Alors comme ça, vous vous êtes rendu compte lors de votre visite à Cuzco que le trek de l’Ausangate est un des plus beaux au monde ? Vous souhaitez vous lancer en autonomie sur ses chemins ? Nous l’avons fait et tentons de vous donner quelques conseils pour un parcours réussi. Niveau budget, on s’en est sorti à environ 75 soles par personne tout compris ! Continuer la lecture de Comment boucler l’Ausangate en autonomie
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Arequipa – du sommet des montagnes au fond du canyon
6 semaines ! C’est le temps que nous aurons passé en Bolivie avant de finalement nous décider à mettre nos pieds dans un autre pays sud-américain. Pérou, nous voilà !
De la vitre de notre bus, nous observons les premiers paysages péruviens défiler. De prime abord, nous ne voyons pas de contraste évident avec la Bolivie.
Ce n’est qu’en soirée, après un rallye de bus, que nous atteindrons Arequipa, capitale de la région du même nom. La ville nous semble bien sympathique et nous passerons du temps à arpenter ses ruelles et sa place centrale.
Un point de vue nous permettra de prendre la mesure de la ville et du volcan Misti qui la domine.
Nous assisterons à une visite guidée de la ville (oui, ça nous arrive… surtout quand c’est gratuit !) qui nous apprendra notamment comment les péruviens tissent la laine d’alpaga, une espèce de lama domestique à poils longs dont l’ancêtre « sauvage » n’est autre que la vigogne.
Le clou du spectacle restera notre passage au musée Santarios Andinos où nous ferons connaissance avec la célébrité locale : Juanita. Juanita, contrairement à ce que son joli prénom laisse imaginer, n’a rien de très sexy. Il s’agit d’une momie.
Son histoire assez extraordinaire est contée tout au long de la visite du musée. En bref, les Incas croyaient fermement que les montagnes et volcans étaient des dieux et que les catastrophes naturelles étaient synonymes de leur colère. Pour éviter celle-ci, ils pratiquaient des rituels qui nécessitaient un long voyage à travers l’empire, afin de se rendre au plus près de leurs divinités: au sommet des montagnes. Avec des moyens dérisoires, ils escaladaient ces dernières accompagnés d’un élu, sélectionné dès sa naissance et éduqué dans les meilleurs établissements de Cuzco.
Juanita, âgée d’environ 14 ans, était une de ces élues. Comme huit autres enfants, elle a perdu la vie sur la montagne Ampato. Pour les Incas, il s’agit bien plus que le sacrifice d’une vie humaine afin d’apaiser les Dieux. Juanita assurait le lien entre les Dieux et les Hommes, et allait devenir une déesse elle-même. Qui sait, peut-être protège-t-elle encore la ville d’Arequipa par ce contact particulier?
Ce que Juanita ignorait sans doute au moment de sa mort, c’est qu’elle allait devenir en quelque sorte immortelle: enterrée au sommet de la montagne, son corps gelé a été conservé dans un état extraordinaire. Aujourd’hui encore, il est conservé à une température proche de -20°C dans un immense congélateur transparent. Un témoignage d’un passé qui ne nous laissera pas de glace ! (muahaha)
Crédit photo : https://en.wikipedia.org/wiki/File:Juanita_dama_de_las_nieves.jpg
Bien qu’elle soit une véritable attraction, nous ne sommes pas venus à Arequipa seulement pour faire connaissance avec Juanita mais aussi pour visiter le fameux Canyon de Colca. Celui-ci, situé à quelques heures de bus de la ville, est le deuxième plus grand canyon au monde (le premier étant un voisin proche). Avec ses 3270 m, il est presque deux fois plus profond que le Grand Canyon aux Etats-Unis. Nous nous lançons donc dans un trek de 3 jours et 2 nuits en autonomie totale !
Il nous emmènera tout d’abord à Tapay où nous ferons du camping sauvage sur le terrain de foot de ce joli village montagnard.
Pour prolonger le côté mystique de notre séjour à Arequipa, nous nous aventurons juste avant la tombée de la nuit sur un site pré-inca situé à proximité. Les ruines s’étendent presque à l’infini sous nos yeux ébahis… Le canyon en arrière-plan ajoute un effet spectaculaire à l’ensemble !
Nous suivrons la rivière le deuxième jour en admirant de magnifiques paysages…
Mais rien n’est comparable avec notre arrivée à Llahuar, où nous décidons de laisser tomber le camping sauvage et de payer l’emplacement de notre tente. Hé oui… Il faut dire que cela nous donne l’accès à trois piscines dont une à 40°C juste au bord de la rivière. Autant vous dire que l’on en a bien profité !
Le troisième jour sera entièrement dédié à la remontée… Nous croiserons au passage un geyser et prendrons un certain nombre de pauses photos histoire que notre effort physique soit un peu atténué.
Un dernier au-revoir au Canyon et nous nous mettons en route pour la prochaine grande étape de ce voyage au Pérou : la fameuse ville de Cuzco.
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Toro-Toro : Les empreintes de « Petit-Pied »
Arrivés à Cochabamba aux petites heures, nous restons à peine une heure sur place. En effet, nous savons déjà précisément ce que nous voulons visiter dans la région. Cinq heures de bus nous attendent afin d’atteindre le fameux parc national Toro-Toro.
Nous profitons du trajet pour faire la connaissance de Patricia et de sa fille Kamyla. Nous venons de franchir un grand pas : il s’agit de nos premières amies complètement hispanophones! Une fois sur place, direction l’office du tourisme histoire de profiter de l’après-midi dans le parc. Nous y rencontrons deux françaises, Aude et Laetitia, qui complètent notre petit groupe. Tout le monde est prêt pour la découverte !
Et ça tape fort dès le départ. Voilà entre autre pourquoi nous sommes ici :
Des empreintes de dinosaures vieilles de 120 millions d’années fossilisées dans le lit de la rivière ! Celle-ci appartient à un Sauropode, famille d’herbivores dont le Diplodocus est le plus connu. « Petit-Pied » est quant à lui un Apatosaure, membre de la même famille, d’où le titre de l’article 🙂
Mais le parc Toro-Toro ne se résume pas à ces traces ancestrales. Nous continuons à parcourir le lit de la rivière, asséchée en cette saison.
Nous atteignons alors le canyon Waka Singa, profond d’environ 250 mètres, et prenons quelques photos de la magnifique vue.
Nous passerons le reste de la journée dans le canyon en tant que tel. De nombreux touristes boliviens sont déjà présents et profitent du « Vergel », superbe endroit où coulent de belles cascades.
Le lendemain, direction la « Ciudad de Itas » à environ 4000 mètres d’altitude. Une balade de près de 3 heures nous emmènera au travers de superbes paysages et d’espèces de grottes, spectaculaires par la hauteur de leurs plafonds.
Les lieux ne sont pas toujours des plus faciles d’accès…
Sur la route du retour, nous admirons la géologie de Toro-Toro depuis les hauteurs. Des espèces d’immenses vagues de pierre forment la montagne qui borde le village. D’après les explications locales, elles résulteraient de l’impact de la météorite qui aurait mis fin au règne des dinosaures. Si cet impact a évidemment influencé la tectonique des plaques, je doute que ce soit la seule explication des synclinaux qui s’offrent à perte de vue devant nos yeux ! En tout cas, le spectacle est grandiose et magique…
Notre visite du parc atteint maintenant un point crucial. Nous allons nous engouffrer dans la caverne Umajalanta qui nous est présentée comme la plus profonde et la plus longue de Bolivie. Une excursion de deux heures y est organisée.
Rien à voir avec les premières explorations évidemment mais il reste des passages assez délicats !
On vous passe les photos des stalactites et stalagmites de mauvaise qualité, prises à l’arrachée dans la pénombre. Au bout d’un kilomètre de « marche », nous nous retrouvons face à une rivière souterraine qui abrite de curieux habitants.
Il s’agit d’une espèce de poissons unique au monde. Ces derniers sont dépourvus d’une quelconque vision puisqu’ils vivent dans l’obscurité complète.
Crédit photo : CC-by-nc-nd – MNHN – Hautecoeur M. – 2005 – http://coldb.mnhn.fr/catalognumber/mnhn/ic/1968-0217
C’est soulagés que nous éteignons nos lampes frontales et sortons des méandres de la grotte. Deux heures d’escalade dans ces profondeurs, ce n’est pas de tout repos !
Nous profitons de l’air frais pour faire une mini-randonnée vers le cimetière des tortues, une autre attraction du parc, en compagnie de Patricia et Kamyla. Nous faisons route avec une Quechua pure souche, qui fait l’aller-retour vers le centre-ville (près de 5km) quotidiennement, en portant provisions et enfant. Très fière, elle nous explique en espagnol qu’elle porte un prénom typiquement Quechua. Elle s’appelle… Béatrice.
Nos efforts pour communiquer en espagnol nous font un peu perdre la notion du temps. Nous regagnons le village de Toro-Toro dans le noir complet, au rythme de la musique diffusée par le téléphone portable de Kamyla, et des histoires d’horreur que nous partageons dans l’hilarité générale.
Après avoir échangé nos coordonnées, nous quittons nos amies boliviennes sur un trottoir à Cochabamba, le lendemain. Nous profitons de notre nouvelle escale dans la ville pour aller voir de plus près le « Cristo de la Concordia » qui s’avère être la plus grande statue du Christ au monde (34,2 m), dépassant celle de Rio (30,1 m) et talonnée par le « Christ the King » polonais (33 m).
De là haut, la vue sur la ville est imprenable.
A l’heure de prendre notre bus pour la Paz, nous reconnaissons deux silhouettes familières, assises derrière un stand de hamburgers: Patricia et Kamyla ne sont jamais très loin! Au fur et à mesure des rencontres fortuites, les au-revoir sont de plus en plus difficiles. Les quiproquo dus à la langue permettent heureusement de détendre l’atmosphère. Nous partageons un (vrai) dernier café sur un banc public avant de reprendre chacun notre chemin.
Le nôtre nous emmène vers La Paz à 4000 m d’altitude. Nous sortons d’ores et déjà nos plus gros pulls!
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Ça valait un Potosi
60 heures ! C’est le chiffre que nous avions en tête quand nous sommes arrivés à Potosi. C’était le nombre d’heures qu’il nous restait avant le départ de Camille. Il fallait donc continuer à optimiser le temps et à lui mettre plein de bons souvenirs en tête.
«Bons» n’est peut-être pas l’adjectif approprié à Potosi… «Mémorables» serait peut-être plus adapté. Nous sommes effectivement ici pour approcher un monde peu réjouissant : celui des entrailles de la montagne, celui où des hommes continuent à suer, à saigner et à mourir pour extraire quelques cailloux plus rares que d’autres, celui que nous remémorent les montagnes noires qui bordent nos plaines carolorégiennes.
Potosi est posée à une altitude de plus de 4000 m, ce qui est un record mondial pour une ville de plus de 100.000 habitants. C’est accompagné de deux nouveaux compagnons de route, Nathalie et Geordan, que nous faisons nos premiers pas dans les rues. La combinaison entre le bruit des klaxons et l’agitation des locaux nous donne le sourire… Un petit air Indien en Bolivie ! Nous nous frayons un chemin entre d’innombrables baraques à frites locales et différents commerces installés indifféremment dans des voitures ou sur des brouettes aménagées pour l’occasion. Notre enthousiasme augmente au fur et à mesure que nous avançons…
Le lendemain matin, rendez-vous avec un ancien mineur qui s’est reconverti grâce au tourisme.
Nous commençons par visiter un marché bolivien fréquenté par les mineurs… Nous sommes habitués à cette ambiance locale et en profitons pour prendre quelques clichés.
Notre guide nous explique notamment comment mâcher correctement les feuilles de coca ou encore comment acheter un bon stick de dynamite…
Nous poursuivons la matinée avec la visite d’une usine de traitement des roches extraites des mines du Cerro Rico («La montagne Riche»). La Bolivie ne dispose pas des technologies qui lui permettraient de séparer les différents types de minerais. Ils se contentent donc de faire une espèce de melting-pot « précieux » qui est revendu à divers pays à un prix dérisoire en comparaison avec les prix de ces matières premières.
Nous enfilons maintenant un équipement complet afin d’aller visiter la mine. On nous fait signer tout un tas de décharges qui ne rassurent pas Camille. Il faut dire que je lui avais lu des anecdotes peu réjouissantes à ce sujet… Toutefois, ni une ni deux, nous voici fin prêts à entrer dans les profondeurs du Cero Rico.
On avance, on se courbe, on se tape la tête, on se courbe plus… Ce que nous suivons alors de l’œil est ce rail métallique qui s’enfonce à l’infini dans ces galeries centenaires. Saviez-vous que la majorité de la richesse espagnole a été acquise dans cette mine ? L’argent y foisonnait ! Les Espagnols y ont fait travailler de force des centaines de milliers de personnes au travers des années. A une époque, près de 60.000 personnes y travaillaient et 30.000 esclaves africains y ont été envoyés afin de renforcer les équipes. Il va de soi que le taux de mortalité était très élevé et nous prenons la mesure de cette atrocité en nous engouffrant de plus en plus profondément dans la mine.
L’air est par moment irrespirable, la tête tourne et retourne, les poumons crient et nos jambes veulent faire demi-tour. Les vapeurs d’arsenic, la poussière de silice, la chaleur… Tout est insoutenable et nous profitons de chaque intersection de galeries pour nous reposer. Tiens… Saviez-vous aussi que cette richesse espagnole a poussé les hispaniques à une fièvre de consommation ? L’argent a été dépensé chez les voisins européens et l’Espagne en est sortie complètement endettée. On venait de faire les premiers pas vers le capitalisme tout en apportant des richesses complémentaires à nos pays, nécessaires pour entamer la marche de la révolution industrielle. Tout ça vient d’ici, de ces galeries infernales que nous tenons sous nos yeux…
Nous sommes tout à coup stoppés nets dans notre visite : un crissement métallique hurle au travers de la galerie. Un homme pousse de tout son poids un wagonnet. Nous sommes à environ 4500 mètres et cette homme fait un effort qui nous ferait tous tomber en syncope dans la minute.
Les mineurs sont organisés en coopératives et possèdent un système de parrainage. Ainsi, un nouveau mineur se voit attribuer un filon (une veine de minerai) par son parrain et travaille sous ses ordres. Il gagne alors un salaire fixe. La deuxième année, il gagne 50% de la production mais travaille presque exclusivement seul sur le filon. La troisième année, il gagne 75% du minerai qu’il extrait mais il doit s’équiper lui-même. Au terme de cette ultime année, il est présenté à la coopérative. S’il est accepté, il a alors le droit de continuer à exploiter son filon pour lui seul, contre paiement d’une taxe à la coopérative. Si le filon venait à se tarir, il faudrait recommencer le processus d’intégration à zéro.
C’est évidemment sans compter les ententes entres mineurs. Certains travaillent en totale indépendance pour d’autres mineurs qui possèdent les filons. Ceci évidemment sans sécurité sociale et sans sécurité d’emploi.
Nous passons un moment avec les mineurs et leur donnons quelques présents pour les encourager dans leur travail. Un éboulement nous interrompt et nous rappelle que nous sommes dans un environnement à hauts risques.
La fin de la visite approche et c’est soulagés que nous voyons apparaître au loin les rayons du soleil. Une fois sortis, nous sourions pour la photo mais l’heure est plus à la réflexion qu’aux réjouissances.
Le retour jusqu’en ville se fera presque dans le silence. Nous nous remettons toutefois dans une ambiance complètement différente puisqu’une fête universitaire y est en cours !
Nous décidons d’aller manger avec nos nouveaux amis, Nathalie et Geordan. C’est en dégustant une bonne soupe au marché que l’on peut observer un boucher s’attaquer à 3 têtes de vaches à la hache. Spectacle assez ahurissant !
Potosi, sa mine, ses églises et ses rues animées nous laisseront un souvenir impérissable et c’est une bien belle façon de refermer le volet bolivien pour Camille.
P.S. : Concernant le choix du titre, petit extrait du dictionnaire espagnol…
potosí
s. m. Riqueza extraordinaria o muy grande: ganó un potosí trabajando en Alemania.
valer un potosí Tener una persona o una cosa un gran valor.
potosí. (n.d.) Diccionario Manual de la Lengua Española Vox. (2007). Retrieved July 4 2015 from http://es.thefreedictionary.com/potos%c3%ad
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Bref, j’ai créé des panoramas
Au début du voyage, on avait une tablette. Un mois après, la tablette a lâché. Bref, impossible de retoucher des photos.
Quand on est reparti en Amérique du Sud, on s’est dit qu’un netbook ne ferait pas de mal. Du coup, je l’ai utilisé. A ce moment, Sarah m’a regardé, je l’ai regardée, elle a froncé les sourcils, j’ai regardé le clavier. Mon côté geek allait devoir attendre…
MAIS… J’ai pu allumer le PC la nuit, installer Lubuntu et quelques logiciels indispensables. Puis, je me suis arrangé pour avoir la fièvre typhoïde : une matinée de plus sur le PC. Bref, j’ai créé des panoramas !
Tupiza :
Le Sud-Lipez :
Des petites missions dans la prairie
Contre toute attente, nous voici donc en Amérique du Sud. La Bolivie nous tend les bras ! Du moins, plus à certaines qu’à d’autres. Sarah a en effet eu affaire à un douanier qui, sous le charme de ses grands yeux bleus-verts-gris, lui a délivré un visa de 90 jours dans le pays. Ma coupe de cheveux n’a pas fait le même effet : je n’ai qu’une autorisation de 30 jours et l’obligation de me présenter dans une administration plus tard pour prolonger ce délai… Bref, bienvenue en Bolivie !
A peine arrivés à Santa Cruz, nous décidons de faire une rapide balade dans le centre ville et de nous mettre tout de suite en route pour la première partie de notre voyage. Nous avions en effet planifié (dans l’avion…) de nous lancer dans une aventure qui devrait nous mener dans l’Est de la Bolivie au travers des anciennes missions jésuites. Pour ceux qui n’ont pas vu le film de 1986 « La Mission » avec Robert de Niro, il faut savoir que cette partie du pays a été évangélisée par les Jésuites. Les missions ont rapidement prospéré et des tensions entre l’Espagne et le Portugal ont éclaté assez rapidement. Les Portugais tenaient d’une main de fer leur colonie brésilienne et pratiquaient l’esclavagisme sans vergogne. Les Espagnols, eux, semblaient plus « catholiques » dans leur façon de diriger la Bolivie et ne s’immisçaient pas dans la politique portugaise. Les Jésuites installés à la frontière de ces deux colonies commençaient à faire de l’ombre aux affaires portugaises. Le tout combiné entraîna la région dans un bain de sang général dont les indigènes souffrirent beaucoup (c’est le moins que l’on puisse dire). Aujourd’hui, la région a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO et nous sommes sur le point de nous y immerger.
Bref, notre tour commence par la mission de San José. Nous sommes tout de suite estomaqués par la beauté du site.
Et, cette beauté ne s’arrête pas au bâtiment en lui-même. Nous sommes immédiatement présentés au Père de la mission (« El Padre ») qui nous propose sans hésiter de planter notre tente dans l’enceinte de celle-ci avec accès complet aux sanitaires (toilettes, douche…). On ne peut rêver mieux comme accueil et introduction à notre circuit.
Notre premier souper bolivien est très bon mais nous laisse un peu perplexes. Il s’agit de poulet accompagné de riz… de frites… et de spaghettis ! Le tout servi copieusement pour l’équivalent de 1,5 €. Nous ne manquerons donc pas de féculents… Les légumes sont par contre absents de l’assiette.
Nous apprendrons également ce soir là que les Boliviennes ne semblent pas attacher d’importance à la longueur de leur jupe ni à leur décolleté lorsqu’elles fréquentent les églises. Personne d’ailleurs ne semble s’en offusquer, nous décidons donc d’en faire de-même (de ne pas nous offusquer… je vous rassure, je ne porte pas encore de soutien-gorge).
Le lendemain, nous sautons dans un bus à destination de la prochaine mission. Nous sautons apparemment tellement bien qu’un des amortisseurs ne tient pas le coup et nous sommes obligés de déplacer tous les passagers du côté gauche du bus histoire d’arriver entiers à destination. Pari réussi, nous atteignons San Rafaël sans trop d’encombres. Nous y sommes charmés par la vie rurale. Rien ne semble avoir changé depuis des siècles : les cow-boys « garent » leurs chevaux pour aller faire leurs courses et les dames âgées ont la même garde-robe depuis leurs 20 ans.
C’est là que nous rencontrons nos premiers problèmes de transport. Plus aucun bus ne part du village à partir de 11h00. Nous tentons donc l’auto-stop et voici ce qui s’étend devant nous :
La route est aussi fréquentée que…….. En fait non, il n’y a aucun comparatif belge qui puisse permettre de prendre la mesure de ce taux de fréquentation si bas (je viens pourtant de passer 10 bonnes minutes à y réfléchir). Bref, nous n’avions aucune chance de trouver un lift. C’était évidemment sans compter sur notre bonne étoile qui nous permit de nous retrouver dans un camion en moins d’une demi-heure.
Nous voici à la mission de Santa Ana, le village le plus éloigné que nous aurons l’occasion d’atteindre. Et c’est peu dire ! Pour souper, nous devons aller trouver la « Senora de la pension » directement chez elle. Elle nous accueillit d’un « Qué passa ??? » bien rugueux qui nous fit craindre le pire mais nous nous trompions : elle nous amena à son restaurant, l’ouvrit spécialement pour nous et prit soin de nous pendant une bonne partie de la soirée, le tout arrosé de musique latino bien plaisante.
De nouveau, nous sommes accueillis par les gens de l’Eglise comme il se doit. Une partie du jardin nous est allouée et c’est bien installés que nous passons la nuit dans notre tente.
Nous décidons de prendre part à la messe du dimanche matin. L’église nous semble immense pour ce si petit village mais nous assistons peu à peu à l’arrivée des habitants qui rejoignent doucement les lieux (c’est à dire à pied). Certains amènent des instruments de musique, notamment des violons.
Les indigènes de l’époque auraient été charmés par les mélodies et instruments apportés par les missionnaires, ce qui a permis un dialogue plus aisé (et une conversion plus simple, il faut le dire). Cette tradition est encore bien ancrée ici ! La messe est magnifique et les paroles du Père sont régulièrement suivies d’interludes musicaux.
Pour bien se remettre de ce moment magique, on décide d’aller déjeûner et, grâce aux indications des habitants, on trouve un petit endroit qui ressemble à un restaurant. Au menu, « Pansa de Vaca ». Ne parlant pas espagnol, Sarah pense qu’il s’agit de champignons tandis que je pense plutôt à du pain, Camille ne se prononçant pas. Nous en commandons trois plats.Il ne faut pas une seconde pour réaliser qu’il s’agit d’un aliment d’origine animale. Les filles ne veulent plus y toucher tandis que je fais passer le tout avec un peu de ketchup. Nous apprendrons plus tard qu’il s’agissait d’estomac de vache.
Santa Ana c’est aussi le lieu où nous avons rencontré Luis, gardien de l’église. Fier de son patrimoine culturel, il nous montra l’orgue de l’église et entonna une chanson en Chiquitan (dialecte local). Il la reprit ensuite avec quelques notes d’orgue. Absolument magique.
Pour notre dernier repas, nous trouvons, non sans peine, un restaurant qui se trouve en fait dans la cour privée d’une habitation.
Il est temps pour nous de quitter Santa Ana. Nous sommes à nouveau confrontés au problème des transports. Nous finirons exactement à la même intersection que précédemment en fin de journée. God is with us ! Un camion nous prend en charge assez rapidement. Les chauffeurs de camion roulent parfois très vite et celui-ci, bien que très sympathique, avait son cendrier rempli d’une poudre blanche qu’il frottait juste en-dessous de son nez régulièrement. Sans parler de la panne au milieu de nulle part… Finalement, un bout de sac plastique suffit à réparer le camion et nous arrivons sains et saufs à la mission de San Miguel.
Nous débarquons juste avant la messe et le Père, complètement excentrique, nous accueille avec des rires et sourires en nous indiquant que nous pouvons utiliser une pièce de la mission plutôt que de planter notre tente. L’accueil de ce Père est l’image même de ce que nous retiendrons de notre tour des missions : un accueil incroyable des Boliviens, qui, malgré le peu de mots espagnols que nous connaissons, dégagent une chaleur humaine bien réelle. Avec le temps, on passe officiellement de « no hablo espanol » à « hablo un poco espanol ».
Nous apprenons qu’il existe un atelier où les artisans travaillent du bois, notamment les colonnes que l’on peut voir dans toutes les missions ainsi que toutes sortes de sculptures religieuses. Nous n’hésitons pas et passons une bonne heure sur place.
La suite du voyage sera à nouveau tourmentée par les horaires de bus. Nous n’avons d’autre choix que d’embarquer à la tombée de la nuit pour atteindre Concepcion.
Nous arrivons donc sur la place centrale passé minuit, nous obligeant à réveiller toute une partie du village afin de trouver un logement. Finalement, tout se passera très bien comme d’habitude. Une auberge simple nous permettra de nous reposer et de visiter le petit village le lendemain matin.
Ici, il nous faut payer l’entrée d’un musée pour pouvoir accéder à l’église… Ce qui est assez discutable selon nous et nous n’avons pas manqué d’exprimer notre mécontentement.. Il en sera de même à San Javier que nous visiterons également de manière assez rapide, les missions précédentes étant bien plus accueillantes !
Ce dernier jour marque notre retour à Santa Cruz que nous avions quitté quatre jours plus tôt, synonyme d’une nouvelle aventure bolivienne !
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Udaipur – De fort(s) beaux moments
Une nuit en train couchette est rarement tout à fait tranquille: les gens montent et descendent du train, le contrôleur vous réveille au beau milieu de la nuit, la locomotive de tête klaxonne de manière permanente… Et pour contribuer au brouhaha ambiant, nous décidons de changer notre programme en dernière minute ! Hé oui, à 5h du matin, en vérifiant notre parcours, nous décidons finalement de ne pas atteindre notre destination finale (Udaipur) mais de s’arrêter à 2 h de train de là : Chittorgarh nous voilà !
Cette ville sans grand charme est surmontée par une incroyable forteresse qui abrite bon nombre de trésors. Nous trouvons une consigne à la gare, non sans zigzaguer entre les vaches qui semblent attendre le prochain train, et prenons le parti de marcher les 5 km qui nous séparent de la forteresse. Les chauffeurs de tuk-tuk nous annoncent en effet des prix complètement ahurissants (400 roupies ; 7 euros pour un aller-retour et 3 heures d’attente pendant que l’on visite – une fortune selon les normes indiennes). Finalement, on s’en sortira par un combiné marche / tuk-tuk qui nous coûtera 60 roupies.
Une fois le poste d’entrée passé, nous admirons d’abord le panorama de la ville, fort sympathique ma foi.
Ensuite, nous visitons le premier palais de la forteresse : un bijou ! Il vaut à lui seul notre décision de nous arrêter à Chittorgarh. Son état de conservation est honorable et les visiteurs peuvent déambuler librement parmi les bâtiments (en fermant toutefois les yeux sur la sécurité…). Cette sensation de liberté est exceptionnelle. Nous en profitons pour prendre quelques clichés et espionner les singes joueurs qui ont investi les lieux…
Le temple Jaïn (XIème siècle) est également une surprise admirable. Le Jaïnisme est une religion qui prône des principes intéressants et relativement modernes. Les pratiquants sont très respectés par les Indiens car ils font notamment vœux d’honnêteté. Les sculptures de leurs temples sont réputées très fines et nous avons pu constater qu’elles sont effectivement à la hauteur de leur réputation.
Certains monuments commémorent des victoires militaires. C’est notamment le cas pour cette incroyable tour datée de 1448 qui s’élève à 38 m de hauteur et qui est ornée de sculptures sur tous ses pans.
D’autres faits historiques nous font frémir. A trois reprises, les femmes ont pratiqué le ‘johar’ : une immolation générale afin de ne pas être livrées à l’ennemi triomphant. Un monument fut érigé en leur mémoire.
Bref, on peut continuer à décrire cette escapade très longtemps, mais les photos parlent d’elles-mêmes !
Le lieu n’étant par contre pas très touristique à cette saison, nous nous faisons prendre en photo par les locaux très régulièrement !
En début d’après-midi, éreintés par notre matinée trépidante, nous nous jetons dans le train à destination d’Udaipur. Nous arrivons finalement où nous aurions du être depuis 12 heures !
Nous apprécions beaucoup cette ville très agréable. Un Maharajah a eu la bonne idée d’y créer un lac artificiel, au pied de son palais, ce qui donne un charme fou à Udaipur.
La vue du toit de notre hôtel n’est pas dégueulasse…
Le lendemain, nous partons à la découverte des petites ruelles de la cité. Nous tombons tout de suite nez à nez avec un cortège de femmes qui semblent être en plein rituel. L’une de ces femmes rentre d’ailleurs dans une transe qui la mène à déverser de l’eau autour d’elle dans des mouvements frénétiques…
Les rues vivent et les habitants nous sourient en permanence. Ils nous demandent régulièrement d’être photographiés. C’est le cas de ce petit bout et de sa grand-mère qui posent devant leur maison.
Le grand-père débarque après le cliché et nous demande s’il est possible de leur donner la photo… Évidemment, ils n’ont ni ordinateur ni adresse e-mail… Nous finirons par apporter notre photo chez le photographe et, trois heures plus tard, nous revoici chez la petite famille, la photo à la main. Au verso, nous avons écrit « de la part de vos amis belges ». Les sourires s’envolent et la petite famille nous sert un thé. Un moment d’échange d’une rare pureté qui restera encore longtemps dans notre mémoire…
Photos ou pas, les habitants sont très chaleureux. On multiplie les échanges et, au détour d’une ruelle, Sarah se retrouve avec un nouveau-né dans les bras…
Petit clin d’œil à mes collègues du bâtiment : voici un chantier de démolition.
Notre journée se terminera au temple où nous nous installerons au milieu des fidèles. Des chants et des rituels feront vibrer les lieux pendants plus d’une heure ! Nos rêves de cette nuit furent probablement rythmés au souvenir de ces musiques envoûtantes…
Le lendemain, nous décidons de visiter un site à l’extérieur de la ville où des cénotaphes furent érigés en l’honneur des différents Maharana.
Les lieux sont paisibles et nous y passerons plus de temps que prévu. Écrire les articles, lire un livre, planifier, rêver un peu en regardant les nuages… Ha non ! Il n’y a pas de nuages : il fait presque 45°C à l’ombre. Nous nous rapprochons dangereusement des zones désertiques indiennes.
Après trois journées à Udaipur, nous décidons de remonter un peu vers le Nord pour atteindre Jodhpur, la cité bleue. Toutefois, une halte nous attend : le fort de Kumbhalgarh et le fameux temple Jain de Ranakpur.
L’aller vers Kumbhalgarh se fera sans trop de soucis… Deux bus locaux plus tard, nous nous retrouvons face à un fort qui nous rappelle vaguement Chittorgarh (dont il est question au début de cette brève très longue).
Finalement, le fort ne nous charme pas tant que ça mais la vue sur la campagne est à couper le souffle.
Un petit village vit au pied du fort et nous y faisons un petit détour pour y rencontrer les locaux.
Toute une série de temples s’éparpillent aussi sur de nombreux kilomètres. Malheureusement, nous n’aurons le temps que de visiter les premiers qui s’offrent à nous.
En effet, nous devons être à Ranakpur avant la tombée de la nuit. Du coup, nous voici dans le premier bus pour cette destination… Ou plutôt, devrais-je dire « sur » le bus. Quand ceux-ci sont pleins à craquer, pas de problème, messieurs, mesdames, empruntez l’échelle et installez vous « confortablement » sur le toit !
Ps: si nous écrivons cette brève, c’est que nous avons survécu!
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Varanasi – Ava-Gange d’émotions
Nous sommes bien partis pour effectuer un tour complet des villes saintes d’Inde. Après Bodhgaya, c’est maintenant au tour de Varanasi de nous accueillir !
Et quelle ville sainte ! Varanasi est aux yeux des Hindous la ville sacrée par excellence : le Gange y est adulé depuis la nuit des temps, et le cycle de la vie se déroule à son rythme.
A peine arrivés, nous devons d’emblée emprunter des ruelles sinueuses qui nous invitent dans les méandres de la vieille ville à la recherche d’un logement. Il est près de 22h et les ténèbres donnent un aspect assez effrayant aux lieux. Nous ressentons que cet endroit, où les vaches sont reines, est empreint d’un profond caractère. Avez-vous déjà arpenté les ruelles du vieux Namur ? Divisez-en la largeur par deux ou trois, ajoutez des taureaux avec des cornes à faire pâlir un toréro, les bouses qui vont avec les vaches, les odeurs d’urines qui ne se dissocient pas des ruelles et les mouches par centaines qui y trouvent bien évidemment leur bonheur. Bienvenue à Varanasi !
Et pourtant, malgré ce tableau peu flatteur, je le reconnais, nous tombons tout de suite amoureux ! Quel caractère, quelle énergie ! Nous signons directement pour quatre nuits à l’auberge afin d’être certains de pouvoir profiter au maximum de ces lieux. Et le soleil une fois levé ne nous donne pas tort: les ruelles de la veille offrent un spectacle varié et animé: une dame repasse avec un fer à charbon, un type vend une sorte de yaourt fait maison à base du lait des fameuses vaches sacrées, et des femmes en sari coloré tiennent de minuscules échoppes.
Un réveil à 05h00 nous permet d’assister aux ablutions dans le Gange : les pèlerins se purifient de l’ensemble des péchés qu’ils auraient pu commettre dans leurs anciennes vies. Ils s’immergent dans le fleuve à plusieurs reprises, en boivent quelques gorgées et se laissent ensuite aller à différentes activités. Les enfants barbotent, les adolescents plongent, les adultes font leur lessive. Bref, ça vit !
A quelques mètres de là, un rituel est exécuté tous les matins en l’honneur du Gange sacré.
Pendant la journée, nous pouvons observer des cours de Yoga, des diseurs de bonne-aventure, des barbiers qui semble avoir du boulot à n’importe quelle heure (même la nuit, à la lueur d’une lampe torche), des gosses qui jouent au cricket, des cérémonies de mariage en permanence, etc, etc. Incroyable ! Nous sommes complètement subjugués par les lieux malgré la chaleur écrasante qui avoisine les 42° Celsius à l’ombre.
Les heures les plus supportables sont très tôt le matin ou tard le soir. Nous décidons donc de nous offrir une inévitable balade en bateau à rame, au coucher du soleil. Le spectacle est magique. Cette fois, le fleuve s’illumine des rituels du soir, toujours en l’honneur du Gange. Toujours la vie, la vie et encore la vie. C’est dans ce moment d’extase visuel qu’un aspect difficile à aborder par nous, pauvres occidentaux, nous claque en pleine figure au détour d’un coup de rame dans un objet flottant à la surface. Un corps humain trace tranquillement son chemin sur le Gange, blanc et sans vie. Le batelier ne semble pas affecté d’une quelconque manière et nous continuons simplement notre route.
La mort fait partie de la vie, ici plus qu’ailleurs aurions-nous envie de dire (ou plutôt « ici moins cachée qu’ailleurs » ?). Le tabou n’est pas le même que chez nous et les bûchers qui brûlent en permanence le long du Gange nous le rappellent de manière tout aussi abrupte que ce coup de rame.
Les Hindous ont l’intime conviction que mourir à Varanasi est synonyme de repos éternel pour l’âme: le défunt n’aura plus à subir le cycle des réincarnations. La ville est par conséquent peuplée de vieillards en attente de cette libération ultime.
Ce n’est qu’au bout du troisième jour que nous décidons finalement de nous approcher des rituels de crémation. Pas de photos ici, il va s’en dire. Nous nous sommes simplement assis, un peu en retrait par respect pour les familles, et avons assisté à l’ensemble du rituel. Quelques sourires et gestes nous ont fait comprendre que nous ne dérangions pas. Ce que nous avons vu et vécu est difficile à décrire. Si je m’arrête au faits, je devrais expliquer que la famille porte le corps du défunt à travers le dédale des ruelles sur une espèce de civière en bambou et tente de trouver son chemin jusqu’au Gange. Là, le défunt est trempé dans le fleuve sacré, avant d’être ramené sur la rive où le bûcher se prépare. Une fois le corps déposé sur un amas de bois, de brindilles et de bouses de vache, les proches se rendent au temple pour la cérémonie de bénédiction du feu sacré qui servira à allumer le bûcher. Le moment qui suit est très émouvant. La famille fait plusieurs fois le tour du corps du défunt, avant que l’aîné de la famille, rasé pour l’occasion et drapé de blanc, n’allume le bûcher. Tout le rituel est empreint de beaucoup de spiritualité, de dignité, de poésie, et de respect. Les mots me manquent pour transmettre totalement ce que l’on peut ressentir à ce moment. Quatre heures plus tard, si tout va bien et que la famille a eu les moyens d’acheter suffisamment de bois, la famille répand les cendres dans le Gange, tandis qu’à 50 mètres se déroulent toutes les scènes déjà décrites précédemment. Qu’ajouter de plus? La vie reprend rapidement ses droits…
Afin de se remettre un peu de ce flot d’émotions et d’humanité, nous faisons, le temps d’une journée, une petite excursion à Sarnath : encore un lieu saint, pour les bouddhistes cette fois! En effet, c’est à cet endroit précis que, après avoir atteint l’illumination à Bodhgaya, Bouddha a prêché pour la première fois à ses disciples. Le lieu est très serein et tombe à pic pour prendre un peu de recul ! Nous visitons quelques temples érigés par les nations du bouddhisme, comme à Bodhgaya, et flânons un peu dans le parc archéologique.
Retour à Varanasi, pour vous présenter ceux que nous avons baptisés « les illuminés ». Comme partout, il y a quelques croyants assez extrême. J’ai par exemple dû ranger mon appareil photo par deux fois car certaines personnes considèrent que Varanasi est une cité trop sacrée pour que l’on puisse prendre des photos de quoi que ce soit. Il y a aussi toute une série d’occidentaux qui étaient censés être de passage dans la ville mais qui y sont restés. Pas sur le bûcher, je vous rassure, mais ils ont adopté les coutumes locales et se complaisent dans les rites hindous. Rien de bien méchant. On est juste parfois surpris des conversations qu’on a tenu avec certains d’entre eux. Une russe, convertie en prêtresse, nous expliquait en rigolant qu’elle était devenue complètement dingue, le tout ponctué de quelques coups de son « bâton de prêtresse » sur la tête, comme pour nous le prouver.
Dans un registre similaire, nous avons visité le ‘Golden Temple’. C’est un des lieux hindous en Inde où nous avons rencontré le plus de ferveur. Pour ma part, j’ai été emmené dans une file de croyants. Les gardes m’empêchaient de visiter le temple sans avoir montré du respect envers Shiva. J’ai donc du me laver les mains, suivre un pèlerin fort sympathique et toucher un lingam (symbole de Shiva) afin de me faire « bénir ». Mon compagnon improvisé m’a dessiné des traits horizontaux blancs sur le front et, par ce fait, j’ai pu parcourir le temple librement. Ça a été une magnifique expérience et l’accueil des hindous a été incroyablement chaleureux. Sarah a vécu une histoire similaire dans le temple et en est ressortie avec un troisième œil. Bref, on avait, nous aussi, l’air des fameux illuminés !
Nous quittons Varanasi, encore plein d’images dans la tête et dans le coeur. Nous partons vers une destination qui va intéresser bon nombre d’entre vous… Surprise pour la prochaine brève 😉
Images liées:
Un « monas-trek »
Notre étonnant petit groupe commence à trouver son équilibre : en dernière minute, Florian, l’Allemand, décide, contre toute attente, de modifier son programme très structuré et de nous accompagner pour quelques jours de treks. Victor, l’Espagnol, n’avait, quant à lui, jamais hésité bien évidemment. Et non, on ne fait pas dans les clichés 🙂
Après quelques déboires pour rejoindre le petit village de Tashiding et quelques morceaux d’ongles de Florian en moins, nous voilà fin prêts à aborder la première étape de notre petit trek qui se fera en trois tronçons.
Tashiding est un agréable village montagnard. Nous visiterons son beau monastère qui offre des vues impressionnantes sur les monts enneigés de l’Himalaya.
Cela fait également deux jours que je fais pression sur le groupe pour qu’on aille boire ensemble ce que les locaux appellent un « bambou ». Il s’agit de millet fermenté servi dans un contenant taillé dans du bambou. On vous tend ensuite une cruche d’eau chaude qu’il faut ajouter dans le contenant. Après 10 minutes, vous voilà prêt à siroter, à la paille (en bambou) s’il-vous-plait, un breuvage alcoolisé au goût très intéressant. On trouvera les bras de morphée plus rapidement que d’habitude…
Réveil fort matinal pour entamer notre journée de marche jusque Yuksom… Les provisions faites, nous voilà lancés dans une ascension qui durera deux bonnes heures pour nous mener au premier monastère de la journée. Ce n’est rien comparé aux dix prochaines heures… La balade est absolument magnifique mais la journée est très très longue ! Sur le chemin, nous croisons des femmes népalaises avec de magnifiques piercings dans le nez. Après quelques échanges, elles se laisseront photographier avec plaisir ! Je suis bien pressé de partager ces clichés avec vous…
Yuksom est notre étape du jour. Il s’agit de la première capitale du Sikkim où, en 1642, le premier roi fut choisi. C’est ce roi qui propagea le bouddhisme tibétain dans le royaume. Plus tard, suite à des querelles avec les trop proches voisins népalais, la capitale fut déplacée plus au centre des terres.
Il s’agit aujourd’hui d’un haut lieu du tourisme local : c’est le point de départ de nombreux treks de haute altitude. Malheureusement pour moi, ce sera le point de départ d’un virus qui ne me permettra pas de voir grand chose du village. Nous nous promettons de revenir ici pour tester les treks qui ont l’air incroyables. Nous ne quitterons toutefois pas les lieux sans goûter à une spécialité locale : les momos au fromage de yak. Les momos sont d’origine chinoise, et ressemblent un peu à des raviolis fourrés au chou et cuits à la vapeur. On en trouve des végétariens, au fromage, au porc et… au boeuf… oui oui, nous sommes bien en Inde et il est possible de manger de la vache sacrée ici! Merci à la diversité religieuse!
Deux nuits plus tard, nous nous élançons, plus ou moins fébrilement selon l’état de chacun, dans une ascension de plusieurs centaines de mètres qui nous mènera au bout de 4 ou 5 heures au fameux lac Khecheopalri. Nous goûterons là-bas la meilleure nourriture indienne que nous ayons jamais goûtée… Nous restons effectivement dans un homestay traditionnel dont la patronne a un sens incroyable de la cuisine. Malheureusement pour moi… la santé n’est toujours pas au rendez-vous !
Nous restons deux nuits là-bas avant de décider de redescendre vers la civilisation. Il est temps pour notre petit groupe de se dissoudre après de bons moments passés ensemble. Nous échangeons nos numéros et nous promettons que la fin de notre voyage sera le début d’une tournée de visites en Europe, de ces inconnus qui sont devenus des amis de route!
A ce sujet, nous faisons une autre rencontre étonnante à Pelling : un couple de backpackers russes absolument hors du commun (à nos yeux en tout cas). Natasha et Igor font leur premier grand voyage en dehors de la Russie… ce qui est assez audacieux puisque Igor ne parlait pas un mot d’anglais! La plupart de leurs amis les prennent pour des fous de s’aventurer hors de la Russie. Il n’y a pas si longtemps que ça, les grands-parents de Natasha lui racontaient que le Coca-Cola était un breuvage américain destiné à empoisonner le peuple russe. Les ennemis russes sont partout!
Blague à part, nous lions un contact encore plus étroit quand nous décidons d’acheter ensemble un ticket de train au travers de la jungle bureaucratique de la ‘Indian Railway’… Il faut savoir que réserver un ticket de train en Inde peut se faire quatre mois avant le départ du-dit train. La plupart de ceux-ci sont donc souvent complets plusieurs jours voir plusieurs semaines avant la date de départ. Autant dire que c’est un vrai cauchemar d’organiser un trajet ferroviaire un ou deux jours à l’avance. Après 24h de combat, nous avons enfin nos tickets en main (grâce au magique « tourist quota », des tickets des étrangers vendus en dernière minute).
Nous quittons le Sikkim qui nous réserve quelques surprises du chef pour notre départ: les pluies diluviennes des derniers jours ont provoqué des glissements de terrain et des éboulements qui bloquent certaines routes. Nous devons donc descendre de notre jeep et constater par nous-même que la route n’est pas praticable : des coulées de gravats et de boue encombrent les routes. Les gens se regardent : qui va oser franchir l’obstacle en premier !? Finalement, nous nous lançons : nous courrons aussi vite que nous le permettent nos sacs à dos… Ouf, nous sommes de l’autre côté ! Une nouvelle jeep nous attend et, mine de rien, continue son trajet jusqu’à la frontière du Sikkim.
Adieu, au revoir, nous reviendrons sans aucun doute ! 🙂
Les bulles des Perhentian…
La décision est prise : nous prenons des vacances !!!
Oui, ça peut vous paraître bizarre mais le voyage n’est pas qu’un long fleuve tranquille et, même des backpackers comme nous ont parfois besoin de s’arrêter un peu pour souffler.
En l’occurrence, il s’agira plutôt de respirer : nous partons faire quelques plongées sur les îles Perhentian. A partir de Kota Bharu, nous n’avons qu’une bonne heure de bus et 30 minutes de bateau. Nous nous mettons donc en route sans attendre.
Après avoir constaté que les services de bus malaisiens sont de haute qualité, nous arrivons à l’embarcadère ou un « speed boat » nous attends. Le temps d’embarquer quelques vivres et nous voilà en mer, la proue du bateau pointant vers Kecil la plus petite des deux îles de l’archipel.
Il n’y a pas à dire, l’endroit est tout simplement paradisiaque !
Nous trouvons un petit nid abordable et partons à la recherche d’un club de plongée. Première surprise : les prix pratiqués. Six plongées, tout compris, pour 90 euros… Il est vrai que la majeure partie du public de cette île voyage budget mais c’est tout de même la première fois que je vois des prix si bas. OK, on prend !
Le lendemain, petite pensée pour nos plongeurs et amis belges… Un briefing et une sécurité malaisienne. Pas de vérification de nos cartes, carnets ou visite médicale, pas de présentation des autres plongeurs et rien sur la sécurité de surface… Hum hum… Sur le coup, Sarah les assomme donc de questions pendant le briefing afin d’avoir plus de précisions. La bonne nouvelle : il y aurait un caisson à Kota Bharu. Les mauvaises : je dois insister pour que l’on prenne de l’eau à bord, je ne suis pas certain qu’il y ait un gsm à portée de main, il n’y a ni oxygène sur le bateau ni trousse de secours et… le capitaine plonge aussi ! Sous-entendu qu’une fois tout le monde dans l’eau, il n’y a plus personne en surface. Super…
Au niveau de l’équipement, je dois me battre pour avoir un manomètre : je suis censé suivre l’instructeur et ne pas avoir besoin de connaitre la profondeur.
Les gens sont toutefois hyper sympas et très ouverts à nos demandes quant aux sites de plongées à explorer. La plupart ne descendent pas en dessous de 25 mètres. Nous serons donc très prudents et je m’attends à tout instant à ce que l’on doive se gérer seuls, Sarah et moi.
Je ne vous ferai pas un compte-rendu détaillé de toutes les plongées, d’autant que ça n’intéresserait pas tout le monde. Toutefois, il faut savoir que l’on a fait 2 plongées par jour pendant 3 jours. Sarah a repris ses repères au bout de la première journée. Pas évident avec un tel encadrement! A sa décharge, elle a toujours été admirablement entourée lors de son passage de brevet en Belgique. Philippe Cordier n’est pas du genre à admettre le genre d’écart que je raconte au paragraphe précédent et je l’imagine actuellement en train de s’arracher les cheveux en lisant ce post !
Pourtant, tout se passe à merveille. On se forge un binôme aussi solide que possible afin de parer aux manquements de la sécurité.
Les quatre plongées suivantes seront très zen et nous apercevrons notamment des requins à pointe noire, des « chiens de mer de corail », une tortue, des raies Himantura jenkinsii, des poissons perroquets, des poissons porc-épic , une myriade de nudibranches, des crevettes, etc, etc.
Sur l’île, l’ambiance est assez variée. Nous sommes à ‘Coral Bay’ qui est plutôt tranquille le soir et nous permet de nous reposer assez bien.
A dix minutes de marche, on débarque sur ‘Long Beach’ qui est bien plus animé en soirée avec de nombreux bars ouverts jusque tard, des spectacles de feu, etc. On retrouve un peu l’ambiance des îles du Sud de la Thaïlande.
Autre fait intéressant : l’île est habitée par des lézards géants de la même famille que les dragons de Komodo. Ils sont très impressionnants et nous les rencontrerons plusieurs fois pendant notre séjour.
Les seuls habitants permanents de l’île habitent un unique village de pêcheurs à une heure de marche de notre guesthouse. Nous décidons évidemment d’y faire un tour. Le contraste avec les plages de touriste est saisissant. L’islam y est évidemment pratiqué et les filles en bikini n’y sont, pour des raisons évidentes, pas les bienvenues. Un grand panneau le rappelle d’ailleurs explicitement à l’entrée du village.
Toutefois, nous ne rencontrons aucune animosité de la part de ces habitants. Ils sont au contraire très gentils et très avenants avec nous.
Après trois jours et trois nuits, nos vacances se terminent, il est temps de rentrer sur le continent afin d’y prendre un bus de nuit pour Kuala Lumpur. Nous avons réservé un avion jusque Calcutta pour le 7 avril : il serait dommage de le rater !
Ps: Merci a Anthony d’avoir joué au photographe durant nos plongées!