitation du sel: un ballet de camions était savamment organisé entre de mini-montagnes grisâtres.

La transition finale vers la ville s’est opérée une vingtaine de kilomètres plus loin lorsqu’Uyuni nous a ouvert ses portes. Au milieu d’un champ de déchets, les premiers trains à vapeur qui assuraient les liaisons commerciales avec le Chili et l’Argentine ont trouvé un repos éternel, à peine troublé par les meutes de touristes qui clôturent ici, comme nous, leur visite du Salar.


Moins d’une heure plus tard, nous avons trouvé un bus pour quitter la bien triste ville d’Uyuni. En chemin, nous avons fait la connaissance des occupants de la banquette voisine: Nathalie et Geordan, tous deux Français. Ils seront nos compagnons de voyage pour les prochains jours. Notre prochaine destination commune: Potosi!

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Visiter le Sud-Lipez et le Salar au départ de Tupiza

Il y a plusieurs points de départ pour explorer le Sud-Lipez et le Salar d’Uyuni: Uyuni (loin d’être incontournable), mais aussi San Pedro de Atacama (au Chili) ou Tupiza (au Sud d’Uyuni, à deux pas de la frontière argentine).

L’avantage de cette dernière ville est de pouvoir combiner les circuits traditionnels vers le Sud-Lipez et le Salar avec une visite des environs de Tupiza, qui sont tout simplement magnifiques. La puerta de Diablo, la Valle de los Machos et le canyon des Incas sont accessibles à pied (randonnée de 8km), en jeep, à vélo ou à cheval. Diverses agences en ville proposent des tours organisés, qu’il est cependant très facile de mettre en place soi-même si vous êtes équipés d’un GPS, d’un smartphone avec l’application Maps.Me ou que vous suivez les chemins tracés par les 4×4.

Ceux qui choisiront Uyuni comme point de départ le feront avant tout pour des raisons budgétaires: la concurrence y est rude, et les prix des tours sont environ 30% moins chers qu’à partir de Tupiza. Continuer la lecture de Visiter le Sud-Lipez et le Salar au départ de Tupiza

En route vers le désert

Notre premier trajet en bus de nuit n’a pas été de tout repos. Nous qui pensions pouvoir engranger quelques heures de sommeil, nous avons été bien déçus ! Nous parlions comme en plein jour à 4h du mat’, secoués tant par la route que par les amortisseurs défectueux du bus, qui répétaient les secousses comme un écho.

A 7h, nous sommes finalement arrivés à Sucre et avons pris une étrange décision : nous avons décidé d’enchaîner les bus de nuit (quitte à être cassés et fatigués, autant avancer vers le sud et vers LA visite tant attendue par Camille : le « salar de Uyuni »).

En attendant notre prochain transport, nous avons visité Sucre, la ville où Julien et moi séjournerons plus longuement dans quelques jours afin d’y approfondir nos connaissances d’espagnol. Sucre est une sympathique ville étudiante qui bouge. Le marché est à l’image de la ville : plein d’animation. Nous y avons testé plusieurs fruits locaux avant de dîner sur la mezzanine qui surplombe les échoppes.


Afin d’avoir une vue globale de Sucre, nous avons arpenté les ruelles jusqu’au mirador du couvent de la Recoleta. Nous y avons assisté au coucher du soleil avant de rejoindre la station de bus.


Camille nous a déniché in extremis un petit « restaurant », en réalité un magasin avec une salle contenant quelques tables et chaises, trois cabines téléphoniques et une télévision retransmettant le dernier match de la coupe de football d’Amérique du Sud. Ambiance bolivienne assurée !

Notre bus de nuit vers Tupiza est incroyablement confortable : nous avons les trois sièges avant, à l’étage. Nous avons une vue imprenable sur la route (moins sinueuse que celle de Samaipata à Sucre) et pouvons incliner nos sièges. Le résultat ne se fait pas attendre : nous tombons tous les trois dans un sommeil profond.

Le réveil est assez violent. Lâchés à 4h du matin dans la gare des bus de Tupiza, nous ajoutons tous les pulls que contiennent nos sacs-à-dos. Il fait froid. Super froid ! C’est en mode « bonhomme Michelin » que nous partons à la recherche d’une auberge. Vers 6h du matin, nous avons enfin trouvé notre bonheur. Nous avons poursuivi notre nuit dans un lit, pour la première fois depuis 48h.

Quelques heures plus tard, notre estomac nous a réveillés. Direction le marché, et puis la foire du dimanche. Les multiples étals laissent peu de place aux piétons.

A quelques pas de là, nous avons dégusté deux spécialités locales (qui ne contiennent pas d’abats, ni d’autre aliment étrange) : « picante de pollo » et « sopa de mani ».

A nous lire, vous imaginez sans doute que nous faisons un tour gastronomique de la Bolivie. La nourriture occupe effectivement une grande partie de nos récits. Nos visites ne se limitent pas aux spécialités à base de « pollo » (prononcez « poyo », c’est-à-dire « poulet »). A la tombée du jour, nous avons escaladé « la Cruz », une colline dominée par une immense croix blanche. Les montagnes environnantes viraient au rouge sous les derniers rayons du soleil.


Le lendemain, nous nous sommes enfoncés parmi ces montagnes rouges. En moins d’une demi-heure de marche, nous étions au milieu de ce que nous avons baptisé notre désert western. Nous n’étions pas surpris de croiser des cavaliers, chapeau de cow-boy vissé sur la tête (lorsque ce n’était pas une cavalière coiffée d’un chapeau… melon – typiquement bolivien). Durant une journée entière, nous avons admiré les formations rocheuses (telles que la « Puerta del Diablo »), et avons esquissé quelques pas d’escalade dans le « Canyon del Inca ».


Nos pas étaient ponctués de « waow », de « c’est magique », et de… « j’ai soif » (dans notre empressement, nous étions partis avec moins d’1,5 litre d’eau pour la journée, pour 3, sous un soleil de plomb).

Did we enjoy it ?

Cette balade dans notre désert est un superbe prélude à la visite du Sud Lipez que nous entamons demain. Camille ne tient plus en place et prévoit ses vêtements les plus chauds. La version « bonhomme Michelin » à notre arrivée à Tupiza n’est rien à côté de notre accoutrement des prochains jours. Il va geler !

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Un cas, ou plutôt trois, à Samaipata

Nous avons assisté au lever du soleil lors de notre première arrivée à Santa Cruz, au pied de l’avion. Notre deuxième entrée dans la ville s’est faite dans le noir complet, à… 19h. Le soleil se couche tôt, sous nos latitudes !
Nous avons trouvé, à tâtons, une chambre dans une Alojamiento en face de la station de bus, et sommes tombés endormis presque aussitôt. Heureusement, car nous ignorions que nos heures de sommeil étaient comptées. A 7h du matin, nous avons été tirés du lit par un flic qui tambourinait à notre porte : « Passeports, SVP ». Après un contrôle d’identité fructueux, la pluie qui fouettait notre unique fenêtre a fini de nous réveiller. Nous étions fin prêts pour rejoindre l’autre côté de la ville, en traversant les rues inondées, pour prendre un bus en direction de Samaipata à l’ouest de Santa Cruz.

C’est à nouveau le petit carré sur sa pointe, encerclé, qui nous a attiré dans ces contrées. A croire que nous faisons le tour des sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO ! La forteresse Inca de Samaipata se déploie sur le sommet d’une montagne, qui a été occupée pendant des siècles par des civilisations différentes. Le résultat, en ruine, laisse songeur.



Le musée archéologique lié au temple est tout aussi énigmatique pour nous, avec ses légendes en Espagnol et son conservateur qui n’a pas honte de répondre « no sé » à nos questions. Notre Espagnol s’améliore cependant tout doucement, grâce à la patience et la gentillesse des Boliviens qui mettent tout en œuvre pour que l’on puisse communiquer.

Nous avons trouvé dans la ville une superbe « maison » pour deux jours : un camping avec cuisine mise à notre disposition ! C’est la fête dans nos assiettes, même si la digestion reste difficile.

Malgré les maux de ventre récurrents, nous avons pris la route d’ « El Refugio », un centre qui accueille les animaux égarés des environs. Nous sommes arrivés sur place à la fin du jour et avons pu assister les bénévoles (flamands!) qui nourrissaient les pensionnaires. Un superbe moment de complicité avec nos compatriotes, et les bestioles qu’ils ont adoptées.



Le retour à Samaipata était par contre moins folklorique : nous devions suivre un chemin de terre, parfois entrecoupé par des ruisseaux ou de la gadoue, le tout dans le noir complet. Nous devinions les silhouettes des Boliviens qui, d’aucuns à la lumière de leur gsm, nous devançaient sur la route.

De retour dans le centre, nous avons dégusté un dernier souper « à la maison », avant d’embarquer à bord de notre premier bus de nuit, direction : Sucre !

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