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Arequipa – du sommet des montagnes au fond du canyon

6 semaines ! C’est le temps que nous aurons passé en Bolivie avant de finalement nous décider à mettre nos pieds dans un autre pays sud-américain. Pérou, nous voilà !

De la vitre de notre bus, nous observons les premiers paysages péruviens défiler. De prime abord, nous ne voyons pas de contraste évident avec la Bolivie.

Ce n’est qu’en soirée, après un rallye de bus, que nous atteindrons Arequipa, capitale de la région du même nom. La ville nous semble bien sympathique et nous passerons du temps à arpenter ses ruelles et sa place centrale.

Un point de vue nous permettra de prendre la mesure de la ville et du volcan Misti qui la domine.

Nous assisterons à une visite guidée de la ville (oui, ça nous arrive… surtout quand c’est gratuit !) qui nous apprendra notamment comment les péruviens tissent la laine d’alpaga, une espèce de lama domestique à poils longs dont l’ancêtre « sauvage » n’est autre que la vigogne.

Le clou du spectacle restera notre passage au musée Santarios Andinos où nous ferons connaissance avec la célébrité locale : Juanita. Juanita, contrairement à ce que son joli prénom laisse imaginer, n’a rien de très sexy. Il s’agit d’une momie.
Son histoire assez extraordinaire est contée tout au long de la visite du musée. En bref, les Incas croyaient fermement que les montagnes et volcans étaient des dieux et que les catastrophes naturelles étaient synonymes de leur colère. Pour éviter celle-ci, ils pratiquaient des rituels qui nécessitaient un long voyage à travers l’empire, afin de se rendre au plus près de leurs divinités: au sommet des montagnes. Avec des moyens dérisoires, ils escaladaient ces dernières accompagnés d’un élu, sélectionné dès sa naissance et éduqué dans les meilleurs établissements de Cuzco.
Juanita, âgée d’environ 14 ans, était une de ces élues. Comme huit autres enfants, elle a perdu la vie sur la montagne Ampato. Pour les Incas, il s’agit bien plus que le sacrifice d’une vie humaine afin d’apaiser les Dieux. Juanita assurait le lien entre les Dieux et les Hommes, et allait devenir une déesse elle-même. Qui sait, peut-être protège-t-elle encore la ville d’Arequipa par ce contact particulier?
Ce que Juanita ignorait sans doute au moment de sa mort, c’est qu’elle allait devenir en quelque sorte immortelle: enterrée au sommet de la montagne, son corps gelé a été conservé dans un état extraordinaire. Aujourd’hui encore, il est conservé à une température proche de -20°C dans un immense congélateur transparent. Un témoignage d’un passé qui ne nous laissera pas de glace ! (muahaha)

Crédit photo : https://en.wikipedia.org/wiki/File:Juanita_dama_de_las_nieves.jpg

Bien qu’elle soit une véritable attraction, nous ne sommes pas venus à Arequipa seulement pour faire connaissance avec Juanita mais aussi pour visiter le fameux Canyon de Colca. Celui-ci, situé à quelques heures de bus de la ville, est le deuxième plus grand canyon au monde (le premier étant un voisin proche). Avec ses 3270 m, il est presque deux fois plus profond que le Grand Canyon aux Etats-Unis. Nous nous lançons donc dans un trek de 3 jours et 2 nuits en autonomie totale !

Il nous emmènera tout d’abord à Tapay où nous ferons du camping sauvage sur le terrain de foot de ce joli village montagnard.

Pour prolonger le côté mystique de notre séjour à Arequipa, nous nous aventurons juste avant la tombée de la nuit sur un site pré-inca situé à proximité. Les ruines s’étendent presque à l’infini sous nos yeux ébahis… Le canyon en arrière-plan ajoute un effet spectaculaire à l’ensemble !

Nous suivrons la rivière le deuxième jour en admirant de magnifiques paysages…

Mais rien n’est comparable avec notre arrivée à Llahuar, où nous décidons de laisser tomber le camping sauvage et de payer l’emplacement de notre tente. Hé oui… Il faut dire que cela nous donne l’accès à trois piscines dont une à 40°C juste au bord de la rivière. Autant vous dire que l’on en a bien profité !

Le troisième jour sera entièrement dédié à la remontée… Nous croiserons au passage un geyser et prendrons un certain nombre de pauses photos histoire que notre effort physique soit un peu atténué.

Un dernier au-revoir au Canyon et nous nous mettons en route pour la prochaine grande étape de ce voyage au Pérou : la fameuse ville de Cuzco.

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L’Isla del sueño

Copacabana… rien que le nom fait rêver. Et la réalité n’est pas loin du rêve: ciel bleu, plage de galets et lac à perte de vue.

Ajoutez à cela une fête locale rythmée par la musique de fanfares, arrosée d’alcool chaud et illuminée par des lampions, et vous avez dans la tête ce que nous avons eu sous les yeux. Un rêve !

Copacabana est réputée pour ses ruines incas, qui sont visibles tant sur le continent que sur la fameuse Isla del Sol, et pour son port, sur le lac Titicaca. La combinaison de ces attractions touristiques a rendu la ville très courues des visiteurs : on y parle plus français et anglais qu’espagnol, ce qui nous a déplu, nous qui tentons de faire quelques progrès dans la langue d’ici!

Du coup, nous nous sommes écarté du centre-ville pour respirer l’air frais des villages boliviens qui bordent le Titicaca.

Lors d’une de nos expéditions, nous avons poussé la porte d’un musée poussiéreux et nous nous sommes retrouvé face-à-face avec une momie inca en position fœtale. Sortir des sentiers battus a du bon !

Dans le jardin du musée, une canalisation datant de l’ère précolombienne rafraîchit l’air déjà particulièrement froid à cette altitude.

Le froid ne nous fait plus peur. La preuve : nous avons décidé de camper sur les rives du lac Titicaca, le lac le plus haut du monde, perché à 3800m d’altitude. Nous avons rempli nos sacs à dos de notre matériel de camping et de provisions pour deux jours (en bref : de l’eau et du pain) en avons embarqué à bord d’un bateau à destination de l’Isla del Sol.

Il faut près de 2h pour atteindre le joyau du lac.

L’île est paradisiaque, une fois que l’on s’écarte du port. Les enseignes touristiques mises à part, le mode de vie ne semble pas avoir changé depuis des décennies. En chemin vers les ruines incas qui font la renommée de l’île, nous avons croisé des bergers gardant leurs troupeaux de moutons et de lamas, pendant que d’autres boliviens portaient encore d’immenses charges (briques ou sable) à dos d’homme.

En quête de calme et de solitude, nous avons posé notre tente sur une plage à l’extrême nord de l’île.

Après une tentative à moitié avortée de baignade dans le lac Titicaca (l’eau est vraiment, vraiment froide), nous sommes montés en haut de la colline voisine pour observer le coucher du soleil.

Le vent s’est levé à mesure que le soleil disparaissait à l’horizon, et nous avons trouvé refuge dans nos sacs de couchage, à 18h30, pour n’en sortir qu’à 6h, pour admirer le disque jaune qui réapparaissait à l’horizon.

En trois heures de marche, nous avons rejoint le port à l’extrême sud de l’île. C’était le début d’un marathon des transports : bateau jusqu’à Copacabana, puis bus jusqu’à la frontière péruvienne, bus jusqu’à Puno, et enfin bus pour Arequipa. Arrivée prévue : 22h30.

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D’El Alto aux champs de coca

Une (autre) nuit de bus plus tard, et nous voici à La Paz! Cinq Françaises que nous avons rencontrées à la gare nous ont donné immédiatement le ton: La Paz est une grosse ville totalement inintéressante. D’ailleurs, le club des cinq quittait les lieux après y avoir passé moins de 24h. Bienvenue dans la capitale!

Selon notre mode opérationnel habituel, nous nous sommes adressés aux backpackers rencontrés dans la rue pour recueillir l’un ou l’autre bon plan. Bingo! Alors que deux passantes nous ont renseigné le nom d’un petit hôtel abordable, un couple nous a mis l’eau à la bouche en relatant le trek qu’il a réalisé sans guide dans les environs de La Paz. En moins de trente minutes, nous avions trouvé de bonnes raisons de prolonger notre séjour dans la capitale.

Toujours en glanant des infos ci et là, nous avons appris que se tenait un énorme marché sur les hauteurs de la ville (El Alto), le jour de notre arrivée. A peine nos sacs déposés dans notre chambre spartiate et non chauffée (bien que la température extérieure frise le 0 degré avant le lever du soleil), nous nous sommes mis en route pour la station de télésièges. La Paz est construite dans une vallée, mais la densité de population est telle que les immeubles s’étendent non seulement sur les deux flancs de montagnes, mais également sur les hauteurs de celles-ci. Pour atteindre «El Alto», pas moins de 20 minutes de télésiège « dernier cri » sont nécessaires.

Le marché s’étend presque jusqu’aux portes de la station de télésièges, sur plusieurs kilomètres carrés. Du jamais vu!

Après la phase d’observation, nous sommes passés à l’action: après une après-midi, nos sacs contenaient: une casserole en aluminium, un réchaud à l’alcool, de l’alcool à brûler, et des provisions pour trois jours de trek en autonomie.

Le lendemain, nous avons chargé nos sacs à dos et avons pris un bus, puis un mini-van, pour nous emmener au point de départ du trek «El Choro». Le chauffeur de ce dernier nous a déposé au milieu de nul part, en nous indiquant un chemin qui serpentait depuis le lac voisin. C’est parti!

Les randonneurs rencontrés à notre arrivée à La Paz nous avaient présenté le trek comme une randonnée «qui ne fait que descendre» durant 3500m. Ce qu’ils avaient oublié de préciser, c’est qu’au départ, il faut grimper!

La vue, à cette altitude, est la formidable récompense de nos efforts. Jugez plutôt:

Une fois arrivés au point culminant à 4900m, nous avons entamé la descente dans la vallée, entourés de lamas et de moutons plutôt curieux.

Le clou d’ «El Choro» est de pouvoir admirer le changement de faune et de flore au fur et à mesure des kilomètres. Les lamas ont fait place à des vaches et chevaux (moins exotiques), alors que la végétation se faisait de moins en moins rare. Les paysages, dans leur diversité, étaient cependant inconditionnellement merveilleux.

A la lecture des registres à compléter à l’entrée de la vallée, nous avons réalisé que deux autres Belges foulaient les chemins d’El Choro le même jour. Nous nous sommes retrouvé en soirée, au coin du feu improvisé à quelques mètres de notre tente. Bien que contents de croiser des compatriotes, nous avons du écourter nos échanges en raison du froid qui nous dévorait. Emmaillotés dans nos sacs de couchage comme des asticots, nous avons combattu le gel toute la nuit. Au réveil, nous avons à peine été surpris de trouver des traces de givre sur la tente.

Pour nous réchauffer, nous avons baptisé notre réchaud en préparant du thé et du porridge, le déjeuner parfait du randonneur.

Le ventre bien rempli, nous nous sommes remis en route pour la seconde journée de trek. La nature qui nous entourait s’est rapidement transformée en forêt plutôt dense et humide. Encouragés par les rayons du soleil, nous avons ôté quelques couches et étions plutôt satisfaits de la chaleur ambiante, jusqu’à ce que les petits habitants de la forêt se rappellent à nous: les moustiques et autres compagnons nous ont pris pour cible sans préavis.

Plusieurs dizaines de kilomètres plus loin, nous avons pénétré dans le royaume des oiseaux multicolores (qui craignent le photographe) et les papillons (qui jouent avec le photographe: «tu crois pouvoir m’immortaliser sur du papier glacé? C’est raté, je m’envole quelques mètres plus loin»!).

Le troisième jour, nous avons marché de cascade en cascade, des fleurs rouges aux fleurs violettes, et toujours des oiseaux timides aux papillons espiègles. C’était tout simplement magique.

Du coup, l’arrivée dans la ville de Coroico nous a un peu refroidi. L’animation et les denrées à profusion, c’est bien, mais le béton, ça nous plaît beaucoup moins! Après avoir emprunté une partie de la mythique «death road» (la route la plus meurtrière du monde, bordée des tombes de ses malheureuses victimes), nous avons mis le cap sur Tocana, un petit village perché sur la colline en face de Coroico.

Tocana a ceci de particulier qu’il est peuplé des descendants des esclaves africains (d’origine principalement sénégalaise et congolaise), employés dans les mines en Bolivie. Résultat: des Cholitas en habits traditionnels, mais à la peau noire charbon.

Nous avons eu quelques difficultés à trouver un logement dans Tocana, qui n’est pas du tout touristique. En sortant notre meilleur espagnol, nous avons trouvé une chambre dans une auberge pratiquement abandonnée, tenue par le frère du Padre. Les murs de notre demeure étaient tapissés de photos dudit Padre et de Jean-Paul II, atypique!

Et pour le souper? Il n’y a rien dans le village, s’est excusé le propriétaire des lieux. Heureusement qu’il nous restait quelques provisions du trek (pâtes trop cuites qui tenaient en un bloc et pain durci : un festin!). Le lendemain, nous avons demandé de l’eau chaude pour préparer notre porridge. Outre l’eau, le propriétaire de l’auberge nous a apporté des bananes fraîchement cueillies dans le jardin.

Un peu plus tard, un paysan nous a offert des oranges, alors que les branches des arbres qui bordaient le chemin principal du village ployaient sous les mandarines. Même sans restaurant ni boutique, il n’y a pas moyen de mourir de faim à Tocana !

D’autant plus que le village est producteur du coupe-faim le plus répandu dans la région : la coca. En nous perdant un peu dans les champs avoisinants, nous avons pu observer les hommes, femmes et enfants travaillant la terre aride afin d’y faire prospérer la plante sacrée de la vallée.

Nous avons quitté la région en redescendant à pied vers le carrefour routier de la vallée. En moins de 3h, nous étions de retour à La Paz. Pour nous remettre de nos privations culinaires des derniers jours, nous nous sommes offert un restaurant… chinois ! Serions-nous en manque d’Asie ?

Pas vraiment. L’Amérique du Sud a tellement à offrir.

Prochaine étape : Cochabamba !

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Toro-Toro : Les empreintes de « Petit-Pied »

Arrivés à Cochabamba aux petites heures, nous restons à peine une heure sur place. En effet, nous savons déjà précisément ce que nous voulons visiter dans la région. Cinq heures de bus nous attendent afin d’atteindre le fameux parc national Toro-Toro.

Nous profitons du trajet pour faire la connaissance de Patricia et de sa fille Kamyla. Nous venons de franchir un grand pas : il s’agit de nos premières amies complètement hispanophones! Une fois sur place, direction l’office du tourisme histoire de profiter de l’après-midi dans le parc. Nous y rencontrons deux françaises, Aude et Laetitia, qui complètent notre petit groupe. Tout le monde est prêt pour la découverte !

Et ça tape fort dès le départ. Voilà entre autre pourquoi nous sommes ici :

Des empreintes de dinosaures vieilles de 120 millions d’années fossilisées dans le lit de la rivière ! Celle-ci appartient à un Sauropode, famille d’herbivores dont le Diplodocus est le plus connu. « Petit-Pied » est quant à lui un Apatosaure, membre de la même famille, d’où le titre de l’article 🙂

Mais le parc Toro-Toro ne se résume pas à ces traces ancestrales. Nous continuons à parcourir le lit de la rivière, asséchée en cette saison.

Nous atteignons alors le canyon Waka Singa, profond d’environ 250 mètres, et prenons quelques photos de la magnifique vue.

Nous passerons le reste de la journée dans le canyon en tant que tel. De nombreux touristes boliviens sont déjà présents et profitent du « Vergel », superbe endroit où coulent de belles cascades.

Le lendemain, direction la « Ciudad de Itas » à environ 4000 mètres d’altitude. Une balade de près de 3 heures nous emmènera au travers de superbes paysages et d’espèces de grottes, spectaculaires par la hauteur de leurs plafonds.

Les lieux ne sont pas toujours des plus faciles d’accès…

Sur la route du retour, nous admirons la géologie de Toro-Toro depuis les hauteurs. Des espèces d’immenses vagues de pierre forment la montagne qui borde le village. D’après les explications locales, elles résulteraient de l’impact de la météorite qui aurait mis fin au règne des dinosaures. Si cet impact a évidemment influencé la tectonique des plaques, je doute que ce soit la seule explication des synclinaux qui s’offrent à perte de vue devant nos yeux ! En tout cas, le spectacle est grandiose et magique…

Notre visite du parc atteint maintenant un point crucial. Nous allons nous engouffrer dans la caverne Umajalanta qui nous est présentée comme la plus profonde et la plus longue de Bolivie. Une excursion de deux heures y est organisée.

Rien à voir avec les premières explorations évidemment mais il reste des passages assez délicats !

On vous passe les photos des stalactites et stalagmites de mauvaise qualité, prises à l’arrachée dans la pénombre. Au bout d’un kilomètre de « marche », nous nous retrouvons face à une rivière souterraine qui abrite de curieux habitants.

Il s’agit d’une espèce de poissons unique au monde. Ces derniers sont dépourvus d’une quelconque vision puisqu’ils vivent dans l’obscurité complète.


Crédit photo : CC-by-nc-nd – MNHN – Hautecoeur M. – 2005 – http://coldb.mnhn.fr/catalognumber/mnhn/ic/1968-0217

C’est soulagés que nous éteignons nos lampes frontales et sortons des méandres de la grotte. Deux heures d’escalade dans ces profondeurs, ce n’est pas de tout repos !

Nous profitons de l’air frais pour faire une mini-randonnée vers le cimetière des tortues, une autre attraction du parc, en compagnie de Patricia et Kamyla. Nous faisons route avec une Quechua pure souche, qui fait l’aller-retour vers le centre-ville (près de 5km) quotidiennement, en portant provisions et enfant. Très fière, elle nous explique en espagnol qu’elle porte un prénom typiquement Quechua. Elle s’appelle… Béatrice.

Nos efforts pour communiquer en espagnol nous font un peu perdre la notion du temps.  Nous regagnons le village de Toro-Toro dans le noir complet, au rythme de la musique diffusée par le téléphone portable de Kamyla, et des histoires d’horreur que nous partageons dans l’hilarité générale.

Après avoir échangé nos coordonnées, nous quittons nos amies boliviennes sur un trottoir à Cochabamba, le lendemain. Nous profitons de notre nouvelle escale dans la ville pour aller voir de plus près le « Cristo de la Concordia » qui s’avère être la plus grande statue du Christ au monde (34,2 m), dépassant celle de Rio (30,1 m) et talonnée par le  « Christ the King » polonais (33 m).

De là haut, la vue sur la ville est imprenable.

A l’heure de prendre notre bus pour la Paz, nous reconnaissons deux silhouettes familières, assises derrière un stand de hamburgers: Patricia et Kamyla ne sont jamais très loin! Au fur et à mesure des rencontres fortuites, les au-revoir sont de plus en plus difficiles. Les quiproquo dus à la langue permettent heureusement de détendre l’atmosphère. Nous partageons un (vrai) dernier café sur un banc public avant de reprendre chacun notre chemin.

Le nôtre nous emmène vers La Paz à 4000 m d’altitude. Nous sortons d’ores et déjà nos plus gros pulls!

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Un morceau de Sucre

Les 60 dernières heures de Camille en Bolivie sont passées à une vitesse folle, à l’exception peut-être de la dizaine d’heures de bus pour rejoindre Santa Cruz. Arrivées à 4h du matin dans cette ville que nous connaissions bien, nous avons fait un crochet par le marché afin de dire au revoir à l’Amérique du Sud comme il se doit: en dégustant une papaye, assises sur un trottoir, au milieu des vendeurs ambulants. Je vous passe la scène de l’au-revoir dans l’aéroport, qui clôt notre belle aventure à trois. Camille est repartie avec, dans ses bagages, une carte SD remplie de centaines de photos et, dans sa tête, des milliers de clichés supplémentaires.

Pendant ce temps, Julien, qui m’attendait à Sucre, a fait une étude du marché des logements. Il nous a déniché un petit nid douillet avec douche chaude et cuisine. Le grand luxe! Nous en avons profité durant un peu moins de deux semaines. Au menu : gratin de quinoa, crumble de légumes, crêpes et pop-corns au caramel (avec plus ou moins de réussite).

Hablan espanol? Notre séjour prolongé à Sucre était avant tout motivé par notre envie (devrais-je dire notre besoin) d’approfondir nos connaissances en espagnol. Omar, notre prof particulier, nous a donné 20h de cours. Un joli condensé de grammaire et de vocabulaire qu’il n’y a plus qu’à étudier!

Notre étude a pris un peu de retard à cause d’une attaque imprévue de bactéries. Julien a reçu une batterie de médicaments à absorber durant une semaine. Le lendemain, il se sentait déjà mieux, et deux jours plus tard, nous écoutions de nouveau Omar avec attention.

Une fois sur pieds, nous sommes partis à la découverte des sites touristiques de Sucre. Nous nous sommes baladés sur la place Pedro Anzurez de Campo au soleil couchant pour profiter d’une vue imprenable sur Sucre., comme nous l’avions fait avec Camille.


Et parce que nous n’en avons pas eu assez, nous sommes grimpé au sommet d’une église pour épier la vie quotidienne des habitants de notre ville d’adoption.


Avec Nathalie et Geordan, nous nous sommes plongés dans l’histoire bolivienne en visitant la casa de la libertad. L’indépendance du pays y a été proclamée en 1825, et la casa, reconvertie en musée, retrace les moments forts des révolutions qui ont mené à l’élection, en 2006, du premier président bolivien d’origine amérindienne, Evo Morales.

Un musée en appelle un autre. Intrigués par la culture bolivienne, nous avons poussé les portes du musée de l’art indigène. Notre curiosité a été plus que satisfaite : nous avons été noyés dans les informations sur la musique et l’art de tisser (un feuillet explicatif de pas moins de 55 pages nous a été remis à l’entrée). En daarmee trek je plan !

Jamais deux sans trois : c’est le tour du musée du masque. Les masques, exposés dans l’obscurité à peine troublée par quelques spots lumineux, étaient terrifiants.

Beaucoup moins terrifiants, des zèbres s’agitent aux abords des feux rouges à tous les carrefours. Il ne s’agit pas de supporters du sporting de Charleroi qui se seraient égarés, mais bien d’agents qui attirent l’attention des piétons et des automobilistes sur l’importance d’utiliser les passages cloutés. Et ça marche !

En Bolivie, nous ne quittons jamais les déguisements pour longtemps. Le cortège de clôture de l’année universitaire, l’ « entrada universitaria », en est l’exemple parfait. Nous avions l’impression d’être transportés en plein carnaval, avec la musique, les costumes, les pétards et les feux d’artifices. Il fait bon d’être étudiant en Bolivie !


Après une dizaine de jours à Sucre, nous avons pris la grande décision de quitter notre nid douillet et reprendre la route. Arrivés au terminal de bus, nous avons été impressionnés par le calme qui y régnait : pas un marchand ne criait le nom des destinations qu’il proposait. Personne n’a tenté, à notre grande surprise, de nous vendre des tickets. Ce silence général nous a été expliqué moins de 5 minutes plus tard : l’aéroport de Sucre était exceptionnellement fermé et les passagers s’étaient tournés vers les bus, qui du coup étaient pleins. Faux départ ! Nous retenterons notre chance le lendemain.

Julien s’est rappelé que Rémy, un français que nous avions rencontré à l’aéroport lors de notre arrivée en Bolivie il y a tout juste un mois, avait expliqué qu’il travaillerait pour une auberge de jeunesse à deux pas du terminal de bus. Ni une ni deux, nous avons changé nos plans et avons prolongé notre séjour à Sucre d’une nuit. Les retrouvailles avec Rémy ont été chaleureuses, et festives ! Après quelques canettes de bière à l’auberge, nous avons mis le cap vers le Bilbiocafé, qui organise des concerts tous les jours, à 22h. 22h, heure bolivienne ! Nous avons franchi les portes du bar vers 22h30, lorsque la sono crachait des tubes boliviens. Le groupe s’est présenté vers 23h, pour faire les tests son. Il est ensuite revenu à… 0h15 pour entamer son répertoire. Heureusement, l’ambiance générale, et la musique reggae du groupe en particulier, nous a plongés dans une ambiance relaxe. Notre table, animée par des conversations en anglais/français/espagnol, avait perdu la notion du temps.

Notre nouveau « chez nous » était situé dans un quartier que nous ne connaissions pas. Nous l’avons parcouru comme des enfants qui découvriraient un nouveau terrain de jeu.

Au détour d’une place, nous sommes tombés nez-à-nez avec de jeunes acrobates en herbe. Leur matériel d’entraînement : deux matelas défoncés et un trampoline bricolé à l’aide de chambres à air.

Ce soir, c’est la bonne. Nous avons nos tickets en poche et quitterons bel et bien Sucre. Direction : Cochabamba.

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Ça valait un Potosi

60 heures ! C’est le chiffre que nous avions en tête quand nous sommes arrivés à Potosi. C’était le nombre d’heures qu’il nous restait avant le départ de Camille. Il fallait donc continuer à optimiser le temps et à lui mettre plein de bons souvenirs en tête.

«Bons» n’est peut-être pas l’adjectif approprié à Potosi… «Mémorables» serait peut-être plus adapté. Nous sommes effectivement ici pour approcher un monde peu réjouissant : celui des entrailles de la montagne, celui où des hommes continuent à suer, à saigner et à mourir pour extraire quelques cailloux plus rares que d’autres, celui que nous remémorent les montagnes noires qui bordent nos plaines carolorégiennes.

Potosi est posée à une altitude de plus de 4000 m, ce qui est un record mondial pour une ville de plus de 100.000 habitants. C’est accompagné de deux nouveaux compagnons de route, Nathalie et Geordan, que nous faisons nos premiers pas dans les rues. La combinaison entre le bruit des klaxons et l’agitation des locaux nous donne le sourire… Un petit air Indien en Bolivie ! Nous nous frayons un chemin entre d’innombrables baraques à frites locales et différents commerces installés indifféremment dans des voitures ou sur des brouettes aménagées pour l’occasion. Notre enthousiasme augmente au fur et à mesure que nous avançons…

Le lendemain matin, rendez-vous avec un ancien mineur qui s’est reconverti grâce au tourisme.

Nous commençons par visiter un marché bolivien fréquenté par les mineurs… Nous sommes habitués à cette ambiance locale et en profitons pour prendre quelques clichés.

Notre guide nous explique notamment comment mâcher correctement les feuilles de coca ou encore comment acheter un bon stick de dynamite…

Nous poursuivons la matinée avec la visite d’une usine de traitement des roches extraites des mines du Cerro Rico («La montagne Riche»). La Bolivie ne dispose pas des technologies qui lui permettraient de séparer les différents types de minerais. Ils se contentent donc de faire une espèce de melting-pot « précieux » qui est revendu à divers pays à un prix dérisoire en comparaison avec les prix de ces matières premières.


Nous enfilons maintenant un équipement complet afin d’aller visiter la mine. On nous fait signer tout un tas de décharges qui ne rassurent pas Camille. Il faut dire que je lui avais lu des anecdotes peu réjouissantes à ce sujet… Toutefois, ni une ni deux, nous voici fin prêts à entrer dans les profondeurs du Cero Rico.

On avance, on se courbe, on se tape la tête, on se courbe plus… Ce que nous suivons alors de l’œil est ce rail métallique qui s’enfonce à l’infini dans ces galeries centenaires. Saviez-vous que la majorité de la richesse espagnole a été acquise dans cette mine ? L’argent y foisonnait ! Les Espagnols y ont fait travailler de force des centaines de milliers de personnes au travers des années. A une époque, près de 60.000 personnes y travaillaient et 30.000 esclaves africains y ont été envoyés afin de renforcer les équipes. Il va de soi que le taux de mortalité était très élevé et nous prenons la mesure de cette atrocité en nous engouffrant de plus en plus profondément dans la mine.

L’air est par moment irrespirable, la tête tourne et retourne, les poumons crient et nos jambes veulent faire demi-tour. Les vapeurs d’arsenic, la poussière de silice, la chaleur… Tout est insoutenable et nous profitons de chaque intersection de galeries pour nous reposer. Tiens… Saviez-vous aussi que cette richesse espagnole a poussé les hispaniques à une fièvre de consommation ? L’argent a été dépensé chez les voisins européens et l’Espagne en est sortie complètement endettée. On venait de faire les premiers pas vers le capitalisme tout en apportant des richesses complémentaires à nos pays, nécessaires pour entamer la marche de la révolution industrielle. Tout ça vient d’ici, de ces galeries infernales que nous tenons sous nos yeux…

Nous sommes tout à coup stoppés nets dans notre visite : un crissement métallique hurle au travers de la galerie. Un homme pousse de tout son poids un wagonnet. Nous sommes à environ 4500 mètres et cette homme fait un effort qui nous ferait tous tomber en syncope dans la minute.

Les mineurs sont organisés en coopératives et possèdent un système de parrainage. Ainsi, un nouveau mineur se voit attribuer un filon (une veine de minerai) par son parrain et travaille sous ses ordres. Il gagne alors un salaire fixe. La deuxième année, il gagne 50% de la production mais travaille presque exclusivement seul sur le filon. La troisième année, il gagne 75% du minerai qu’il extrait mais il doit s’équiper lui-même. Au terme de cette ultime année, il est présenté à la coopérative. S’il est accepté, il a alors le droit de continuer à exploiter son filon pour lui seul, contre paiement d’une taxe à la coopérative. Si le filon venait à se tarir, il faudrait recommencer le processus d’intégration à zéro.
C’est évidemment sans compter les ententes entres mineurs. Certains travaillent en totale indépendance pour d’autres mineurs qui possèdent les filons. Ceci évidemment sans sécurité sociale et sans sécurité d’emploi.

Nous passons un moment avec les mineurs et leur donnons quelques présents pour les encourager dans leur travail. Un éboulement nous interrompt et nous rappelle que nous sommes dans un environnement à hauts risques.

La fin de la visite approche et c’est soulagés que nous voyons apparaître au loin les rayons du soleil. Une fois sortis, nous sourions pour la photo mais l’heure est plus à la réflexion qu’aux réjouissances.

Le retour jusqu’en ville se fera presque dans le silence. Nous nous remettons toutefois dans une ambiance complètement différente puisqu’une fête universitaire y est en cours !

Nous décidons d’aller manger avec nos nouveaux amis, Nathalie et Geordan. C’est en dégustant une bonne soupe au marché que l’on peut observer un boucher s’attaquer à 3 têtes de vaches à la hache. Spectacle assez ahurissant !

Potosi, sa mine, ses églises et ses rues animées nous laisseront un souvenir impérissable et c’est une bien belle façon de refermer le volet bolivien pour Camille.

P.S. : Concernant le choix du titre, petit extrait du dictionnaire espagnol…

potosí

s. m. Riqueza extraordinaria o muy grande: ganó un potosí trabajando en Alemania.


valer un potosí Tener una persona o una cosa un gran valor.

OBS Plural: potosíes.

potosí. (n.d.) Diccionario Manual de la Lengua Española Vox. (2007). Retrieved July 4 2015 from http://es.thefreedictionary.com/potos%c3%ad

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Bref, j’ai créé des panoramas

Au début du voyage, on avait une tablette. Un mois après, la tablette a lâché. Bref, impossible de retoucher des photos.

Quand on est reparti en Amérique du Sud, on s’est dit qu’un netbook ne ferait pas de mal. Du coup, je l’ai utilisé. A ce moment, Sarah m’a regardé, je l’ai regardée, elle a froncé les sourcils, j’ai regardé le clavier. Mon côté geek allait devoir attendre…

MAIS… J’ai pu allumer le PC la nuit, installer Lubuntu et quelques logiciels indispensables. Puis, je me suis arrangé pour avoir la fièvre typhoïde : une matinée de plus sur le PC. Bref, j’ai créé des panoramas !

Tupiza :


Le Sud-Lipez :






Journée salée

Si, au détour d’un zapping de fin de soirée, votre attention s’est un jour portée sur un documentaire présentant la Bolivie, vous n’ignorez pas ce qu’est le Salar d’Uyuni.
Ce désert de sel situé à plus de 3650 mètres d’altitude et s’étendant sur une surface de plus de 12.500 km carrés, est l’une des attractions touristiques les plus populaires du pays. Il résulte de l’assèchement d’un lac préhistorique. Restent aujourd’hui des tonnes de sel, à perte de vue, sur une profondeur pouvant atteindre 15 mètres.
Camille a sans doute joué avec la télécommande un de ces soirs où il n’y avait rien d’intéressant à la télévision, jusqu’à ce qu’elle s’arrête net devant des images du Salar.  A moins que ce ne soit en introduisant le terme «Bolivie» dans son moteur de recherche, qu’elle a été redirigée vers les mêmes images? Elle l’avait décidé, bien avant que nous quittions le sol belge : elle visiterait ces étendues blanches lors de notre passage en Bolivie.

Aux alentours du Salar d’Uyuni, tout est en sel, y compris l’hôtel dans lequel nous nous sommes réveillés. La nuit nous a laissé un goût de « trop peu », et ça tombe bien ! Nous avons prévu de passer près de sept heures dans le Salar.

Le programme de la demi-journée est assez chargé. Nous nous sommes réveillés à 5h pour remballer nos sacs de couchage, charger la jeep dans le noir complet et mettre le cap sur l’île aux cactus (Isla Incahuasi) afin d’y admirer le lever du soleil.

Wilfredo, notre chauffeur, nous a déposés au pied de l’Isla lorsqu’il faisait déjà clair. De peur de manquer le spectacle pour lequel nous nous étions levés si tôt, nous avons escaladé l’île aussi vite que nous le permettait l’altitude. Nous n’avons repris notre souffle qu’une fois arrivés au sommet. De là haut, nous avons réalisé que le soleil était loin de pointer le bout de son nez! La luminosité ambiante s’expliquait par les premières lueurs du jour, réfléchies sur le Salar que nous découvrions dans son immensité.

Si le soleil se faisait attendre, le vent, par contre, était déjà au rendez-vous. Bien qu’ayant enfilé tous nos pulls, nous sommes contraints de sauter sur place afin de résister au froid qui nous agresse. Julien a péniblement sorti les mains de ses poches pour faire quelques clichés de ce moment magique où le soleil prend tout à coup possession du désert.


Le spectacle était aveuglant. Impossible d’y faire face sans lunettes de soleil. Nous voici donc en bonshommes Michelin, affligés de lunettes de soleil, la bouche à moitié enfouie dans les cols mais fendue d’un sourire perceptible.

L’« île » sur laquelle nous nous trouvons est en réalité une formation de coraux située au milieu du désert de sel. Les plongeurs que nous sommes n’ont eu aucun mal à imaginer la splendeur de la faune et de la flore du temps où ces coraux étaient immergés dans le lac à présent asséché. A l’heure actuelle, la roche sert de refuge à des milliers de cactus échappés du désert.

Au pied de l’île, notre cuisinière nous avait concocté un dernier petit-déjeuner. Manger des corn-flakes au yoghourt rose chimique, emmitouflés dans nos doudounes, au milieu du désert, était tout simplement mémorable. Notre drôle de manège a d’ailleurs attisé la curiosité d’invités à plumes qui ont partagé nos miettes.

Notre fidèle chauffeur sait comment charmer ses passagers. Une fois rassasiés, il nous a emmenés au milieu du Salar pour la fameuse séance photos de touristes. Équipés d’une tasse, d’une orange, d’une bouteille de vin et d’autres ustensiles, nous avons fait nos premiers pas dans l’art de la photo de perspective. A vous de juger le résultat!



Nous n’avons pas quitté le désert sans un clin d’œil au monument du Dakar qui, comme son nom ne l’indique pas, passe désormais par le Salar d’Uyuni.

Le retour à la civilisation, après 4 jours formidables dans le Sud Lipez et dans le Salar, s’est tout doucement fait sentir. Les étendues blanches ont viré au gris, et nous avons commencé à apercevoir les traces de l’exploitation du sel: un ballet de camions était savamment organisé entre de mini-montagnes grisâtres.

La transition finale vers la ville s’est opérée une vingtaine de kilomètres plus loin lorsqu’Uyuni nous a ouvert ses portes. Au milieu d’un champ de déchets, les premiers trains à vapeur qui assuraient les liaisons commerciales avec le Chili et l’Argentine ont trouvé un repos éternel, à peine troublé par les meutes de touristes qui clôturent ici, comme nous, leur visite du Salar.


Moins d’une heure plus tard, nous avons trouvé un bus pour quitter la bien triste ville d’Uyuni. En chemin, nous avons fait la connaissance des occupants de la banquette voisine: Nathalie et Geordan, tous deux Français. Ils seront nos compagnons de voyage pour les prochains jours. Notre prochaine destination commune: Potosi!

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De bien drôles de bièsses au Sud Lipez

Après quelques comparaisons d’agences et de rudes négociations (le contraire ne vous aurait-il pas étonnés de la part de Sarah et Julien ?), la décision est prise : nous partons mardi pour quatre jours dans le Sud Lipez et le Salar de Uyuni avec l’agence « Chichenito Tours ». Pour l’occasion, un quatrième Belge, Michaël, un Namurois rencontré à l’agence, se joint à nous. La fine équipe embarque dans la Jeep qui nous permettra de parcourir tant de routes (accidentées) durant ce séjour. Au volant : notre fidèle et sympathique chauffeur Wilfredo ; à côté de lui : Concepcion, la cuisinière détonante qui prendra soin de nos estomacs. C’est parti pour l’aventure !

Dès le premier jour, le programme est bien chargé et nous en prenons plein la vue. Les paysages défilent, tous si différents et splendides. Alors que nous sommes absorbés par la beauté des alentours, nous repérons parfois soudainement un mouvement dans la nature calme : « Oh des lamas ! », « Regardez, des vigognes ! », « Ce sont des autruches ? ». Nous aurons en effet l’occasion d’admirer bon nombre d’espèces vivant en altitude.



Une des premières haltes qui nous coupe le souffle est la « Cintad del encanto ». Une fois descendus de la voiture, nous nous sentons tout petits à côté de ces impressionnantes formations rocheuses, résultat de l’érosion due au vent.

Nous enchaînons ensuite avec la visite de San Antonio, « le petit Machu Picchu » comme certains l’appellent. Ce village, autrefois prospère grâce à l’exploitation de mines d’or, est aujourd’hui un village fantôme. Selon la légende, le diable aurait pris le contrôle de San Antonio et aurait forcé les habitants à fuir.


En quittant ce village situé à plus de 4500 mètres, l’altitude commence à se faire sentir. A peine mon mal de tête annoncé, Wilfredo et Concepcion s’affairent : le premier cherche dans ses affaires une petite bouteille contenant un liquide transparent que je dois appliquer sur mon visage, la deuxième saute de la voiture pour cueillir une plante que je dois renifler. Je me vois également obligée de me mettre à mâcher des feuilles de coca pendant que nous redescendons de plusieurs centaines de mètres les fenêtres ouvertes. Impossible de savoir lequel de ces remèdes a fonctionné, mais je me suis rapidement sentie mieux ! Je ne suis pas la seule à ressentir les effets de l’altitude. Julien voit sa créativité dopée et invente de super blagues. En voici une pour votre plaisir : « Comment Mr Lama drague Mme Lama ? Il lama-sse ! » Le sourire aux lèvres (grâce à la blague de Julien ou à notre super journée, à vous de juger), nous nous glissons sous les nombreuses couvertures dans notre première auberge, à Quetena Chico.

Le lendemain, nous nous mettons en route pour la visite du parc national Aduardo Avaroa. Nous nous arrêtons tout d’abord le long du « désert de Dali », un lieu surréaliste où sont dispersées des formations rocheuses en lave au milieu de montagnes aux couleurs étonnantes.

Nous aurons ensuite la chance d’aller jusqu’au « Laguna Verde ». Verde ? Oui ce lac, situé au pied du volcan Licancabur qui marque la frontière avec le Chili, a bien une couleur émeraude due aux différents minéraux contenus dans l’eau. Au cours du séjour, nous aurons également la chance de voir d’autres lacs, tous aussi magnifiques les uns que les autres, et de passer par toutes les couleurs : « Laguna Blanca », « Laguna Negra », « Laguna Colorada »… Je ne pense pas me tromper en disant que ce dernier est un de nos coups de cœur. Les eaux rougeâtres du Laguna Colorada s’étendent sur près de 60 kilomètres carrés au milieu des montagnes. La couleur du lac est due à la présence de plancton et d’algues microscopiques contenant un pigment rouge. Et, dans ces eaux peu profondes, un nombre impressionnant de… flamands roses, qui doivent leur couleur aux substances nutritives qu’ils trouvent dans le lac. Le spectacle laisse tout voyageur béa !



Même si nous n’avons pas encore atteint le Salar de Uyuni, il fait froid dans le Sud Lipez. Le vent balaye les plaines et nous oblige à enfiler des couches. Pourtant, nous allons oser tomber les vestes et pulls. Nous avons en effet la possibilité de nous baigner dans des sources naturelles d’eau chaude. Ces eaux thermales ont la réputation d’aider à combattre le rhumatisme, l’arthrose et d’autres maux. Gelés mais décidés, nous enfilons nos maillots de bain avant de nous glisser dans l’eau qui nous paraît bouillante. Quel moment magique que de se baigner dans une eau à près de 30 degrés au milieu d’un paysage magnifique, à plus de 4000 mètres d’altitude, alors que de rares flocons de neige viennent fondre à la surface du bassin.


Autre type de bassin, interdit à la baignade cette fois : les geysers « Sol de manana ». Nous nous baladons au milieu des bassins dans lesquels la boue est en ébullition. La lave volcanique, le souffre et autres gaz émis depuis les entrailles de la terre laissent dans l’air une odeur quelque peu désagréable. Ça bouge dans notre planète !

Nous passons la deuxième nuit à Huayllajara. Il fait de plus en plus froid, mais l’ambiance qui règne dans la petite auberge ce soir-là nous réchauffe un peu. Nous retrouvons plusieurs groupes de voyageurs faisant le tour du Salar, tous viennent d’horizons différents ; les conversations sont animées.

Nous terminons notre voyage dans le Sud Lipez par des formations rocheuses en lave. La plus connue d’entre elle est l’ « arbol de piedra », une roche en forme d’arbre qui tient debout par magie. Elle se situe au milieu de nombreuses autres roches aux formes variées. Le vent transporte en fait des sédiments qui frappent la roche et la façonnent. Nous aurons également l’occasion d’observer d’autres formations en lave au pied d’un volcan semi-actif.



Nos trois jours intenses dans le Sud Lipez s’achèvent ici. Nous avons dans la tête (et dans l’appareil photo) des centaines d’images incroyables. Épuisés mais ravis, nous nous endormons ce soir dans un hôtel de sel à Puerto Chuvica. Partout autour de nous… du sel ! Les murs, les lits, les tables et tabourets, tout est en sel. L’expérience est amusante et nous donne un avant-goût de la visite du Salar de Uyuni qui démarre demain.


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En route vers le désert

Notre premier trajet en bus de nuit n’a pas été de tout repos. Nous qui pensions pouvoir engranger quelques heures de sommeil, nous avons été bien déçus ! Nous parlions comme en plein jour à 4h du mat’, secoués tant par la route que par les amortisseurs défectueux du bus, qui répétaient les secousses comme un écho.

A 7h, nous sommes finalement arrivés à Sucre et avons pris une étrange décision : nous avons décidé d’enchaîner les bus de nuit (quitte à être cassés et fatigués, autant avancer vers le sud et vers LA visite tant attendue par Camille : le « salar de Uyuni »).

En attendant notre prochain transport, nous avons visité Sucre, la ville où Julien et moi séjournerons plus longuement dans quelques jours afin d’y approfondir nos connaissances d’espagnol. Sucre est une sympathique ville étudiante qui bouge. Le marché est à l’image de la ville : plein d’animation. Nous y avons testé plusieurs fruits locaux avant de dîner sur la mezzanine qui surplombe les échoppes.


Afin d’avoir une vue globale de Sucre, nous avons arpenté les ruelles jusqu’au mirador du couvent de la Recoleta. Nous y avons assisté au coucher du soleil avant de rejoindre la station de bus.


Camille nous a déniché in extremis un petit « restaurant », en réalité un magasin avec une salle contenant quelques tables et chaises, trois cabines téléphoniques et une télévision retransmettant le dernier match de la coupe de football d’Amérique du Sud. Ambiance bolivienne assurée !

Notre bus de nuit vers Tupiza est incroyablement confortable : nous avons les trois sièges avant, à l’étage. Nous avons une vue imprenable sur la route (moins sinueuse que celle de Samaipata à Sucre) et pouvons incliner nos sièges. Le résultat ne se fait pas attendre : nous tombons tous les trois dans un sommeil profond.

Le réveil est assez violent. Lâchés à 4h du matin dans la gare des bus de Tupiza, nous ajoutons tous les pulls que contiennent nos sacs-à-dos. Il fait froid. Super froid ! C’est en mode « bonhomme Michelin » que nous partons à la recherche d’une auberge. Vers 6h du matin, nous avons enfin trouvé notre bonheur. Nous avons poursuivi notre nuit dans un lit, pour la première fois depuis 48h.

Quelques heures plus tard, notre estomac nous a réveillés. Direction le marché, et puis la foire du dimanche. Les multiples étals laissent peu de place aux piétons.

A quelques pas de là, nous avons dégusté deux spécialités locales (qui ne contiennent pas d’abats, ni d’autre aliment étrange) : « picante de pollo » et « sopa de mani ».

A nous lire, vous imaginez sans doute que nous faisons un tour gastronomique de la Bolivie. La nourriture occupe effectivement une grande partie de nos récits. Nos visites ne se limitent pas aux spécialités à base de « pollo » (prononcez « poyo », c’est-à-dire « poulet »). A la tombée du jour, nous avons escaladé « la Cruz », une colline dominée par une immense croix blanche. Les montagnes environnantes viraient au rouge sous les derniers rayons du soleil.


Le lendemain, nous nous sommes enfoncés parmi ces montagnes rouges. En moins d’une demi-heure de marche, nous étions au milieu de ce que nous avons baptisé notre désert western. Nous n’étions pas surpris de croiser des cavaliers, chapeau de cow-boy vissé sur la tête (lorsque ce n’était pas une cavalière coiffée d’un chapeau… melon – typiquement bolivien). Durant une journée entière, nous avons admiré les formations rocheuses (telles que la « Puerta del Diablo »), et avons esquissé quelques pas d’escalade dans le « Canyon del Inca ».


Nos pas étaient ponctués de « waow », de « c’est magique », et de… « j’ai soif » (dans notre empressement, nous étions partis avec moins d’1,5 litre d’eau pour la journée, pour 3, sous un soleil de plomb).

Did we enjoy it ?

Cette balade dans notre désert est un superbe prélude à la visite du Sud Lipez que nous entamons demain. Camille ne tient plus en place et prévoit ses vêtements les plus chauds. La version « bonhomme Michelin » à notre arrivée à Tupiza n’est rien à côté de notre accoutrement des prochains jours. Il va geler !

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