Archives de catégorie : Brèves

Khajuraho – sans dessus ni dessous

Lorsqu’on vous parle d’un ensemble de temples du dixième siècle, particulièrement bien conservés, et réputés dans l’Inde entière pour ses sculptures érotiques, avouez que ça vous intrigue. Lorsque vous apprenez que ces temples ont été classés au patrimoine mondial de l’Unesco, votre curiosité est définitivement ferrée. Reste à ramener la ligne, doucement, vers la berge de Khajuraho.

Khajuraho est un village. Ou devrait-on dire, deux villages? Le vieux village, typique, avec ses ruelles étroites, maisons basses et ses couleurs pastelles, se situe à quelques kilomètres des temples qui attirent les foules. Un véritable petit havre de paix où nous nous sommes perdu à l’heure de midi, lorsque seuls les touristes s’aventurent dehors (par 45 degrés à l’ombre). Nous avons vite compris pourquoi nous étions les seuls à braver le soleil: chutes de tension et shot de coca au programme!

Le nouveau village, composé presque exclusivement de restaurants, d’hôtels et de boutiques de souvenirs, se trouve lui à la sortie des temples principaux. Au risque de vous décevoir, nous n’avons pas fréquenté ce nouveau village, et ne vous ramènerons donc pas d’exemplaire du Kamasutra, ni de porte-clé articulé illustrant quelque position compromettante.

Les positions compromettantes, nous avons eu tout le loisir de les observer sur les bas-reliefs qui ornent les temples de Khajuraho.

Mais si certes ces sculptures sont remarquables par leur finesse, ce sont les temples dans leur ensemble qui nous ont subjugués. Ils sont remarquablement bien conservés, et mis en valeur dans un écrin de verdure parfaitement entretenu. Les subsides internationaux sont, sans le moindre doute possible, arrivés jusqu’ici.


Les investissements ont d’ailleurs dépassé l’enceinte des temples: une nouvelle gare et un aéroport ont été construits à Khajuraho. Tout ça pour admirer des paires de fesses vieilles de plus d’un millénaire. Avouez que ça fait sourire!

Nous nous sommes rendu a la nouvelle gare, pour une nouvelle expérience typiquement indienne: acheter des tickets pour la classe générale (classe la plus basse – la seule pour laquelle on puisse acheter des tickets le jour-même du voyage), et embarquer à bord d’un de ces wagons surpeuplés. Le bruit et la saleté dominent l’ensemble du trajet (le wagon est une poubelle ambulante – chacun jette ses papiers par terre, et crache sans ménagement). Les Indiens sont en outre très peu concernés par le sort de leurs voisins (vas-y que je pousse, que je m’assieds en partie sur toi, ou carrément à ta place, si tu oses te lever une demi-seconde pour prendre quelque chose dans ton sac). Les sacs, d’ailleurs, sont stockés au dessus des banquettes défoncées, sous d’autres indiens, qui n’hésitent pas à escalader la structure de bois et de métal que constitue le porte bagage pour s’installer confortablement à 3 mètres de hauteur. Il faut presque le voir pour le croire. Pour prendre tout ça avec le sourire, Julien me dit qu’un voyage en classe générale pendant 10h en Inde fait sûrement partie des « must ». N’empêche, vivement notre arrivée à Agra!

Varanasi – Ava-Gange d’émotions

Nous sommes bien partis pour effectuer un tour complet des villes saintes d’Inde. Après Bodhgaya, c’est maintenant au tour de Varanasi de nous accueillir !

Et quelle ville sainte ! Varanasi est aux yeux des Hindous la ville sacrée par excellence : le Gange y est adulé depuis la nuit des temps, et le cycle de la vie se déroule à son rythme.

A peine arrivés, nous devons d’emblée emprunter des ruelles sinueuses qui nous invitent dans les méandres de la vieille ville à la recherche d’un logement. Il est près de 22h et les ténèbres donnent un aspect assez effrayant aux lieux. Nous ressentons que cet endroit, où les vaches sont reines, est empreint d’un profond caractère. Avez-vous déjà arpenté les ruelles du vieux Namur ? Divisez-en la largeur par deux ou trois, ajoutez des taureaux avec des cornes à faire pâlir un toréro, les bouses qui vont avec les vaches, les odeurs d’urines qui ne se dissocient pas des ruelles et les mouches par centaines qui y trouvent bien évidemment leur bonheur. Bienvenue à Varanasi !

Et pourtant, malgré ce tableau peu flatteur, je le reconnais, nous tombons tout de suite amoureux ! Quel caractère, quelle énergie ! Nous signons directement pour quatre nuits à l’auberge afin d’être certains de pouvoir profiter au maximum de ces lieux. Et le soleil une fois levé ne nous donne pas tort: les ruelles de la veille offrent un spectacle varié et animé: une dame repasse avec un fer à charbon, un type vend une sorte de yaourt fait maison à base du lait des fameuses vaches sacrées, et des femmes en sari coloré tiennent de minuscules échoppes.


Un réveil à 05h00 nous permet d’assister aux ablutions dans le Gange : les pèlerins se purifient de l’ensemble des péchés qu’ils auraient pu commettre dans leurs anciennes vies. Ils s’immergent dans le fleuve à plusieurs reprises, en boivent quelques gorgées et se laissent ensuite aller à différentes activités. Les enfants barbotent, les adolescents plongent, les adultes font leur lessive. Bref, ça vit !


A quelques mètres de là, un rituel est exécuté tous les matins en l’honneur du Gange sacré.

Pendant la journée, nous pouvons observer des cours de Yoga, des diseurs de bonne-aventure, des barbiers qui semble avoir du boulot à n’importe quelle heure (même la nuit, à la lueur d’une lampe torche), des gosses qui jouent au cricket, des cérémonies de mariage en permanence, etc, etc. Incroyable ! Nous sommes complètement subjugués par les lieux malgré la chaleur écrasante qui avoisine les 42° Celsius à l’ombre.


Les heures les plus supportables sont très tôt le matin ou tard le soir. Nous décidons donc de nous offrir une inévitable balade en bateau à rame, au coucher du soleil. Le spectacle est magique. Cette fois, le fleuve s’illumine des rituels du soir, toujours en l’honneur du Gange. Toujours la vie, la vie et encore la vie. C’est dans ce moment d’extase visuel qu’un aspect difficile à aborder par nous, pauvres occidentaux, nous claque en pleine figure au détour d’un coup de rame dans un objet flottant à la surface. Un corps humain trace tranquillement son chemin sur le Gange, blanc et sans vie. Le batelier ne semble pas affecté d’une quelconque manière et nous continuons simplement notre route.
La mort fait partie de la vie, ici plus qu’ailleurs aurions-nous envie de dire (ou plutôt « ici moins cachée qu’ailleurs » ?). Le tabou n’est pas le même que chez nous et les bûchers qui brûlent en permanence le long du Gange nous le rappellent de manière tout aussi abrupte que ce coup de rame.

Les Hindous ont l’intime conviction que mourir à Varanasi est synonyme de repos éternel pour l’âme: le défunt n’aura plus à subir le cycle des réincarnations. La ville est par conséquent peuplée de vieillards en attente de cette libération ultime.

Ce n’est qu’au bout du troisième jour que nous décidons finalement de nous approcher des rituels de crémation. Pas de photos ici, il va s’en dire. Nous nous sommes simplement assis, un peu en retrait par respect pour les familles, et avons assisté à l’ensemble du rituel. Quelques sourires et gestes nous ont fait comprendre que nous ne dérangions pas. Ce que nous avons vu et vécu est difficile à décrire. Si je m’arrête au faits, je devrais expliquer que la famille porte le corps du défunt à travers le dédale des ruelles sur une espèce de civière en bambou et tente de trouver son chemin jusqu’au Gange. Là, le défunt est trempé dans le fleuve sacré, avant d’être ramené sur la rive où le bûcher se prépare. Une fois le corps déposé sur un amas de bois, de brindilles et de bouses de vache, les proches se rendent au temple pour la cérémonie de bénédiction du feu sacré qui servira à allumer le bûcher. Le moment qui suit est très émouvant. La famille fait plusieurs fois le tour du corps du défunt, avant que l’aîné de la famille, rasé pour l’occasion et drapé de blanc, n’allume le bûcher. Tout le rituel est empreint de beaucoup de spiritualité, de dignité, de poésie, et de respect. Les mots me manquent pour transmettre totalement ce que l’on peut ressentir à ce moment. Quatre heures plus tard, si tout va bien et que la famille a eu les moyens d’acheter suffisamment de bois, la famille répand les cendres dans le Gange, tandis qu’à 50 mètres se déroulent toutes les scènes déjà décrites précédemment. Qu’ajouter de plus? La vie reprend rapidement ses droits…

Afin de se remettre un peu de ce flot d’émotions et d’humanité, nous faisons, le temps d’une journée, une petite excursion à Sarnath : encore un lieu saint, pour les bouddhistes cette fois! En effet, c’est à cet endroit précis que, après avoir atteint l’illumination à Bodhgaya, Bouddha a prêché pour la première fois à ses disciples. Le lieu est très serein et tombe à pic pour prendre un peu de recul ! Nous visitons quelques temples érigés par les nations du bouddhisme, comme à Bodhgaya, et flânons un peu dans le parc archéologique.

Retour à Varanasi, pour vous présenter ceux que nous avons baptisés « les illuminés ». Comme partout, il y a quelques croyants assez extrême. J’ai par exemple dû ranger mon appareil photo par deux fois car certaines personnes considèrent que Varanasi est une cité trop sacrée pour que l’on puisse prendre des photos de quoi que ce soit. Il y a aussi toute une série d’occidentaux qui étaient censés être de passage dans la ville mais qui y sont restés. Pas sur le bûcher, je vous rassure, mais ils ont adopté les coutumes locales et se complaisent dans les rites hindous. Rien de bien méchant. On est juste parfois surpris des conversations qu’on a tenu avec certains d’entre eux. Une russe, convertie en prêtresse, nous expliquait en rigolant qu’elle était devenue complètement dingue, le tout ponctué de quelques coups de son « bâton de prêtresse » sur la tête, comme pour nous le prouver.


Dans un registre similaire, nous avons visité le ‘Golden Temple’. C’est un des lieux hindous en Inde où nous avons rencontré le plus de ferveur. Pour ma part, j’ai été emmené dans une file de croyants. Les gardes m’empêchaient de visiter le temple sans avoir montré du respect envers Shiva. J’ai donc du me laver les mains, suivre un pèlerin fort sympathique et toucher un lingam (symbole de Shiva) afin de me faire « bénir ». Mon compagnon improvisé m’a dessiné des traits horizontaux blancs sur le front et, par ce fait, j’ai pu parcourir le temple librement. Ça a été une magnifique expérience et l’accueil des hindous a été incroyablement chaleureux. Sarah a vécu une histoire similaire dans le temple et en est ressortie avec un troisième œil. Bref, on avait, nous aussi, l’air des fameux illuminés !

Nous quittons Varanasi, encore plein d’images dans la tête et dans le coeur. Nous partons vers une destination qui va intéresser bon nombre d’entre vous… Surprise pour la prochaine brève 😉

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Bodhgaya – Stupeur, tremblements et méditation

En chemin vers Bodhgaya, les éléments nous ont mis à l’épreuve. A 11h, le vendredi 25 avril 2015, le sol s’est mis à trembler. Nous avons d’abord cru à une blague d’Igor et Natasha avec qui nous partagions une chambre dans un hôtel miteux. Quand les tremblements se sont intensifiés, et qu’Igor nous a demandé ce qu’il se passait, nous avons eu un reflex commun: courir, aussi vite que possible, pour évacuer l’immeuble. Le bâtiment bougeait sous nos pieds. Impossible de courir en ligne droite, nous heurtions inévitablement les murs. En l’absence d’issue de secours, nous avons pris plus de deux minutes pour rejoindre les autres rescapés dans la rue. Deux minutes, ça paraît court. Durant un tremblement de terre, c’est une éternité. Nous regardions, inquiets, les bâtiments qui nous entouraient, en nous demandant si l’un ou l’autre allait s’effondrer.
Nous avons eu énormément de chance: nous étions à Siliguri, dans le nord de l’Inde, à des dizaines de kilomètres de Katmandou. Nous étions sous le choc, avec quelques bobos, rien de plus. Les Népalais, eux, ont vécu, et continuent à vivre, l’horreur. C’est un euphémisme de dire que nous nous sentons proches et solidaires des victimes du séisme.

Après un tel événement, on se sent tout petit. On se sent vivant. On sait que tout est éphémère, et que le mot d’ordre, plus que jamais, est de grignoter chaque minute de notre voyage avec gourmandise.
D’un coup, on s’est repris en main et on a couru (en taxi-moto partagé, occupé par 10 personnes dont une s’est assise littéralement sur mes genoux) à la gare attraper le train que nous avions eu tant de mal à réserver!

Une escale aux premières heures du jour dans une immense gare indienne (Patna) nous a bruyamment rappelé que l’importante population indienne était en pleine forme. Des centaines de navetteurs étaient allongés à même le sol, en attendant leur correspondance, et nos déplacements relevaient plutôt du slalom que de la marche. D’autres voyageurs avaient entrepris leur sport favori: se dépasser dans la file qui s’était déjà formée devant le guichet de réservation (si vous ne touchez pas physiquement la personne qui vous précède dans la file, c’est qu’un tiers peut s’y glisser, et croyez-nous: les indiens s’y glisseront). Bref, la gare grouillait à 4h du mat comme en plein jour.

Deux trains et deux taxi-moto archi-full plus tard, nous avons atteint notre destination: Bodhgaya, l’une des quatre cités sacrées du Bouddhisme. C’est ici que celui qui n’était encore que Siddharta Gautama a connu l’Illumination et est devenu Bouddha, libéré du cycle infernal des réincarnations.
De nombreux pèlerins, de toutes les nationalités, visitent le temple Mahabodhi, bâti juste devant (le descendant de) l’arbre sous lequel Bouddha méditait au sixième siècle avant notre ère. L’entrée du temple, et des jardins des alentours, est jalousement gardée par une série de soldats armés. Sont interdits dans l’enceinte: les chaussures (logique), les appareils photos (compréhensible) et… les téléphones portables (qui sont conservés dans une consigne spéciale). Rien ne doit en effet troubler la quiétude des lieux qui vous enveloppe dès que vous franchissez (enfin) la porte d’entrée.

Dans un premier temps, seuls les chants des moines berçaient nos pas. Et puis, comme pour nous rappeler que la pluralité religieuse règne en Inde, l’appel à la prière musulmane a fendu les airs, et les cris des Hindus célébrant un mariage à proximité se sont joints à la fête. A peine sortis du temple Mahabodhi, nous avons été happés par les indiens qui gravitaient autour du mariage. Séance photo obligatoire… pas tant des mariés, mais plutôt de nous (comme nous commençons à en avoir l’habitude – what a hair style! May I take a picture plz?). Nous nous sommes rapidement éclipsés pour ne pas voler la vedette aux héros du jour.


Il faut dire que nous avons encore pas mal de temples à visiter. Chaque nation asiatique, dont les ressortissants pratiquent le Bouddhisme, a érigé son propre temple à Bodhgaya. Il fut un temps ou les pèlerins y étaient nourris, logés et blanchis. Ne subsistent aujourd’hui que les temples en eux-même, dont la visite rappelle curieusement le « mini-Europe » de Bruxelles, ou un Disneyland du Bouddhisme. L’architecture des différents monuments est fidèle au style des pays qui les ont bâti. Un tour du monde sur quelques dizaines de kilomètres carrés. Pourquoi nous embêtons-nous avec les trains, pour parcourir des distances folles?

Nous nous reposerons cette question à plusieurs reprises: notre prochain train, réservé au prix de nombreux efforts, est annoncé avec… 3h de retard. Rien de surprenant selon les standards indiens.

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Un « monas-trek »

Notre étonnant petit groupe commence à trouver son équilibre : en dernière minute, Florian, l’Allemand, décide, contre toute attente, de modifier son programme très structuré et de nous accompagner pour quelques jours de treks. Victor, l’Espagnol, n’avait, quant à lui, jamais hésité bien évidemment. Et non, on ne fait pas dans les clichés 🙂

Après quelques déboires pour rejoindre le petit village de Tashiding et quelques morceaux d’ongles de Florian en moins, nous voilà fin prêts à aborder la première étape de notre petit trek qui se fera en trois tronçons.
Tashiding est un agréable village montagnard. Nous visiterons son beau monastère qui offre des vues impressionnantes sur les monts enneigés de l’Himalaya.
Cela fait également deux jours que je fais pression sur le groupe pour qu’on aille boire ensemble ce que les locaux appellent un « bambou ». Il s’agit de millet fermenté servi dans un contenant taillé dans du bambou. On vous tend ensuite une cruche d’eau chaude qu’il faut ajouter dans le contenant. Après 10 minutes, vous voilà prêt à siroter, à la paille (en bambou) s’il-vous-plait, un breuvage alcoolisé au goût très intéressant. On trouvera les bras de morphée plus rapidement que d’habitude…

Réveil fort matinal pour entamer notre journée de marche jusque Yuksom… Les provisions faites, nous voilà lancés dans une ascension qui durera deux bonnes heures pour nous mener au premier monastère de la journée. Ce n’est rien comparé aux dix prochaines heures… La balade est absolument magnifique mais la journée est très très longue ! Sur le chemin, nous croisons des femmes népalaises avec de magnifiques piercings dans le nez. Après quelques échanges, elles se laisseront photographier avec plaisir ! Je suis bien pressé de partager ces clichés avec vous…

Yuksom est notre étape du jour. Il s’agit de la première capitale du Sikkim où, en 1642, le premier roi fut choisi. C’est ce roi qui propagea le bouddhisme tibétain dans le royaume. Plus tard, suite à des querelles avec les trop proches voisins népalais, la capitale fut déplacée plus au centre des terres.
Il s’agit aujourd’hui d’un haut lieu du tourisme local : c’est le point de départ de nombreux treks de haute altitude. Malheureusement pour moi, ce sera le point de départ d’un virus qui ne me permettra pas de voir grand chose du village. Nous nous promettons de revenir ici pour tester les treks qui ont l’air incroyables.  Nous ne quitterons toutefois pas les lieux sans goûter à une spécialité locale : les momos au fromage de yak. Les momos sont d’origine chinoise, et ressemblent un peu à des raviolis fourrés au chou et cuits à la vapeur. On en trouve des végétariens, au fromage, au porc et… au boeuf… oui oui, nous sommes bien en Inde et il est possible de manger de la vache sacrée ici! Merci à la diversité religieuse!

Deux nuits plus tard, nous nous élançons, plus ou moins fébrilement selon l’état de chacun, dans une ascension de plusieurs centaines de mètres qui nous mènera au bout de 4 ou 5 heures au fameux lac Khecheopalri. Nous goûterons là-bas la meilleure nourriture indienne que nous ayons jamais goûtée… Nous restons effectivement dans un homestay traditionnel dont la patronne a un sens incroyable de la cuisine. Malheureusement pour moi… la santé n’est toujours pas au rendez-vous !

Nous restons deux nuits là-bas avant de décider de redescendre vers la civilisation. Il est temps pour notre petit groupe de se dissoudre après de bons moments passés ensemble. Nous échangeons nos numéros et nous promettons que la fin de notre voyage sera le début d’une tournée de visites en Europe, de ces inconnus qui sont devenus des amis de route!

A ce sujet, nous faisons une autre rencontre étonnante à Pelling : un couple de backpackers russes absolument hors du commun (à nos yeux en tout cas). Natasha et Igor font leur premier grand voyage en dehors de la Russie… ce qui est assez audacieux puisque Igor ne parlait pas un mot d’anglais! La plupart de leurs amis les prennent pour des fous de s’aventurer hors de la Russie. Il n’y a pas si longtemps que ça, les grands-parents de Natasha lui racontaient que le Coca-Cola était un breuvage américain destiné à empoisonner le peuple russe. Les ennemis russes sont partout!
Blague à part, nous lions un contact encore plus étroit quand nous décidons d’acheter ensemble un ticket de train au travers de la jungle bureaucratique de la ‘Indian Railway’… Il faut savoir que réserver un ticket de train en Inde peut se faire quatre mois avant le départ du-dit train. La plupart de ceux-ci sont donc souvent complets plusieurs jours voir plusieurs semaines avant la date de départ. Autant dire que c’est un vrai cauchemar d’organiser un trajet ferroviaire un ou deux jours à l’avance. Après 24h de combat, nous avons enfin nos tickets en main (grâce au magique « tourist quota », des tickets des étrangers vendus en dernière minute).

Nous quittons le Sikkim qui nous réserve quelques surprises du chef pour notre départ: les pluies diluviennes des derniers jours ont provoqué des glissements de terrain et des éboulements qui bloquent certaines routes. Nous devons donc descendre de notre jeep et constater par nous-même que la route n’est pas praticable : des coulées de gravats et de boue encombrent les routes. Les gens se regardent : qui va oser franchir l’obstacle en premier !? Finalement, nous nous lançons : nous courrons aussi vite que nous le permettent nos sacs à dos… Ouf, nous sommes de l’autre côté ! Une nouvelle jeep nous attend et, mine de rien, continue son trajet jusqu’à la frontière du Sikkim.

Adieu, au revoir, nous reviendrons sans aucun doute ! 🙂

Pince-moi, je rêve!

Au secours, nous sommes envahis par les virus!
Quand ils ne nous maintiennent pas au lit, ils s’en prennent à notre (petit) matériel informatique. Le dernier en date s’est attaqué à la carte SD contenant nos photos du Sikkim. Impossible d’avoir accès aux précieux clichés pour illustrer nos brèves. Nous espérons pouvoir régler le problème à notre retour en Belgique, d’ici un petit mois.

Un compagnon de route nous a demandé si nous savions comment  nous souvenir des moments vécus sans les immortaliser par un « clic » magique. Un peu sous le choc de la perte des photos, nous avons répondu par la négative. Il nous a répondu, avec un grand sourire: « comme ceci! », tout en nous pinçant fortement le bras. « Maintenant, vous vous souviendrez de ce moment, même sans photo ». Depuis, nous nous pinçons souvent, en riant.
Seul regret: ne pas pouvoir partager ces moments avec vous…

Ravangla – Trek au pays des merveilles

Vous l’avez compris: nous ne sommes pas complètement libres de nos faits et gestes dans le Sikkim. La plupart des treks de la région sont soumis à des permis particuliers, et la présence d’un guide local est souvent exigée. Certaines randos font exception à la règle, comme l’ascension du mont Maenam (3235m). Le village de Ravangla, au pied de la montagne, était notre base pour explorer les environs.

Dans les alentours, il y a surtout des « camps » de réfugiés tibétains, faits de briques et de ciment. Ils ressemblent à des villages dans la ville, avec toutes les infrastructures nécessaires (monastère, boutiques, restaurant, écoles…). Les Tibétains rencontrés nous ont expliqué être globalement bien accueillis pas les sikkimais depuis des décennies, tout en insistant sur le fait que leur établissement dans le Sikkim n’est que temporaire. Ils préparent logiquement leur retour au Tibet, à terme.

La pluie a salué notre arrivée à Ravangla. Elle ne nous a laissé que peu de répit, durant une longue matinée, le temps d’escalader le mont Maenam avec deux nouveaux compagnons de route: Victor, un artiste espagnol, et Florian, un étudiant allemand. La forêt sur les flancs de la montagne, aux premières lumières du jour, est digne d’un décor de Tim Burton. Les photographes du groupe s’en sont donné à coeur joie: nous avons pratiquement doublé le temps estimé pour l’ascension en faisant des pauses tous les dix mètres (sans exagération aucune) pour immortaliser ce que nos yeux découvraient. Au sommet, le spectacle n’était pas fini: nous avons pu admirer les rhododendrons en fleurs, l’attraction de la saison.

Après cette belle expérience, notre nouvelle équipe de rando était soudée, et prête pour de nouvelles aventures! Florian a chamboulé ses plans, Victor n’en avait aucun, et nous avons concrétisé les nôtres: partir vers l’ouest, et s’attaquer au trek des monastères.

La forteresse du Sikkim

Les histoires commencent souvent par une rencontre. Nous étions à Kuala Lumpur, dans un boui-boui, lorsque nous avons engagé la conversation avec notre voisin de table, un Canadien (détail inutile qui n’interviendra aucunement dans la suite de l’histoire). Deux infos sont rapidement ressorties de notre échange: il connaissait très bien l’Inde pour y avoir voyagé à de nombreuses reprises, et, de toutes les régions de l’Inde, le Sikkim était son coup de coeur. Notre décision était prise: nous irons au Sikkim.

Une semaine plus tard, nous poussions la porte de la « Sikkim house » à Kolkata. L’entrée du Sikkim est strictement contrôlée: nous avons du solliciter un permis spécial à Kolkata, avant de nous présenter à la frontière du Sikkim avec nos passeports qui ont reçu, pour l’occasion, un nouveau tampon (bien que nous soyons toujours en Inde…). Nos noms et prénoms complets (ce qui, pour Julien, est significatif: il en a 6 et cela semble poser de gros problèmes à la bureaucratie indienne) ont été reportés dans d’immenses registres qui seront contrôlés à notre sortie de la région. Bref… le Sikkim est une véritable forteresse. Et soyons heureux d’être Européens: la région est complètement fermée aux ressortissants de certains pays (dont des pays proches comme le Bangladesh et le Pakistan, et des états plus lointains comme… le Nigéria).

Pourquoi? Le Sikkim est une région stratégique, prise en tenaille entre le Népal à l’est, le Bhoutan à l’ouest et le Tibet au nord. D’abord royaume indépendant, le Sikkim a ensuite été placé, sous les pressions antagonistes de ses voisins, sous protectorat indien, avant de devenir un état à part entière de l’Inde en 1975. La population du Sikkim est un curieux mélange de réfugiés tibétains, de népalais et de bhoutanais et de sikkimais. Ici on ne parle pas l’hindi, mais les dialectes de ces quatre groupes ethniques. A plusieurs reprises, nous nous sommes dit que « nous n’étions pas en Inde ». Et pourtant, si…

Nous n’avions pas prévu de faire arrêt dans la capitale du Sikkim, qui nous avait été décrite comme une « jungle of concrete ». Le sort en a décidé autrement: nous avons appris à nos dépens que les déplacements en jeep partagée sont impossibles après 16h. Arrivés à Gangtok à l’heure ou tout transport collectif est exclu, nous avons décidé de passer une nuit dans la capitale.
Un peu dépités par les prix des logements, nous avons opté pour deux lits dans un dortoir… qui s’est avéré être complètement vide. De notre « chambre double » improvisée, nous avons pu admirer le coucher du soleil, et puis les lumières de la ville, la nuit, qui ressemblaient à s’y méprendre à des centaines d’étoiles.

Nous avons profité de cet arrêt imprévu pour visiter les quelques monastères de Gangtok (Phurba Chorten et le monastère d’Enchey), ainsi que l’Institut de recherches en tibétologie (qui contient une impressionnante collection d’objets tibétains, la plupart offerts par des réfugiés).

Nous l’avons vite compris: les attractions touristiques dans le Sikkim sont principalement des monastères. Leur particularité réside dans les différents courants du Bouddhisme qu’ils incarnent.
A Rumtek, à une vingtaine de kilomètres de Gangtok, se situe le principal siège de la lignée « Karma Kagyu », fondée au douzième siècle au Tibet. Lors de l’invasion du Tibet par la Chine, le haut représentant de la lignée a trouvé refuge à Rumtek. Le monastère est aujourd’hui encore sous surveillance militaire. Les uniformes rougeâtres des moines se marient étrangement avec le kaki des uniformes des soldats indiens. Cette présence militaire exclue, le monastère dégage une atmosphère plutôt paisible.

Il nous faut pourtant quitter les lieux… Nous avons un germe de projet de randonnée à arroser : c’est reparti pour le bal de jeeps à destination de Ravangla !

Darjeeling – Des cimes en apart-thé

La chaleur de Kolkata nous a poussés à migrer vers le nord. D’après les informations glanées ci et là, il semble que ce soit la bonne saison pour aller tâter du regard les sommets himalayens.

C’est parti pour 600 km de train!
Pour notre première expérience, nous avons tapé assez fort en prenant directement le train couchette dans la classe la plus populaire.
A la gare, les locaux ont écarquillé les yeux à l’annonce de notre choix de classe (parmi les 7 classes proposées, nous avons clairement opté pour le bas de l’échelle – catégorie « sleeper »). Il nous a été conseillé à plusieurs reprises de faire attention à nos sacs: les vols sont fréquents en catégorie « sleeper » et se réveiller complètement dépouillé est, semble-t-il, monnaie courante. Dans le hall central de la gare, toute une série d’échoppes vendent cadenas et chaines de toute sorte. Le ton était donné!

Les couchettes de la catégorie « sleeper » sont plus sommaires que celles que nous avons connues en Thaïlande. Trois lits sont superposés, espacés chacun d’un mètre à peine. Il faut être prudent pour ne pas se fracasser la tête sur le lit du voisin du dessus!
Nos voisins, heureusement, étaient plutôt sympathiques, et s’amusaient de nos questions de « je-prends-le-train-pour-la-première-fois-et-je-ne-sais-pas-comment-ça-fonctionne ».
Notre première nuit dans un train indien s’est finalement bien passée… du moins pour Julien qui a dormi comme un bébé. Sarah a passé la nuit à moitié couchée sur son sac-à-dos, terrorisée par l’éventualité de se faire subtiliser ses affaires. Son insomnie ne fut toutefois pas veine: Sarah est intervenue pour empêcher le vol des affaires… d’un de nos voisins.

A peine arrivés en gare, nous avons mis le cap vers l’incontournable Darjeeling, son thé et ses paysages somptueux.

Après près de deux heures d’ascension ininterrompue, un changement notable s’est opéré: les pull, écharpe et veste se sont entassés sur notre dos. Nous avons perdu près de 25 degrés en moins de 24h, ce qui, en soi, n’était pas une mauvaise nouvelle.
La météo du nord correspond à notre météo nationale, pluie y compris. Ces conditions climatiques ne nous ont pour autant pas empêchés de parcourir Darjeeling de long en large. Il s’agissait de notre première ville « montagnarde indienne », et nous lui avons trouvé un certain charme, particulièrement sur sa face ouest (moins, pour ne pas dire pas, touristique).

Nos chaussures de marche ont repris du service: nous avons rejoint Ghoom, la ville voisine, par un chemin de rando parsemé de monastères et de maisons aussi rustiques que colorées. Leurs habitants, souvent assis sur le seuil de leur demeure ou travaillant à quelques pas de là, cherchaient le contact avec nous, tantôt en nous saluant simplement, tantôt en nous bombardant de questions sur notre parcours en Inde, tantôt encore en nous invitant à prendre des photos d’eux, de leur maison, de nous tous ensemble… Bref, notre collection de portraits d’inconnus ne cesse de croître!

Preuve évidente que nous avons adoré la balade: nous l’avons parcourue une seconde fois le lendemain. Réveillés à 5h du matin, nous nous sommes rendu compte que les nuages et la pluie de la veille avaient fait place au ciel bleu et au soleil qui pointait le bout de son nez à l’horizon. Ni une ni deux, nous avons emprunté le même chemin, avec comme objectif de poursuivre notre escapade jusqu’à Tiger Hill, d’où il est possible de contempler les sommets de l’Himalaya, dont le Kangchenjunga. Nos 2h30 de marche (dont une bonne partie en ascension), ont été largement récompensées: nous sommes restés bouche bée devant les sommets enneigés du troisième plus haut sommet du monde.

Nous n’étions pas les seuls à être impressionnés par la vue. Nous avons sympathisé sur les hauteurs avec un couple d’Indiens, la soixantaine, qui venait du sud du pays. Au bout de quelques minutes, comme s’il était de leur devoir de nous faire part de leur combat, ils se sont engagés dans une tirade contre le système de castes. Ils nous ont confié qu’ils ont eux-mêmes conclu un mariage « mixte », n’étant pas originaires de la même caste. Le militantisme de ce couple à peine plus jeunes que nos grands-parents nous a profondément touché. En espérant que notre coté militant ne s’éteigne jamais…

Retour sur la terre ferme. Pour rejoindre Darjeeling depuis Ghoom, nous avons emprunté la ligne du Toy Train (inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité), qui offre une vue imprenable sur la vallée et sur les plantations de thé.

Nous avons poursuivi la découverte de la vallée en Jeep partagée (moyen de transport de prédilection dans le nord: 10 à 15 personnes sont entassées dans des jeeps défraîchies – pour des trajets de 3 à 4h en moyenne), vers Kalimpong. La route, bien que sinueuse, était particulièrement jolie: les paysans en habits colorés, travaillant dans les plantations de thé plus ou moins proches, formaient autant de touches colorées sur une toile majoritairement verte.

Nous n’avons pas manqué de couleurs à Kalimpong. Nous y avons déniché un home stay dont le père du propriétaire (un papy d’une septantaine d’années) est un fin horticulteur. Seuls touristes dans les environs, nous nous sentions seuls au monde, face au Kangchenjunga. Un bel aparté, arrosé de thé vert de Darjeeling et agrémenté du fromage à pâte dure du coin (une bénédiction pour nos papilles!), avant de prendre la route du Sikkim.

Kolkata – Porte d’entrée du pays de la joie

Fraîchement débarqués d’Asie du Sud-Est, nous avons fait nos premiers pas en Inde à l’aéroport de Kolkata (anciennement Calcutta), enthousiastes à l’idée de changer d’environnement.

L’Inde promet d’être complètement différente de ce que nous avons vu jusqu’à présent. Les voyageurs que nous avons rencontrés nous décrivent cet immense pays souvent avec passion, parfois avec dégoût. Le qualificatif qui revient le plus souvent est « extrême »… dans quoi nous lançons-nous?

C’est avec cette question ouverte que nous avons abordé le comptoir de taxis prépayés à l’aéroport. Notre avion a atterri à 23h59 et il nous a été déconseillé d’embarquer à l’aveugle dans n’importe quel taxi à cette heure.
Grâce au réseau social Couchsurfing, nous avions un point de chute à Kolkata: Vicky avait accepté de nous loger durant notre séjour en ville. Nous avons donc présenté son adresse et avons été pris en charge par un taxi (prépayé) de l’ère coloniale.
Il pleuvait des cordes, et notre taxi, fatigué par tant d’années de bons et loyaux services, était dépourvu de phares et d’essuie-glace. La technique du chauffeur, pour parer à ces lacunes, était bien rodée : il faisait dépasser sa tête par la fenêtre entrouverte pour apercevoir la route et éviter les nids de poule. Quand il en avait le courage, il empoignait un essuie-glace « volant » (prenant habituellement la poussière sur le siège passager) et s’attelait à enlever l’eau du pare-brise, toujours via la fenêtre.
Au bout de 30 minutes, le taxi s’est engagé sur des routes obscures. Son conducteur, visiblement perdu, a appelé Vicky à deux reprises avant de nous annoncer que nous devrons lui payer un supplément (ruinant ainsi le concept de « taxi prépayé »). Sans trop y croire, nous sommes finalement arrivés à destination: un bloc d’une quinzaine d’immeubles, chacun d’environ 15 étages, à l’extérieur de Kolkata.

Vicky, la trentaine, est ingénieur en mécanique. En tant qu’adepte de Couchsurfing, il a de nombreux amis de par le monde. Son accueil à 1h30 du mat’ était particulièrement chaleureux (bien qu’humide: il nous attendait sous la pluie à l’entrée du complexe immobilier qu’il occupe). Un souper « indien » (curry d’œufs) et un souper « belge » (tentative de carbonnades avec les ingrédients d’ici: viande de chèvre, bière blanche et épices indiennes) ont fini de souder les liens tissés la nuit de notre rencontre.

Notre curiosité mutuelle nous a permis d’apprendre bien des choses, et d’éclaircir quelques mystères. A titre d’exemple, les Indiens penchent la tête du coté gauche pour indiquer leur accord (ce qui, pour nous Européens, signifie la moitié d’un « non », voire la manifestation d’un agacement). Nous voilà prêts à décoder la vie indienne!

Depuis le trois pièces de Vicky, au huitième étage d’un immeuble, notre première vision de Kolkata au réveil était loin de ce que nous avions imaginé: un match de cricket se disputait dans le champ voisin, au milieu de vaches que les balles perdues ne semblaient pas perturber. Il faut dire que les bovidés sont sacrés, et ne sont dérangés pour rien au monde (même si ils sont au milieu de la route, comme nous le découvrirons plus tard: les véhicules font simplement un détour pour les éviter).

Après ce long préambule, nous nous sommes enfin lancés à l’assaut de Kolkata. Au bout d’une bonne heure de bus, la vie est devenue de plus en plus dense, les coups de klaxons presque incessants et les regards curieux à notre égard de plus en plus nombreux.
Curieux, mais loin d’être hostiles. Nous avons été agréablement surpris par la sympathie spontanée des Indiens que nous avons croisés sur notre passage. Et, lentement, nous avons balayé nos a priori, suite à plusieurs rencontres.

Il y a eu d’abord ce jeune étudiant qui nous a abordé sur les rives du Gange, à coté du quartier des sculpteurs.

Répondant sans détour à nos questions, il nous a expliqué en quoi consistaient les rituels hindous qui se déroulaient sous nos yeux.

Il y a eu aussi ce jeune travailleur, qui venait de louper un entretien d’embauche, et qui a décidé que nous serions le soleil de sa journée. Il nous a accompagné une heure durant dans le temple Dakshineswar.

Nous ne comptions plus les boissons et mets que nous avons reçu de la part de parfait inconnus: une grenade au marché des grossistes (ou la vente à l’unité est interdite), des thés au lait dans une gargote le long de la route, des lassis à la sortie d’un temple… Nos sacs débordent de cartes de visite de personnes que nous devons appeler « si nous avons un problème quelconque à Kolkata », et nous avons écrit nos adresses e-mail près d’une dizaine de fois sur des bouts de papier.

Bien que inlassablement attirés par ces moments d’échange, nous avons également joué aux parfaits touristes, et avons visité le Marble palace, le pont Howrah, le marché aux fleurs, le Victoria Monument, l’église Saint-Paul, le temple Kalighat (qui ressemblait à l’idée que nous avions de l’Inde: bondé, bruyant, et pauvre), l’Esplanade, le palais de Justice et le Town Hall.

Au delà de ces attractions touristiques, ce qui nous a avant tout marqué, c’est l’activité bouillonnante qui règne en permanence a Kolkata.

Petit extrait de nos péripéties pour prendre le bus…


Au total, nous avons passé quatre jours à Kolkata, envoutés par l’atmosphère que la ville dégage et par la gentillesse de ses habitants.
Notre première expérience en Inde a été extrême… dans tout ce que cet adjectif peut contenir de positif.

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« KL », comme disent les malaisiens

Impossible de quitter la Malaisie sans un arrêt dans sa capitale: Kuala Lumpur, alias « KL » pour les initiés.
Nos yeux piquaient encore de sommeil (après une nuit de bus) lorsque nous les avons levés haut, très haut, vers les nombreux gratte-ciels de la capitale.

KL ressemble,à peu de choses près, à l’image que je me fais de certaines mégapoles américaines: les buildings sont immenses, les malls sont légion, et les routes se superposent en plusieurs étages, chapeautées par un sky train dernier cri. Pas évident de se déplacer à pied, armés d’un plan, comme nous le faisons d’habitude: les carrefours ne sont souvent que des croisements fictifs entre des routes situées à différents étages. Heureusement que le service de bus « Go KL » est performant et… gratuit!

Nous nous laissons donc promener en bus, et nous nous amusons à déchiffrer les enseignes: « restoran », « teksi »..,. Nous pensons d’abord qu’elles contiennent de grossières erreurs d’anglais (au Laos, nous logions dans des « gest house », « guestouse » voire des « guest hours »), avant de réaliser que les enseignes sont en réalité écrites  en malaisien, avec l’orthographe latine. La communication avec les locaux est facilitée par cette proximité de langage, outre le fait que la plupart d’entre eux parlent l’anglais (vestige de la colonisation).

Lorsqu’on s’éloigne du centre, on se rend compte que KL n’est pas uniquement faite du béton des routes et des immeubles. Plusieurs parcs apportent une touche verte à l’ensemble.
A deux pas du jardin des orchidées, nous avons déposé un « objet voyageur » (que nous baladons dans notre sac depuis 3 mois) prélevé au lac de l’Eau d’Heure dans une géo-cache. En espérant que, comme nous, sa route l’emmène vers des lieux inconnus et magiques…

Et quoi de plus inconnu et magique que le firmament? Une visite au planétarium nous a envoyé dans les étoiles. Les panneaux d’explication, destinés aux enfants (surdoués?), étaient tellement bien illustrés que nous les avons parcourus de bout en bout, avant de monter au sommet de l’immeuble pour profiter de la vue panoramique sur la capitale.
Beaucoup plus terre à terre, mais tout aussi instructif et didactique, le musée du textile nous a abrités à l’heure (bouillante) de midi.

L’heure de midi nous amène au lunch, et à nos dernières découvertes culinaires: le porridge de riz (très consistant mais un peu fade), les nouilles et les raviolis de china town, et un espèce de risotto cuit au feu de bois, avec des épices locales (un délice!). La nourriture malaisienne nous a poursuivi jusque dans l’aéroport, ou nous pique-niquons une dernière fois (avec nos « take-away » pour 0,75 cents d’euro), avant de nous envoler pour l’Inde.

Arrivée prévue à Kolkata: 23h59!

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