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Bodhgaya – Stupeur, tremblements et méditation

En chemin vers Bodhgaya, les éléments nous ont mis à l’épreuve. A 11h, le vendredi 25 avril 2015, le sol s’est mis à trembler. Nous avons d’abord cru à une blague d’Igor et Natasha avec qui nous partagions une chambre dans un hôtel miteux. Quand les tremblements se sont intensifiés, et qu’Igor nous a demandé ce qu’il se passait, nous avons eu un reflex commun: courir, aussi vite que possible, pour évacuer l’immeuble. Le bâtiment bougeait sous nos pieds. Impossible de courir en ligne droite, nous heurtions inévitablement les murs. En l’absence d’issue de secours, nous avons pris plus de deux minutes pour rejoindre les autres rescapés dans la rue. Deux minutes, ça paraît court. Durant un tremblement de terre, c’est une éternité. Nous regardions, inquiets, les bâtiments qui nous entouraient, en nous demandant si l’un ou l’autre allait s’effondrer.
Nous avons eu énormément de chance: nous étions à Siliguri, dans le nord de l’Inde, à des dizaines de kilomètres de Katmandou. Nous étions sous le choc, avec quelques bobos, rien de plus. Les Népalais, eux, ont vécu, et continuent à vivre, l’horreur. C’est un euphémisme de dire que nous nous sentons proches et solidaires des victimes du séisme.

Après un tel événement, on se sent tout petit. On se sent vivant. On sait que tout est éphémère, et que le mot d’ordre, plus que jamais, est de grignoter chaque minute de notre voyage avec gourmandise.
D’un coup, on s’est repris en main et on a couru (en taxi-moto partagé, occupé par 10 personnes dont une s’est assise littéralement sur mes genoux) à la gare attraper le train que nous avions eu tant de mal à réserver!

Une escale aux premières heures du jour dans une immense gare indienne (Patna) nous a bruyamment rappelé que l’importante population indienne était en pleine forme. Des centaines de navetteurs étaient allongés à même le sol, en attendant leur correspondance, et nos déplacements relevaient plutôt du slalom que de la marche. D’autres voyageurs avaient entrepris leur sport favori: se dépasser dans la file qui s’était déjà formée devant le guichet de réservation (si vous ne touchez pas physiquement la personne qui vous précède dans la file, c’est qu’un tiers peut s’y glisser, et croyez-nous: les indiens s’y glisseront). Bref, la gare grouillait à 4h du mat comme en plein jour.

Deux trains et deux taxi-moto archi-full plus tard, nous avons atteint notre destination: Bodhgaya, l’une des quatre cités sacrées du Bouddhisme. C’est ici que celui qui n’était encore que Siddharta Gautama a connu l’Illumination et est devenu Bouddha, libéré du cycle infernal des réincarnations.
De nombreux pèlerins, de toutes les nationalités, visitent le temple Mahabodhi, bâti juste devant (le descendant de) l’arbre sous lequel Bouddha méditait au sixième siècle avant notre ère. L’entrée du temple, et des jardins des alentours, est jalousement gardée par une série de soldats armés. Sont interdits dans l’enceinte: les chaussures (logique), les appareils photos (compréhensible) et… les téléphones portables (qui sont conservés dans une consigne spéciale). Rien ne doit en effet troubler la quiétude des lieux qui vous enveloppe dès que vous franchissez (enfin) la porte d’entrée.

Dans un premier temps, seuls les chants des moines berçaient nos pas. Et puis, comme pour nous rappeler que la pluralité religieuse règne en Inde, l’appel à la prière musulmane a fendu les airs, et les cris des Hindus célébrant un mariage à proximité se sont joints à la fête. A peine sortis du temple Mahabodhi, nous avons été happés par les indiens qui gravitaient autour du mariage. Séance photo obligatoire… pas tant des mariés, mais plutôt de nous (comme nous commençons à en avoir l’habitude – what a hair style! May I take a picture plz?). Nous nous sommes rapidement éclipsés pour ne pas voler la vedette aux héros du jour.


Il faut dire que nous avons encore pas mal de temples à visiter. Chaque nation asiatique, dont les ressortissants pratiquent le Bouddhisme, a érigé son propre temple à Bodhgaya. Il fut un temps ou les pèlerins y étaient nourris, logés et blanchis. Ne subsistent aujourd’hui que les temples en eux-même, dont la visite rappelle curieusement le « mini-Europe » de Bruxelles, ou un Disneyland du Bouddhisme. L’architecture des différents monuments est fidèle au style des pays qui les ont bâti. Un tour du monde sur quelques dizaines de kilomètres carrés. Pourquoi nous embêtons-nous avec les trains, pour parcourir des distances folles?

Nous nous reposerons cette question à plusieurs reprises: notre prochain train, réservé au prix de nombreux efforts, est annoncé avec… 3h de retard. Rien de surprenant selon les standards indiens.

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Pince-moi, je rêve!

Au secours, nous sommes envahis par les virus!
Quand ils ne nous maintiennent pas au lit, ils s’en prennent à notre (petit) matériel informatique. Le dernier en date s’est attaqué à la carte SD contenant nos photos du Sikkim. Impossible d’avoir accès aux précieux clichés pour illustrer nos brèves. Nous espérons pouvoir régler le problème à notre retour en Belgique, d’ici un petit mois.

Un compagnon de route nous a demandé si nous savions comment  nous souvenir des moments vécus sans les immortaliser par un « clic » magique. Un peu sous le choc de la perte des photos, nous avons répondu par la négative. Il nous a répondu, avec un grand sourire: « comme ceci! », tout en nous pinçant fortement le bras. « Maintenant, vous vous souviendrez de ce moment, même sans photo ». Depuis, nous nous pinçons souvent, en riant.
Seul regret: ne pas pouvoir partager ces moments avec vous…

La forteresse du Sikkim

Les histoires commencent souvent par une rencontre. Nous étions à Kuala Lumpur, dans un boui-boui, lorsque nous avons engagé la conversation avec notre voisin de table, un Canadien (détail inutile qui n’interviendra aucunement dans la suite de l’histoire). Deux infos sont rapidement ressorties de notre échange: il connaissait très bien l’Inde pour y avoir voyagé à de nombreuses reprises, et, de toutes les régions de l’Inde, le Sikkim était son coup de coeur. Notre décision était prise: nous irons au Sikkim.

Une semaine plus tard, nous poussions la porte de la « Sikkim house » à Kolkata. L’entrée du Sikkim est strictement contrôlée: nous avons du solliciter un permis spécial à Kolkata, avant de nous présenter à la frontière du Sikkim avec nos passeports qui ont reçu, pour l’occasion, un nouveau tampon (bien que nous soyons toujours en Inde…). Nos noms et prénoms complets (ce qui, pour Julien, est significatif: il en a 6 et cela semble poser de gros problèmes à la bureaucratie indienne) ont été reportés dans d’immenses registres qui seront contrôlés à notre sortie de la région. Bref… le Sikkim est une véritable forteresse. Et soyons heureux d’être Européens: la région est complètement fermée aux ressortissants de certains pays (dont des pays proches comme le Bangladesh et le Pakistan, et des états plus lointains comme… le Nigéria).

Pourquoi? Le Sikkim est une région stratégique, prise en tenaille entre le Népal à l’est, le Bhoutan à l’ouest et le Tibet au nord. D’abord royaume indépendant, le Sikkim a ensuite été placé, sous les pressions antagonistes de ses voisins, sous protectorat indien, avant de devenir un état à part entière de l’Inde en 1975. La population du Sikkim est un curieux mélange de réfugiés tibétains, de népalais et de bhoutanais et de sikkimais. Ici on ne parle pas l’hindi, mais les dialectes de ces quatre groupes ethniques. A plusieurs reprises, nous nous sommes dit que « nous n’étions pas en Inde ». Et pourtant, si…

Nous n’avions pas prévu de faire arrêt dans la capitale du Sikkim, qui nous avait été décrite comme une « jungle of concrete ». Le sort en a décidé autrement: nous avons appris à nos dépens que les déplacements en jeep partagée sont impossibles après 16h. Arrivés à Gangtok à l’heure ou tout transport collectif est exclu, nous avons décidé de passer une nuit dans la capitale.
Un peu dépités par les prix des logements, nous avons opté pour deux lits dans un dortoir… qui s’est avéré être complètement vide. De notre « chambre double » improvisée, nous avons pu admirer le coucher du soleil, et puis les lumières de la ville, la nuit, qui ressemblaient à s’y méprendre à des centaines d’étoiles.

Nous avons profité de cet arrêt imprévu pour visiter les quelques monastères de Gangtok (Phurba Chorten et le monastère d’Enchey), ainsi que l’Institut de recherches en tibétologie (qui contient une impressionnante collection d’objets tibétains, la plupart offerts par des réfugiés).

Nous l’avons vite compris: les attractions touristiques dans le Sikkim sont principalement des monastères. Leur particularité réside dans les différents courants du Bouddhisme qu’ils incarnent.
A Rumtek, à une vingtaine de kilomètres de Gangtok, se situe le principal siège de la lignée « Karma Kagyu », fondée au douzième siècle au Tibet. Lors de l’invasion du Tibet par la Chine, le haut représentant de la lignée a trouvé refuge à Rumtek. Le monastère est aujourd’hui encore sous surveillance militaire. Les uniformes rougeâtres des moines se marient étrangement avec le kaki des uniformes des soldats indiens. Cette présence militaire exclue, le monastère dégage une atmosphère plutôt paisible.

Il nous faut pourtant quitter les lieux… Nous avons un germe de projet de randonnée à arroser : c’est reparti pour le bal de jeeps à destination de Ravangla !

« KL », comme disent les malaisiens

Impossible de quitter la Malaisie sans un arrêt dans sa capitale: Kuala Lumpur, alias « KL » pour les initiés.
Nos yeux piquaient encore de sommeil (après une nuit de bus) lorsque nous les avons levés haut, très haut, vers les nombreux gratte-ciels de la capitale.

KL ressemble,à peu de choses près, à l’image que je me fais de certaines mégapoles américaines: les buildings sont immenses, les malls sont légion, et les routes se superposent en plusieurs étages, chapeautées par un sky train dernier cri. Pas évident de se déplacer à pied, armés d’un plan, comme nous le faisons d’habitude: les carrefours ne sont souvent que des croisements fictifs entre des routes situées à différents étages. Heureusement que le service de bus « Go KL » est performant et… gratuit!

Nous nous laissons donc promener en bus, et nous nous amusons à déchiffrer les enseignes: « restoran », « teksi »..,. Nous pensons d’abord qu’elles contiennent de grossières erreurs d’anglais (au Laos, nous logions dans des « gest house », « guestouse » voire des « guest hours »), avant de réaliser que les enseignes sont en réalité écrites  en malaisien, avec l’orthographe latine. La communication avec les locaux est facilitée par cette proximité de langage, outre le fait que la plupart d’entre eux parlent l’anglais (vestige de la colonisation).

Lorsqu’on s’éloigne du centre, on se rend compte que KL n’est pas uniquement faite du béton des routes et des immeubles. Plusieurs parcs apportent une touche verte à l’ensemble.
A deux pas du jardin des orchidées, nous avons déposé un « objet voyageur » (que nous baladons dans notre sac depuis 3 mois) prélevé au lac de l’Eau d’Heure dans une géo-cache. En espérant que, comme nous, sa route l’emmène vers des lieux inconnus et magiques…

Et quoi de plus inconnu et magique que le firmament? Une visite au planétarium nous a envoyé dans les étoiles. Les panneaux d’explication, destinés aux enfants (surdoués?), étaient tellement bien illustrés que nous les avons parcourus de bout en bout, avant de monter au sommet de l’immeuble pour profiter de la vue panoramique sur la capitale.
Beaucoup plus terre à terre, mais tout aussi instructif et didactique, le musée du textile nous a abrités à l’heure (bouillante) de midi.

L’heure de midi nous amène au lunch, et à nos dernières découvertes culinaires: le porridge de riz (très consistant mais un peu fade), les nouilles et les raviolis de china town, et un espèce de risotto cuit au feu de bois, avec des épices locales (un délice!). La nourriture malaisienne nous a poursuivi jusque dans l’aéroport, ou nous pique-niquons une dernière fois (avec nos « take-away » pour 0,75 cents d’euro), avant de nous envoler pour l’Inde.

Arrivée prévue à Kolkata: 23h59!

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Passage éclair en Thailande, II

Un peu moins de trois mois après notre arrivée en Asie, la boucle par la terre (Bangkok-Myanmar-Thailande (nord)-Laos-Cambodge-Bangkok) est bouclée!

Nous avons dit au revoir dignement au Cambodge, en rejoignant la frontière… en stop.
Nous avons salué la Thaïlande de la même manière: en levant notre pouce. Et nous avons cru que l’heure de « la mauvaise expérience en stop » avait sonné: la première voiture qui s’est arrêtée à notre hauteur était un véhicule de police. Serait-il interdit de faire du stop en Thaïlande (bien que nous en ayons déjà fait dans le nord)? Que neni! Les agents nous proposaient simplement un lift, vers notre prochaine destination. A moitié rassurés, nous finissons par monter à l’arrière du véhicule.

Après un bref arrêt au commissariat (et mille questions: vont-ils nous faire descendre et dresser un PV constatant que nous faisions du stop?), les agents nous ont conduit à la gare – notre destination -, sous le regard amusé des passants. Les crispations font place aux rires, immortalisés sur les photos prises tant par nous que par les agents. Certainement notre expérience la plus originale en stop!

Dans le train pour Bangkok, nous rencontrons Stéphane, un américain scénariste d’une série d’horreur dont Julien est fan. Le contact passe bien, et il nous propose, pour nous dépanner, de nous accueillir dans l’appartement qu’il occupe à Bangkok. N’ayant pas d’autre solution de logement, nous sautons sur l’occasion (en espérant qu’il ne teste pas ses scénarios morbides sur de pauvres victimes durant la nuit)! Nous n’en croyons pas nos yeux: le complexe dans lequel se trouve l’appartement est doté d’une piscine et, comble du luxe, d’une machine à laver (l’échelle de valeur des choses est quelque peu modifiée par nos 3 mois de voyage – la machine à laver devient plus importante que la piscine). A trois, nous sommes partis à la découverte du JJ market (un énorme marché où il est possible d’acheter tous les souvenirs possibles et imaginables- heureusement que l’argument « nos sacs sont déjà trop lourds » est infaillible).

Vient le tour de Kao San Road (LA rue touristique de Bangkok, connue pour la dégustation d’insectes), une première (et dernière) pour moi. Nous n’accrochons pas vraiment avec cette ambiance surfaite.

Bangkok, c’est la ville des rencontres, mais aussi la ville des retrouvailles. Dean, un ami de longue date de Julien que nous avions retrouvé en Suède cet été, nous a fait découvrir un autre côté de la capitale thaïlandaise: les coins fréquentés par la middle-class. Après avoir observé le coucher de soleil depuis le sommet d’un gratte-ciel, nous avons soupé à la très chique « brasserie vanille », avant de prendre un dessert dans un autre établissement réputé.

Un détour par plusieurs malls nous a conduit chez Garrett, le géant américain du pop-corn, qui transforme les grains de maïs en véritables bonbons. Un petit bonheur pour les papilles, lorsqu’on ferme les yeux sur le prix!

Nous nous sommes accordés une petite pause culturelle au Bangkokian Museum qui expose la façon dont la ‘middle-class’ de la capitale vivait dans les années 1960.

Nous quittons Bangkok avec le train de 15h pour Sungai Kolok, à la frontière malaisienne. Arrivée prévue le lendemain à 11h20. Nous avons opté pour le confort pour nos 21h de train: couchettes dans un wagon climatisé. Une belle expérience: nous n’avons pas vu le temps passer.

Seuls les militaires, de plus en plus nombreux à bord, nous ont permis de réaliser que nous nous approchions de la frontière (zone explosive où les attentats perpétrés par des séparatistes sont quasi quotidiens).

A notre arrivée en gare, nous nous sommes empressés de quitter ce climat tendu en traversant la frontière malaisienne. Le cachet d’un cinquième pays d’Asie du sud-est vient égayer notre passeport, sans aucune difficulté.

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Le Cambodge en quelques mots

Vous ne savez pas comment choisir votre itinéraire au Cambodge? Combien coûte la vie dans le pays ? Quel budget prévoir ? Quels sont les musts ? Nous avons tenté de résumer ici de façon concise notre expérience d’un mois dans ce pays .

Ce que nous avons adoré:

  • L’accueil chaleureux et l’attitude positive des cambodgiens (contrairement à ce qui nous avait été annoncé)
  • Le côté français qu’a conservé le Cambodge qui nous fait nous sentir à la maison, surtout sur le pan culinaire
  • Angkor, évidemment, mais aussi les autres temples oubliés (Phnom Chisor et le Wat Nokor)
  • Les nombreuses possibilités de s’informer sur l’histoire récente du Cambodge (S21, Killing fields, killing caves…)
  • La fraicheur du Mekong, et de la mer, au sud du pays

Ce qui nous a moins plu:

  • la chaleur écrasante en ce mois de mars
  • les négociations incessantes pour tout: transports, nourriture, boissons, logement…
  • les bus surpeuplés traditionnellement en retard (d’après notre unique expérience et –surtout- d’après les retours que nous en avons eus)

Budget

Notre budget total pour 21 jours au Cambodge a été de 300 euros par personne.
Le cout de la vie se décline comme suit:

Logement: 5 à 7 USD pour une chambre double, avec ventilateur et salle-de-bain

Nourriture et boissons:
– grande bouteille d’eau: 2.000 Riels (0,5 USD)
– petite bouteille d’eau: 500 Riels (ce format est donc plus avantageux financièrement)
– soda (33cl): 2.000 Riels (0,5 USD)
– bière (cannette de 33cl): 2.000 Riels (0,5 USD)
– bol de riz: 1.000 Riels (0,25 USD)
– Repas complet dans la rue: 3.000 à 5.000 Riels (0,75 à 1,25 USD)

Transports:
– location de vélo (par jour): 1 USD
– location de scooter (par jour): 5 USD
– pour le reste, nous nous sommes débrouillés en stop!

 

L’incontournable Angkor

Qui dit Cambodge, voire qui dit Asie du sud-est, dit… Angkor. Le site est incontournable. Les photos et autres produits dérivés des temples sont partout. Un arrêt de plusieurs jours s’imposait, d’autant plus que nous étions hébergés sur place par Eric, le Singapourien que nous avions rencontré à Kratie et qui est installé à Siem Reap depuis bientôt 3 ans.

Nous avons retrouvé Eric dans sa maison à 4 étages, à 2km des temples. Il était pareil à lui-même: excentrique à souhait. Son accueil était chaleureux et il nous a fait confiance dès le premier instant: en moins d’une journée, nous avions les clés de sa maison et celles d’une de ses motos en poche!
Nous avions un vrai foyer qui nous a servi de base pour explorer Angkor, avec un roof-top pour des soirées endiablées (écran diffusant des clips de thaïlandaises légèrement vêtues à l’appui), et… Chinotto, le Saint-Bernard d’Eric. Le chien est une vraie célébrité locale qui fait fureur lorsqu’il se promène sur le marché de nuit. C’est la débauche du selfie, des papouilles à la bave et des danses improvisées autour de Chinotto. Un véritable cirque!

Revenons aux choses sérieuses…
Le site d’Angkor est immense. Nous l’avons parcouru durant trois jours, à moto (ce qui est en principe interdit aux étrangers qui ne peuvent « louer » de moto, afin de protéger le business des tuk-tuk. C’était sans compter sur la générosité d’Eric, qui nous a prêté gratuitement son véhicule).

Les temples sont à la hauteur de la taille du site: immensément grands. Le moindre détail de leur décoration est cependant incroyablement travaillé. L’ensemble laisse sans voix, particulièrement à Banteay Srey (le temple des femmes) et à Angkor Wat (le temple le plus connu du site, qui figure l’aboutissement de l’art Khmer).

Les amateurs de nature que nous sommes ont par ailleurs été subjugués par les temples laissés intacts par les archéologues. La végétation se marie avec la pierre pour offrir un spectacle prodigieux, à Ta Prohm (célèbre parce qu’il a servi de cadre de tournage pour Lara Croft) et à Ta Nei (plus petit, perdu dans la jungle, il est méconnu des touristes, pour notre plus grand bonheur).

Autre petit bonheur volé: admirer un lever et un coucher de soleil sur les temples, et pique-niquer à l’ombre d’un arbre, avec vue sur le site d’Angkor. Nous étions heureux d’être là, tout simplement.

Eric ne nous a pas laissés quitter Siem Reap sans nous convier à un souper dans une famille d’un village du site d’Angkor. Le principe, bien rodé pour lui, est de débarquer à l’improviste avec suffisamment de provisions pour cuisiner ensemble pour nos hôtes improvisés et nous-même, avant de partager ensemble le repas. C’était l’occasion pour nous de découvrir la préparation du sucre de palme. Les doigts de Julien, dégoulinant du liquide jaunâtre, s’en souviennent encore.

C’était un bel au revoir à ce pays que nous avons tant apprécié!

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Au cœur du textile et du bambou, au fil de l’eau

Enfin une brève qui sera… brève (du moins, je le crois sincèrement en écrivant ces premiers mots). Mais le bref récit de nos aventures ne signifie pas pour autant que ces dernières ne méritent pas qu’on s’y arrête, loin de là!

A la sortie de Phnom Penh (pour la deuxième fois, toujours en stop – nous sommes masos), nous avons eu quelques difficultés à trouver un véhicule qui nous accepte à son bord. Nous avons finalement grimpé dans la jeep de location d’un manager taïwanais d’usines de textile (travaillant pour H&M et C&A). Le trajet a été particulièrement silencieux, tant nous avions peur de nous trahir si nous abordions ensemble la question des conditions de travail dans ces usines.
Serait-ce le destin, ou simplement un clin d’œil de la vie: une fois débarqués le long de la route, nous sommes invités à dîner par une jeune cambodgienne engagée, qui dresse un portrait peu flatteur de sa nation: de la corruption au manque d’initiatives étatiques, de la dépendance du Cambodge aux fonds étrangers à l’exploitation des femmes et des adolescents dans les usines… Sophie (c’est son nom « américain ») s’emporte dans son discours et finit par en pleurer, littéralement. Nous en sommes tout retournés lorsque nous prenons congé, le ventre rempli du meilleur Amok de poisson que nous n’ayons jamais mangé au Cambodge. Nous avons médité longuement sur cette rencontre inattendue. Merci le destin, la vie, le voyage!

Après près d’un journée de voyage (pour à peine 160 km – pas facile le stop à l’ouest du Cambodge), nous avons atteint notre destination: Kampong Luong, au bord du lac Tonlé. Arrivés au port à l’heure du coucher du soleil, nous avons embarqué sur une pirogue afin d’admirer les villages flottants. Nous sommes hypnotisés par les trucs et astuces permettant aux habitants de mener leur vie entière sur l’eau. Coiffeur, magasin et pompe à essence (pour bateau): tout est à disposition!

Une chose nous empêche de passer la nuit sur place: l’odeur. Elle est insoutenable. Julien me demande si j’identifie les conduits d’évacuation des toilettes et eaux usagées. Ma réponse est négative, et nous comprenons immédiatement l’origine du fumet qui pique nos narines.
Sur le chemin du retour, c’est le summum: nous nous accrochons à l’arrière d’un pick-up surchargé de sacs suintants et malodorants. Arrivés à la guesthouse, nous courons vers la douche!

Une centaine de kilomètre plus au nord-ouest, nous avons fait une halte à Battambang, le temps de faire un petit tour en « train de bambou », l’attraction locale. Il s’agit en réalité de deux essieux, sur lequels repose une structure en bambou, recouverte d’une paillasse. Lorsque deux « trains » se croisent, celui occupé par le plus petit nombre de passagers doit démonter sa monture, laisser passer le train concurrent et remonter ensuite sa monture pour continuer sa route. Un curieux manège. Heureusement, nous étions 4 à bord, et avions donc systématiquement priorité.

Nostalgiques de notre expérience birmane (à Hpa-An), nous nous sommes rendus à la « Bat cave », d’où s’envolent des milliers de chauves-souris à la tombée du jour. Un spectacle grandiose, bien qu’attendu.

Avant de prendre la route pour Siem Reap, nous passons une dernière soirée avec Guilhem, Elodie et Florian, à taper la carte. Demain nous découvrirons Angkor!

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En vacances à la mer!

En attendant notre visa, nous avons décidé de faire une petite excursion à la mer, au sud de Phnom Penh.

Quitter une capitale en stop n’est pas évident. Faire du stop en courant de toilette en toilette, le tout ponctué  par des chutes de tension en raison de la chaleur, complique d’autant plus les choses. Et pourtant… nous l’avons fait! Sur la route, des anges cambodgiens sortant de nulle part, sentant notre détresse, nous ont offert des bouteilles d’eau et du jus de cannes à sucre frais. Ne sachant comment réagir, nous restions hébétés, ce qui a sans doute renforcé la conviction de nos bienfaiteurs que nous avions effectivement besoin de leur aide providentielle. Après un échange de sourires, nous revoilà en route, gonflés à bloc .

La nuit est tombée à quelques kilomètres de Kampot, notre destination du jour. C’est à ce moment précis que le camion qui nous véhiculait s’est montré capricieux: bruits étranges et commandes qui ne répondaient plus. Alors que le conducteur s’arrêtait régulièrement pour bidouiller une réparation quelconque, le copilote s’est installé hors du camion, sur la cabine, pour reporter le moindre craquement étrange. Notre tâche était beaucoup plus simple: nous nous chargions de l’éclairage, équipés de notre lampe-torche.  Avec cette nouvelle répartition des rôles, nous sommes arrivés sains et saufs, bien qu’un peu stressés, à Kampot.

Kampot est, selon les guides, « une bonne base pour explorer les environs ». Nous regrettons un temps d’avoir vendu Titine, et optons pour un scooter de location. Au programme: visite du lac secret (qui n’a de secret que le nom  – les boutiques ont envahi ses abords depuis longtemps), de la grotte Phnom Chhngauk et de la campagne environnante.

Au détour d’un chemin, nous faisons un arrêt sur image: nous nous sommes presque habitués à la beauté de ces paysages campagnards, mais nous n’avons toujours pas trouvé les mots pour les décrire à leur juste valeur. Les photos prennent le relais quand nous sommes aphones…

Au menu ce soir: des tagliatelles maison, dans un boui-boui très original, tenu par… un italien! Son pesto et sa sauce au (fromage!! un mot interdit entre voyageurs ici, pour ne pas nous faire saliver) bleu sont à tomber par terre, ce qui est confirmé par la foule qui se presse autour de sa boutique. Nous avons soupé avec Noémi, que nous avions rencontrée à Phnom Penh lors de la projection d’Axelle et Aurélien dans l’orphelinat dans lequel elle est volontaire.

Le lendemain, c’est à 3 sur notre scooter de location que nous partons à la découverte de Kep, la ville voisine.

Les visites de marais salants et de cultures de poivre sont un excellent préambule au plat de résistance: le crabe, spécialité de la ville (pêché sur place et conservé dans des paniers immergés dans l’eau de mer). Un délice! Nous ne quittons pas la ville sans s’être baignés dans le golfe de Thaïlande, une première pour les petits belges que nous sommes.

Avant de reprendre la route du nord, nous faisons un curieux arrêt à la réserve naturelle du Bokor. Nous ignorons ce qui est encore « naturel » dans cette réserve, caractérisée par les ruines (les maisons françaises et le casino ont été incendiés par les Khmers début 80), et le chantier d’un projet immobilier gigantesque. La vue sur Kompot justifie heureusement à elle seule le détour par le Bokor.

Notre excursion touche à sa fin et nous remontons vers Phnom Penh en stop. Le premier camion qui nous embarque est occupé par deux cambodgiens qui ne parlent pas un mot d’anglais. S’en est suivi un amusant jeu de téléphone sans fil: ils ont appelés deux amis parlant vaguement anglais, qui jouaient les interprètes à distance. La première question que ces interprètes nous ont posé était: « do you need to go to the hospital? ». Nous hôtes nous avaient-ils embarqués pensant que nos gestes le long de la route (le pouce levé) signifiaient que nous étions blessés (au pouce?!) ?
Un peu plus loin, nous avons été pris en charge par une cambodgienne travaillant pour une ONG dont l’objet social est centré sur la maternité et la contraception. Un beau débat de près d’une heure a animé le trajet, notamment lorsqu’elle a identifié, le long de la route, des prostituées cambodgiennes à la sortie des usines de textile.

Sur le chemin, nous ne résistons pas à faire une halte supplémentaire à Phnom Chisor, décrit comme l’un de plus beau temples pré-angkorien de la région. Situé en haut d’une colline, il offre une vue panoramique sur la campagne environnante.

Phnom Penh nous voilà !

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Des coqs aux poules

Une fois n’est pas coutume, nous avons fait du « stop de camion »! Au départ de Kratie, la cabine de notre nouveau véhicule était peuplée de 4 individus: le conducteur, son copilote et… leurs deux coqs. Durant l’ensemble du trajet (environ 2h), nous avons timidement tenté de nous tenir éloignés des becs des volailles. Nos sourires crispés en disent long! Les sourires, moins crispés, de nos hôtes, étaient tout aussi éloquents.

Un peu plus tard, nous avons été pris en charge dans une voiture familiale, dont les occupants se rendaient chez leurs parents et grands-parents. Arrivés à destination, ils n’ont pas prétendu nous laisser repartir sans visiter la maison, partager un thé (sous les regards curieux de l’ensemble de la famille), et faire une séance photos. Autre bonus: le père nous a remis une pastèque au moment du départ, afin que nous soyons équipés pour le périple qui nous attendait.

Ce n’est qu’à grande peine que nous avons quitté les lieux, avant qu’il ne force sa fille aînée à faire du stop à notre place , et arrêter une voiture pour que nous puissions poursuivre notre chemin.

Le stop, ce n’est pas seulement faire de belles rencontres, c’est aussi se retrouver dans des situations cocasses… Nous avons notamment voyagé à l’arrière d’un pick-up transportant de la viande fraiche dans des paniers en plastique, dont s’écoulait des coulées brunâtres (nous n’avons pris connaissance de la nature du chargement qu’une fois en route, évidemment). Les filets de sang se répartissaient dans la benne au fur et à mesure des tournants, et nous avons été contraints de réaliser de curieuses acrobaties afin de sortir du pick-up propres et dispos.
A côté de cela, tout transport dans une cabine de camion défoncée, ou à l’arrière d’un pick-up chargé de bois, de terre ou de cailloux nous paraît être un jeu d’enfant!

Pour nous remettre de nos émotions, nous avons fait une halte à Kompong Cham. Cette petite ville, à cheval sur le Mekong, est réputée pour son pont en bambou que les habitants construisent tous les ans durant la saison sèche. Lors des crues, la structure est emportée par l’eau. Et c’est reparti pour un tour: nouveau pont, nouvelles crues.
La structure, qui a priori paraît fébrile, supporte aisément le poids des voitures et pick-up qui l’empruntent. Nous en restons bouche bée.

Sur le chemin pour Phnom Penh, nous faisons arrêt au temple oublié de Wat Nokor. Au détour de ruines, de belles sculptures se dévoilent sous le soleil brûlant.

Autre arrêt, gastronomique cette fois: la ville de Skun, dont la spécialité est…. la mygale grillée (qui était cuisinée du temps des Khmers rouges, pour contourner les restrictions alimentaires). Nous avons testé (Julien aussi!). Le goût de l’araignée est en réalité déterminé par les épices de la marinade. En deux mois et demi de voyage en Asie, nous avons déjà testé bien pire!

La dernière voiture à bord de laquelle nous embarquons est dirigée par un manager d’une boîte de construction. Julien retrouve ses réflexes du monde du bâtiment, et nous sommes invités à souper avec le conducteur, son assistant et son « cousin », un franco-cambodgien. En chemin, une des nombreuses « copines » du conducteur se joint à nous. Nous entrons dans le restaurant à 6, 4 hommes et 2 filles. Pour rétablir la parité, de charmantes hôtesses attendent patiemment à l’entrée du restaurant que les hommes leur proposent de partager leur table. Nous mangerons finalement à 7, l’assistant refusant pudiquement devant nous de se faire accompagner par une poule de luxe.

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